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I LOVE HARVARD
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    Let me show you where I come from.


    « Les souvenirs rattachés au quotidien de ce village étaient-ils trop nombreux pour que tu veuilles les affronter ? » Mon sourire disparaît pour ne laisser qu'une mine assombrie, presque perplexe alors que je poursuivais pourtant ma route, silencieux durant des secondes qui semblèrent avoir duré une éternité. Après la discussion à laquelle je n'étais pas censé avoir assisté que Lily avait eue avec ma mère, je comprenais très bien le sous-entendu derrière ces mots qui paraissaient pourtant assez anodins. « Leurs regards. C'était leurs regards que je cherchais à éviter. » répondis-je énigmatique sans me retourner. Ceux des villageois, et même parfois ceux de mes parents qui au lieu de m'aider, me culpabilisaient encore plus lorsque j'y entrevoyais de la pitié ou un espoir fébrile que je remonte la pente. Jusqu'ici, je n'avais jamais répondu à leurs attentes. Avant Lily, tout n'avait jamais été qu'en noir et blanc depuis son décès.

    « Non, elle n'a rien dit. Evidemment, elle savait que sinon j'aurais déjà pris le large. » soupirais-je en guise de prétexte, un vague sourire entendu dans sa direction avant de suivre Matty, l'air mi-désespéré, mi-agaçé. La nuit, il était bien facile de se cacher que la journée, et cela ma mère l'avait bien compris depuis le jour où j'avais pris la poudre d'escampette après qu'elle eut voulu me présenter à l'une des filles du voisin, par pure politesse évidemment, mais mes hormones à l'époque m'avaient rendu si timoré que j'avais préféré fuir pour ne pas l'affronter. Pathétique.  « Ca n'vous plait pas ? » renifla alors la restauratrice en se retournant vivement pour jeter un œil blessé à Lily comme s'il manquait quelque chose au buffet ou sur l'une des tables. A moins que ce ne soit les ballons ? Ils auraient dû mettre plus de guirlandes aux arbres peut-être ?  Derrière le restaurant, maintenant nous observant comme les deux têtes d'affiche que nous étions devenus en moins de temps qu'il en faut pour le suspecter, les villageois nous contemplaient, jugeant de la tête aux pieds les changements des années sur ma physionomie, s'arrêtant davantage sur celle qui m'accompagnait en se posant milles et une question. Qui était-elle ? Quel était son prénom ? Etait-elle anglaise ? Certains l'avaient jugé Ecossais du fait de ses tâches de rousseur avant que son accent ne les rappelle à l'ordre. Comment nous étions-nous rencontrés ? Et ce ventre arrondi qu'elle affichait, en suis-je le responsable ou non ? « Sache qu'à Kirkwall lorsqu'il y a une fête, tout le monde est invité. Même ceux qui ne sont pas censés l'être viennent quand même. » murmurais-je alors à son oreille, très sérieusement quoiqu'en pouffant dans ma barbe. Quant au fait que tous avaient vraisemblablement compris que Lily et moi n'étions pas seulement amis, je lui répondis alors pour un sourire, avant de fixer certains dans la foule en particulier. « Certes, ma chérie, mais je voulais qu'il n'y ait aucun malentendu, juste au cas où. » soulignais-je en plissant les yeux sur Charles en particulier, le dragueur du coin qui ne manquait jamais de satisfaire ses pulsions, même avec certaines jeunes filles déjà fort occupées par leurs maris. Histoire que mon bonhomme sache que je n'hésiterais pas à le découper en rondelles s'il osait s'approcher de trop près de MA Lily. Charles qui d'ailleurs, venait de recevoir un coup de coude entendu de la part de deux de ses comparses qui se moquaient en riant du pauvre homme qui se cachait déjà derrière un sourire gêné.

    Bientôt, ce fut la cohue. Chacun en allant de son petit geste pour nous toucher, embrasser, serrer fort pour les plus anciens d'entre eux tandis que les jeunots eux se montraient plus distants et patients. Lily s'éloignant à mesure des bras qui nous séparer, je dûs faire l'effort de la voir acculer de part et d'autre sans m'autoriser à tous les repousser d'une autre menace. Après tout, je les connaissais tous, ou presque, et il n'était pas dans mes habitudes de menacer ceux que je considérais comme ma famille, même lorsqu'ils se montraient aussi étouffants que maintenant. Ceci dit, je restais à quelques mètres, afin de l'avoir en visuel et de pouvoir la soutenir en cas de problèmes. Sauf lorsque deux mains crurent bon devoir applaudirent le charmant spectacle. Instinctivement, je compris le danger, l'ironie du geste. Tout se stoppa net. Plus personne n'osa faire un geste. Même ma mère qui conversait avec trois de ses amies s'était arrêtée dans son élan pour jeter un œil au nouvel arrivant qui en effrayait déjà la moitié d'entre eux. Mon sourire lui avait disparu pour de bon et mon regard, surpris d'abord, se mua en agaçement devant l'homme que je n'avais pas revenu depuis plusieurs mois, qui s'attachait maintenant à rejoindre sa fille, se frayant un passage sans aucune difficulté puisque tous, craintifs devant sa haute stature et son air pincé, se dispersaient sur son passage. Glaciales furent ses félicitations. Ma colère monta d'un cran face à son ironie blasée destinée sans doute à blesser la jeune femme. Lentement, je me dirigeais à mon tour vers l'endroit où Lily se trouvait encore, immobile. J'avais presque l'impression de la voir trembler de là où je me trouvais. Vrai ou pas, son teint rosé avait blanchi en un quart de secondes devant cette apparition surprise. Lorsqu'il ne resta plus que quelques pas à franchir pour la rejoindre, la question que lui posa Jonathan me fit aussitôt hésiter. Une partie de moi, la plus sentimentale et protectrice détestait sa manière de l'interroger, jouant de sa taille et de son statut de père pour affirmer sa position face à une jeune femme en proie à la détresse et à la peur d'être jugée. L'autre cependant, la plus raisonnable des deux, savait que cette conversation devait avoir lieu. L'endroit était mal choisi certes, le moment également, mais au point où ils en étaient rendus, mon intervention ne ferait hélas qu'empirer les choses. Ce pourquoi, j'attendis, silencieux comme toute l'assemblée, spectateur attentif de la scène désagréable qui se jouait sous mes yeux. « Et en plus il t’a mise enceinte. Ça aussi, tu comptais m’en informer une fois que j’serais mort ?! Lily ?! » Mes mâchoires se crispent, je prends sur moi pour ne pas me jeter sur Jonathan et le pousser le plus loin possible de Lily. Mon père m'a rejoint, sans même que je ne l'ai remarqué. Seul sa main posée sur mon épaule me fait jeter un regard dans sa direction alors qu'il me fait implicitement comprendre de ne pas bouger. D'attendre, avant de réagir. Même lorsqu'il attrapa son bras, je ne dûs qu'à la vigilance constante de Gordon qui m'avait à son tour agrippé avec force, me tirant en arrière, de ne pas déclencher une guerre ouverte avec Jonathan. Pourtant, ma colère augmentait à mesure des minutes qui passaient. Muette, mais violente, mes traits  tiraient maintenant tellement sur mon visage que je semblais au bord de l'implosion. Les poings serrés le long de mes jambes, je fixais sans discontinuer le père de Lily et cette dernière, en tentant intérieurement de me calmer, sans jamais y parvenir complètement. Lorsqu'enfin nos regards se croisèrent, sous l'air médusé des villageois, la pondération de mon père qui cependant veillait au grain sans que Jonathan ne sembla l'entrevoir, je me décidais à avancer, repoussant d'un geste lent la main de Gordon pour aller me placer aux côtés de la jeune femme, glissant ma main contre sa taille, faisant barrage de mon corps comme pour empêcher Jonathan de s'en prendre à elle. Comme si je craignais qu'au fond, il n'ose le faire. Un autre que moi devant pareille hostilité, ce regard plus glacé que l'Arctique et plus noir que l'Enfer lui-même, se serait agenouillé pour implorer sa clémence. Moi, je le fixais à mon tour, avec ce mélange égal de colère et de méfiance, bien que le cœur attristé par son attitude. « Tu n'es responsable de rien, Lily. Ca suffit Jonathan, laisse-la ! Ce n'est ni l'endroit ni le moment d'en parler. » sifflais-je dans un murmure réprobateur à l'attention de mon ancien mentor. Les larmes de Lily, sa crainte évidente d'être rejetée pour une faute qui n'en était pas une déclenchèrent aussitôt une bouffée de chaleur, alors qu'automatiquement mes bras s'étaient renfermés autour d'elle pour la rassurer et lui assurer ma protection tandis que je ne quittais pas son père des yeux. De la défiance, voilà ce que l'on pouvait y lire. Qu'il ose encore s'en prendre à Lily et je ne contrôlerais plus rien. Ni ma langue, ni les coups. Je savais qu'un jour prochain, nous en serions fatalement arrivés à telles extrémités. Sauf que je ne l'avais jamais souhaité, sauf que ni Lily ni le village, ni mes parents n'avaient besoin ni envie d'assister à ça. Ce pourquoi, je le défiais du regard. Tu veux qu'on en parle ? Tu veux me punir ? Soit, mais ailleurs. Je t'attends Jonathan. J'attends depuis plus d'un an. En attendant, mes mains passent et repassent doucement le long de son dos, la berçant contre mon torse dans le but de faire cesser ses sanglots et qu'elle sache que quoiqu'il arrive maintenant, nous serions tous les deux. Que quoiqu'il arrive, je ne laisserais jamais Jonathan s'en prendre à elle, d'une manière ou d'une autre.



    @Lily-Rose S. Hopkins

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    LET ME SHOW YOU
    WHERE I COME FROM
    lawrie & lily

    Leurs regards bien sûr. Et ce qu’ils pouvaient renvoyer. Elle était forcée d’admettre qu’elle connaissait ce sentiment pour l’avoir redouté une grande partie de sa vie, alors que, déambulant avec sa bouteille d’oxygène, elle remarquait sans cesse les regards compatissants jetés par ceux qui n’avaient pourtant pas de mauvaises intentions. Alors suite à sa réponse, elle n’insista pas, de toute façon coupée dans son élan par l’apparition des deux restaurateurs dont le ravissement apparent était communicatif. Encore une discussion écourtée, calfeutrée au fond d’un tiroir avant que sa résolution ait pu être trouvée. Un tiroir qu’il leur faudrait rouvrir plus tard, un jour, s’ils ne souhaitaient pas qu’il se mette un beau matin à déborder. Son regard passant à présent d’une silhouette à une autre, appréhension mêlée d’excitation à l’idée de faire enfin partie d’une vraie communauté soudée, ses doigts s’agrippent à ceux de Lawrence, les pressent contre les siens pour y puiser le courage qu’il lui manque. Sa réponse la fit sourire, encore. Oui à l’évidence ils n’avaient oublié personne. « Je vois. Comme dans la Comté quoi. » répondit-elle avec humour, référence à l’univers de Tolkien qui avait ponctué toute son adolescence, faisant en même temps un petit coucou de la main à toutes les silhouettes inconnues qui s’agglutinaient autour d’eux.

    De loin, Jonathan les avait observés. Assis contre un petit muret en pierres, son air naturellement bougon ancré sur ses traits. Il avait réussi à refroidir une petite femme un peu gironde, et beaucoup trop rose pour que cela ne soit pas suspect, qui s’était aventurée jusqu’à lui en venant lui parler, tout en le regardant de la même façon qu’elle aurait observé un chou à la crème. Il n’était pas d’humeur, non. De les voir arriver ensemble, lui enserrant la taille menu de sa progéniture comme si elle lui appartenait déjà toute entière, son sang n’avait fait qu’un tour dans ses veines. Mais il était resté maître de lui-même, assez en tout cas pour ne pas frôler l’indécence. Dire que tout était là, sous ses yeux, depuis des mois certainement, et qu’il n’avait rien voulut voir. Dire qu’il avait pris le penchant protecteur de Lawrence pour sa fille comme une marque de respect pour lui, ou comme une affection qu’un grand-frère vouerait à une sœur de cœur. D’imaginer qu’il ait pu … Une nausée d’aigreur lui était montée au bord des lèvres, accentuant l’obscurité de son regard et la dureté de ses traits alors qu’il décidait de signaler sa présence, enfin.

