L'été est bel et bien arrivée. La Lowell House fermée, je suis retourné m'installer dans ma chambre chez mon frère à Boston. Je squatte encore sa vie de couple avec Shirley, mais ils refusent tous les deux que je me débrouille pour prendre un appartement seul, disant que j'ai besoin d'accumuler pour les prochains semestres et rembourser les frais médicaux pour ma cheville gauche que je me suis cassée en janvier et fragilisé au Spring Break. Leurs arguments sont bons, je dis pas le contraire, mais j'ai l'impression de tellement leur en devoir... Ça me fous un peu les nerfs de penser que je ne pourrai pas les remercier correctement pour toute leur aide depuis que je suis en ville. Cependant, je me sens un peu moins mal pour cet été, sachant que je vais passer la majeure partie de mon temps à New-York pour le boulot. Gros merci à Miss Cendrillon pour ce stage! Toute la semaine, et pour toutes les vacances, je testerai ce vers quoi se dirige mes études : graphisme et publicité. D'accord c'est une trotte vers la grosse pomme et je dois passer quelques nuits en hôtel par semaine et donc vivre dans ma valise, mais je peux pas juste pas cracher sur un occasion pareille! Et puis, tant qu'à être seul tout l'été, autant bosser! Parce que, par rapport à ça, je croyais être le seul étudiant qui n'était pas partie au Summer Camp! Alors quand j'ai reçu l'invitation de Nevada... j'ai sauté sur l'occasion! Ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu. Y'a un moment où on peignait souvent ensemble. Du temps où je démoralisais à cause du départ de Callum et après où c'était encore des plus mélangeant avec Jaysaël... Dans ces temps-là, j'avais passé mon temps enfermé dans les locaux, à me défouler sur les toiles et je l'ai simplement vu arrivé un jour. Camarade peintre et écorché aussi je crois bien.

Kit de peinture, pinceaux, carnet à dessin et nouveaux feutres dans mon sac, j'ai déjà parcouru une bonne partie du chemin en bus pour me rendre jusqu'au Paint Bar. Profitant des quelques coins de rues qu'il me reste à faire à pieds pour fumer une cigarette. J'adore cet endroit. Depuis que Jason me l'a fait découvrir - même s'il m'a posé un lapin ce soir-là -, je ratte jamais une invitation d'y aller. L'ambiance est des plus sympa et l'activité première... on se le cachera pas, c'est pile dans mes cordes! Passant finalement la porte, mes yeux scannent la foule à la recherche du blond que je suis censé y retrouver. Le voyant au comptoir, je réponds à son sourire de la même façon avant de me diriger vers lui.

- Salut Neva! Comment tu vas? Demandais-je en me laissant tomber sur le tabouret à côté de lui. Thanks pour la bière! Je t'ai pas trop fait attendre, j'espère!

- Ça va aussi, lui répondis-je avec un grand sourire.  

Voyant son regard s'attarder sur mon matériel, je regarde vaguement autour, m'attendant à trouver le sien. Étrangement, il ne l'a pas. J'ai manqué quelque chose, ou il n'y a pas pensé? Je sais qu'il adore la peinture. Sur ce point, je crois avoir trouvé quelqu'un qui partage réellement ma passion. Ça semble lui permettre de se défouler tout autant que moi. Alors ça m'étonne particulièrement qu'il n'aie rien de plus avec lui.

- Te gêne pas pour t'en servir, Neva, lui indiquais-je en pointant mon coffret de peinture et mes pinceaux. Je compte étrenner mes nouveaux feutres plus qu'autre chose.

Vrai. J'ai craqué cette semaine en passant devant un magasin de fournitures d'art et j'ai pas pu résister à ajouter quelques couleurs à mon stock de feutres déjà assez fourni. Ça reste mon médium favori. Même si la peinture me permet d'être beaucoup expressif et de me canaliser de manière plus efficace. Les feutres sont là quand je suis plus calme, de manière générale. Comme aujourd'hui où je peux me permettre une soirée tranquille avec un ami que je n'ai pas vu depuis un moment. Il me questionne d'ailleurs sur mes plans pour cet été.

- Une marraine bonne fée m'a trouvé un boulot que je pouvais pas refuser, fis-je en riant doucement. Je bosse tout l'été comme graphiste-stagiaire chez Omnicom. Grosse boite du pub, spécifiais-je brièvement. J'ai encore de la difficulté à le réaliser à dire vrai.

Tu parles! J'étais sur le cul depuis qu'Annalynne m'en avait parler. Parce que ça ne signifie pas juste un contrat pour l'été : si ça fonctionne bien, c'est un emploi assuré. Ma carrière qui se lance, en gros. Et Omnicom, c'est LA boite par excellence! Si ce n'est pas la plus grosse agence mondiale, elle en est pas loin! Sauf que...

- Le seul ennui, c'est que c'est à New-York, précisais-je.

Déjà, bosser tout l'été ça voulait dire pas de Summer Camp ...et pas de Jay. Mais en prime, bosser à New-York, c'est m'éloigner de mon petit restant de famille et du peu de fréquentations qui ne sont pas partie en Nouvelle-Écosse. Vivre dans mes valises 5 jours par semaine et rentrer le vendredi soir. Mais ça change les horizons et c'est un peu pour ça que je suis venu m'installer à Boston en janvier dernier, non?

