« Non, un bar. Où est-ce que se trouve le meilleur bar ? » Melchior en fait des efforts. Il tentait d’articuler, de parler doucement. Il se recule même pour essayer de faire des gestes pour illustrer ce qu’il voulait dire. « Vous savez, là où on peut boire. Boire et discuter. » Il devait être ridicule à tenter de mimer pour que cet homme le comprenne. Ah la barrière de la langue… Et lui qui pensait que les employés étaient censés parler plusieurs langues, au moins l’anglais quoi. Mais là, ce type commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs…
En fait, ce début de Summer Camp lui rappelait étrangement le début du Spring Break en Jamaïque. Lui qui pensait venir ici sur les bons conseils d’Anja pour oublier. Quelle erreur… Il n’aurait pas dû venir. Se désinscrire lorsqu’il était encore temps. Tant pis, il était passé au plan B. Se saouler, ou trouver une tout autre solution pour revenir avec une tête vide, trop vide pour pouvoir penser à quoique ce soit ! Ainsi, à peine avait-il mis les pieds dans sa chambre qu’il était passé dans la salle de bain pour se rafraîchir un peu en se passant un peu d’eau sur le visage, avant de auitter la suite pour redescendre à la réception. Réception où il peinait actuellement de se faire comprendre par le seul employé qui ne comprenait pas l’anglais apparemment. « Est-ce que vous pouvez demander à vos collègues ? Ils sauront peut être parler anglais. » fit-il en désignant la porte derrière le réceptionniste, qui lui semblait mener vers une salle de repos où une salle du genre. Et il restait là, incrédule à le regarder dans le blanc des yeux, marmonnant quelque chose d’incompréhensible. Mais Melchior devinait qu’il était désolé. « Bon vous savez quoi, laissez tomber... » il ne cache pas son impatience et son agacement. Au point où il en était, il serait mieux servis par lui-même.

Une voix l’interpelle pour le sortir de cette situation bloquée, pour lui venir en aide. Elle ne sait pas à quel point elle lui rend un service. Un très grand service. Le jeune homme détaille rapidement la blonde du regard, plutôt mignonne, elle semble inspirer confiance au Quincy de première vue, en plus de connaître un endroit. Elle devait être une étudiante de Harvard très probablement mais sa tête lui est complètement inconnue. Enfin bref, elle l’aborde sans aucun problème, venant même plaisanter avec lui. « Au point où j’en suis, ça me fera du repos. » il plaisante aussi. Un peu. C’est vrai que ça lui ferait un peu de répit que de ne pas pouvoir se triturer les méninges et le coeur avec toute cette histoire. S’il avait pu prendre du recul, il verrait que cette situation tourne au ridicule. Mais ce n’est pas le cas. Il nage en plein dedans, et il n’y voit là qu’une colère et incompréhension qui déteint sur son entourage. « Eh bien je serai ravi de te suivre ! Tu me sauves la vie... et aussi la sienne. » Il jette un dernier regard quelque peu méprisant, sans vraiment l’avoir cherché au réceptionniste avant de repousser le comptoir d’une main pour se donner l’impulsion de se mettre en marche. Comme si toute son énergie est passée dans cet échange compliqué avec le personnel de l'hôtel. Mais une énergie qui reviendra bien vite après quelques verres de ces bonnes boissons magiques. « Tu arrives de Boston aussi ? »

Il s’est connu meilleur pour cacher son mécontentement ou agacement, pour rester poli et courtois en toute situation, … bullshit. Certains ne méritaient vraiment qu’il en fasse l’effort. Enfin bref. Son visage se décrispe légèrement, il hausse des épaules, fixant le regard de nouveau sur le chemin. « C’était un peu l’idée.. En partie. Du moins à 90% oui. Les 10 restant étant pour découvrir le coin et profiter de la soirée en dehors d’une chambre d'hôtel vide. » Qu’il se justifie un peu, même si passer pour le type désespéré lui passe complètement au dessus de la tête. Il ne l’a connait pas, elle ne le connaît pas. Peut être qu’après cette virée, leur chemin se sépareront à tout jamais. Puis elle lui dit qu’il devait profiter. Il ne sait pas combien de fois il a entendu le topo. Lui même avait été du genre à le sortir à tout va pour les autres, mais là ç’en devient imbuvable. Mais peut être est-ce l’effet du Laos, ou de la nouvelle rencontre, mais il n’en ajoute rien. Il se contente de marcher, marcher le petit coup de coude qui se voulait gentil de la part de la blonde. Il lui adresse un sourire tout en continuant sa marche aux côtés de l’étudiante de Harvard donc. « Eh oui, on ne peut pas se louper on dirait. C’est quasiment inscrit sur notre front. Je suis Melchior. » Il sourit, sincèrement content de rencontrer cette inconnue qui lui sauve la soirée. « Tu rejoins des amis ? »