    Les pieds enracinés dans le sol, faisant face à la silhouette impérieuse de son paternel, Lily n’avait pas bougé d’un cil alors qu’il lui reprochait son silence. Jamais elle ne l’avait vu dans un état pareil. Souvent il avait haussé le ton avec elle, lorsqu’elle faisait des bêtises d’enfants, lorsqu’elle négligeait sa condition. Mais jamais il ne lui avait parlé ainsi, avec une telle brutalité amère. Elle comprenait alors à quel point elle avait eu tort et raison à la fois. Tort de se murer dans le silence, raison de craindre l’ampleur néfaste de sa réaction. Elle avait scellé le sort de leur relation malgré elle, et ce depuis longtemps. Il était trop tard pour reculer à présent, et tel qu’elle le connaissait, elle aurait beau se mettre à genoux pour le supplier de la pardonner, il n’entendrait rien. Elle était comme lui. Il était comme elle, borné, sourd, dès lors que l’émotif prenait le pas sur tout le reste. Blessée par la brutalité de ses paroles et la teneur malsaine qu’il mettait en exergue, comme si elle devait avoir honte de porter les enfants de Lawrence, son visage se ferma peu à peu, ses mâchoires se serrant à leur tour alors que ses mains venaient effacer un revers les larmes qui avaient roulé sur ses joues. Lawrence venait d’intervenir, interposant son corps entre leurs deux silhouettes dans un élan protecteur comme si … Comme s’il redoutait que Jon puisse lui faire sincèrement du mal. De constater cela, l’humeur de l’homme s’assombrit plus encore, lui qui avait toujours protégé sa fille envers et contre tout, croyait-il qu’il serait plus apte à s’en charger désormais ? Et contre lui qui plus est ? « Alors toi … Ecarte-toi. Immédiatement. » fit-il alors avec une autorité que seuls les agents de terrain lui connaissaient, et qui en général, ne souffrait d’aucun refus. «  Tu n’as pas à t’interposer dans une conversation que je dois avoir avec MA fille. Car avant d’être celle sur laquelle tu as décidé de jeter ton dévolu, elle reste ma fille. » vociféra-t-il en gardant malgré tout le calme qui lui était propre, et qui ne rendait son autorité que plus effrayante encore. « Ecarte-toi. C’est ma fille, jamais je ne lui ferais aucun mal. Je l’ai toujours protégée, c’est mon devoir. Toi en revanche, aucun serment ne m’oblige à ne pas te fracasser le crâne en deux pour ton irrespect. » dit-il sans une once d’ironie, sa tête se penchant légèrement sur le côté comme le ferait un rapace avant de se jeter sur sa proie pour la dépecer. Un visage de son père que Lily connaissait peu, assez en revanche pour que cela la révulse et la mette dans tous ses états. « Ça suffit ! Tu ne feras rien de la sorte, et tu le sais aussi bien que moi ! » cria-t-elle, les sourcils froncés, se dégageant de l’étreinte protectrice de Lawrence pour refaire face à son paternel, petite teigne en miniature, la même que l’original mais avec des traits mutins et une carrure féminine. « Viens par ici ! » Brutale, elle le saisit par l’avant-bras et l’entraîna dans son sillage pour les isoler, abaissant tout d’un coup toutes les barrières qui l’empêchaient jusqu’alors d’affronter son propre père. Autant le dire que cela risquait de la rendre malade après coup, mais jamais elle ne l’avait défié réellement. Jamais avant aujourd’hui. « Qu’est-ce qui te prends de faire une scène pareille à la fête organisée par Margaret ?! Tu crois que tout le monde a besoin de savoir ?! OUI, je ne t’ai rien dit ! Je n’ai rien dit parce que j’étais persuadée que tu aurais une réaction démesurée comme celle-ci ! Tu crois que je n’avais pas envie de te mettre au courant ?! Mais j’étais sure que tu serais trop fier pour être heureux pour moi ! Que tu ne verrais forcément là une trahison de sa part, ou de la mienne ! Alors que tu le veuilles ou non, sache-le, c’est lui que j’ai choisi ! Si imparfait soit-il, si brisé puisse-t-il avoir été un jour, c’est avec lui que j’ai envie de construire ma vie, parce que c’est lui que j’aime. Tu devras t’y faire si tu veux continuer à faire partie de ma vie ! » L’homme en face n’avait pas bronché, se massait les tempes dans l’espoir que le mal de crâne qu’il avait alors s’estompe enfin. Sa réaction ne fut pas exactement celle que Lily espérait, car l’homme eut un rire nerveux alors. Un rire inquiétant, à mi-chemin entre le sarcasme et l’ironie, alors que son regard la tançait de nouveau. « Oh … Tu l’aimes ? Vraiment ? … Et est-ce qu’il sait ? Est-ce que tu lui as dit … Comment cela s’était passé, il y a des années … Avec Sergueï ? » Invoquant son prénom pour la première fois depuis des années, en face de lui, Lily blêmit à vue d’œil, comprenant qu’il ne faisait pas tant référence au jour de sa mort, mais surtout à la résultante de cette dernière. « Je ne vois pas le rapport ! » pesta-t-elle, alors que l’homme caressait lentement son menton, sachant pertinemment où il lui faudrait frapper. « Il est comme moi Lily. Et tu le sais. Il n’a pas la même façon d’encaisser les choses que toi. Car lui, quand il faisait son deuil … Il n’était pas calfeutré entre quatre murs comme tu l’as été. Sa colère alors … sa culpabilité aussi … T’a-t-il parlé de la période qui a suivi la mort de Catherine ? Sa fameuse rouquine … Elle aussi. Comme par hasard … » Le sang se glaça tout à coup dans les veines de la jeune femme, tandis qu’elle subodorait où il voulait en venir. Elle aurait voulu lui crier d’arrêter là, de se taire. Mais ses lèvres se scellèrent, et mutique, elle se statufia sur place alors qu’il portait le coup de grâce. « Quelle efficacité alors … Une vraie bête enragée. Même moi je n’ai jamais été aussi brutal que lui à ce moment-là … C’était un vrai atout. La blessure lui donnait un sang-froid remarquable. Tu aurais dû voir ça … Mais j’imagine qu’il n’a rien dit ? Non, bien sûr que non … Et je suppose … Qu’il te ment, régulièrement, même s’il prétend le contraire. Parce que les vieilles habitudes ont la vie dure. Et parce qu’il ne sait pas ce que tu es capable d’encaisser … Moi je sais. » Les lèvres tremblantes à présent, l’homme avait fait mouche. Incapable de prononcer un seul mot cohérent, elle parvint juste à bredouiller un : « Non … Je … Ce n’est pas vrai … » Alors même que son visage s’imprimait contre sa rétine, ce soir où il était rentré l’œil tuméfié … Il y avait un témoignage visible alors. Mais y avait-il eut d’autres fois ? D’autres fois où elle n’aurait rien remarqué ? Quant à Catherine … Aurait-elle dû savoir pour la ressemblance physique ? Toutes ses certitudes s’étiolaient peu à peu, s’abattant sur ses épaules comme un fardeau trop lourd à porter. Au moins la colère s’était-elle éteinte au profit d’une stupéfaction absolue. Elle aurait voulu qu’il cesse, qu’il arrête de remuer le couteau dans la plaie, maintenant. Mais teigneux qu’il était-il n’en fit rien. Voulait être sûr d’avoir jeté tout son fiel avant de disparaitre. « Que tu le veuilles ou non Lily, cet homme ne pourra jamais t’offrir la vie que tu mérites. Il a emprunté des chemins desquels on ne revient jamais totalement, et tôt ou tard, il finira par t’y entraîner avec lui, et par te détruire. Est-ce cela que tu veux pour toi, et tes futurs enfants ? Une vie incertaine, avec un conjoint constamment absent qui ne cessera jamais de te mentir ? » Il n’attendait pas de réponse. Et pourtant, les yeux abaissés, des larmes silencieuses se remirent à couler sur les joues de la jeune femme. Son regard, devenu aussi opaque que le sien, se reposa sur lui, et elle lui répondit froidement, mettant en exergue cette évidence qu’il semblait avoir oublié d’évoquer : « Tu oublies que c’est toi qui m’a élevée ainsi … Un pieds dans la tombe, l’autre dans cet univers que tu étais incapable de quitter. » l’homme prit la remarque de plein fouet, et ne riposta pas cette fois-ci. La colère était trop grande pour qu’il comprenne. Aussi contourna-t-il sa silhouette jusqu’à se retrouver face à celle de Lawrence un peu plus loin. Il s’arrêta devant lui, toujours silencieux. Pendant une minute il ne fit rien, se contentant de le regarder comme la mort observe ceux qu’elle veut enfermer entre ses bras. Il se retourna enfin dans le but de partir, prêt à disparaitre. Mais au dernier moment, fulgurant, il fit volteface. Précis, chirurgical, le coup partit à l’horizontale, unique. Uppercut en pleine arcade sourcilière, qui fut suivit d’un bruit sourd. Le sang avait giclé. Était-ce le sien, de ses phalanges qui étaient entrées en collision avec son os, ou bien celui de Lawrence ? Il ne chercha pas à comprendre sur le coup, se contentant d’un : « Ne compte plus sur moi pour surveiller tes arrières. Mais s’il devait lui arriver quoi que ce soit … Je serais la dernière chose que tu verras. » Menace ultime, avant que l’homme ne fasse craquer sa main, et disparaisse de la fête laissée dans un suspense dérangeant.







    ©️ FRIMELDA



    @Lawrence H. Austen
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    La Comté. Mes sourcils se froncent alors que je l'observe sans comprendre. Connaissant Lily telle que je la connais, il ne pouvait s'agir que du nom d'une toile de maître, ou d'un roman. Nos lectures n'étant absolument pas similaires, je cherchais dans mon esprit le titre d'une œuvre ayant pu faire référence à un moment ou à un autre à la Comté. Ce ne pouvait tout de même pas être ce fameux fromage d'origine française ? Non, « La » Comté. Le fromage porte ce nom au masculin, me semble t-il. Inimaginable : me voilà en train de songer à tous les livres dont j'avais feuilleté les pages pendant que je serrais des mains et souriais d'un air distrait. Merci beaucoup, mon ange. Fort heureusement pour mon esprit assailli de toutes parts, un événement insoupçonné me tira bien vite de l'état de léthargie dans lequel je me noyais depuis plusieurs minutes. Sauf que j'aurais apprécié que celui-ci ne soit pas aussi abrupte, en l'occurence. Jonathan Hopkins en personne. Un regard vers Margaret me confirma que l'invitation provenait d'elle, et malgré moi je lui en voulus pour me l'avoir sciemment caché. Même si intérieurement, je me disais que ma mère n'avait voulu que faire plaisir à Lily par la présence surprise de son père, le fait qu'elle ignora justement avant ce matin-là que la jeune femme puisse entretenir une relation tendue depuis plusieurs mois avec le dit paternel ne la rendait pas moins exaspérante à mes yeux, à toujours fourrer son nez dans les affaires d'autrui, au point que les ennuis ne tardaient jamais à surgir. Oui, sur le moment, je lui reprochais sa générosité et son envie de faire plaisir au plus grand nombre. Cependant, je n'eus pas le temps de considérer l'idée de m'entretenir plus en avant à ce sujet avec elle que je sentis déjà Lily sur le point de s'effrondrer face aux accusations de son géniteur qui, de toutes évidences, ne prenait aucune pincette malgré l'état psychologique fragile de sa fille, du fait notable de sa grossesse, pas plus qu'il ne s'embarassait d'ailleurs des regards médusés des villageois qui se demandaient pour plusieurs d'entre eux s'ils devaient ou non intervenir avant que ça ne tourne au vinaigre.

