Colin plaça le dernier livre dans l’immense bibliothèque occupant tout un mur de sa chambre et s’éloigna de quelques pas, un sensation de paix germant en lui à la vue des ouvrages soigneusement rangés selon un ordre précis minutieusement choisi et respecté. Il s’activait depuis environ une heure, rangeant tout ce qui lui passait sous la main. C’était quelque chose qu’il faisait souvent et ce depuis l’enfance. Il s’adonnait plus particulièrement à ces séances de rangement intensif quand il éprouvait le besoin de reprendre le contrôle sur son existence. Le fait de ranger, de mettre de l’ordre autour de lui lui conférait d’ordinaire un sentiment de calme et de paix tel qu’il n’en était jamais rassasié. C’était le cas en instant. Il avait déjà passé toutes ses affaires au peigne fin et éprouvait toujours le besoin de s’occuper ainsi. Il aurait dut être détendu en cette période de l’année. Le bal était passé et c’était maintenant l’été qui se profilait à l’horizon. Ses notes étaient exemplaires, lui retirant toutes préoccupations liées aux études et il n’avait pour ainsi dire qu’à se détendre en songeant qu’il se trouverait bientôt sur une plage à l’autre bout du monde, un cocktail à la main et une paire de lunettes de soleil perchées sur son nez.

Oui, il aurait dut être pleinement détendu et pourtant, il se sentait survolté. Entre autres choses, le visage d’Hippolyte le hantait et son caractère maniaque lui permettait d’occuper ses pensées ailleurs, au moins pour quelques heures. Ses quartiers étant parfaitement en ordre, il commença à passer au reste de la maison en s’efforçant vaguement de respecter l’intimité de ses frères et sœurs, son besoin de faire place nette tendant à prendre le pas sur cette belle intention. Il avait déjà nettoyé bon nombre de pièces lorsqu’il s’arrêta dans une salle de bain. Il ne pu s’empêcher de jeter un regard irrité à la poubelle remplie à ras bord, ronchonnant conte l’incapacité de certains à la vider. S’apprêtant à s’occuper de cette tâche tout en continuant à pester en français, il s’immobilisa en pleine action. Ses yeux foncés s’agrandirent sous l’effet de la surprise alors qu’il dévisageait le test de grossesse vaguement planqué au milieu de la poubelle. Durant quelques instants, il resta planté là, sans réaction, puis son cerveau se mis à fonctionner à plein régime, les rouages de ce dernier s’activant les uns après les autres. Le temps de descendre, la poubelle à la main, il avait déjà attrapé son portable, envoyant textos sur textos au reste des occupants de cette maison, leur demandant de se pointer et en quatrième vitesse. Il laissa la poubelle sur la table de salon, bien en vue et, en attendant le débarquement, tâcha de s’occuper l’esprit en vain. Tout en réorganisant les tiroirs de la cuisine, il commença à s’imaginer des scénarios rocambolesques sans réussir à décolérer, son imagination s’emballant sans se heurter à aucunes frontières.