- Et toi? T'as des gros trucs de prévu pour la période estivale? Me renseignais-je.

Quelque chose de plus joyeux que du temps où l'on se côtoyait de façon plus régulière, je le lui souhaite. Il m'a déjà l'air plus heureux et ça me fait plaisir pour lui. Ça serait pas mal aussi de savoir que j'ai encore un ami en ville.

- Ça fait un moment qu'on s'était pas vu. Ça s'est arrangé tes histoires? Demandais-je en prenant une gorgée.

Histoire de cœur, principalement. Même si je ne précise pas, je sais qu'il me comprendra.

Je penche la tête sur le côté à sa remarque, avant de goûter la bière qu'il m'a commander, écoutant la suite.

- Il est pas super petit ton set si je me souviens bien... Mais pour les toiles, tu n'en vends pas parfois? Demandais-je, un peu curieux. Je suis sur que tu ferais tabac, indiquais-je, sincère.

Si c'est pas déjà le cas. Sinon, de mon côté aussi, je dois reconnaître que ma chambre chez mon frère est remplie de toiles. Et encore, c'est moi pire depuis que Shirley a décidé de s'improviser comme mon agente. Elle est marrante avec ça! Elle croit véritablement en ce que je fais et si, au départ, elle avait peur de me froisser en passant des commentaires, maintenant elle ne se gêne plus depuis qu'elle a vu que mon frère faisait pareil. Elle me trouve des contrats, ça et là également... C'est bon d'avoir du soutien. Ça change d'avant. Malgré que mon aîné m'aie toujours appuyé. Ça fait simplement du bien de ne plus être constamment un mouton noir. Ou un vilain canard comme j'avais dit à Annalynne. D'ailleurs... Je devrais toucher un mot à Anna pour Nevada. Je ne sais pas si elle se cherche encore des artistes à exposer dans sa galerie, mais je suis certain que le style de Neva lui plairait. Par contre, je vais attendre d'en avoir parler à la brune avant de faire miroiter cette possibilité à mon confrère.

M'interrogeant de mes plans pour l'été, je lui explique pour le stage. Lorsqu'il me questionne pour une possibilité d'embauche en bout de ligne, j'approuve vivement de la tête, souriant comme un gosse de cinq ans.  

- Oui, c'est dingue! Si je fais l'affaire, je serai embauché! Expliquais-je, survolté à cette idée. Je vais me défoncer à l'ouvrage s'il le faut, mais je veux ce boulot!

Je n'ai pas encore le diplôme pour et pourtant ça ne fait que me motiver d'avantage. Savoir que mon parcours en autodidacte et mon énergie pourrait suffire à palier pour mes études en multimédia qui ne commenceront qu'au semestre prochain... C'est visé haut, je le reconnais. Mais je veux essayer. Au pire, on me remerciera en m'expliquant que mon talent n'est pas suffisant. Mais ce qui est bien avec le talent, c'est que ça se travailler, ça s'améliore et ça se forme. Comme un diamant brut qu'on poli avec patience.

- Normalement, je devrais partir tous les dimanche, passé la semaine à New-York – en chambre ou en hôtel – et revenir le vendredi chez mon frère à Boston. C'est environ 4 à 6 heures de routes en bus ou en train, fis-je en haussant les épaules, prenant une gorgée de bière. Ça laisse le temps pour dessiner, ajoutais-je en riant.

Autant prendre le bon côté des choses! Et dans le pire des cas, c'est pas trop mal pour dormir non plus. Je le questionne à mon tour sur ses projets pour l'été, s'il a quelque chose de prévu. Je lui souris doucement alors qu'il mentionne vouloir rattraper le temps un peu avec ses amis puisqu'il n'a pas vraiment été la pour eux ses derniers temps. Je n'avais pas plus la tête à essayer d'être présent pour mes amis, y'a quelques temps... Je rigole doucement à la suite des explications.

- Non, t'as pas de grands projets, voyons! Juste présenter l'élu à tes parents, c'est rien, fis-je, d'un ton faussement banal, comme si c'était un léger détail, alors que ça me signifiait plutôt qu'il allait mieux et que ça vie semblait s'arranger. Jay me reproche aussi souvent de ne pas assez me nourrir, remarquais-je en riant. Mais bon, moi c'est plutôt mon état normal.

Si Neva aime manger, pour ma part, j'oublie souvent de le faire. Surtout quand je suis concentré, que ce soit à dessiner ou peinturer. Même en journée photo, mais normalement, là je finis par le réaliser en étant obligé de faire des pauses régulière. Le plus souvent c'est mon estomac qui me signifie qu'il serait temps d'ingurgiter quelque chose. Ou Jaysaël qui s'inquiète quand il est là.  

- Donc comme ça, ça va mieux que ce printemps? T'as retrouvé James et tout?