    Censées m'effrayer ou tout du moins m'inculquer le respect dû aux plus anciens et expérimentés, les paroles de Jonathan entrèrent par une oreille pour ressortir de l'autre côté sans que je ne me décide à bouger d'un pouce. Le toisant avec hargne, le défiant pratiquement d'oser lever la main sur Lily ou moi – ce qui, sans me satisfaire, me donnerait au moins l'occasion de lui prouver que je n'hésiterai pas à lui envoyer mon poing en pleine figure avec toute la force dont j'étais capable pour l'empêcher de nuire à sa propre fille – je répliquais aussitôt, incisif, quoique d'une voix tout aussi calme que la sienne et d'un volume égal afin d'éviter que tous puissent nous entendre. Le linge sale, m'a t-on appris, doit être lavé en famille. « Une conversation ? Si au moins tu pouvais éviter de la faire pleurer, peut-être votre échange pourrait-il réellement être qualifié comme telle. » grondais-je sans libérer Lily de mon étreinte pour autant. Un léger rire blasé s'échappe alors de ma gorge lorsqu'il se répète, et sans que je ne puisse me retenir, mes accusations fusent. « Il est là ton problème, Jonathan. Tout n'est que « devoir » à t'entendre. » murmurais-je avant de plisser les yeux et de me placer juste sous son nez, dissimulant aussitôt Lily à son courroux. « Je t'attends. Vas-y, fais-toi plaisir. » lui sommais-je calmement, en affrontant son regard, bien décidé à me battre s'il ne me laissait pas d'autres alternatives. « Lily... » Trop tard, elle s'était élancée, et je ne pouvais assister qu'impuissant à la fille se confrontant à son géniteur, prêt à la défendre si nécessaire tout en sachant pertinemment que mon intervention ne ferait qu'envenimer les choses entre nous. Elle en avait besoin. De lui. De lui parler. De comprendre. Et si je n'avais pas été aussi inquiet à l'idée que Jonathan puisse d'une manière ou d'une autre la blesser, je ne serais sans doute pas intervenu. « Mais que se passe t-il à la fin ? » entendis-je derrière moi une fois qu'ils eurent disparus derrière les portes closes du restaurant. Inspirant un bon coup pour ne plus voir mes mains trembler de rage contenue, j'attendais, manquant clairement de patience pour une fois, alors que Gordon tentait de tempérer les élans de son épouse qui ne savait plus où donner de la tête. « Lawrence, est-ce que tu vas enfin m'expliquer ce qui se passe ? Ce cher Jonathan et toi... » commença t-elle alors que je me retournais brusquement pour lui jeter un regard noir de reproches, l'interrompant aussitôt. « Comme d'habitude, tu es incapable de ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas, maman. Tu n'avais pas le droit d'inviter cet homme ici. Tu aurais dû m'en parler avant. » grognais-je en jetant un coup d'oeil à mon père qui s'était aussitôt placé devant elle – tel père tel fils – « Et toi, comme d'habitude tu la laisses agir comme bon lui semble. Tu ne dis rien. Au vu de la relation que tu entretiens avec Jonathan, j'aurais pensé que tu serais le premier à ne pas vouloir qu'il se joigne à cette petite réception, pourtant. » assénais-je à nouveau, les traits tendus. « Ce n'est pas parce que je n'apprécie pas un homme que cela fait de lui mon ennemi, Lawrence. J'aurais pensé que lui, comme toi, auriez compris cette leçon de vie depuis longtemps déjà. A croire que l'expérience ne vous aura rien appris, finalement. » souffla t-il avec un tel détachement qu'on aurait presque pu penser à un compliment si ses prunelles d'ordinaires vert d'eau ne s'étaient pas brusquement assombries. « Je te défends d'accuser ta mère, est-ce bien clair ? Son seul désir n'a jamais été que de vous faire plaisir, à Lily comme à toi. Elle ignorait que vos relations eussent été aussi...distantes. » reprit-il alors que je voyais du coin de l'oeil ma mère s'éloigner, raccompagnée par deux de ses plus proches amies, la larme à l'oeil. J'inspire, à nouveau, une grande bouffée d'air. Ces regards qui me fixent me déplaisent et me rendent vulnérable. J'avais envie d'être ailleurs. Tout, sauf ici. Les paroles de mon père résonnent à l'intérieur de ma tête, mais bien vite je reprends ma position initiale, m'apprêtant à cogner à la porte du restaurant ou à la défoncer pour être certain que Lily n'avait rien. Juste deux secondes. Je n'avais pas tenu plus longtemps pour entrer. Heureusement, ils n'avaient pas verrouillé derrière eux. Hélas, je redoutais vu l'expression défaite de Lily, les horreurs que Jonathan avait osé lui balancer au visage et dont j'ignorais tout. A son approche, mon corps se tend comme un arc, mais je ne bouge pas d'un cil. Nos regards se croisent à nouveau, se jaugent, s'affrontent avec violence. Toutes mes pensées concentrées sur ma compagne, je sentis le coup venir plus que je ne le vis. Trop tard, mais tant pis. Je suppose que je l'avais mérité au fond. Un coup en plein visage, visant le bas du front, touchant l'os de l'arcade, et me repoussant brusquement contre le mur de droite. Le sang roulait déjà en larmes de mon sourcil à ma joue, et je ne fis aucun geste pour arrêter sa course, m'attendant à une nouvelle accroche d'un homme que j'avais toujours considéré jusqu'ici, comme un ami, voire une seconde figure paternelle. Et alors que je me relève, pansant à peine ma blessure d'une main maladroite, il s'éloigne déjà, mon père sur ses talons. « NON ! Laisse-le. Laisse-le. » répétais-je par deux fois alors que Gordon s'immobilisait et le suivait du regard. Pour cette fois au moins, Jonathan ne craignait rien. « Lily, malgré tout le respect que j'ai pour votre père et pour vous, je ne saurais tolérer qu'à l'avenir, il s'en prenne à nouveau à mon fils. » souligna l'Ecossais en reportant son attention sur la jeune femme. « PAPA ! » m'exclamais-je dans le but de l'interrompre. Un regard vers moi, sans sourire, une lueur de compréhension, et de nouveau il se tourne vers Lily, indomptable. « Je ne me répète jamais, mademoiselle, ne l'oubliez pas. » murmura t-il en guise de menace à l'égard de son père, avant de disparaître, derrière les portes du restaurant que volontairement, il venait de refermer sur lui.

    Négligeant ma blessure à l'arcade, je me suis alors dirigé vers Lily, posant mes mains à plat sur ses épaules pour la fixer avec attention, vérifiant qu'elle n'avait rien, que Jonathan n'avait pas osé la toucher. J'ignorais encore à quel point il avait atteint son objectif. « Lily...est-ce que ça va ? Il ne t'a pas fait de mal, n'est-ce pas ? » lui demandais-je doucement, en effleurant sa joue de la main, l'air grave et suspicieux.



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    Plus il lui répondait, plus Lawrence semblait être en train de s’enliser dans un liquide visqueux à ses yeux. Liquide dans lequel il l’aurait volontiers poussé jusqu’aux yeux pour mieux l’y noyer, tant il était à la fois blessé et en colère contre cet homme qu’il avait toujours soutenu, et protégé quoiqu’il puisse se passer, parfois même au péril de sa propre vie. Ses mâchoires se serrèrent plus encore alors, rendant les angles de son visage plus saillants. Incisif, il lui renvoyait une image de père méprisable et détestable qu’il estimait ne pas mériter totalement. Après tout, il n’avait fait partie de la vie de Lily que par anecdotes lorsqu’elle était enfant, et que depuis quelques mois désormais. Entre temps, s’était-il à ce point soucié de son bien-être ? Avait-il été là, chaque fois qu’il fallait la mener à ses rendez-vous interminables ? Chaque fois qu’il lui fallait rentrer blessé et affronter son regard de petite fille ? Chaque fois qu’il avait fallu sécher ses larmes, ou la tirer des bras des démons qui la menaçaient parfois ? Non. Jamais. S’apprêtant à refermer ses doigts puissants autour de sa nuque pour lui rappeler quelle était sa place, l’homme eut un mouvement de recul lorsque sa fille s’interposa, la suivant dans son sillage sans demander son reste.

    La conversation avait atteint un point de non-retour, laissant la jeune femme mutique, les pieds comme enlisé dans un sol qui se dérobait peu à peu sous ses pieds. Elle ne pleurait plus, silencieuse, le regard perdu vers un point invisible sur le mur qui lui faisait face maintenant que son père était partit. Calme avant la détonation, avant l’impact, ou même la tempête, il lui sembla être témoin d’une scène au ralentit, dans laquelle elle aperçut son paternel, entrain de frapper Lawrence au visage avant de disparaître. Mais accaparée qu’elle était par ses propres émotions, elle ne réagit pas tout de suite, ne comprenant qu’en contretemps ce qui s’était passé, alors que Jonathan avait claqué la porte derrière lui pour mieux disparaître. Avec une lenteur inquiétante, se maintenant au dossier d’une chaise pour ne pas tomber, il lui fallut un petit temps pour rassembler les informations. Jonathan : partit. Lawrence : sanguinolent. Gordon … depuis quand était-il arrivé ? Elle ne l’avait pas vu entrer. Il fut le premier à s’adresser à elle directement pourtant, la tirant de sa léthargie. Le visage ravagé par des larmes qui s’asséchaient sur ses joues, en comprenant le sens des mots qu’il venait de prononcer, l’impact eut lieu. Et jamais elle n’aurait pensé un jour qu’elle se déclencherait ainsi, à cause de Gordon qui était normalement d’une nature si calme et … réfléchie. « Je vous demande pardon ? » lui demanda-t-elle en sourcillant au départ, indignée, oubliant un instant le respect qu’elle lui devait non seulement en tant qu’aîné, mais surtout en tant que beau-père. « Vous êtes entrain de me reprocher l’attitude de mon propre père ? Comme si c’était à moi de subir les conséquences de ses actes ? » Et sa dernière phrase, qui sonnait comme une menace à son oreille. Car si elle était faite à l’égard de son père, c’était à elle qu’il la formulait, pas à lui. Geste totalement déplacé selon elle, voire maladroit aux vues des circonstances. « Attendez, pas si vite ! » le retint-elle en le rattrapant par son avant-bras. « Père de Lawrence ou non, et avec tout le respect que je vous dois, si vous souhaitez proférer des menaces censées, faites-le à son égard, pas au mien. » ses doigts le relâchèrent ensuite, comme à bout de force, le laissant partir et disparaître derrière les portes battantes de l’entrée.

    Enfin son regard croisa celui de Lawrence. Au fond de sa conscience, une inquiétude vis-vis de cette arcade, qui pissait d’un sang frais dont elle ne pouvait plus détacher les yeux. Et puis une réaction, presque viscérale. Comme celle d’une bête blessée qui ne voudrait pas être touchée. Lorsqu’il avança sa main pour venir effleurer sa joue, son corps eut instinctivement un mouvement de recul, voire de rejet. Elle l’observa avec de grands yeux incertains, les paroles de son père tapies au fond de sa conscience, lui murmurant encore et encore ce qu’elle n’aurait jamais dû entendre. Ne le quittant pas des yeux, le cœur au bord des lèvres, ses traits se figèrent dans une expression à mi-chemin entre la tristesse, l’appréhension et l’horreur. Et elle recula encore, ayant besoin de prendre ses distances pour mettre de l’ordre dans son esprit. « Est-ce que c’est vrai … Est-ce vrai que … Pendant ton deuil tu … » Tu avais perdu toute conscience ? Tu n’étais qu’une machine à tuer ? Elle n’arrivait même pas à mettre des mots sur ce qu’il lui avait laissé entrevoir. « Et Catherine … C’est … c’est pour ça que tu m‘as choisie ? … Parce que de près ou de loin je lui ressemble ? » Les lèvres tremblantes tout d’un coup, elle se reculait encore, une main protectrice posée sur son ventre, attitude défensive. « N’approche pas ! » fit-elle même alors que, peut-être bien malgré lui, il avait amorcé un mouvement dans sa direction. « Regarde-moi … » le convoqua-t-elle, un mètre plus loin. « Dis-moi que tout n’était pas un mensonge … Dis-moi que c’était la vérité, lorsque tu es rentré la dernière fois, en prétextant que ce bleu à l’œil n’était que la conséquence d’une chute … » Elle marqua un temps de pause, posant une main sur ses lèvres pour étouffer les larmes qui l’assaillaient encore. « Non ne dis rien … Ne dis rien. » Elle fit un geste avec sa main, comme désorientée tout d’un coup, faisant quelques pas irrésolus, avant de se figer de nouveau en face de sa silhouette, comprenant à l’expression de ses traits qu’elle soulevait là un point sensible jamais évoqué jusqu’alors. « Mon dieu … Il avait raison … Tu mens … Tu omets. Et tu penses que je suis trop fragile et trop stupide pour l’ignorer … Que je ne vois rien … » Un sanglot s’étouffa au fond de sa gorge. Tout son corps se mit à trembler de nervosité à la seule idée de devoir accepter que son père ait en partie raison. « Je … Laisse-moi. » n’y pouvant plus, sur le point de suffoquer, elle avait besoin d’air. D’être seule aussi. Alors, furibonde, elle passa à côté de sa silhouette, le bousculant au passage. Grâce à de grands pas rapides, elle se fraya un chemin à l’extérieur, jusqu’à arriver sur la rue principale. Là, n’y pouvant plus, de grands hoquets s’emparèrent de son corps, et si elle marchait au début, elle se mit bientôt à courir, tout droit, bifurquant à droite, à gauche, n’importe où. Jusqu’à ce que ses jambes lui fassent mal, et que son souffle la menace de rendre toute la bile qu’elle avait dans l’estomac. Jusqu’à ce qu’il n’y ait alentour plus aucune bâtisse ou cottage visible. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que des arbres, des arbres, et des plaines immenses à perte de vue. Jusqu’à ce qu’elle se soit perdue.




