tu es mon autre...

Prise d'une envie soudaine de sortir, je regardais l'heure sur ma montre. Il se faisait tard, mais peu importe, car je ne trouvais point le sommeil. Alors sortant de mon lit douillet, j'enfilais un mini short jean ainsi qu'un top blanc et des ballerines blanches assorties, puis, je remontais mes cheveux légèrement bouclés en une queue de cheval. Sortant de la Lowell, je m'engouffrais dans la pénombre de la nuit en direction de la mather house, le cœur battant, le vent faisant voltiger quelques mèches de mes cheveux. J'aurais dû prévoir une veste, mais tant pis, j'allais me contenter des bras réchauffants de mon meilleur ami. En parlant de ce dernier, c'est dans sa chambre que je me rends, que j'entre et que j'approche pour réveiller. « Allez debout ! Abel ! » Apparemment, la manière douce ne marchait pas avec lui, alors j'opte donc pour la manière Prue ? Je grimpe sur son lit et je le pousse d'un coup de pied au sol. Le pauvre, il va se chopper une bosse sur la tronche, mais osef. « Debout, debout, debout ! » Criais-je à nouveau en croisant mes bras contre ma poitrine, sourire sadique aux coins de mes lèvres, le regardant de haut. « On sort bébé ! Je n'arrive pas à dormir. » Sérieusement ? Il allait me tuer, mais j'allais insister jusqu'à ce qu'il cède et me suive. De toute façon, il n'avait pas tellement le choix. Il me savait têtue et coriace comme meuf, mais surtout chieuse quand je m'y mets. « Soit tu m'suis, soit je réveille un autre mec pour qu'il me tienne compagnie. » Je triche un peu sachant qu'il déteste voir un autre mec m'approcher de trop près.

Abel & Prue

tu es mon autre...

• Une soirée de plus qui m'a poussé dans mes retranchements, à aller dépasser mes limites, encore. Une soirée qui m'a fait me rendre compte à quel point ma vie peu être étrange par moment. Je ne réalise pas souvent toute la chance que j'ai, peut-être que je devrais me calmer, que je devrais juste devenir un peu plus clean, un peu moins fêtard, je le pourrais, j'en ai le droit après tout, sauf que l'envie n'est pas là... Alors je me suis encore retourné la tête, et comme à mon habitude, je dos, comme à mon habitude, je n'ai pas pour projet de me réveiller le matin, j'me souviens de tous ces mecs qui ont pu me dire que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. La plus grosse blague de l'année, qu'est-ce que j'en ai à foutre du monde en fait ? Tout ce que je veux, c'est vivre ma vie sans devoir rendre de compte à personne, être libre de faire ce que je veux quand je veux, être libre de terminer au commissariat pour ivresse sur la voie publique et n'avoir aucune femme à prévenir, aucun parent. C'est ça, ma liberté, ma liberté c'est d'être seul, complètement seul dans un monde qui nous pousse à se regrouper, à marcher en meute. Mais là, je ne le suis pas, j'ouvre les yeux, et pendant un millième de seconde, je me vois flotter dans les airs, je n'ai rien vu venir, je n'ai rien entendu, je suis juste là, le corps s'écrasant sur le sol froid de ma chambre. Je gueule des insultes à peine audible, à peine compréhensible, les premiers mots du matin sont rarement doux. "Laisse moi tranquille putain." Je n'avais aucune idée du pourquoi du comment Prue venait me réveiller à cette heure si, et surtout pourquoi si brutalement, j'allais vraiment devoir la calmer elle. Sauf que sa dernière phrase a pour don de m'arracher les poils du corps un à un. "Va te faire foutre..." Que de politesse dès le matin. "Tu veux faire quoi là?" Toujours allongé au sol, je finis par me relevé avec assez de mal, me laissant tomber sur le lit, envoyant un oreille en plein dans mon amie histoire de la calmer un peu. •

Abel & Prue

tu es mon autre...

