Personne n'avait regarder dans ma direction et pourtant j'avais l'impression qu'on observe le moindre de mes faits et gestes. J'enfonce la casquette noire que je portais sur ma tête, et augmenta la cadence de mes pas. J'avais le cœur qui palpitait à 100 à l'heure, comme s'il s'apprêtait à exploser. Quand j'atteignais l'immeuble de logement de Carter, je pesais comme une hystérique sur sa sonnette. Elle finit par me donner l'accès et je m'engouffre dans le bâtiment sans plus attendre. Je monte les escaliers par deux et me rend en un temps record devant la porte de Carter. Quand elle l'ouvre, je la renfermais aussi vite derrière moi. « Putain Carter, ils nous cherchent ! Je l'ai vue dans les nouvelles, ils ont trouvé des ADN dans tout l'appartement, on est foutu. Putain Carter qu'est-ce qu'on va faire ? » je n'étais pas du genre à fondre en larme, mais mes yeux me piquaient et je n'étais pas loin d'y être.

Elle avait à peu près trouvé du calme dans sa vie, elle avait retrouvé en quelque sorte un équilibre mais, elle savait que ce n’était qu’éphémère et qu’il y aurait un événement qui foutrait tout en l’air. Elle n’avait pas envie de penser à ça tout de suite, elle préférait penser à la question de son départ qui était toujours en suspense, elle ne savait toujours pas ce qu’elle serait capable de faire et dieu que ça lui prenait la tête tout ça. Elle avait tellement de raisons de rester, des raisons évidentes et d’autres moins comme la jalousie qu’elle ressentait en pensant à Dimitri et d’autres femmes. Elle soupira doucement avant de tirer encore une fois sur sa cigarette, ses sourcils se froncèrent en entendant quelqu’un sonner comme une hystérique, elle alla ouvrir avant d’attendre derrière la porte pour l’ouvrir quand la personne serait là, quand Seychelle serait devant elle. Elle n’avait pas le temps de dire quelque chose qu’elle prenait déjà la parole pour foutre tout en l’air, pour foutre en l’air le peu de calme qu’elle connaissait. « Ok, calme-toi. Ils ont peut-être pas trouvés les notre, on est peut-être arrivé après tout le monde ou je sais pas. » Elle essayait de se convaincre d’une telle chose mais, c’était impossible. Elle passa sa main sur son visage pour ensuite la passer dans ses cheveux. « Il faut qu’on trouve un mensonge s’ils arrivent à trouver nos ADN. On peut dire qu’on a été là au début de la soirée avant de changer d’endroit pour continuer de faire la fête ou un truc du genre. » Elle était juste perdue et ne savait pas du tout quoi faire, là elle était juste paumée dans cette histoire.

J'étais toute retournée. J'avais reçu un texto de Seychelle me suppliant de la retrouver chez Carter. Apparemment, elle avait quelque chose d'important à nous dire, mais elle refusa de me communiquer davantage d'informations par message. Elle semblait croire que ça pourrait nous porter préjudice. Bien sûr, je savais à quoi elle faisait référence, d'où la sensation de mal-être qui m'avait alors envahie. Nous nous étions retrouvées dans un sacré merdier, cette nuit-là. Je n'avais vraiment pas besoin de ça et, depuis cet incident, je me sentais complètement démunie. Ma moto était au garage alors j'avais dû prendre le bus. Le trajet me sembla durer une éternité. Le stress me tenait à la gorge et m'étranglait. Lorsque j'arrivai chez mon amie, je dus d'abord m'asseoir un instant au pied de son immeuble et allumer une cigarette. J'arrivai au filtre bien trop vite à mon goût. La nicotine ne suffit pas à calmer mes nerfs. Je jetai le mégot avant de sonner l'interphone ; la porte s'ouvrit et je montai les escaliers deux à deux, pressée d'en finir avec cette attente qui se faisait de plus en plus pesante. La porte de Carter était restée entrouverte. Je frappai quelques coups pour m'annoncer avant de pénétrer à l'intérieur de l'appartement. "Hey, je suis là," déclarai-je en faisant quelques pas dans l'entrée. Seychelle était déjà là. "Bordel," m'exclamai-je en les trouvant là, toutes les deux, à fleur de peau, "mais qu'est-ce qui se passe, les filles ? Ne me dîtes pas que cette histoire revient nous hanter..."