    ©️ FRIMELDA



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    S'éloignant lentement jusqu'à la sortie, Gordon s'arrêta à peine lorsque Lily l'interpella. Il avait sousestimé sa force de caractère, visiblement. Et tandis qu'il se retournait pour lui faire face, d'un calme inébranlable, ses yeux se posèrent pour la première fois sur ce petit bout de femme qu'il n'avait toujours entrevu que comme une créature à part, bien loin de l'image que lui renvoyait son propre père. Celle d'une chose fragile à protéger. Ce jour-là, en cet instant, son regard fut tout autre alors qu'elle le surprenait sûrement par sa fougue sauvage. Peu habitué à se faire bousculer de la sorte, encore moins par une aussi jeune personne, Gordon resta en retrait, estomaqué au départ, puis bien vite fier de découvrir quel tempérament se cachait derrière cette frêle silhouette. Sa nature doucereuse cependant, ne lui permit pas de répondre suffisamment vite à la jeune femme, qui entamait sans discontinuer les hostilités. Il aurait aimé reprendre, s'excuser avant de lui faire entendre raison. Visiblement sous le choc, Lily n'avait pas compris là où il avait voulu en venir, ne se représentant qu'une réalité équivoque dans sa confusion. Lorsque sa main agrippa son bras, il ne se débattit pas, tout juste eut-il un regard pensif sur la jeune femme sans l'interrompre pour autant une seule fois. Une observation silencieuse qui dura plusieurs minutes, le temps qu'il prenne une décision. Et ne s'éloigne de la salle du restaurant, me jetant un regard attristé et pourtant, un sourire entendu que je ne compris pas sur le moment, avant de refermer les portes sur ses pas. Evidemment, sitôt qu'il eut disparu, je courus m'enquérir de l'état de ma compagne, cherchant à tâter la moindre parcelle de sa peau en espérant n'y trouver aucune blessure. Cependant, ce fut son regard qui me prit de court. Fuyant et réprobateur à la fois, presqu'horrifié par ma simple présence à ses côtés. « Lily ? » Sans comprendre, je réclamais à nouveau ses mains, ses joues, ce besoin de la sentir contre moi, alors qu'elle s'éloignait toujours et encore. Sa première interrogation, trop vague pour que je fasse le lien me fait d'abord froncer les sourcils. Je devinais sans mal que Jonathan avait dressé de moi un portrait peu flatteur. Qu'avait-il bien pu lui dire qui la mette dans un tel état de colère, de tristesse et d'effroi ? Au prénom de mon épouse défunte, je me tends sensiblement, m'attendant au pire en retenant ma respiration. « … C’est … c’est pour ça que tu m‘as choisie ? … Parce que de près ou de loin je lui ressemble ? » Soudain, mes yeux s'arrondissent et mes lèvres s'entrouvent. Une expression à la fois choquée et surprise qui aurait pu être drôle compte tenu de mon habituel sang froid si le sujet n'avait pas été aussi sensible. « C'est...c'est ce qu'il t'a dit ? C'est ce que tu crois ? » ne puis-je alors m'empêcher de lui demander en balbutiant, mon cœur ratant un battement dans ma poitrine. Oui, je le voyais dans ses yeux. Maintenant, je comprenais tout. Sa conversation avec Margaret, sa vision du mariage, ses désillusions...tout ne reposait pas uniquement sur l'idée qu'elle se faisait de la relation que j'avais entretenue avec Catherine. Il y avait aussi ses croyances...de croire que je ne l'aimais qu'au regard de sa ressemblance avec un fantôme du passé. Mes paupières s'abaissent. J'inspire un bon coup pour me donner de la contenance alors qu'intérieurement et sans le savoir, Lily venait de me porter un coup fatal. Mais je tiens bon. Pour elle, pour nous. Parce qu'il n'est pas trop tard pour tout rattraper. Mes mains se tendent à nouveau, j'ai besoin de la prendre entre mes bras même si cette fois, ce n'est pas tant pour la consoler que de me rassurer sur le fait que tout pouvait encore s'arranger. Mais la voilà qui me repousse à nouveau, piétinant un peu plus un cœur dont les battements s'accélèrent minute après minute. « Lily... » Ma voix n'était plus que murmure. Une supplique alors que je luttais avec force pour ne pas sombrer. « Non Lily, écoute moi, s'il te plait... » tentais-je pourtant en attrapant sa main entre mes doigts. Le couperet tombe. Sa détresse mêlée à ses accusations m'affaiblissent encore, et je chancèle de la voir aussi prompte à le croire lui, à ne pas me laisser le bénéfice du doute...à me repousser sans arrêt. Totalement perdu maintenant, je ne cherche même pas à la retenir lorsqu'elle disparaît dans la lande. Immobile et effaré du portait de moi qu'elle venait de dresser, tout s'effondrait peu à peu. Nos souvenirs à deux, ses rires, notre bonheur...je ne percevais plus rien sinon les battements précipités qui tambourinaient contre mon poitrail. Le visage aussi blême que la mort, je déglutissais plusieurs fois, incrédule devant la scène qui venait de se jouer sous mon nez alors que je n'en fus que spectateur incompris et muet. Et même lorsque mes jambes se décidèrent enfin à bouger, voulant la rattraper, je ne trouvais que le néant. « Lily ? » La cherchant des yeux, ma raison laissée derrière moi par la folie de mes émotions éparses, je ne parvenais plus à distinguer le faux du vrai, le bon du mauvais. Je ne voulais qu'elle. Qu'elle revienne. « LILYYYY !!! » hurlai-je à nouveau en courant devant moi sans savoir où aller. Plusieurs kilomètres, une course effrenée entre monts et vallées, alors que le vent fouettait mon visage, semblant se divertir de mon supplice. Finalement, mes jambes me lâchèrent et je tombais à genoux, les épaules tremblantes. « Rentre à la maison, je vais la ramener. » entendis-je derrière moi comme une voix étouffée. « Fous-moi la paix, va t-en ! Laisse-moi ! » grognais-je en repoussant sa main qui s'était posée sur mon épaule. Dans la douleur de l'instant, je n'eus même pas la force nécessaire à le faire reculer que déjà, il m'avait obligé à me relever. « Lawrence...LAWRENCE ! » me gronda t-il en passant une main sur ma joue. Jamais mon père n'avait été tactile, malgré son affection pour chacun des membres de sa famille. Pourtant, nous n'avions jamais douté de ce qu'il ressentait. Gordon était ainsi. En apparence insondable et indifférent à tout ce qui l'entoure, alors qu'intérieurement, il n'aspirait qu'à une seule chose dans la vie : que sa famille soit heureuse et en bonne santé. Ce pourquoi, en de rares occasions, comme lorsque j'avais perdu Catherine et Jane, il retirait sans hésiter ce masque d'impassibilité pour réconforter ses proches, allant jusqu'à se montrer d'une patience et d'une douceur que nul n'aurait jamais soupçonnées s'il ne l'avait vu de ses propres yeux. « Mon fils...rentre à la maison, s'il te plait. Je te promets, je vais la retrouver. Tu es sous le choc, rentre. Nous parlerons plus tard. » reprit-il une fois sûr d'avoir toute mon attention. Un vague hochement de tête, son sourire que je n'entrevis jamais, et je fis demi-tour, le cœur gros et le regard marqué par le doute et la peur. Ce n'est qu'une fois dans ma chambre, après m'être assis sur mon lit, tandis qu'une bonne dizaine de minutes s'étaient écoulées durant lesquelles je n'avais pas prononcé un seul mot ni fis un seul geste que soudain, je ne pus retenir mon chagrin. Le corps secoué de tremblements tels que je n'en avais plus eus depuis longtemps, les larmes roulaient le long de mes joues. Caché derrière des mains d'homme, mon visage se tordait sous l'émotion trop longtemps contenue. Lily, notre rencontre, Londres, Alysse, Izzy, Jonathan, la grossesse...tout se mélangeait dans ma tête. Ce que j'avais fait, la culpabilité et la peur de perdre mon dernier unique amour rompant tout lien avec la réalité. Ce pourquoi, je n'avais pas entendu le grincement de la porte de ma chambre lorsqu'elle entra. Et pourtant, au lieu de la repousser, ma tête s'alourdit et tomba aussitôt contre sa poitrine maternelle, tandis qu'elle passait et repassait ses doigts graciles dans mes boucles rousses, me cajôlant comme toute mère l'avait fait de tout temps pour son enfant.

    A plusieurs kilomètres de là, Gordon avait suivi les traces, posé quelques questions au passage, et remonté sa piste. Après tout, il n'y avait pas trente six milles endroits où se cacher à Kirkwall. Et une  jeune femme enceinte qui ne connaissait pas le territoire ne pouvait aller bien loin sans se faire remarquer, ou tomber de fatigue à un moment ou à un autre. « Vous avez tort. » énonça l'homme sitôt qu'il fut à une distance à même d'être entendu par la jeune femme. Désireux de ne pas la brusquer ni l'obliger à supporter l'inconfort de sa présence, il poursuivit, calme comme à son habitude, l'observant tranquillement tandis qu'il plaçait ses mains dans les poches de sa veste, immobile derrière elle. « Vous avez tort, et je vous prie d'accepter mes excuses de m'être mal fait comprendre tout à l'heure. Je ne vous fais aucun reproche, vous savez. Un enfant n'est jamais responsable des vicissitudes de ses parents. » poursuivit-il en se décidant à se rapprocher, non sans garder une certaine distance juste au cas où. « Et je ne vous ai pas menacé non plus, Lily. Jamais je n'oserai. Pas parce que vous êtes la fille de Jonathan, ni parce que Lawrence vous a choisi comme compagne. Simplement, il n'est pas dans ma nature de menacer les jeunes femmes enceintes. Définissons cela comme la bonne éducation anglaise si vous le voulez bien. » ajouta t-il en faisant un brin d'humour destiné, sinon à la faire sourire, au moins à l'apaiser suffisamment pour qu'il puisse continuer de s'exprimer sans que Lily ne veuille lui faire de nouveaux reproches. « Ce que j'ai dit tout à l'heure n'était destiné qu'à vous prévenir, rien de plus. » Bien que ses paroles puissent paradoxalement vouloir faire passer une menace implicite à l'encontre de Jonathan, père de Lily, Gordon ne manquait jamais de sincérité dans son discours. Quel que soit son interlocteur, l'écossais s'était toujours efforcé d'être le plus honnête possible, quelles qu'en soit les conséquences. « Tout comme je suis persuadé que votre père, malgré son tempérament de feu... » Il avait dû se retenir de ne pas parler de « sale caractère ». « ...cherche à vous protéger envers et contre tout, je suis moi aussi un père qui ne désire que protéger son fils, Lily, comprenez-vous ? » Arrivé à sa hauteur, ses yeux se posent aussitôt sur la jeune femme, tandis qu'un sourire triste étire ses lèvres. Malgré la menace, il paraissait presque navré de devoir en arriver à de telles extrémités. « Aussi, tout ce que j'ai voulu vous faire comprendre tout à l'heure, mademoiselle, c'était que quoiqu'il m'en coûte, et même si je devais perdre votre amitié, je ne laisserais pas votre père s'en prendre à Lawrence sans réagir. » lui expliqua t-il calmement en s'asseyant ensuite à ses côtés, admirant devant lui les Highlands dans toute leur splendeur. « Est-ce que vous l'aimez ? » demanda t-il soudainement après quelques minutes de silence, en l'observant sans ciller. « Mon fils. Est-ce que vous l'aimez ? » répéta t-il dans un sourire sincère. Et avant même qu'elle ne puisse lui répondre, il réitéra la question, y ajoutant une légère nuance afin qu'elle puisse plus rapidement faire le lien. « Est-ce que vous l'aimez suffisamment pour vouloir défendre votre couple malgré votre père ? » Malgré lui, et ses insinuations, avait-il voulu dire, car il ne doutait pas que l'homme, après être resté seul auprès de sa fille, n'avait cherché qu'à l'atteindre par les moyens dont il disposait. Pas très loyal, pensa t-il amusé. « Venez, nous devrions rentrer, il se fait tard et il ne va pas tarder à pleuvoir à mon avis. » En effet, de gros nuages gris avaient subitement envahi le ciel. Un temps d'hiver dont les villageois avaient davantage l'habitude que le beau soleil qui avait dominé l'essentiel de la journée. « Vous ne voudriez pas tomber malade. Ce serait préjudiciable dans votre état. » reprit-il avec sérieux en jetant un coup d'oeil avisé sur son ventre arrondi.