En venant ici, j'étais persuadé que j'allais mettre plus de temps que prévu pour sortir. Mon meilleur ami est une vraie tête de mule et je savais que pour le tirer du lit à une heure aussi tardive, j'allais devoir inventer mille excuses. Les unes plus bidons que les autres. Et comme je m'y attendais, une fois au sol, ce dernier injura dans sa barbe invisible, m'insultant sûrement de tous les vilains mots qui puissent exister. C'était Abel, je savais comment il était et je l'avais accepté, tout comme il m'avait accepté telle que je suis. Il n'y a pas de condition entre nous et c'est ça qui rendait notre amitié si exceptionnelle, si unique. Alors m'injurant à nouveau, je m'empresse d'ouvrir la bouche pour répliquer. « Dans le lit de ta... » Je me stoppe d'un coup, me rappelant du triste sort de sa mère. Elle était morte en mettant le jeune mather au monde et fort heureusement, je me suis retenue. Je n'y pouvais rien moi si ma langue fourchait plus vite que mon ombre. « Je veux sortir, peu importe où ! » J'attrapais l'oreiller qu'il me balançait à la tronche et la laissais tomber sur le lit avant de prendre place à califourchon sur lui. « C'est vous les fêtards, les pro des meilleures soirées blablabla... Tu dois bien connaître quelques endroits où on pourrait se sentir totalement... Libéré, délivré ? J'sais pas moi, fais-moi vivre une folie ce soir ! » Je sais qu'il en a les trips pour ça, pour me surprendre et me faire passer une nuit de folie. Je veux absolument me changer du quotidien et je suis beaucoup trop excitée comme une puce pour me contenter d'une banale sortie. Je lui demandais peut-être une chose impossible pour Boston, mais c'était un défi à relever. Et je sais qu'il ne recule jamais devant un défi.

Abel & Prue

tu es mon autre...

• J'ai un problème avec le sommeil et j'en suis tout à fait conscient. J'ai toujours entendu dire qu'une personne normal, qu'un adulte en pleine forme n'a besoin que de six heures de sommeil pour tenir la journée et pouvoir pratiquer diverses activités. C'est pas mon cas. J'ai peut-être grandi physiquement, mais au niveau de mon système du sommeil, ça n'a pas bougé, je reste un enfant, un petit gamin d'une dizaine d'années qui a besoin d'au moins huit heure de sommeil pour être bien, pour passer une journée agréable et faire diverses activités. Six heures, c'est vraiment pas assez pour moi. J'sais même pas si j'ai six heures là, j'pense que je dois avoir moins, j'ai pas regardé l'heure qu'il est, pas le temps avec cette furie qui vient de débarquer dans ma chambre comme une fleur dans un bouquet de rose. Je la mitraille du regard lorsqu'elle commence à vouloir me clasher, mais heureusement pour elle, elle s'arrête à temps, se rattrapant plutôt bien lorsqu'elle me dit qu'elle voulait juste sortir, peu importe l'endroit. "J'veux sortir peu importe l'endroit... Tu m'fais chier putain." J'avais commencé par l'imité, mais elle savait très bien que j'avais beau l'envoyer chier, je le ferais, que j'avais beau l'insulter, je pensais tout le contraire. Elle était l'une des personnes les plus importante ici, la personne la plus importante même, alors j'avais beau ne pas être le mec le plus poli du monde, mon amour pour elle était pure et réel. "T'aurais pas été toi je t'aurais juste baisé et ta folie, tu l'aurais vécu là... Sauf que ça serait mal vu..." A califourchon sur moi, je la regard avec un vrai regard de vicieux avant de passer mes bras dans son dos pour la serrer contre moi, déposant un baisé sur son nez. "Tu me laisses juste quelques minutes le temps d'aller me préparer, ça te va ou faut que je sorte en clodo comme je suis là?" On sait jamais, avec elle tout était possible, alors autant demander. •

Abel & Prue