A mes mots, il s'arrête de manger, et pour peu, je suis presque en train de me demander ce que j'ai dit qui soit vraiment … écoeurant à ce point. Je me suis connue, bien plus méchante ou mesquine que cela. Je ne suis qu'à mon minimum à ce moment précis, et encore, pour dire vrai, j'avoue que je n'ai même pas cherché à le blesser. Il faut croire que le venin de la destruction coule bien plus dans mes veines que ce que je le pensais. « sort tout ce que tu veux je m'en fou …. finalement je sais même pas pourquoi je perd mon temps avec toi ... » Là par contre, je lui donne presque raison, et hausse les épaules pour accompagner sa réflexion. Mais j'estime que ce n'est pas la peine de lui préciser, que de primes abords, il n'était pas invité à venir s'installer, je crois qu'il perd déjà assez ses moyens, ce n'est pas bien compliqué à déterminer. D'ailleurs il ne perd absolument pas de temps pour me lancer un regard – des plus noirs – et pour carrément exploser. « Moi aussi j'ai des problèmes !! » D'accord, mais encore ? Parce que je dois te dire que le bureau des pleurs est pour le moment fermé. « La mort de ma mère puis la mort de ma petite amie ... » J'en arque les sourcils, en le fixant toujours, et je me demande, si c'est censé m'attendrir ? Non parce que comment t'expliquer … chacun sa merde, tu sais, je ne peux pas tout gérer. « deux personne qui comptait énormément pour moi tu comprends ? » Je ne suis pas encore parfaitement débile, donc oui, merci Nolan, j'ai comprit. Mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse, que je pleure aussi ? « a non excuse moi, je te reconnaît plus, je sais meme pas si tu as un cœur, » mais la véritable question serait de se demander, si j'en ai déjà eu un, un jour. Après tout, Clay a été le premier à me faire comprendre qu'il ne vaut rien, mon amour. « si tu peux savoir ce que ça fait de perdre quelqu'un pour toujours, » Non, mais je sais ce que ça fait de perdre tout court. Et pour quelqu'un habitué à gagner, faut se dire que c'est comme si c'était moi qui étais en train de crever. Lentement, d'une agonie qui peine à s'achever. « ne plus pouvoir la voir, la sentir, la serrer dans ses bras, » Ce manque là, par contre, je peux le comprendre, je le ressens, sûrement pas au même degré, mais je jure que ça me brûle, ça me bouffe, chaque fois que je pense à Clay. Et c'est bien trop souvent que je le fais. « ni lui parler car elles son morte....tu comprend ! » Sa tirade est ponctuée par un silence dérangeant. Il me fait passer pour un bourreau, comme si j'avais été capable de provoquer le moindre de ses maux. Malgré cela, mon regard ne se détache pas du sien, bien au contraire, je le soutiens, je ne suis pas faite de glace, c'est juste que les années m'ont endurcit, qu'on m'a changée en pauvre pantin, marionnette qui n'a plus rien. Et sans que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il décide de se tirer, en me laissant sous le regard des autres personnes attablées. Alors dans un stoïcisme que j'entretiens, j'en clos mes paupières, une seconde, puis deux, j'attends que le monde se remettent à tourner, qu'ils oublient ce qui vient d'arriver et qu'ils se décident à reprendre leurs petites vies là où elles se sont stoppées. Il leur faut peu de temps pour le faire, et moi de même pour en terminer mon café, essayant de foutre de l'ordre dans cet étrange intermède résultant de mon passé. Prenant mes affaires, je finis par balancer sur la table un billet, avant de sortir de l'habitacle et d'apprécier l'air frappant mon visage de plein fouet. Mais quand je dévie mon regard sur le côté, je réalise qu'il est toujours là, à attendre un je-ne-sais-quoi. « C'était un très beau spectacle que tu viens de nous offrir. » Ouais, une prestation comme on en fait pas, et presque j'applaudirai si je n'avais pas en moi la crainte qu'il se mette à chialer. « Ca fait longtemps ? » qu'elles sont plus là ? Que t'es dans cet état ? Parce que je te promets, ça fait peur à voir, et j'espère que malgré ma peine, je ne ressemble pas à cela, lorsque je suis hors de moi.