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    Aveuglée par le fiel, par toutes ces phrases lancées comme des évidences par son propre père, la jeune femme ne savait plus sur qui se reposer. Qui croire ? Ils étaient les deux hommes de sa vie. L’un clef de son avenir, l’autre essence de son passé. Deux piliers indispensables entre lesquels elle ne voulait pas avoir à choisir. Son père avait toujours été là pour elle, depuis plus de vingt ans, rempart contre tous les maux qui auraient pu l’atteindre. Forcés à vivre ensemble, binôme un peu atypique, il l’avait élevée d’une manière si singulière qu’elle n’avait pas d’égal, outrepassant souvent ses devoirs d’agents pour lui inculquer la confiance, telle qu’on en trouve nulle part ailleurs. Il avait pris le risque d’évoquer avec elle de nombreuses choses qu’il aurait dû passer sous silence, avait pris le parti de l’intégrer, voire de l’embarquer dans son univers puisque de toute façon, il ne pouvait en être réellement autrement. Une fois dans ce monde-là, on ne pouvait perdurer en se maintenant à la frontière dangereuse.  Il fallait choisir un camp irrémédiable : la vérité, crue et sans fard, même si elle doit outrepasser le secret professionnel, ou bien l’omission et dans ce cas-là, il n’y avait plus qu’à mentir, encore et encore. Peut-être avait-il eut tort de ne jamais vouloir l’épargner. De ne pas se cacher lorsqu’il avait mal des suites d’une blessure, ou d’un choc difficile à encaisser. Parfois plus qu’un rôle de fille, elle s’était montrée mère, beaucoup plus responsable qu’elle ne l’aurait dû, renonçant à une partie de son innocence d’enfant pour demeurer aux côtés d’un père imparfait, mais néanmoins présent quoiqu’il puisse arriver. La fracture était si douloureuse alors, poignard logé dans son cœur qui lui rappelait tous les instants père/fille qui n’avaient appartenus qu’à eux, et eux seuls. Elle comprenait les élans qui cherchaient à l’éloigner de Lawrence, et de la vie qu’il avait toujours mené lui-même. Mais elle avait du mal à lui pardonner son fiel, si cruel au fond, et qui la laissait plus vulnérable encore qu’elle ne l’était déjà. Plus rien n’avait de sens alors. Tiraillée entre le besoin de garder son père auprès d’elle et celle de croire et de défendre l’homme qu’elle aimait, c’était sans compter cette tristesse indicible qu’elle éprouvait depuis qu’elle constatait qu’il lui mentait parfois. Sans doute pour son propre bien, dans une intention louable. Mais il lui mentait malgré tout. Et cela, Lily ne le supportait pas. Elle ne s’en était jamais cachée.  Elle avait été habituée à encaisser des vérités rudes toute sa vie, aussi le fait d’être mise à l’écart, jugée trop fragile, la blessait au plus haut point, jusqu’à effriter la confiance qu’elle pouvait placer en lui, rendant le vrai du faux de plus en plus difficile à démêler. Si vulnérable, si forte en même temps. Elle oscillait entre les deux, l’un s’accentuant par rapport à l’autre depuis qu’elle était enceinte.

    « Je … je ne sais plus. » avait-elle bredouillé pour toute réponse, avant de s’enliser dans ses incertitudes jusqu’à s’y étouffer, devenant aveugle aux supplications de son compagnon qui au fond, lui crevaient le cœur. Mais elle était si perdue alors. Comment aurait-elle pu réagir autrement ? Comment ? Elle était convaincue qu’il ne l’aimait pas que pour cela, qu’il y avait quelque chose de bien plus fort et de plus indicible entre eux. Elle était la première à y croire dur comme fer, n’ayant pas hésité pour cela à défier sa mère, rompre les liens avec une sœur, quitter un quotidien qu’elle aimait pour un univers qui l’effrayait plus qu’autre chose. Mais là il s’agissait de son père. Sujet sensible. Presque autant que l’était le sujet de Catherine pour Lawrence. Tous les codes changeaient alors. Elle n’avait jamais pensé qu’il l’ait choisie pour sa ressemblance avec Catherine jusqu’à ce que Jonathan ne l’évoque, pour la bonne et simple raison qu’elle avait toujours ignoré à quoi elle pouvait ressembler. Mais d’apprendre, alors même que le matin même elle évoquait avec Margaret des incertitudes qui la tiraillaient depuis un moment, qu’en plus de cela, il y avait ressemblance. Cela avait été le coup de grâce, et son esprit s’était forcément enlisé dans des raccourcis qui pourraient leur être fatal, mais qui étaient au fond, légitime aux vues de sa condition. Ce n’était pas seulement lui qu’elle repoussait alors. C’était lui, son père, tout le monde. Elle se calfeutrait dans les quatre murs de son esprit perdu, tentant d’y trouver une réponse, mais n’en trouvant pas, elle se sentait désorientée. Elle avait besoin d’air, d’être seule … d’encaisser le choc pour y voir plus clair. Elle sentit ses doigts chercher à se refermer contre les siens, contact de trop pour son corps raidis par la blessure encore fraîche, et eut le réflex primaire de se dégager immédiatement comme s’il l’avait brûlée, alors qu’un hoquet la traversait, sanglot arrêté au fond de sa gorge qui l’empêchait de respirer. Alors, fuyant tout contact, qu’il soit physique ou bien visuel, n’y tenant plus, chaque bruit devenant insupportable, elle s’était mise à courir. Encore et encore et encore. Ignorant son cri qu’elle entendit en fond sonore, et qui lui transperça le cœur, ne ralentissant néanmoins pas ses jambes qui se déployaient dans une foulée longue et sans fin.

    Une vingtaine de minutes plus tard, littéralement à bout de souffle et à bout de force, elle dût s’arrêter enfin, crachant ses poumons en se laissant retomber assise sur une herbe verte. Les joues rouges, le front transpirant, elle se recroquevilla sur elle-même, position fœtale dans laquelle elle se laissa aller enfin, ses nerfs se déliant enfin en s’écoulant en de gros sanglots douloureux le long de ses joues. Les minutes passèrent, et avec elles, le calme revint peu à peu en son corps tremblant toujours comme une feuille. Et au bout d’un certain temps, elle put commencer à observer le paysage alentour sans que sa vision ne soit brouillée. Peu à peu, le nuage d’incertitudes s’étiolait, la raison refaisant doucement surface, ainsi que les souvenirs partagés. Ceux avec son père d’abord. Puis ceux avec Lawrence … La lueur espiègle qu’il avait dans le regard, quand, parfois, joueur, il venait nicher son nez au creux de sa nuque comme l’aurait fait un petit garçon malicieux. Cette façon dont il la couvait du regard, même quand elle savait ne pas pouvoir le voir. Ces frayeurs qu’il avait parfois la nuit, à la seule idée qu’elle ait pu disparaître. La prévenance constante de ses caresses à son égard, comme s’il craignait de briser une poupée de porcelaine. La constance de sa présence chaque fois qu’elle avait eu besoin de lui, où il était devenu ce rempart indestructible derrière lequel elle pouvait se lover sans crainte. Tous ces éléments qui, mis bout à bout, valaient bien plus à ses yeux que tous les mensonges et incertitudes qu’elle pouvait avoir. Sauf qu’avant cela, avant cet élément déclencheur qu’était la confrontation violente avec son père, elle n’en avait jamais eu une conscience si pure. Elle avait eut le sentiment de renaître à ses côtés, goûtant à un sursaut de vie auquel elle ne s’attendait pas. Elle se plaisait à penser qu’elle pouvait lui offrir une renaissance à lui aussi, une force nouvelle forgée dans un alliage nouveau : celui de l’amour qu’elle pouvait lui porter, et que les tourments récents lui avaient fait oublier de montrer. Mais il était là pourtant, d’une puissance rare, tant et si bien que son cœur semblait se serrer dans sa poitrine jusqu’à éclater. Jamais elle n’avait ressenti cela pour personne avant. Pas même pour Sergueï. Pas même pour son père.

    « Vous avez tort. » La phrase, prononcée par une voix grave mais néanmoins douce, lui fit avoir un hoquet de surprise alors qu’elle tournait la tête en essuyant par pur réflex ses joues humides. Les yeux rougis, elle fut surprise d’apercevoir entre ses cils la silhouette gracile de Gordon, qui n’attendit pas qu’elle lui réponde pour poursuivre. De toute façon, de prime abord, elle n’avait pas compris où il souhaitait en venir, et sa phrase n’avait fait sens qu’au regard de la suite de son discours qu’elle écouta jusqu’à la fin, sans jamais l’interrompre. « Je … Je comprends. » bredouilla-t-elle dans un premier temps, la voix éteinte, reniflant une fois avant qu’un nouveau silence ne s’installe entre eux. « Vous savez … Il … Il ne lui fera jamais de mal. Il le considère comme un fils … S’il ne dit rien c’est parce qu’il est fier et borné … mais je le connais … Il était fier du chemin qu’ils ont parcouru ensemble … de ce qu’il était devenu … Il en était si fier et … Nous l’avons blessé. Que cela soit Lawrence ou moi, peu importe … Nous n’aurions pas dû le maintenir à l’écart ainsi. »  murmura-t-elle sur le ton de la confidence, mortifiée au fond face à cette réalité qu’il lui fallait bien admettre. « Cela n’excuse pas son attitude mais … C’est mon père vous savez … c’est la seule famille que j’ai jamais eue …La seule qu’il me reste … » Elle laissa la fin de sa phrase en suspens, avant d’ajouter un élément qui répondrait sans doute à la question que Gordon venait de lui poser, et face à laquelle elle était restée silencieuse un instant. « A part lui. A part Lawrence. » Elle marqua un temps d’arrêt, glissant une brindille entre deux de ses doigts, la tordant entre eux jusqu’à l’arracher totalement. « Je n’avais pas réalisé jusqu’alors qu’il était ma famille, lui aussi. Celle que nous avons choisi de créer ensemble. Celle pour laquelle je ferais n’importe quoi. Je ne pensais pas pouvoir l’aimer assez pour renoncer à celle que nous avions construite avec mon père … Et pourtant …je m’aperçois que s’il me faut faire un choix … et cela me briserait le cœur sachez-le, je sais que je pourrais me remettre de l’absence d’un père mais … Pas de son absence à lui. Parce que c’est avec lui que je veux construire mon avenir. Que je serais fière d’être à ses côtés pour le restant de mes jours … » Est-ce que cela répondait à sa question ? Sur l’intensité de l’amour qu’elle lui portait ? Lily avait toujours été très pudique lorsqu’il s’agissait d’évoquer ses sentiments. « Mais … j’aurais aimé qu’il ait suffisamment confiance en moi pour ne pas me cacher certaines choses. Pour qu’il … ne me mente pas, en pensant que le mensonge me préserverait alors qu’il est entrain de nous détruire. »