Me calmer ? Comment pourrais-je me calmer sachant qu'il y avait de très bonne chance que ça nous tombe sur nos nez et que c'est nous qui en payent le prix. Je sais que Carter essayait de me de me faire raisonner un peu, mais je n'y arrivais pas. « Mais on n'a même pas de souvenir du comment on a abouti là. S'ils arrivent à voir qu'on leur ment, ils vont avoir des soupçons et vont nous foutre la pression comme pas possible. » Je me retourne vers Anastasiya qui venait juste d'arriver, à voir ma tête, elle a tout de suite compris de quoi il s'agissait. « Regarder. » je prends la télécommande et alluma le téléviseur pour le mettre sur la chaine locale des nouvelles. Un officier répondait aux questions du journaliste tandis qu'en arrière fond, on voyait l'immeuble et une meute d'agent en train de s'afférer. « Écouter, j'ai un très mauvais sentiment à propos de ça. Les filles ont dans la merde plus qu'au cou. » j'avais l'impression de me retrouver dans une de ces séries où le malheur poursuivait sans cesse ces 5 filles. Je n'ai du tout pas envie que cette histoire se répète avec nous.

Elle faisait comme elle pouvait pour la calmer, pour la faire comprendre qu’elle ne devait pas stresser à ce point car sinon ça allait juste la rendre dingue ou voir un peu plus coupable. Bon elle ne disait pas que tout allait bien pour elle, ce n’était pas du tout le cas mais, elle devait faire comme avant, elle devait agir comme ci elle n’était coupable de rien et jusqu’à preuve du contraire c’était le cas du moins c’est ce qu’elle se disait malgré le gros trou noir qu’elle avait eu. « Oui et alors c’est pas parce qu’on était là-bas à ce moment là que ça veut dire qu’on est coupable de quoi que ce soit. Le pauvre mec peut être mort d’une overdose ou une connerie du genre, on en sait strictement rien. » Ok, elle essayait une autre méthode pour la calmer ou un truc du genre, tout était bon pour faire en sorte que la pilule passe non ? Elle tourna la tête pour voir Ana rentrer dans l’appartement, au moins elles étaient toutes les trois ensembles et elles pourraient trouver une solution ensemble non ? Du moins c’est ce qu’elle se disait, ce qu’elle essayait de faire pour se rassurer mais en voyant la télé, elle flippait encore plus. Elle s’avança pour reprendre la télécommande et éteindre rapidement tout ça, elle ne pouvait pas voir, elle ne le supportait pas. « Peut-être qu’ils vont pas retrouver nos empreintes, on en sait rien. Tant qu’on a pas eu d’appel ou quoi que ce soit, il ne faut pas qu’on flippe parce que sinon on va avoir l’air plus coupable qu’autre chose. »

D'une façon ou d'une autre, j'étais maintenant rassurée ; être entourée de mes deux amies était réconfortant... L'union fait la force, pas vrai ? Je n'étais pas seule dans cette épreuve. Je n'avais pas à y faire face sans leur soutien.
La lumière de la télévision se reflétait contre la vitre adjacente. J'eus le temps d'entrevoir quelques secondes du reportage avant que Carter ne s'empare de la télécommande et appuie sur le bouton off. Je me mordis la lèvre inférieure de façon machinale ; j'étais de nouveau perturbée. C'était mauvais, très mauvais. L'affaire semblait recevoir beaucoup d'attention de la part des médias. J'avais essayé de me tenir à l'écart et d'éviter d'être exposée aux news, mais le passé semblait déterminé à me - nous - rattraper. Au moins, nous n'avions pas encore été contactées par la police, comme le fit remarquer Carter. "C'est vrai," embrayai-je, "de ce que je me rappelle, on était très entourées à cette fête, il peut y avoir une douzaine d'autres personnes d'impliquées. Il ne faut pas qu'on envisage le pire ou ça va nous foutre en l'air. Je suis sûre qu'on n'a rien à voir avec tout ça. Dans le pire des cas, on serait juste considérées comme témoins, pour avoir été présentes sur la scène de l'incident, mais il n'y a pas de raison qu'ils aient des preuves à charge contre nous..." Au fond, je n'étais pas convaincue de mes propos. J'essayais simplement de me rassurer au fur et à mesure que je parlais. Je ne savais pas vraiment ce que nous avions eu à faire dans tout ça, puisque, comme Carter et Nesryne, j'avais été victime d'un black out cette nuit-là. Nous nous sommes seulement réveillées face au fait accompli.
Cela dit, il me semblait impensable que nous ayons pu faire quelque chose de mal. Une overdose me semblait être le cas le plus probable. Il était encore tôt, les résultats de l'autopsie n'avait pas encore été divulgués au public.

