T'es pas une machine, t'es pas une fêtarde de nature. Évidemment, tu sais comment danser, tu sais comment chanter, t'amuser, boire et comment te lâcher. Mais si on devait te décrire, on dirait de toi que t'es une fille surtout studieuse, qui prends du plaisir à jouer à des jeux vidéos, lire des romans d'amour et regarder des films. Aujourd'hui, c'était ton jour de repos. Le jour que tu te choisissais, le jour où tu refuserais de voir qui que ce soit. T'es allongée sur ta serviette de plage à plat ventre, dans ton bikini couleur pêche, un roman de Cassandra Clare entre les mains et des lunettes de soleil. T'as ta bouteille d'eau pour t'hydrater et ta crème solaire pas très loin, on peut dire que t'es bien là. Sauf... évidemment, rien n'est parfait. Tu reçois une grosse flaque de yaourt dans le dos, tu ne mets pas de temps à te redresser sur tes genoux. T'entends les pipelettes rigoler pas très loin, tu n'hésites pas à jeter un œil dans leur direction. Tu te lèves, après avoir déposée ton roman et tu soupires bruyamment. Tu trouvais ça immature en fait, tu ne te sentais pas de répliquer... Puis elles sont quand même trois contre toi. Mais tu t'approches quand même, pour savoir un peu ce qu'elle te voulait. Désolée Lucy, je suis vraiment maladroite en ce moment. Tu fronces les sourcils. Euh sérieusement ? On était pas si près que ça l'une de l'autre... Je pense que tu as fais exprès. Tu avales ta salive, tu gardes ton calme. Et mon nom, c'est Suzy.

Peu de personnes sur cette terre te déteste. Il y avait ta propre jumelle et puis apparemment, Willow. Pour être franche, les gens qui te détestent généralement c'est par jalousie ou pour absolument aucune raison... Sans doute pour chercher de l'attention. C'était le cas de Willow, puisqu'elle te lance une boule de yaourt sur ton dos, probablement juste pour faire rigoler ses deux copines. Sauf que toi, tu te laisses pas faire facilement, si elle pense que t'es le genre de fille à partir en pleurant, elle se trompe. Tu t'avances vers elle, fâchée évidemment mais tout de même très calme. Bon c’est vrai, t’as raison… Allons ne fait pas cette tête Lucy, c’était pour rire. À moins que tu l’ais vraiment mal pris, je m’en excuse. Pour rire ? Uh, son genre d'humour n'est plus supporté depuis 1989. Il est temps de faire une mise-à-jour de son opérateur système. D'ailleurs, une mise à jour sur ton prénom aussi. « Désolée Suzy, disons que j’ai du mal à retenir les prénoms des personnes que je n’ai pas l’habitude de voir. Tu souris alors, puis lui réponds joyeusement : Ah tu peux continuer de m'appeler Lucy alors, parce qu'on ne se reverra pas souvent. Non pas que tu ne l'aimes pas mais... elle te fait quand même chier gratuitement. Tu devrais lui mettre un prix, d'ailleurs. Peut-être que tu n'aurais pas besoin de finir ta bucketlist, pour pouvoir payer des études... Allons, laisse-moi me faire pardonner un peu. Elle se lève et pose sa main sur ton épaule. Tu marches tranquillement avec elle jusqu'aux toilettes, elle nettoie même ton dos. C'est pas un peu creepy ? Bon, tu la laisses faire quand même car à part aller dans l'eau... tu ne serais pas vraiment capable d'atteindre le bas de ton dos. Cela dit, contrairement à ce qu'elle doit penser de toi, tu es biiiien loin d'être sur le point de pleurer. En réalité, t'es plutôt amusée. La meuf qui te déteste est entrain de te laver comme une préposée aux bénéficiaires... Je te paie un verre ? Nous allions dans quelques minutes à ce bar non loin d’ici. Je t’invite. Non merci. J'te pardonne. Tu roules les yeux et sort de la salle de bain presque immédiatement. Si elle veut vraiment jouer avec toi, te faire chier, faudra être plus persistante que ça. Tu retournes auprès de ton roman -vraiment pas ennuyant, en passant.- et tu essaies de reprendre le calme que tu as dû laisser.