    S’accordant encore un instant de réflexion, contemplant les nuages qui en effet s’obscurcissaient à vue d’œil, l’idée de rentrer évoquée par Gordon lui sembla alors raisonnable. Elle s’était calmée, avait eu besoin de cet instant de solitude pour remettre les choses en places. Mais à présent, elle était mortifiée à l’idée de l’état dans lequel elle allait retrouver Lawrence, et se demandait comment elle pourrait s’y prendre pour recoller les morceaux.  Son expression lorsqu’elle l’avait quitté lui revenait en mémoire, et rien que d’y penser, son cœur se serrait dans sa poitrine. Lentement Lily entreprit alors de se hisser sur ses jambes, une douleur dans son dos se réveillant alors lentement, comme un fourmillement. La faute sans doute à cette course dont elle n’avait pas l’habitude. Mais ça, ce fut sans compter le coup qui suivit, fulgurant, comme venant du plus profond de ses entrailles qui se contractèrent en retour tous ensembles. « Aargh … » vociféra-t-elle entre ses dents serrées, exultant un gémissement de douleur en ayant un mouvement vers l’avant, tandis qu’une main se posait derrière son dos, pendant que l’autre se posait sur le dessous de son ventre. La respiration sifflante entre ses dents, n’osant bouger, un autre coup s’en suivit juste ensuite, lui faisant serrer les dents jusqu’au sang. Incertaine, immobile, les jambes tremblantes, une sensation étrange la parcourut alors. Comme si quelque chose de tiède glissait le long de sa jambe nue, sous sa robe. Bientôt sur sa cheville, une goutte de sang apparut, suivit d’une autre. De quoi la faire paniquer alors qu’elle blêmissait à vue d’œil, et que sa jupe se teintait d’une couleur rougeâtre. « Ce … ce n’est pas possible … c’est … c’est beaucoup trop tôt … » s’affola-t-elle, saisie par un nouveau coup qui la fit s’agripper à l’avant-bras de gordon de désespoir, une paume plaquée sur son ventre comme pour l’empêcher de se déchaîner maintenant, alors que ce n’était pas l’heure. Peut-être était-ce anodin, le contrecoup des émotions fortes et des efforts trop nombreux. Une réaction normale de son corps qui protestait face à ce trop-plein de sentiments trop vifs. Un signal d’alerte peut-être. Sans doute. Mais sur le coup, malmenée dans son corps, Lily ne se rendait pas compte. Une seul idée la taraudait : l’idée qu’elle puisse les perdre, tous les deux, alors qu’elle les aimait déjà tant. « Ce n’est pas possible Gordon … c’est trop tôt … » répétait-elle sans cesse, frôlant avec la névrose tant la panique était grande, tremblant de tous ses membres quand la raison était flanquée à la porte pour laisser place à une terreur indicible. Une terreur qu’elle n’avait jamais éprouvée auparavant, et surtout pas de cette nature.





    ©️ FRIMELDA



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    Ses yeux humides ne trompaient personne. Pourtant, d'ordinaire si peu habitué à étreindre la détresse d'autrui, pas plus les jeunes femmes que l'autre sexe, sans compter cette anxiété toujours présente qu'au dernier moment, Lily ne décide de lui tourner le dos et de fuir pour peu qu'il se soit montré trop insistant, Gordon jugea préférable de rester à ses côtés sans émettre une seule remarque concernant la tristesse qu'il lisait dans ses yeux, se disant que si la jeune femme désirait se confier à lui, elle finirait tôt ou tard par le faire d'elle-même. L'expérience du psychiatre ne se trompait généralement que très rarement. L'oreille attentive, son regard se perd dans le paysage qui leur fait face à tous les deux, alors qu'il sourit d'un air distrait devant le portrait que dressait Lily de Jonathan. Il en avait tellement vu avec cet homme. Du bon comme du mauvais, au gré des missions, à s'allier ou se provoquer, quand ils ne manquaient pas de se faire tuer au tout début par excès de zèle et fierté mal placée. La vie lui avait au moins enseigné une leçon qu'il s'était toujours promis d'inculquer à ses enfants : ne jamais se fier aux apparences et ne jamais faire d'un ennemi un ami. Lily connaissait-elle réellement son père, et jusqu'à quel point ? Il en savait tellement sur le compte de l'agent qu'il aurait pu écrire un livre si sa conscience ne l'avait pas titillé. Jonathan n'avait jamais osé me révéler quoique ce soit à propos des crimes que Gordon avait pû commettre au cours de sa carrière. Or, comme tout agent, il avait connu la mort, sur ce point je n'avais aucun doute. Une forme de respect était née entre les deux hommes malgré ces années passées à se frotter l'un à l'autre, compétiteurs. Pourtant, comme le père de Lily, Gordon décidait depuis toujours de garder le secret sur leurs vies professionnelles. La volonté de protéger leurs familles allait bien au delà de la colère qu'ils pouvaient ressentir en sachant que l'un pouvait s'en prendre physiquement à l'enfant de l'autre. Le physique prenait les coups, certes, mais le psychique détruisait l'âme. « Non, vous n'auriez pas dû, en effet. » répondit-il simplement sans nul reproche. Juste un constat. Il n'aurait pas apprécié que je garde le silence sur ma vie privée alors que tout autour de lui, tout le monde savait. Et il ne s'agissait pas tant d'ego blessé que de penser qu'à un moment ou à un autre, j'aurais pû être piégé dans une situation à laquelle, puisqu'il n'avait pas eu voix au chapitre, il n'aurait rien pu y changer. Bref, la peur de ne pas pouvoir me protéger, la même qui tenaillait Jonathan, selon lui. « Je comprends, Lily. Je vous assure que je comprends. » énonça t-il en écho à ses paroles sans rien ajouter de plus à ce sujet. Son sourire s'étend sur ses joues, alors qu'il l'entend s'exprimer enfin à propos de ses sentiments. Toute chamboulée qu'elle avait été en quittant le restaurant précipitamment, Lily n'avait pas eu le temps ni nécessairement voulu réfléchir à sa vie à mes côtés, à ce que nous représentions elle et moi, aux sacrifices que l'un comme l'autre avions fait pour que notre couple continue d'exister. Jusqu'à ce qu'elle soit seule, dans ces herbes hautes, au côté d'un homme qui s'amusait de nos comportements qu'il jugeait affectueusement encore enfantines et terriblement humains. Ce pourquoi il souriait. Ce pourquoi, il comprenait. Et elle venait de répondre, à sa manière, à la question qu'il venait de lui poser. L'amour est un sentiment tellement complexe. Ephémère pour certains, plus durables pour d'autres, mais on ne sait jamais à quel point il peut briser des vies ou les reconstruire avant d'en avoir fait l'expérience par soi-même.

    Ses dernières paroles le laissent songeur, l'espace de quelques instants. Il l'observe, une seconde à peine, avant de se lever, secouant le bas de son pantalon sur lequel quelques brindilles s'agrippaient encore, avant que sa voix ne s'élève à nouveau dans l'air. Encore une fois, il ne cherchait qu'à lui ouvrir les yeux. Aucun jugement, aucun reproche ni conseil, juste les faits et des questions destinées à ce qu'elle-même trouve les réponses. « Qu'est-ce qui vous fait croire que Lawrence vous a caché des choses ? Est-ce Jonathan qui vous l'a dit ? » lui demanda t-il en plissant les yeux, la dévisageant longuement entre ses cils. « N'avez-vous jamais songé à interroger le principal intéressé plutôt que de vous fier uniquement aux propos d'un homme qui, de toutes évidences, désirait que votre couple ne soit que factice ? » reprit-il en fronçant légèrement les sourcils, comme s'il réfléchissait à un problème mathématique particulièrement corsé. « A moins biensûr que votre père ne vous ai jamais menti, pas une seule fois au cours de votre vie. Auquel cas, vous auriez effectivement toutes les raisons de lui accorder votre  pleine confiance. » conclua le psychiatre en abaissant les mains pour l'aider à se relever. « Lily ? » Son sourcil se hausse, surpris par la réaction de la jeune femme, bientôt remplacé par une moue inquiète qu'il dissimulait facilement malgré ses traits tirés. Ses yeux suivirent le lent cheminement d'un goutte sanguinolente jusqu'à sa cheville, alors que ses mains s'activaient déjà. L'une dans son dos, l'autre sous son aisselle, il cherchait à la faire se rasseoir le plus délicatement possible. « Doucement...calmez-vous... » Ses paroles de réconfort semblaient n'avoir aucune incidence sur la jeune femme. Elle paniquait. Légitime au vu de la situation actuelle, lui-même parvenait à se concentrer avec moins de facilité que d'ordinaire. « Je sais Lily, je sais que c'est trop tôt. Calmez-vous maintenant, vous risquez de faire du mal aux bébés. » répliqua t-il aussitôt en sachant que cette dernière information, à défaut d'être totalement exacte, pouvait au moins contenir l'émotion trop violente de la jeune femme. « Respirez lentement...faîtes comme moi... » Inspirant et expirant devant elle comme au ralenti, il attendit une minute avant de reprendre, posant sa main à plat sur son front moite, avant qu'elle ne redescende sur son ventre arrondi. Ses yeux eux, dérivèrent vers la tâche rosée de sa robe. « Ce ne sont pas des contractions, Lily. Vous n'avez pas perdu les eaux alors détendez-vous, d'accord ? Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer des pertes sanguines vaginales chez une femme enceinte. Ne paniquez pas, ce n'est pas parce que vous saignez que cela signifie forcément qu'il y a un risque pour vous ou vos bébés. » tâcha t-il de lui faire comprendre en prenant position à ses côtés, genoux à terre. Malgré la situation, il ne perdait pas son sang-froid, trop habitué sans doute à faire front sans se poser de questions, sans compter son expérience de médecin. Psychiatre certes, et les cours de gynécologie-obstétrique ne dataient pas d'hier, mais tout médecin savait fort heureusement tâter le corps d'une patiente pour y déceler une anomalie. Grossièrement, en tous cas. « Vous n'avez pas eu de relation sexuelle hier soir, auquel cas les pertes auraient commencé plus tôt et vous les auriez sans doute vu. Vous ou Lawrence. » commença l'homme comme s'il présentait son diagnostic dans un dictaphone, inconscient de la gêne qu'il pouvait lui avoir causé. « Deux bébés...une seule poche... » Cherchant dans sa mémoire ce qu'il avait appris en faculté de médecine à propos des grossesses gémellaires, son front se plissa tandis qu'il approcha sa main du ventre de Lily, le contournant dans sa rondeur, avant de la placer sur le bas de son nombril, frictionnant légèrement afin de mieux percevoir la poche amniotique. « Je n'en suis pas certain mais il me semble qu'ils sont trop bas pour... » Ne continuant pas sa phrase, il reprend son tâtonnement, avant de soupirer, regardant à droite et à gauche du chemin qui les avait conduit ici, espérant rencontrer quelqu'un, n'importe qui, qui l'aiderait à transporter Lily dans un lieu plus sécurisant où il serait plus à même de l'ausculter, lui, et le seul autre médecin de Kirkwall. « Je crois savoir d'où vient le problème. Malheureusement le nom m'échappe...Rassurez-vous Lily, ce n'est pas dangereux, pas tant que l'on prend toutes les précautions pour l'éviter. Pour l'instant, il faudrait que... Oh Billy ! BILLY ! Aproche-toi, viens m'aider mon garçon s'il te plait ! » Dieu merci, un jeune homme, la vingtaine d'années, proches des nuages comme tout écossais qui se respecte et la carrure d'un rugbyman passait par là, son panier de pommes sous le bras. Drôle à souhait, pour peu que l'on est du temps devant soi pour mieux observer la scène. « M'sieur Austen, y'a un problème ?! » demanda le mastodonte en lâchant son panier dont plusieurs pommes s'échappèrent, dévalant à toute allure la colline foisonnante de fleurs pas encore écloses. « Oui bonhomme, tiens, tu vas porter cette jeune femme et me suivre jusqu'au village, tu peux le faire ? Oui, tu peux le faire. » ordonna Gordon sans lui laisser le choix. Les joues rouges, mais comprenant l'urgence de la situation, le jeune homme ne se fit pas dire deux fois que déjà son bras droit s'était glissé sous les jambes repliées de Lily, tandis que le gauche la soutenait par la taille. Un poids plume pour un gabarit comme le sien. « On va où m'sieur Austen ? » tonna le géant en paniquant à la vue de la tâche de sang sur le bas de robe de son fardeau. « Au village. Chez Eva. Allons, dépêche-toi Billy. » Fort heureusement, combiné à la force brute du dénommé Billy, le petit groupe ne mit pas plus d'une dizaine de minutes en empruntant les raccourcis, pour atteindre le domicile de la fameuse Eva. « Dépose-la sur le lit, deux oreillers sous les jambes et un autre sous sa tête. Ensuite, trouve Eva, allez je t'attends, fais vite ! » lui quémanda à nouveau Gordon en s'assurant que Lily était dans la bonne position pour une auscultation, avant d'aller remplir une petite bassine d'eau tiède imbibée de parfum dans laquelle il trempa un tissu propre. « Je vais relever votre robe jusqu'aux genoux d'accord ? Juste pour laver vos mollets et les chevilles, le temps qu'Eva nous rejoindre. Elle est médecin. La seule gynécologue du coin. » lui expliqua t-il en songeant qu'il n'avait pas encore songé à faire les présentations. « Gordon, tu raconteras ma vie un autre jour. Allons pousse-toi, que s'est-il passé ? » siffla aussitôt une voix fluette dans leurs dos. Une petite femme, pas plus grande qu'un pouce mais aussi énergique qu'un coup de vent, venait de débarquer en trombe, essoufflée, Billy sur ses talons. « Dehors tout le monde, le spectacle est terminé. Je m'en charge. » gronda t-elle en commençant déjà à tâter le ventre de Lily pour s'assurer que la poche ne s'était pas déchirée, même partiellement, ce qui pouvait survenir malgré l'absence de pertes des eaux. « Billy merci pour tout. MAINTENANT DEHORS, J'AI DIT ! » s'exclama t-elle à nouveau en poussant le plus grand hors de la chambre. C'est tout juste s'il n'avait pas fui de peur de se prendre une rincée celui-là. A croire qu'Eva avait un pouvoir inné sur les hommes. « Gordon, tu peux rester si tu veux mais je ne veux aucun commentaire pendant que je travaille, est-ce que c'est clair ? » réclama t-elle avant de sourire amicalement à sa 'patiente'. « Ne vous en faîtes pas, je ne crois pas qu'il y ait grand chose. Je vous ai vu partir précipitamment tout à l'heure. Dans votre état, ce n'était pas très prudent vous savez. Les bébés ont été secoués et c'est sans doute ce qui explique ces pertes de sang. Rassurez-vous, il n'y aucun risque que cela se reproduise, ni pour vous ni pour vos enfants. Sauf si vous projetez de faire du cent mètres haie, ce que je vous déconseille fortement. » ironisa la jeune femme en riant. « J'ai autre chose à vous dire par ailleurs. En tâtant votre ventre, j'ai remarqué que les bébés étaient placés très bas au niveau de votre utérus. C'est ce que l'on appelle un 'placenta praevia', est-ce que votre médecin habituel vous en a déjà parlé ? »



