just give me a reason — J'étais incapable de la laisser tomber. Elle était mon tout, mon ancre, mon repère. Je pouvais pas la laisser tomber parce que si elle mourrait, je mourrai aussi avec elle, tout simplement. Album photo à la main, je l'observais de loin, face à cette toile qui était encore vierge. Elle la fixait, incapable de mettre la moindre couleur dessus, la moindre forme, le moindre coup de pinceau. Et ça me désolait de voir ça, sûrement que ça se voyait un peu trop sur mon visage. Cette fille, auparavant pleine de vie, n'était que l'ombre d'elle-même, bouffée par la maladie. Et qu'est-ce que je pouvais la détester cette foutue maladie, qui mettait à mal cette relation qui avait déjà survécu à énormément de choses. Mais voilà, Kaya, elle semblait se rendre compte qu'elle n'allait pas bien parce qu'elle l'avouait. Et je pensais pas que c'était une manipulation de sa part pour se jouer de moi, ça semblait bien sincère pour le coup. C'était pour cette raison que, ni une ni deux, je me rendais à ses côtés, posant l'album à mes pieds pour la prendre dans mes bras. “Tu peux pas dire ça, tu m'as rendu heureux, tu me rends heureux... c'est difficile en ce moment mais ça veut pas dire jamais” M'accrochant à elle, je la sentais fébrile dans mes bras mais je ne la lâchais pas pour autant, je resserrais mon étreinte, pour qu'elle puisse se sentir en sécurité. “On s'en fiche Kaya.. je veux juste que tu ailles mieux, je ferai tout ce qu'il faut pour que tu ailles mieux”

just give me a reason — Fallait croire que de toute façon, Kaya avait un don pour tout faire merder à chaque fois. Comme si elle était tout simplement incapable de tenir sa relation, d'être heureuse avec l'homme qu'elle avait choisit d'épouser. Pourtant, elle était certaine d'avoir trouvé le bon, Nicholas était l'homme de sa vie et elle n'en démordrait pas. Mais c'était chez elle que les choses ne tournaient pas rond. Et elle allait tellement mal la rousse qu'elle finissait petit à petit par tout faire voler en éclat. Alors clairement, ouais, elle était merdique dans son genre. Et elle finissait par lui concéder le fait qu'effectivement, elle n'allait pas bien. Mais qu'est-ce que ça changeait de l'avouer ? Parce que dans le fond, le dire n'arrangeait aucun problème. Loin de là. Elle était toujours une pâle copie d'elle même, à moitié inexistante. "Regarde nous Nicho.. Regarde moi.. Je te rends pas heureux, j'y arrive pas." Parce qu'elle n'était pas heureuse elle-même et qu'elle l'entraînait dans sa propre chute. C'était pas ce qu'il méritait, oh non. Il méritait bien mieux que ça. Et il avait fait la pire erreur de sa vie en acceptant de l'épouser elle. Il aurait probablement été bien plus heureux en traçant sa route. "Gâche pas ta vie pour moi, j'en vaux pas la peine." Qu'elle soufflait. Ouais non, elle ne valait pas grand chose Kaya, fallait qu'il arrête de perdre son temps.

just give me a reason — Faute avouée, faute à moitié pardonnée ? J'osais espérer qu'il en était de même pour admettre qu'on était malade. Maladie admise, à moitié guérie ? Je savais pas tellement comment ça fonctionnait et j'avais peur de voir que ça n'allait pas être comme ça. Et si elle s'enfonçait encore plus malgré tout ? Et si elle refusait toute aide parce que malgré le fait qu'elle aille mal, elle n'acceptait aucun traitement ? Je ne pouvais pas la perdre, pas elle. J'avais perdu énormément de personne de ma vie, des personnes qui m'étaient chères, Kaya n'allait pas faire partie de cette liste. Apportant l'album photo entre nous, je soupirais avant de l'ouvrir, le laissant alors pile sur une des photos où on pouvait voir son grand sourire, accompagné du mien. “Tu me rends heureux Kaya” Déposant mes lèvres sur les siennes, je finissais par coller mon front au sien, dans l'espoir de voir un peu de vie dans son regard. “Tu me rends heureux, tu vaux tous les sacrifices du monde” avouais-je alors, déglutissant. Je voulais pas la perdre, c'était ma femme, mon tout et notre histoire n'était pas terminée, loin de là. Ce n'était que le début, j'en étais certain. “On va l'être de nouveau, je te le promets”

