Julian est née le 1er avril 1994 à Concorde, dans le New Hampshire. Ouais, vous avez remarqué ? Même sa naissance est une vaste blague. Elle est issue de ce qu'on appelle la haute bourgeoisie, bien qu'elle n'ait jamais vraiment adhéré à cette façon de vivre et ses dictats. Les réceptions, les repas entre grandes familles qui se respectent.. ça n'a jamais vraiment été son truc. La seule personne pour qui elle faisait des efforts, c'était son père. D'une gentillesse incroyable et d'une bienveillance rare, ils avaient ce qu'on appelle une relation privilégiée. Elle était sa princesse, sa raison de vivre. C'était les mots qu'il lui répétait souvent, au moindre signe de faiblesse qu'elle pouvait montrer. L'amour maternel, elle ne l'a jamais connu. D'ailleurs, peut-on réellement appeler une femme si froide, si distante, une "mère" ? Julian n'a jamais compris d'où venait cette jalousie que sa mère lui vouait, mais ce qu'elle sait, c'est qu'elle n'a jamais accepté la relation qu'elle avait avec son père. Même à l'époque elle la détestait, trouvant toujours un moyen de la dévaloriser, de la mépriser dès que son père avait le dos tourné. Julian n'a jamais représenté un quelconque intérêt pour elle, du moins, c'est le sentiment qu'elle avait. Et cette impression s'est confirmée l'année de ses quatorze ans lorsque son père décéda des suites de sa maladie respiratoire.
La suite des évènements n'est pas forcément la partie de sa vie dont elle est la plus fière, bien au contraire. La mort de son père eu l'effet d'un tsunami sur sa vie. Julian ne sait pas vraiment comment ni quand, mais le fait est que très rapidement et sans vraiment s'en rendre compte, elle fit ce que les médecins appellent une "dépression". Elle ne voulait.. plus rien. Le simple fait de devoir se lever pour affronter la journée lui paraissait insurmontable. Tout comme manger. Et malgré la nourrice qui tentait chaque jour de lui faire avaler quelque chose, elle finit par atterrir à l'hôpital. Anorexique, voilà l'étiquette qu'on lui donna. Le scandale de la famille. Sa mère qui la délaissait déjà complètement rentra dans une colère noire, ne cessant de lui faire des reproches. Sauf que non, elle ne le faisait pas exprès. Non elle n'essayait pas d'attirer l'attention sur elle. Elle n'y arrivait juste pas. Elle était de trop, elle était une gêne. On avait plus besoin d'elle. Et sa mère le lui fit bien comprendre lorsqu'elle se rapprocha d'une de ses cousines éloignées pour se débarrasser de Julian, afin de mener sa vie comme elle l'entendait. C'est ainsi que sans vraiment pouvoir donner son avis, Julian partit pour la Belgique.
L'arrivée dans sa nouvelle "famille" ne fut pas des plus simples. Elle une étrangère pour les de Belgique, qu'elle n'avait dû rencontrer qu'une seule fois dans sa vie. La famille royale, rien que ça. Sa mère n'avait pas choisi n'importe qui pour s'occuper d'elle, évitant ainsi le scandale, et donnant la "lourde" tâche aux de Belgique de s'occuper de l'éducation de Julian. Elle, elle ne se sentait pas à l'aise dans cette ambiance encore plus guindée que celle d'où elle venait. Ni auprès de la fratrie qui malgré quelques disputes, étaient bien plus soudés que ce qu'elle n'avait jamais connu. Elle ne se faisait pas à tout ça. Et dès l'instant où son état fut considéré comme stable par les médecins, sa nouvelle famille l'envoya dans un pensionnat pour fille à Boston, réputé pour son niveau d'exigence en matière d'études, mais également de discipline. Elle y passa le plus clair de son temps de ses quinze à dix-huit ans, ne rentrant en Belgique que pour les vacances scolaires. Et ce fut certainement là bas qu'elle fit le plus de conneries. Derrière ces images de saintes ni touches, les filles du pensionnat étaient en réalité toutes dans la même merde: à essayer de trouver un semblant de liberté au travers de la clope, la drogue, les fugues et bien d'autres formes de rébellion. A croire que c'est quand on essaye le plus de vous plier aux normes que vous parvenez à développer une imagination sans norme pour échapper aux règles. Julian devint maîtresse dans l'art d'enfreindre le règlement sans se faire chopper. Mais si elle semblait se perdre dans ses vices d'années en années, elle fut également mieux préparée que jamais aux hautes écoles. Elle avait toujours été douée à l'école, et grâce à l'aide de ses professeurs et sa détermination de se sortir de là, elle fut acceptée à Harvard.
A partir de là, elle sut au fond d'elle que les choses allaient changer. Elle venait d'obtenir son ticket vers la liberté. Et la première chose qu'elle fit fut de partir avec un mec qu'elle connaissait à peine faire un mini tour du monde pendant l'été. Sans prévenir personne. Si elle se fit incendier à son retour, honnêtement elle s'en foutait pas mal. Elle partait pour Cambridge, commencer ses études et surtout, mener sa vie comme bond l'entendait.
Aujourd'hui, cela fait cinq ans qu'elle étudie à Harvard. Ses visites chez les de Belgique se faisaient de plus en plus rares, mais il faut croire qu'on est toujours rattrapés par le destin, puisque Agathe, Abélard et Hades ont fini par venir à l'Université eux aussi, suite à la disparition d'Arthur. Si ses rapports sont parfois tendus avec les deux frères, elle fait son maximum pour les soutenir, sans vraiment savoir quelle attitude adopter.