L'été, elle savait qu'il ne serait pas facile. Contrairement à la majorité de la population elle ne passerait pas ses journées les doigts de pieds en éventail, à se prélasser au soleil tout en sirotant un cocktail. C'est clairement tout l'inverse, elle serait surchargé de travail mais en fin de compte ça ne la dérangeait pas. Les vacances se seraient pour plus tard et puis bon il fallait bien faire rentrer de l'argent dans le restaurant pour faire tourner la boutique. Peut être qu'elle se prendrait quelques jours, sûrement qu'elle irait faire une visite surprise au Summer Camp ou bien qu'elle passerait un peu de temps en France, chez elle. Mais avant elle avait du boulot sur la planche. Pourtant elle aurait préféré s'absenter ayant passé la pire des soirées hier. L'accident d'Alexander et de sa famille, elle n'en avait pas dormi de la nuit et forcément au réveil, les cernes sous ses yeux étaient parfaitement visibles. Pas le temps de s'en préoccuper comme elle devait déposer Quincy à l'école avant de rejoindre le restaurant. Seulement deux heures de présence et elle avait déjà avaler cinq cafés. Un record sans doute. Elle n'avait pas le choix que de tenir et elle ne pouvait pas si bien dire. Traversant la salle de restaurant, elle fut stoppé dans sa course par la silhouette se tenant à l'extérieur, juste derrière la vitre. Impossible et pourtant, elle le connaissait trop bien pour se tromper sur son identité. Le coeur tambour battant, son esprit était en plein dilemme. L'ignorer serait la meilleure des solutions mais elle avait un mauvais pressentiment sur sa présence ici. Coincidence ? Elle avait du mal à y croire. Elle lui avait clairement dit qu'elle le voulait loin d'elle et pourtant il se tenait devant son restaurant. Claquant la porte dans un fracas sans nom, sa colère ne se fit pas attendre." T'as rien à faire ici. " Pas un bonjour, rien. Elle n'a aucune raison d'être polie face à lui. Cet homme à qui elle a tout donné mais qui lui a tout pris, celui qui a encore bien trop d'emprise sur elle.

La réalité qui lui revient en pleine figure alors qu'ell aurait clairement préféré faire face à un mirage, à un délire de son imagination. Elle ne pouvait nier que son esprit l'avait encore bel et bien en tête alors peut être qu'elle était devenue folle à le voir devant son restaurant. Mais non c'était bien pire. Un vestige du passé qu'elle voudrait oublier, une blessure durement pansé qui venait de se réouvrir en l'espace d'une seule seconde. Clairement ce n'était pas le bon jour pour lui infliger un autre coup de poignard mais bon il avait le chic pour faire ce qu'il ne fallait pas au mauvais moment. Une remontée de souvenirs beaucoup trop rapide, beaucoup trop brutale, qu'elle a senti son coeur s'arrêtait l'espace d'une seconde avant d'être subitement emporté par le colère à le voir débarquer comme une fleur. Il ne pourra lui faire croire qu'il s'est retrouvé face à son restaurant par pur hasard. Autrefois elle aurait souri face à toutes ses réponses bizarres, ses plans foireux mais aujourd'hui tout était différent. L'affection avait laissé la place à la rancoeur. Peu certaine d'avoir le courage de l'affronter, elle tentait quand même parce qu'il était trop tard. Trop tard pour faire comme si elle ne l'avait pas vu, c'était trop lui demander. Clairement sur la défensive, elle ne perd pas son temps à lui annoncer la couleur, à lui demander qu'il débarrasse le plancher, qu'il aille voir ailleurs si elle s'y trouve. Fuir il est bon à ce jeu également, ça ne devrait pas être difficile pour lui. La répartie ne tarde pas. Aussi têtu l'un que l'autre, là dessus rien n'a changé. Toujours la même rengaine mais elle n'a plus envie de jouer à ce jeu de celui qui aura le dernier mot." Tu sais très bien où je veux en venir. " Qu'il ne commence pas à la provoquer, parce qu'elle pourrait aller loin, très loin." Pourquoi tu me fais ça ? " Il lui avait promis sa liberté non ? Revenir sur sa décision serait une trahison de plus.