just give me a reason — probablement que quand on perdait l'espoir, on perdait tout. parce que kaya, elle ne croyait plus en grand chose, ne savais plus vraiment dans quelle direction aller et il était là le problème. et puis peut-être que c'était pour la faire réagir mais il finissait par ouvrir l'album photo de leur mariage, montrant alors les sourires rayonnant qu'ils pouvaient arborer. mine de rien, ça lui paraissait loin à kaya. ouais, elle avait la sensation que c'était il y a une éternité. "je te rendais heureux" lors de ce mariage et avant aussi. mais plus vraiment maintenant. elle touchait ses lèvres sans vraiment y trouver le goût. comme si plus rien ne l'intéressait vraiment. "je ne sais pas ce que j'ai bien pu faire pour mériter quelqu'un comme toi." parce qu'elle n'était pas vraiment à la hauteur en fait. elle ne l'était même pas du tout. son front contre le sien, elle inspirait doucement glissant ses doigts sur sa joue, plongeant ses yeux verts dans les siens. "je suis tellement désolée de te faire subir tout ça." de lui faire autant de peine, de lui faire traverser autant d'épreuve. concrètement, il aurait tous les droits du monde de s'enfuir avec un truc pareil, elle ne pourrait même pas lui en vouloir s'il prenait la fuite. "je t'aime nicho." elle inspirait lentement tournant une page de l'album photo regardant alors de nouveau souvenir.

just give me a reason — J'aimais pas la voir comme ça Kaya. C'était auparavant une fille pleine de vie avec des rêves pleins la tête. Et maintenant, elle n'était que l'ombre d'elle-même, incapable de remplir sa toile de couleur. Impossible pour elle de faire le moindre mouvement de pinceau. Et assister à ça, c'était terrible pour moi. Je la connaissais, l'art c'était toute sa vie et.. elle ne l'avait plus. Perte d'envie, perte d'inspiration. Elle se laissait aller petit à petit dans une spirale infernale qu'il serait difficile de détourner. Je soupirais alors à ses mots. Oui, ça faisait bien longtemps qu'on avait plus été heureux elle et moi. Le bal avait tout gâché pendant plus d'un mois, et quand j'ai repris conscience de tout ce que j'avais oublié, Kaya n'était déjà plus la même. “C'est moi qui ne te mérite pas” Combien de fois lui avais-je fait du mal, de part le début de notre relation, les mensonges et les tromperies ? C'était bien plus que le mal qu'elle avait pu me faire au final. Et maintenant, elle se dévalorisait au point de penser qu'elle ne me méritait pas. Où allait le monde ? “C'est pas grave” Je déposais alors mes lèvres sur ses joues, avant qu'elle ne vienne regarder cet album photo, capturant alors notre bonheur en plusieurs clichés. “Je t'aime aussi” finissais-je par dire, glissant mon visage dans son cou, n'espérant qu'une chose : que tout revienne à la normale.

just give me a reason — elle aurait aimé que ça lui fasse un déclic. que regarder tout ça lui donne réellement envie de retourner dans le passé ou bien alors assez de force pour se relever une nouvelle fois mais c'était pas le cas. elle restait stoïque devant cet ancien bonheur comme si plus grand chose n'était susceptible de la toucher. et c'était horrible d'être dans cette position, horrible de ne plus trouver le goût à rien. "dis pas n'importe quoi.." elle lui faisait vivre l'enfer depuis des semaines, ne faisait aucun effort et lui tapait des crises de colère magistrale pour un oui et pour un non. kaya, elle lui manquait de respect continuellement alors non, il ne pouvait pas dire qu'elle ne le méritait pas. c'était totalement l'inverse parce qu'elle était en train de faire de sa vie un enfer quand elle avait pourtant juré de l'aimer et de le chérir jusqu'à la fin. se blottissant un peu plus dans ses bras, elle restait absorbée dans cet album photo avec l'infime espoir que les choses puissent s'arranger. ouais, peut-être qu'un jour les choses finiraient par rentrer dans l'ordre. s'il n'abandonnait pas avant. s'il ne finissait pas par lâcher prise face à son comportement. parce que ça par contre, ça la terrifiait kaya. se dire que du jour au lendemain, il pourrait juste laisser tomber, fatigué de se battre pour de tout évidence pas grande chose.