C’est dommage, parce que je t’aimais bien S-U-Z-Y. Te dit-elle, après que tu lui aies demandé de continuer de se tromper de prénom. Tu ne souhaitais pas passer plus de temps avec elle, qu'elle ne s'étonne pas de perdre des amies avec les mauvaises manières qu'elle a. Enfin vous n'avez jamais été amies, tu doutes même que vous le deveniez un jour. Quelques minutes plus tard, vous vous retrouvez dans une salle de bain ou la miss te lave le dos comme une servante, t'étais pas à l'aise qu'une meuf te frotte aussi près du cul mais bon... Elle aime peut-être ça au fond. Ça expliquerait l'attention qu'elle te porte en tout cas ! Comme tu veux. Un peu d'attitude caché et tu repars pour retrouver toutes tes affaires. Tu pensais pouvoir finir ton après-midi tranquillement, en savourant les dernières pages de ton chapitre de La cité des ténèbres. Plusieurs minutes passent et t'es complètement concentrée sur l'action de ton roman. Un liquide se verse sur les pages de ton livre et ça pue le mojito à plein nez. Voyons Rosie, tu peux faire attention. Ok, sérieusement elle et ses potes elles devraient se faire examiner pour un sérieux syndrome de Parkinson, ç'en est triste. T'entends Willow rire et tu te redresses en fermant ton livre ruiné. Allons la coincée, ce n’est pas un endroit pour lire. Non mais sérieusement, y'a des jours où tu te demandes ce que le Doyen a fumé pour accepter des filles aussi conne qu'elles. Nevermind, elle est une Eliot. C'est surement papa qui a payé pour que son dossier passe en douce... Ou alors sa mère qui a écarté les jambes. En fait, tu t'en fous. Ça ne t'intéresse pas, ça ne t'intéresseras jamais. Tu te lèves, tu prends le verre de Willow avec le sourire et tu le bois d'une traite. Hop ! Un trait de plus sur ta bucketlist. Maintenant, tu te sens un peu plus prête. T'as raison. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Un makeover comme dans Scream Queens, comme ça je deviens ta Chanel #4 ?

C'est pas de tes affaires, ce qui se passe derrière les portes. Tu t'en fous un peu aussi, de ce qui pouvait arriver dans la vie de Willow pour qu'elle fasse aussi pitié. Mais là, c'est toi qu'elle agresse, c'est ton livre qu'elle venait de ruiner... C'est triste que ces filles se laissent mener comme ça, comme des minions. Tu ne voudrais pas appeler une fille comme Willow ton amie. Ooops, désolée Lucy. Ah ça y est, elle a reperdue ton nom... Again, pourquoi elle est à Harvard déjà ? Ah oui, l'argent de son père. Tu souris juste à t'en remémorer, en fait tu te fous de sa gueule dans ta tête et c'est drôle comment ça te soulage. Tu te lèves, tu bois son verre, cette fois tu te moque d'elle dans sa face. T'es pas le genre de meuf qui cherche les embrouilles, t'es pas non-plus le genre de fille qui foutrait des baffes, t'es pas un superhéros. T'essaie pas de l'être... Par contre, t'es assez douée pour couper l'herbe sous les pieds. Y'a rien qui agace plus qu'une victime qui te donne raison. C'est ton grand-père qui te l'a appris, ça. Finalement Underwood, t’as plus de couilles que je l’aurais espéré Tu recules la tête, étonnée. Je sais pas pourquoi ça t'étonne, tu connais même pas mon nom, comment tu espères connaître ma personnalité ? Tu penches la tête sur le côté. Il faudrait que tu taises ta smartmouth, avant qu'elle te jette encore de la bouffe dessus. Hey ! En fait, ce serait pas mal si elle continuait, t'aurais plus besoin de faire l'épicerie. Alors, j’en déduis que tu acceptes mon offre ? Allons Suzy, c’est mieux que de lire un vulgaire livre, non ? Bon il peut t'arriver quoi ? Tu hausses les épaules et prends tes affaires. Ouais, on y va. T'es petite, mais t'es pas obligée d'être faible.

C'est quand même triste, d'avoir à se promener avec deux sans cervelles pour se sentir importante. Tu as toujours vu ça dans les films d'adolescentes, tu n'aurais jamais cru voir ça dans la vrai vie cependant. Après qu'elle ait détruit ce qui restait de ton roman, tu t'es levée et tu as pris son verre des mains pour le boire. Ah, il faudra maintenant te rappeler de faire un trait sur ta bucketlist ! Elle te dit que t'as du cran, tu lui fais comprendre que c'est juste parce qu'elle ne te connait pas qu'elle ait cru l'inverse. Regardes-toi, t'as l'air de la fille renfermée dans ses bouquins à la noix. Facile de se faire une opinion. Tu souris. Donc en gros j'ai l'air de l'étudiante de la plus grande université au monde ? Tu retrousses ton nez et tu rigoles un peu. Ouais, c'est un peu c'que j'suis. Toi aussi, d'ailleurs. Genre nice try, désolée d'être plus intelligente que la moyenne, bitch. Bref, tu choisis d'entrer dans leur petit jeu, faut dire qu'elles sont quand même trois contre toi. Excellent choix. Tu prends tes affaires et la suis jusqu'au bar le plus près, avec ses copines. Tu te sens petite à côté d'elle - physiquement hein, parce que mentalement, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds. Tu rentres derrière elles et t'assois au comptoir. Pendant qu'une drague le barman plutôt sex' derrière le comptoir, Willow commande les shooter. Tu adores ça, c'est peine perdu pour elle. Enfin ça dépend c'est quoi, bien sûr. Ça t'es déjà arrivée d'avoir la gorge arrachée et de le revomir... Mais bon. J'espère que tu adores ce genre de truc puisque c'est ce que nous buvons pour souligner le Summer Camp. Tu regardes le shooter qui est mis devant toi et tu regardes Willow. On dirait bien de la tequila... bingo. Tu prends ton petit verre et le lève, comme pour trinquer. Tu le bois entièrement et d'une traite. Alors, qu'attendez-vous ? Dis-tu en redéposant ton verre. Tu tires une petite gueule, parce que c'était plutôt fort et que normalement tu te cales ça avec un citron et du sel.