    @Lily-Rose S. Hopkins

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    Lien du postSam 26 Aoû - 11:09:02
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    LET ME SHOW YOU
    WHERE I COME FROM
    lawrie & lily

    Se confier à lui ne relève pas tellement de la normalité pour Lily, dont le naturel revient rapidement au galop. Plus prompte à intérioriser ses doutes plutôt qu’à en faire part à autrui, trouvant ces pensées-là souvent trop intimes pour être partagées, elle lui accorde néanmoins un soubresaut de confiance. Comme si elle avait besoin au fond de se décharger un peu de toutes les pensées qui l’assaillaient alors. Comme si cela pouvait rendre la blessure moins grande, car elle était là, béante et suppurante. Les mots de son père lui revenaient en leitmotivs incessants. Elle se rappelait de son timbre, de son regard aussi, de cette façon de lui parler amère comme si le coup qu’elle lui avait porté était trop grand pour qu’il s’en relève totalement un jour. La culpabilité la rongeait doucement, poison malin qui se répand dans les veines sans que vous puissiez vous en rendre compte. La culpabilité … Et le doute. Le doute né des révélations d’un père conjuguées aux non-dits d’un compagnon. Si vulnérable qu’elle était, plutôt que de prendre le parti de l’un par rapport à l’autre, chose qu’elle se refusait de faire, elle avait davantage envie de s’enfermer en elle-même, se calfeutrer quelque part, seule, pour échapper à toutes ces incertitudes qui sclérosaient toutes les beautés qui l’entouraient. Mais la solution n’était pas là, elle le savait bien. Et Gordon mettait cette évidence en lumière plus encore sans même s’en rendre compte. Quels sacrifices Lawrence avait-il fait ? Il avait quitté son métier c’est vrai. S’était amputé d’une forme de liberté pour s’enfermer dans le rôle d’un homme d’affaire en costume trois pièces. Lily ne se rendait pas bien compte de ce qu’il avait laissé derrière car, à ses yeux, connaissant le métier d’agent, elle ne pouvait que trouver que son changement de vie était davantage une bénédiction qu’autre chose. Il n’aurait plus à tuer … Rien que cela, elle n’estimait pas qu’il pouvait s’agir d’un sacrifice. Au-delà du sacrifice dit « professionnel », il n’avait pas de son côté perdu une famille dans sa quasi intégralité. Une sœur, puis une mère, enfin un père. Il ne semblait pas se rendre compte de tous ces points de repères qu’elle perdait et qui additionnés les uns aux autres rendaient ses fragilités plus grandes encore. Sauf qu’elle ne lui avait rien dit de ces blessures gardées muettes. Elle avait gardé cette habitude fâcheuse de se taire, alors qu’elle aurait dû se reposer sur lui plus encore. Elle aurait dû lui parler, oui, elle s’en rendait compte à présent. Car elle aurait du mal à se remettre de le perdre lui aussi.

    « Il n’a pas eu besoin … Je le savais déjà avant. Le problème de Lawrence ce n’est pas qu’il cache des choses … C’est qu’il en omet beaucoup … Et semble être persuadé que je ne m’aperçois de rien. » Quant à la seconde question de Gordon, Lily ne répondit pas, et demeura songeuse. Elle savait pertinemment que Gordon Austen était loin d’avoir en tête un portrait très flatteur de son père. Il fallait dire aussi qu’il était difficile à vivre et à comprendre. Elle ne voulait pas commencer à remettre en question au point de détruire l’image de père qu’elle avait de lui, et n’apprécia pas spécialement sur le coup qu’il suggéra qu’elle ignorait devoir entendre les deux partis pour se faire une idée, et que son père serait prompt à tenter de la manipuler pour ruiner son couple. Sur la défensive, optant alors pour le silence en se disant que l’homme ne cherchait certainement qu’à l’aider, seul sa tête lui répondit par un hochement alors qu’elle se hissait enfin sur ses jambes.

    Des doutes, des incertitudes, des maux aussi, en un instant il n’y eut plus rien. Juste après l’éclair fulgurant de la douleur qui venait de la traverser de part en part, il n’y eut plus rien à art l’idée obsédante qu’il pourrait leur arriver quelque chose, à eux. Tout le reste n’avait alors plus aucune importance, comme si leur sauvegarde à eux était devenue viscérale, voire vitale à ses yeux. Un sentiment qu’elle n’avait jamais éprouvé avec autant de force auparavant. Ses jambes tremblant comme des feuilles sous la panique, le visage tordu par une expression de douleur et de terreur mêlées, les battements de son cœur s’affolèrent, alors que désorientée, elle ne savait plus quoi faire. « C’est trop tôt … » répétait-elle encore et encore, succombant à la panique face à cet homme qu’au fond elle connaissait à peine, mais qui avait des ressemblances avec le seul homme qu’elle avait envie de voir alors. « Lawrie … Où est Lawrie ? » bredouilla-t-elle-même entre deux râles de douleurs, chaque fois qu’un autre coup lui était porté de l’intérieur, et jusqu’à ce que Gordon prenne les choses en main et ne parvienne à accaparer son attention. « Non je ne veux pas me calmer ! C’est … c’est … » Farouche au départ, d’un revers ses gestes se firent plus mécanique, et elle mima face à Gordon la respiration qu’il lui imposait, acceptant de fait au passage de se calmer un minimum. Inspirant par le nez, expirant par la bouche, ses battements de cœur ralentirent, mais ses tempes elles, demeuraient moites alors que son teint était passé du rose au blanc en un clin d’œil. Il commença à parler alors, en s’activant autour d’elle. Mais rien n’avait de sens à ses yeux au départ, rien ne pouvait la rassurer tant la crainte qu’il y ait quelque chose de grave la tenaillait toute entière. Perdre les eaux … Non elle n’avait rien perdu, il avait raison. Mais elle savait aussi qu’il n’y avait que dans les films que les femmes enceintes qui perdaient les eaux se retrouvaient avec une flaque visqueuse à leurs pieds. Dans la réalité, au moment de l’accouchement, la femme ne perdait pas forcément les eaux tout de suite, et n’était pas nécessairement le signe déclencheur. Tentant de mettre un sens sur toutes les paroles prononcées par l’homme, Lily hocha la tête de bas en haut en signe d’approbation, plus prompte à l’écouter mais les yeux agrandis par la surprise alors qu’il se rapprochait pour venir tâter son ventre. « Qu’est-ce que vous ? » … faites ? Il venait vraiment de lui demander si la nuit précédentes ils avaient … ? Bien malgré elle, ses joues s’empourprèrent légèrement, alors qu’elle ne jugeait pas nécessaire de lui répondre à ce sujet. De toute façon il avait déjà commencé à tâter son ventre ici et là, émettant des hypothèses qui l’intriguaient plus qu’elles ne la rassuraient. « Trop bas pour quoi ?! » fit-elle en écho, de nouveau paniquée à l’idée qu’ils soient descendus ou … se soient décrochés … Toutes sortes d’idées totalement improbables, voire irrationnelles, qui pourtant relancèrent la panique en son cœur. « Mais … Mais qu’est-ce qui se passe ? » incrédule, trouvant le suspense intolérable, il la coupa dans son élan en interpellant le fameux Billy sortit de nulle part. Une belle bête celui-là. Impossible de lui donner un âge précis tant le côté enfantin de sa tête jurait avec son imposante carrure. Soucieuse de ne contrarier personne et de toute façon trop accaparée par les douleurs qui tiraillaient son dos, Lily passa un bras autour du cou de Billy, ayant un hoquet de surprise alors qu’il la soulevait comme un rien et déguerpissait en vitesse de la lande pour rejoindre le village. Le « convoi » arrivé chez la fameuse Eva, alors qu’il la déposait sur le lit, elle eut un autre gémissement de douleur qui lui brouilla quelques instants le champ de vision. Trop de silhouette qui s’activaient, et le sang pulsait si fort à ses tempes qu’elle s’en sentait étourdie. « Où est Lawrie ? » répéta-t-elle en grimaçant, se redressant en même temps sur le lit, vite réfrénée dans son élan par une main ferme qui la repoussa en arrière. Les jambes à présent relevée, sentant un linge éponger le sang sur ses jambes et entre ses cuisses, elle sentit bientôt la main fraîche d’Eva venir tâter son ventre. La position l’aidant à retrouver ses esprits, elle fut bientôt assez « calme » pour pouvoir l’écouter parler sans avoir une folle envie de s’enfuir, ou de crier. « Qu’est-ce que vous voulez dire par … Ils sont très bas ? » Incrédule, blêmissant à vue d’œil, elle avait en effet remarqué qu’ils se développaient tous deux exclusivement sur la partie avant de son ventre. Mais, ce phénomène étant assez courant chez beaucoup de femme, jamais elle n’aurait songé qu’il puisse y avoir un problème. « Non … Non … Qu’est-ce que c’est ? Une anomalie ? » demanda-t-elle en serrant le drap entre ses mains, la voix éraillée par le trop-plein d’émotions. La position estompait lentement les douleurs, soulageant son dos. Et si elle était toujours blême, elle tremblait moins à présent. « Je … Où est Lawrie ? » demanda-t-elle encore, entre deux explications, et deux coups moins puissants cette fois portés de l’intérieur. Et puis il y eut cette sensation … Etrange … Différente. Comme si … « Ooh … » ses lèvres formèrent un « o » de surprise, alors que sa main se posait à plat sur le sommet de son ventre. « Ils ont bougé … » Submergée par une émotion totalement différente, de soulagement cette fois après tant d’angoisses depuis des mois, les larmes se mirent à rouler sur ses joues naturellement, ravageant ses joues de sanglots alors qu’elle passait par des émotions différentes : le soulagement d’abord, que tout ne soit pas grave ; la surprise ensuite, de ce mouvement inattendu ; la joie et enfin la panique, proche du désespoir. « J’avais si peur qu’ils soient mort là-dessous … Ils ne bougeaient pas … Et là … Et là … Où est Lawrie ? Oh Gordon il ne voudra plus jamais me voir … J’ai été si horrible tout à l’heure … Je ne voulais pas … Je … Je ne savais plus … Ooh … » Difficile de l’arrêter à présent, l’écrin de sensibilité et de vulnérabilité débordant enfin comme un vase beaucoup trop plein qu’il fallait vider pour repartir sur des bases solides. Recroquevillée sur elle-même dans sa jupe toujours tâchée de sang (il faudrait qu’elle songe à prendre un bain), son front mima un affaissement pour se poser sur ses genoux, alors qu’elle laissait toutes les émotions s’évanouir, quitter ce corps qu’elles avaient beaucoup trop chamboulé ce jour-là.



