J’ai décidé de vous raconter mon histoire en m’adressant à vous, très cher personnes qui ont envie de la lire. Je tiens tout d’abord à justifier mon prénom … assez peu commun. Le jour de ma naissance, le 23 juillet 1996, ma mère venait tout juste de mettre au monde une petite fille geignarde (comme tout bébé qui se respecte un tant soit peu et qui a envie de vivre) et énorme (oui je faisais dans les 4 kilos dès ma fabuleuse arrivée sur Terre). Epuisée après l’accouchement, elle s’est donc directement endormie et mon père est celui qui a dû donner mon prénom aux médecins présents. Bien entendu, il n’a pas pu se contenter de donner le prénom qu’il avait choisi avec ma mère quelques semaines plus tôt : vous comprenez ça n’aurait rien eu de ‘spontané’ et de ‘drôle’. Il a donc décidé pour rire, de m’appeler Bulle. Oui vous avez très bien lu, je m’appelle Bulle. Vous devez certainement vous demandez comment a-t-il eu cette idée ? Et bien lors de l’accouchement de leur femme, généralement les hommes n’ont pas grand-chose à faire (puisque, bien sur, c’est la femme qui fait tout le boulot). Certains décident donc d’assister à l’accouchement et de soutenir leur femme, d’autres tombent carrément dans les pommes en voyant quelques gouttes de sang et puis il y en a encore d’autres qui … gèrent le stress à leur façon : comme mon père. Il est bien le seul homme qui (à ma connaissance) n’a rien trouvé d’autre de mieux à faire que de claquer un papier-bulle pour se déstresser. Il a trouvé l’idée tellement originale qu’il a décidé de s’empresser d’aller à la mairie et d’officiellement m’appeler Bulle Jean Masson, sans l’accord de ma mère bien sûr. Maintenant que vous connaissez l’origine de mon prénom, je pense que vous serez un peu plus capable de me comprendre, de comprendre mon enfance et la vie que j’ai vécue jusqu’à mon entrée à Harvard, entre un père complètement timbré (je dois d’ailleurs tenir une partie de mon caractère de lui) et une mère qui s’endort direct après l’accouchement sans même prendre la peine de voir son enfant (pas très sentimentale comme femme).

Comme vous l’avez certainement compris, mon père est humoriste. Assez connu, il passait très peu de temps à la maison mais nous nous parlions assez souvent sur MSN puis Skype ou encore tout simplement au téléphone pendant mon enfance. A l’inverse de lui, ma mère était experte comptable. Très stricte, très soignée et jugée comme « femme classe », j’avoue ne pas réellement comprendre comment deux personnes au caractère si éloigné et qui passent si peu de temps ensemble peuvent en être à 15 ans de mariage et être toujours amoureux. Mais bref. Jusqu’à mes 10 ans j’ai vécu à Paris : je me suis sentie très vite passionnée par la musique. A 5 ans, j’ai commencé à jouer du piano et à 8 ans je savais parfaitement jouer du piano, du violon et de la clarinette. Mon père décida de me prendre sous son aile dès mes 10 ans et me présenta a beaucoup de célèbres musiciens afin que je puisse me perfectionner. J’ai donc passé mon enfance à jouer de la musique classique et à étudier dans des écoles privées. J’étais une enfant calme, facile à vivre bien que réservée. J’obéissais alors sagement aux adultes et je suivais les conseils de ma mère pour tout ce que je faisais, des vêtements que je devais porter jusqu’à la façon dont je devais faire mes devoirs en passant par mes loisirs et les sports que je devais faire. Je pense que l’évènement qui m’à faire devenir ce que je suis aujourd’hui fut lorsque je suis partie découvrir le monde avec mon père.

A 12 ans, on me considérait déjà en pleine crise d’adolescence. De la musique classique je suis passée au rock, puis à l’électro. J’ai appris à jouer de la guitare, de toutes les sortes de percussions et même à chanter. Ce n’est qu’à 15 ans que je me suis découvert une passion pour la danse. Alors que j’avais déjà fait le tour du monde avec mon père, j’ai fait ma première crise d’enfant gâtée vers 14 ans : j’ai finalement obtenu le droit de vivre avec ma tante aux États-Unis, à New-York. C’est alors que mon caractère changea du tout au tout. Je suis passée de l’enfant sage et obéissante à l’ado rebelle qui trainait dans les rues et fumait autant qu’elle le pouvait. Je fréquentais des gens .. peu fréquentable et restait souvent dans des quartiers qui, selon ma mère, n’étaient pas « dignes de mon milieu social ». J’ai appris dans ces quartiers à danser, à me libérer et surtout à être moi-même (bien que je me soit plutôt assagie depuis).

Dans le but de me « corriger » et de faire de moi une fille de bonne famille, mes parents m’ont donc envoyé à Harvard pour suivre la « tradition familiale » d’après ma mère, bien que cette tradition a sauté la génération de mon père. J’ai donc décidé de m’inscrire dans cette université de prestige en tant qu’élève en musique et en danse, mes deux passions et d’intégrer la Lowell House.