Elles ont raison. Je devais arrêter d'envisager le pire. Je ne m'aidais pas en me faisant des scénarios, je devrais faire comme elles et voir ce qui arrivera. J'avais tout de même, au fond de moi, un doute sur toute cette affaire. Comment sommes-nous arrivées à cet appartement ? On est trois, il devait au moins avoir une d'entre nous qui se rappelle d'un détail, même s'il était infime. Au moins on aurait une petite piste pour remonter à la source. En fait, en y repensant… « Je crois avoir une idée. Et si on retournait au club où on était au début de la soirée et qu'on demandait au videur s'il nous reconnait et s'il se souvient de cette soirée. On aurait des chances de savoir ce qui s'est passé non ? » je me demandais si s'était une si bonne idée que ça. On pourrait attirer la curiosité des policiers s'ils savent qu'on commençait à poser des questions qui se reliaient à cette affaire. Comme elles le disent, on peut forcément inventer une excuse sur la présence de nos Adns dans l'appartement. Anastasia l'a bien précisé, on n'était pas les seules à cette soirée. Il y avait un bon paquet de gens concentré dans le même endroit, alors je ne voyais pas le danger d'aller fouiller un peu, histoire d'avoir un peu de clarté sur cette affaire et finir par enlever ce poids de nos épaules. « Je sais ce que vous allez dire, que c'est hors de question qu'on fasse ça, mais réfléchissiez bien. Ça pourrait nous aider à remémorer cette soirée, savoir si oui ou non on a vu quelqu'un de suspect ou que le mec s'est défoncé au crac au point d'en faire une overdose ? Ils ont annoncé les circonstances de sa mort ? » Si le mot meurtre sortait de leur rapport, rien de bon se présageait pour nous.

Elle essayait de trouver un truc pour se rassurer, pour toutes les rassurer mais ce n’était pas simple quand elle se rendait compte de ce qu’elles peut-être pu faire ou même y participer sans le savoir. Elles ne se rappelaient de plus rien, le blackout total et toutes ses personnes qui ne croyaient pas cette chose pouvaient se foutre le doigt dans l’œil. Parce que c’était le cas, toutes les trois ne se rappelaient de rien sauf de ce réveil, de ce corps qu’elles avaient pu voir et sans réfléchir elles avaient disparues de cet appartement. La peur des conséquences, la peur des conclusions sur elle et elles avaient juste essayés d’oublier, d’oublier tous ses ces événements mais, maintenant il y fallait faire face. Elle écoutait d’une oreille ce qu’elles disaient, elle était dans ses pensées, elle qui pensait avoir trouvé un nouvel équilibre dans sa vie, un équilibre qui la rendait heureuse, tout ça foutait en l’air son nouvel équilibre. Sauf que la dernière chose qu’elle devait faire c’était perdre son sang froid et montrer qu’elles avaient été présentes durant cette soirée. Puis peut-être qu’elle essayait d’être celle sur qui elles pouvaient se reposer si elles avaient peur, si elles en avait besoin ou un truc comme ça. Elle se tourna vers Nesryne tout en se mordant la lèvre inférieure, elle avait sûrement raison, elles devaient avoir une réponse à leur question surtout pour savoir comment elles avaient pu finir dans cet appartement. « Non, je pense pas que ce soit une mauvaise idée justement. On devrait avoir les réponses à nos questions et après, si on nous demande si on a entendu parler de cette histoire, on peut très bien dire non. » Elle passa sa langue sur ses lèvres tout en passant sa main dans ses cheveux doucement. « On aura qu’à dire qu’on se pose des questions sur notre nuit ou je ne sais quoi. Mais je pense que tu as raison Nesryne, c’est la seule chose qu’on peut faire pour le moment et non, je crois qu’on ne sait pas encore les circonstances de la mort. Vaut mieux qu’on le sache si on se lance dans cette idée là. » Rien de mieux pour paraitre suspect, autant dire qu’elles n’avaient pas entendues parler de cette histoire et d’apprendre de la bouche d’un autre si c’était un meurtre ou une simple overdose qui peut arriver à n’importe qui.

Nesryne avait retrouvé ses esprits et elle nous fit part d'une nouvelle suggestion : mener l'enquête, essayer de recoller les pièces du puzzle. Il est vrai que cette démarche pouvait se montrer réconfortante. Si nous avions le cœur net de ce qui s'était passé, nous pourrions mieux appréhender le futur. Ça ne coûtait rien d'essayer, pas vrai ? "Je suis d'accord avec vous, on se doit de tenter le coup. On y trouvera peut-être une source d'apaisement... De plus, on pourrait prendre une longueur d'avance sur la police en sachant de quoi il en retourne." Je parlais ainsi, d'une voix confiante, assurée, car je ne voulais rien laisser transparaître. Au fond, j'étais toujours mise à mal par le découverte de ce corps sans vie et l'absence de souvenirs laissée par cette nuit sauvage. J'avais le devoir de faire preuve de prestance ; rien ne pouvait plus être laissé au hasard et je ne pouvais pas me permettre de paniquer ou de perdre la tête. "J'ai cru comprendre que les circonstances de la mort seraient révélées cette semaine. Est-ce qu'on attend d'être mises au courant ou est-ce qu'on se lance tout de suite ?" L'idée de mon amie était bonne, mais il y avait de nombreux paramètres à prendre compte. J'hésitais : si nous ne faisions pas attention, nous pourrions nous rendre plus suspectes que nous l'étions déjà. En même temps, nous étions à court d'options et nous avions besoin de tirer les choses au clair.