Naître dans une famille aisée a tout de même de nombreux avantages, surtout lorsque l'on est enfant unique. On ne manque jamais de rien et toutes les portes nous sont ouvertes, toutes nos ambitions nous sont totalement promises. Même si l'on n'est pas forcément gâté au point d'être pourri telle une pomme flétrissante, on reste un enfant chouchouté et couvert de bonnes choses. Et River n'échappa pas à cette loi de l'aristocratie nouvelle, où les nounous étaient à proscrire et où la famille restait une part importante de la vie et ce, dès sa naissance, dans la remarquable ville de New-York. Les parents de celui-ci sont de nouveaux riches, du fait que son père ait fait fortune dans le domaine du prêt-à-porter. Il possède une marque de vêtements pour toutes les bourses dont la spécialité est basée sur diverses matériaux dont le jean et le coton. Mais étonnement, loin de prendre la folie des grandeurs, son paternel reste quelqu'un de très humain, privilégiant la place de l'homme dans l'entreprise. Pour lui, il est impensable de délocaliser en Chine et de faire travailler de pauvres petites mains sous-payées. Il préférerait mettre la clef sous la porte. Cela doit venir de l'éducation très ouverte que ses propres parents lui ont prodigué. Sa mère, quant à elle, est une ancienne hippie, le genre de femme à vouloir sauver la planète par tous les moyens et à critiquer le mode de vie trop peu écologique dans lequel s'est plongé son mari au fil des années. Cette canadienne d'origine, se plaisant à parler en français avec son petit garçon pour le plaisir de partager des secrets, batailla longuement afin d'exprimer tous ses idéaux. Mais ne dit-on pas que l'amour force à tout pardonner et à faire des sacrifices ? Le monde des compromis leur était ouvert et leur convînt parfaitement.
River vécut à Seattle, avec sa famille, dans une maison plutôt respectueuse de l'environnement et très spacieuse. Le bambin était entouré de tout l'amour que l'on pouvait donner à un enfant de son âge et il était plutôt doué à l'école, faisant la fierté de son père. Cependant, il n'avait pas un grand nombre d'amis, rejeté par ses camarades car fortement timide et en surpoids, ce qui le complexa jusqu'à la fin de son adolescence. Ce fut donc un enfant plutôt solitaire et introverti qui n'osait pas participer aux jeux de groupe et qui fuyait les cours de sport comme la peste. Mais lorsqu'il eut atteint l'âge de seize ans, il rencontra une demoiselle pour qui son cœur s'enflamma presque aussitôt. Elle était belle, intelligente, et elle ne le critiqua jamais sur ses formes. Certes, il avait déjà perdu un peu de poids depuis son enfance, ayant beaucoup grandi, mais il restait un pantouflard que personne ne verrait jouer dans l'équipe de football américain du lycée. Au contraire, on le surnommait « Winnie l'ourson ». Ce fut avec cette demoiselle qu'il prit connaissance de l'existence du club de rollers de son établissement scolaire. Effrayé au début, il finit par s'y inscrire, et bien qu'il ne réussit jamais à séduire la lycéenne et amie de ses rêves, River devînt rapidement le meilleur. Fini sa vie de sédentaire, il ne passait pas une soirée sans se rendre aux entraînements organisés au skate parc le plus proche. Motivé plus que tout et totalement passionné par ce sport auquel il n'aurait jamais cru toucher quelques années plus tôt, River termina la high school plus séduisant que jamais. Plus personne n'osait l'appeler Winnie l'Ourson, mis-à-part quelques moqueurs qu'il envoyait valdinguer sans même relever leur mauvaise foi et leurs insultes désuètes. Puis vînt le choix de ses études. Il n'avait pas trop de soucis à se faire en ce qui concernait le choix de son université puisqu'il était un excellent élève et qu'il ne risquait pas de devoir économiser pour s'offrir les meilleures écoles d'études supérieures, au vu se la fortune familiale. Son père aurait aimé le voir dans l’économie afin qu'il reprenne plus tard son entreprise, mais River n'aimait pas trop les chiffres. Ce fut donc après de longues discussions que notre jeune homme se décida à s’inscrire en relations internationales. Admis à Yale, le jeune homme déménagea, emportant avec lui son berger allemand, Google, fidèle depuis déjà deux ans et laissa derrière lui des parents surexcités de laisser partir leur unique enfant. Cette séparation lui fit énormément de bien, car il en avait assez de voir sa mère se conduire comme la créatrice des bisounours et son père lui ressasser qu'il ferait mieux de travailler encore davantage plutôt que de « jouer avec ses rollers ». A l'université, il reprit confiance en lui, ses résultats lui prouvant qu'il était quelqu'un d'intelligent et qu'il n'avait pas à rougir de ses capacités quelles qu'elles soient. Il connut de nombreuses aventures, avec des demoiselles plus reluisantes les unes que les autres, plus populaires et plus amusantes que les précédentes. Ce n'était pas un coureur de jupons, mais disons qu'il n'avait aucun mal de passer d'une conquête à l'autre. Il profitait de cette renaissance, de cette nouvelle vie qui, il l'espérait, le mènerait au bout de ses rêves les plus fous.
Au bout de quatre ans passés à Yale, Google (oui, le chien a son mot à dire) et River décidèrent de migrer vers Cambrigde, afin d'entrer à l'Université de Harvard, très réputée, elle aussi. Le jeune homme trouvait que les matières proposées dans cette faculté dans son domaine d'études étaient bien plus avantageuses et semblaient bien plus intéressantes. Ce changement lui permit de rajouter à son parcours des cours de russe, langue qui l'attirait depuis des années déjà. Ce fut d'ailleurs en relisant ses leçons de russe à la bibliothèque qu'il rencontra la jeune femme avec qui il partage depuis des mois ses soirées. Il en est tombé amoureux, il le sent, elle lui plaît vraiment. Mais il ne se sent pas encore de vivre avec elle, bien qu'elle lui en ait fait la proposition à plusieurs reprises. Elle tient à lui, et c'est normal ! Qui ne tiendrait pas à River ? (a)