Elle avait tout pour être heureuse, la vie lui avait toujours souri mais un jour cette bonne étoile s'était éteinte, explosée en plein épanouissement. Pire qu'une gifle en pleine figure. C'était un train qui l'avait percuté de plein fouet, une fusée même tellement le choc avait été immense, inattendu. Elle en avait connu des trahisons, des déceptions mais là ce fut la cerise sur le gâteau, l'apothéose. Celui en qui elle avait le plus confiance, à qui elle s'était dévoilée, avec qui elle avait partagé un bonheur infini au delà de l'imaginable. Son futur elle l'avait vu avec lui, son mari, le père de son enfant et finalement il en avait décidé autrement. Aucunes explications, rien, un abandon dans toute sa splendeur, une souffrance comme elle n'en avait jamais vécu auparavant. Elle avait senti son âme s'évaporait, vu son futur lui échappait alors qu'elle avait encore des tas de plans pour eux, l'envie même d'agrandir leur famille. Le gâchis le plus total. Pendant un temps elle s'en était voulu, pensant qu'elle avait peut être fauté à un moment ou un autre. Il n'en était rien de tout ça, il avait fui sans raisons. Un coup de tête, ce n'était pas étonnant venant de lui, elle en avait même l'habitude mais là elle aurait préféré voir venir la chose, qu'il lui dise clairement et simplement qu'il voulait partir. La pilule aurait été plus facile à avaler. Elle le regarde agir irrespectueusement face à elle, et ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. Ses poings se crispent lorsqu'il fait l'idiot, lorsqu'il lui répond par des questions dont il connaît parfaitement la réponse. Parce que oui il sait tout d'elle, sa façon de pensée mais aussi sa manière d'agir. A sa requête son sang se glace. Deuxième coup de poignard qu'il lui assène, pire que l'abandon. La gifle part d'elle même." Va te faire foutre. Tu as peut être des droits sur ton fils mais certainement pas celui de me séparer de lui. " Jamais elle n'aurait pensé qu'il la détruirait autant. L'homme de sa vie s'était transformé en bourreau." Je lui ai dis que tu ne reviendrais jamais. " Pour elle, il ne passerait plus la porte de chez eux alors oui elle avait du annoncer la pire des choses à leur fils, que son père était un putain de lâche." On t'a attendu longtemps, c'est trop tard maintenant pour le récupérer. T'as fais ton choix. T'assumes. " Il s'était privé lui même de son fils, qu'il vive avec cela sur la conscience pour le reste de ses jours.

Il est plutôt rare qu'elle déteste les gens, mais là concernant Alek, c'est pire que de la haine. Elle ne saurait définir cette sensation mélange de mépris, d'indifférence, de colère mais le pire c'est cette petite flamme encore allumée en elle. Impossible de faire taire ce peu de sentiments qu'il lui reste à son encontre. Elle n'a jamais demandé à ce que ça se finisse. C'est lui qui a décidé pour la jeune femme, pour leur famille, pour leur avenir si on peut encore parler de ça. Bien sûr qu'ils auront un futur ensemble c'est inévitable mais lequel ? Une guerre. Fort probable surtout vu ce qu'il vient de lui demander. Quincy. Leur plus grande réussite, leur plus grande fierté, symbole d'un amour qu'elle pensait invincible. Que de naïveté. Elle tremble encore à ses mots, refusant clairement qu'il pose les yeux sur leur enfant, encore moins qu'il le touche, qu'il le garde auprès de lui. Il peut bien croire qu'elle se venge en lui refusant un droit de visite à son fils mais non c'est pire que ça. Il l'a complétement détruite elle, c'est une chose qu'elle peut supporter mais qu'il vienne foutre le bordel dans la vie de Quincy c'en est une autre. Il a déjà assez subit lorsque sa mère a dit lui annoncé que son père ne reviendrait jamais à la maison. Alors non, il ne le chamboulerait pas à nouveau en faisant de nouveau irruption dans sa vie." Mais t'entends ce que tu dis ? " Dans quel monde monsieur peut prévenir comme si de rien n'était, retrouver son rôle d'avant ? Certainement pas dans le monde de Nevada." T'as perdu ce droit quand t'es parti. T'as tout perdu, acceptes le putain. Comment veux tu que je te fasse confiance en te laissant seul avec lui ? Qui me dit pas que t'es revenu uniquement pour me le prendre et repartir là d'où tu viens ? " Elle avait terriblement peur. Quincy c'était sa vie, son ancre, c'est uniquement pour lui et grace à lui qu'elle n'a pas sombré." Tu penses réellement que ton cas est défendable devant un juge ? Tu veux vraiment perdre du fric en sachant d'avance que c'est peine perdue. " Peut être qu'elle n'a pas étudié en droit mais elle n'est pas idiote. Depuis quand un père qui a foutu le camp aurait encore une certaine légitimité ? C'est pas crédible." Tu ne peux pas venir là et me demander de faire des compromis alors que c'est toi qui a merdé. Celui qui doit faire ses preuves, c'est toi, pas moi. Mais t'auras beau dire ou faire ce que tu veux, je ne te donnerais rien. " Et ça il devait parfaitement s'en douter. Lui qui a supporté son mauvais caractère pendant près de quatre ans.

  Stoïque elle n’osait bouger. Le temps semblait s’être arrêté autour d’elle. Une pause. Un arrêt sur image dont elle se serait bien passé. La française avait mis énormément de temps avant de sourire à la vie de nouveau. Six mois que l’obscurité l’avait enveloppé de ses bras, elle qui auparavant était si joyeuse. Il lui avait arraché ce qu’il y avait de plus beau en elle et rien que pour ça, elle avait envie de passer ses nerfs sur lui. Qui plus est il ne semblait pas comprendre pourquoi elle ne voulait pas de sa présence. Si elle lui a demandé de ne jamais l’approcher de nouveau c’était pour une bonne raison, pour plusieurs même. Elle le voulait loin de son fils et puis elle avait cette peur qu’il réussisse à la manipuler. Au delà de cette haine, son coeur lui appartenait encore à son plus grand désespoir. On ne peut se défaire d’un homme qu'on a aimé corps et âme, avec qui elle s'était projeté. De nombreuses fois elle s'était vu avec lui dans une maison de campagne française à faire des crêpes pour leurs petits enfants. Cliché mais pour elle c'était synonyme de bonheur. Une si belle photo parti en fumée bien trop, sans même qu'elle puisse donner son avis. Son pouls s'accélèra à l'idée qu’il puisse la retrouver, qu’un jour il frappe à sa porte et que quincy hurle le nom de son père. Elle ne pouvait le permettre." Si vraiment, tu nous voulais aucun mal tu ne serais pas là à me menacer pour quincy. Je ne laisserai jamais mon fils seul avec toi. Je ne sais plus à quoi m'attendre te concernant,  t’es tout simplement devenu un inconnu à mes yeux. Alors oses me dire que tu n'aurais pas eu la même réaction que moi si la situation avait été inversée." Il insistait et tu grinçais des dents. Hélas il était tout aussi têtu que toi, ce fut votre plus gros problème mais tu avais toujours obtenu ce que tu voulais et ce n'est pas demain que ça changera. " Crois ce que tu veux mais je ne reviendra pas sur ma position. Soit tu acceptes de le voir uniquement en la présence de quelqu'un en qui j'ai confiance soit je te conseille d'engager un excellent avocat." A ses mots, tu serres les poings, manquant même de lui asséner une nouvelle gifle pour lui remettre les idées en place." T'es mal placé pour me faire une leçon sur mon rôle de mère. Avant de faire des remarques, regardes toi dans le miroir avant. Mais si un jour tu dois apprendre à ton enfant que sa mere est parti sans une explication alors là on en reparlera. T'es vraiment con de penser que quincy est naïf et reviendrait tout sourire vers toi." Elle ne parvenait pas qualifier quincy comme étant leur fils, c'était tout simplement au dessus de ses forces. Le nous s'était perdu depuis longtemps.