Je préparais mes valises pour l'Italie. Un simple sac pouvait faire l'affaire en vu du passage rapide que nous allions faire. Pourtant, j'en restais toujours comme interdit devant le défi qu'elle me proposait. J'avais accepté puisque je ne reculais devant rien, et même si c'était un moyen de me procurer des vacances gratuites j'avais bien du mal avec le reste. Je devais être la pour elle, faire face à ses sentiments et.. et quoi ? J'étais carrément une brèle dans ce genre de situation, elle avait carrément choisis la mauvaise personne et pourtant c'est moi qu'elle voulait à cet instant précis. Je m'asseyais un moment sur mon lit, essayant de comprendre avant de finalement tout abandonner. Je ne voulais pas spéculer et encore moins me faire des idées stupides. J'en avais rien à foutre, juste des vacances. Soupirant, je me dirigeais vers la cuisine en voyant Ana complètement endormit sur le canapé. Un sourire machiavélique bordait mes lèvres, une idée des plus stupides venaient de me foudroyer l'esprit. Ayant dans l'attention de prendre la chantilly du réfrigérateur et d'être assez généreux pour lui en foutre un peu partout sur le visage. Malheureusement pour moi et heureusement pour elle, mon élan fût coupé par un texto de Colin. J'avais ordre de ramener mon petit cul dans la maison familiale. Hm ? Je fronce les sourcils en réfléchissant. Qu'est-ce que j'ai encore fais ? A part le mariage.. putain, papa lui avait tout dit ? Je me fige sur place, le téléphone en main et dans l'autre la bombe mousseuse. Peut être qu'il était encore temps de changer de pays, de partir en Italie maintenant ? Ou alors c'est la nouvelle de Louve ? Je plisse les yeux réfléchissant à toute allure avant de finalement me rendre à l'évidence. Colin s'il n'était pas au courant de mon mariage, devait l'être. Et je me devais de le défendre avec un véritable jeu d'acteur pour lui faire croire qu'il était absolument voulu. Tout comme papa Perol. Je repose l'objet dans le frigo, prends quelques affaires comme mes clés et mon portable pour prendre la direction souhaitée. Notre appartement en commun où l'endroit dans lequel je ne m'étais pratiquement pas les pieds. Quelques minutes de taxi plus tard, je rentrais dans le building immense et d'une élégance rare. Tout était absolument épuré jusqu'au moins vase, mais aussi pointilleux puisque le hall était joliment décoré de fleurs fraîches. Connaissant le chemin, je montais quelques escaliers pour atteindre enfin la porte et l'ouvrir. Lentement, je me déplace jusque dans la cuisine donnant sur un salon où Colin et une poubelle se trouvait. « Hey. Comment va ? » Rentrant dans la pièce illuminée de mille feux par des baies vitrées géantes, je regardais les tests de grossesses de Louve. Un sourire mesquin s'invita brusquement sur mon visage. Mais quelle andouille. A croire qu'elle voulait que l'aîné des perols tombe dessus. C'est du suicide. « C'est pas moi ! » dis-je rapidement avant de laisser tomber mon corps sur un fauteuil en cuir. Je demande Louve Perol à la barre, Louve. C'est ton jugement aujourd'hui. Le tribunal est prêt à connaître tes arguments et à rendre son jugement.

Boulot, boulot et encore boulot. Normalement ça devait être journée écriture, je dis bien normalement parce que rien ne se déroule jamais comme je le souhaite. La famille Perol est toujours surprenante, c'est vrai puisque mon grand-frère Colin venait de m'envoyer un message pour me dire de débarquer directement dans la villa de nos parents. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Le drama c'est typique de notre famille et qui doit souvent réparer les pots cassés ? Je crois que j'ai pas besoin de donner la réponse. Je les aimais beaucoup, parce que ma famille ça reste la chose la plus importante dans ma vie. Pourtant parfois j'avais des envies de partir loin et de me couper de tout pour me reposer. Même une semaine ou deux, non en fait je crois que je pourrais y prendre goût. Non puis abandonner ma famille c'était vraiment pas mon truc. J'étais pas comme ça, la culpabilité serait présente après et en fait je préférais même pas y penser. Du coup ni une, ni deux j'étais dans ma voiture en direction de Along Charles River. Il m'a quand même fallu dix minutes avant d'arriver. J'étais la dernière, Colombe n'était pas là et je n'étais même pas sûre qu'elle vienne. Après tout ça restait Colombe, généralement elle en faisait qu'à sa tête malgré le fait qu'elle n'avait que dix neuf ans. Sans doute la plus têtue de nous tous, quoi que chaque Perol possède un caractère bien spécial. Déjà rien qu'à voir la tête de Colin je n'étais pas rassurée, puisque cela avait l'air sérieux. La poubelle sur la table, un Marin qui disait presque rien et une Louve qui parlait un peu trop. Qu'est-ce que ça cachait ça ? « Qu'est-ce qu'il se passe encore ici ? » demandais-je en regardant Colin, puis Marin et enfin Louve. Histoire de déduire qui pouvait bien avoir fait une connerie pour qu'on soit tous ici. « Déjà Colin tu pourrais nous dire pourquoi nous sommes ici, avec une poubelle sur la table. Fin je crois que j'ai raté un épisode, donc il faudrait que quelqu'un m'explique. » dis-je en observant les réactions de mes frères et soeurs. Être membre de la famille Perol c'est pas reposant, mais alors pas reposant du tout.