    ©️ FRIMELDA



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    « Chut...calme-toi mon chéri...maman est là... » Plusieurs minutes passèrent, tandis que je l'entendais murmurer à l'orée de ma nuque, cajôlant mon dos et mes boucles rousses avec ce petit sourire entendu d'une mère qui savait mieux que n'importe qui la manière dont il fallait user pour consoler son enfant. Mes bras autour de sa taille, mon nez enfoui contre sa poitrine, peu à peu, je retrouvais mon souffle, gardant encore les paupières closes quelques secondes avant de me relever, gêné par la position de faiblesse dans laquelle elle m'avait trouvée, moi qui avais toujours tout fait pour dissimuler la moindre de mes émotions depuis plus de vingt ans. « Merci.. » lâchais-je en passant une main sur mes traits tirés. N'osant lever les yeux vers Margaret, je soupire cependant longuement avant d'ajouter, prenant sa paume entre mes doigts. « Excuse-moi de m'être énervé tout à l'heure, je...c'était inadmissible et cela ne se reproduira plus jamais. » lui annonçais-je en reniflant, les mâchoires crispées. « Oh mon bébé, ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas tu sais. Tu étais bouleversé, et je n'aurais pas dû me mêler de ta vie privée. » répliqua ma mère en passant une main tiède sur ma joue pour m'obliger à lui faire face. « Tu te mêles toujours de ma vie, maman. Toujours. » corrigeais-je très sérieusement avant d'esquisser un vague sourire amusé. « C'est ce que font toutes les mères. Et c'est pour cela que je n'aurais pas dû m'énerver, c'était stupide de ma part. » repris-je en déposant un baiser sur son front ridé par les années. « Que s'est-il passé entre vous, mon chéri ? D'ailleurs, où est-elle ? » Me transmettant son inquiétude aussitôt que je me rendis compte que vingt bonnes minutes s'étaient écoulées alors que mon père n'était toujours pas revenu en compagnie de la jeune femme, mes sourcils se fronçèrent tandis que je me relevais d'un bond, prêt à repartir à sa recherche. « Lily et moi nous avons beaucoup de choses à nous dire. Je n'ai pas été tout à fait franc avec elle, pour tout dire. » soupirais-je en faisant implicitement référence à la conversation que la jeune femme avait eue avec Margaret le matin-même et à laquelle j'avais malencontreusement assisté. « Mais elle se trompe à mon sujet. Il faut que je règle le problème, une bonne fois pour toutes. » résumais-je en vérifiant mon allure dans le miroir de ma chambre – vieille habitude que je ne perdrais sans doute jamais, quelles que soient les circonstances – avant de filer dans les escaliers, non sans un sourire compréhensif de Margaret au passage. Quelle ne fut pas ma surprise, sitôt que j'ouvrais la porte du cottage, de tomber sur Billy Marsan, un jeune du coin que j'avais connu alors qu'il n'était encore qu'un gamin, se tenant raide comme un piquet de tente devant la porte, les mains ballantes et le regard fuyant, comme s'il venait de faire une grosse bêtise. Le connaissant, cela ne m'étonnerait pas plus que cela. « Je n'ai pas le temps, Billy. Si tu veux bien m'ex... » Pas le temps de finir ma phrase qu'il m'agrippa le bras au passage, me relâchant sitôt qu'il croisa mon regard surpris et accusateur. « 'tendez m'sieur, vous allez chercher la fille aux ch'veux roux, c'est bein ça ? Li..ly, j'crois qu'elle s'appelle ? » tenta t-il de se souvenir en posant un doigt sur sa bouche entrouverte. Les yeux ronds en me demandant comment un gamin qui n'avait jamais réussi à retenir ses tables de multiplication pouvait se rappeler le prénom de ma compagne, je compris à son air dépité que quelque chose venait de se produire. « Billy, où est-elle ? » sifflais-je, blanc comme un linge malgré mon apparent flegme. « Chez Eva. C'est vot' père qui l'a ramené. Y'avait du sang sur sa robe et.... » Je n'écoutais même pas la fin. Aussi brusquement que si une mouche m'avait piqué, je dévalais alors la pente jusqu'à la maison de la médecin, cherchant à faire disparaître toutes traces d'inquiétude et de songer que non, pitié non, Lily n'avait rien.

    Dix minutes plus tôt.

    « Non … Non … Qu’est-ce que c’est ? Une anomalie ? » Devant le teint anormalement blême de sa patiente, Eva crut bon ajouter aussitôt, non sans poser une main rassurance sur l'avant-bras de la jeune femme. « On se détend jeune fille, non ce n'est pas réellement ce que l'on peut qualifier d'anomalie. Commençons par le début. Comme vous devez le savoir, le placenta est habituellement situé sur la partie supérieure de l'utérus, ce qui donne suffisamment d'espace au fœtus pour grandir et se développer. Dans le cas de certaines grossesses, et c'est d'autant plus avéré pour les grossesses à risques, notamment constituées par les grossesses gémellaires, le placenta se forme sur la partie inférieure de l'utérus, ce qui vous donne pour exemple ce petit ventre arrondi plus près des cuisses que sur le haut du corps. » résuma le médecin en posant une main froide car encore gantée sur son front. « Je n'en ai absolument aucune idée. Gordon, voudrais-tu aller chercher ton fils s'il te plait ? » demanda Eva en avisant mon père des yeux quelques secondes, celui-ci s'étant déjà levé pour sortir de la pièce. Quelques minutes plus tard, et c'est une toute autre Lily à laquelle elle faisait face, celle-ci venant de découvrir les joies des premiers mouvements de ces bébés dans son ventre. Quoiqu'amusé par la mine stupéfaite et heureuse de la jeune femme, Eva, habituée au phénomène préféra garder sa langue et terminer de noter ses dernières recommandations à l'écrit, juste avant que Gordon ne revienne, marchant d'un pas lent et bas comme s'il craignait qu'elle ne se soit endormie. Derrière lui, j'eus à peine tendu l'oreille pour l'entendre se mettre à pleurer que déjà je m'extirpais de derrière mon père pour aller la prendre contre mon torse et la bercer tout doucement, sous le regard attendri mais toujours averti du médecin. « Viens Eva, laissons-les quelques minutes. » recommanda mon père à l'autre bout de la pièce tandis qu'elle le rejoignait en silence. « Tout va bien, rassure-toi. » se contenta de brièvement m'expliquer la jeune femme dans un sourire afin que je ne m'inquiète pas plus que de raison, avant de refermer la porte derrière eux. « Lily...Lily, calme-toi, ça va...je suis là maintenant...c'est fini...chttt...c'est fini mon amour...ne crains rien, je suis là...Je suis là.. » ne cessais-je de murmurer dans ses cheveux, sans la libérer de mon étreinte.



    @Lily-Rose S. Hopkins

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    WHERE I COME FROM
    lawrie & lily

    Placenta pare … prae … Quel était le nom scientifique qu’elle avait employé déjà ? Ah oui. Praevia. Ses paupières balbutièrent alors qu’elle écoutait du mieux qu’il était possible les explications de la femme. Explications qu’elle trouvait beaucoup trop succinctes d’ailleurs, tant une tripotée de questions lui venaient en tête à chaque élément ajouté dans son discours. Etait-ce la cause de ces saignements impromptus suite à une émotion trop forte, ou un effort trop poussé ? Etait-ce juste cela ? Si elle se tenait un minimum tranquille, éviterait-elle les douleurs comme celles qu’elle venait de ressentir ? Et … Autre question qui la taraudait … Les contractions d’un début de travail étaient-elles aussi ou plus douloureuses ? Si elles l’étaient davantage, elle comprenait facilement pourquoi les médecins conseillaient l’usage de la péridurale le jour j à leurs patientes proche du terme. « Mais … mais … ce n’est pas dangereux n’est-ce pas ? Je dois juste … Me tenir tranquille ? » demanda-t-elle du bout des lèvres, la regardant comme une enfant apeurée qui craindrait qu’on lui annonce une très mauvaise nouvelle. Si sans s’en rendre, elle avait fait du mal à ces bébés, elle ne s’en remettrait sans doute jamais. Déjà intérieurement elle se promettait de tenter de maîtriser ses émotions, et de ne plus partir en courant à vive allure, au risque de perdre en route deux petits êtres si chers à ses yeux.

    Succombant à toutes les émotions qui l’avaient assaillies depuis plusieurs semaines, s’accumulant en son cœur jusqu’à le rendre plus gros que de raison, ses épaules s’affaissèrent lentement, ainsi que ses bras autour de son corps, signe visible de reddition face à la lutte inutile qui consiste à vouloir tout garder en soi plutôt que de soulager sa conscience avec d’autres. Sanglotant contre ses genoux, sa robe ensanglantée désormais trempée de larmes, tremblant comme une feuille en ayant l’impression de ne plus pouvoir s’arrêter, ses grands yeux rouges et trempés se posèrent sur Lawrence alors qu’il venait envahir son espace sensible pour la presser contre son cœur. De quoi renouveler ses sanglots plus encore – sérieusement, d’où sortait toute cette eau ? – alors que ses bras venait se refermer autour de sa taille. « Ooh tu es là … J’avais peur que … Oh … Lawrie … Je suis désolée … » Autre hoquet incontrôlable, alors que l’on sentait bien qu’il s’agissait plus de pleurs de nervosité qui cherche à s’échapper que de désespoir, ou de tristesse. « J’ai été … Si horrible … Tout à l’heure. Pardon … Pardon … » Renouvellement des sanglots qui s’intensifièrent, le temps qu’elle se recule pour le regarder, s’assurer qu’elle ne rêvait pas, qu’il était bien là, qu’il n’était pas partit. « J’étais si … si blessée … Par … par sa réaction … j’ai couru couru … et puis … ton père m’a retrouvée et puis … Ils n’ont pas aimé … Et puis ... Ooh ... » lui expliqua-t-elle de manière synthétique et abstraite, désordonnée aussi tant elle était bouleversée, référence à tout ce sang qui avait perlé contre ses cuisses à la suite de son petit marathon impromptu. « Je suis si désolée … » Ses hoquets se calmèrent enfin, ainsi que ses pleurs. Ses petites mains se posèrent sur ses traits, encadrant son visage de part et d’autre pour lui donner toute sa matérialité possible. Malgré ses joues trempées, ses yeux rouges et un peu bouffis, elle avait une envie furieuse de l’embrasser tout d’un coup, de presser son corps contre le sien, de le sentir de nouveau. Comme si c’était la seule chose qui pourrait la calmer, de savoir qu’il était là, avec elle, contre elle. Mais elle n’osa pas sur le coup, craignant qu’il ne la repousse … Elle revoyait cette expression sur ses traits, quand elle l’avait repoussé. Elle s’en voulait tant. Alors ses doigts tremblants se saisirent ses siens, les portant jusqu’à ses lèvres qui les effleurèrent alors qu’elle penchait la tête. « Je suis désolée, pour tout à l’heure. Pardonne moi. Je n'aurais jamais dû réagir ainsi. Pardon ... » Serrant ses doigts entre les siens, ses lèvres toujours posées sur ces derniers, elle se calmait pourtant un peu, les larmes chassées, les émotions négatives, évanouies.




    ©️ FRIMELDA



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