De ce que j'en sais, c'était bien de lui dont il était question lorsqu'on peinturait ensemble... Je me cassais la tête sur le départ de Callum, puis cette histoire à New-York avec Jaysaël, tandis que lui peinait son histoire avec James. C'est bien ça, non? Oh làlà, moi et les noms! J'espère simplement que je ne me gourre pas de personne! Manquerait plus que ça!

Curieux alors qu'il parle de ses œuvres qui prennent de la place chez lui, je le questionne à savoir s'il n'en vends pas quelques fois. Pour ma part, c'est limite si je ne devais pas obligatoirement le faire avant. Mon père n'acceptait aucunes toiles dans la maison. Même, et surtout en fait, s'il était de son fils. Trop honteux. Alors avec les années, j'ai appris à rapidement m'en défaire si je ne voulais pas arrêter de peindre. C'est trop défouloir que j'arrête, je deviendrais complètement cinglé. Seulement quand on ne peux pas les accumuler... Quand mon frère s'est installer à Boston cependant, je lui ai envoyer mes préférées. Les toiles que je chérissais et dont j'étais particulièrement fier. La toile seulement. Le plus souvent dans des tubes de transport via poste. Je sais qu'il les a toutes regarder. J'ai même eu la surprise de voir qu'il en avait fait remettre certaine sur cadre pour pouvoir les accrocher chez lui. Allez savoir si l'idée vient de lui ou Shirl, mais ça fait chaud au cœur. Le reste sont entreposées dans ma chambre ou dans le bureau de Jason. Alors qu'il parle du manque de contacts, j'hoche la tête, plus que convaincu que je devrai parler de lui à Anna. Cependant, il ne semble pas d'accord avec mes dires sur sa popularité possible et j'en fronce les sourcils.

- Tu doutes de tes talents? Demandais-je, un peu inquiet. L'art c'est subjectif Neva, y'en a pour tous les goûts. Y'aura toujours quelqu'un pour aimer ce qu'on fait, ou des imbéciles comme mon père pour penser que l'art c't'une perte de temps et que c'est voué à disparaître! Expliquais-je en haussant les épaules. Simplement, je choisis de croire que la première catégorie sera plus nombreuse que la seconde.

Ouais, je le souhaite énormément! Parce que je n'approuve en aucun cas la mentalité de la seconde. Au contraire, je me dis que l'art continue de s'extrapoler un peu partout au fil des années. Suffit de bien regarder. Le monde a besoin d'être embelli et les artistes sont là pour ça, que ce soit par les œuvres dans les galeries, ou les graffitis fait sous les viaducs... C'est l'un des aspects que j'aime en allant vers la publicité : on en est tellement bombardés, alors autant que ce soit agréable. Et Neva semble m'encourager dans ce chemin. C'est chic de sa part, et je le sais d'autant plus sincère que je crois qu'il me comprend.  

- C'est pas si mal en vrai, affirmais-je en prenant une gorgée. Vu que c'est pas moi qui conduit, je peux dormir durant le trajet si je le souhaite.

Ça me fait quasi une demi-nuit, plus si y'a beaucoup de traffic. Ça se fait bien, mine de rien. Ça ne serait pas pareil si je devais le faire en voiture, par contre. J'imagine que ce serait nettement plus éreintant! Et puis, pour ça, faudrait que je commence par apprendre à conduire correctement! D'accord, j'ai le permis – du Québec, d'ailleurs, faudra que je fasse changer – mais c'est une question d'obligation par rapport à mon ancienne formation. J'ai aucun intérêt pour les voitures et je suis une vraie tuile au volant! Tout le contraire de Jay avec sa bagnole dont il est si fier!  

- Je ne sais pas pour ce qui est de m'installer là-bas, avouais-je. Je vais voir ce qu'il m'offre. Le gros avantage, je crois, avec ce boulot, c'est que pour un temps au moins je pourrais le faire à distance si on me le permet et si je m'installe correctement. Présentement, j'ai pas trop envie d'arrêter les études à Harvard. Pour une fois que je fais ce que j'aime, j'ai envie de finir mon diplôme, expliquais-je, repensant à mon ancien domaine, chassant le mauvais souvenir avec une dernière gorgée de bière. Et puis... j'ai d'autres raisons présentement de rester dans les parages, finis-je par confesser.

Parce que depuis le bal, ça s'est arranger, même si on est séparé pour l'été. J'en souris un peu tristement à cette pensée, me reconcentrant plutôt sur ce que Nevada m'apprends. À savoir que parmi les plans de l'été, il compte présenter James à ses parents. Il dit ça comme si ce n'était qu'un détail et pourtant! Ça me fait rire et je le taquine un peu à se sujet d'ailleurs. Je comprends en partie sa panique cependant. Même si je pense pas pouvoir présenter un jour mon copain à ma mère... faudrait commencer par la retrouver! Et que mon père... s'il m'a renier depuis janvier, je vois pas pourquoi je me casserais la tête. Cependant, j'avoue qu'à l'idée de présenter Jaysaël à Jason et Shirley, je stresse un peu. Pourtant, je sais que tout ira bien, mais stupidement, le tract vient tout seul.

- C'est parce que ça te tiens à cœur que tu paniques, même si, techniquement, y'a pas de raison, dis-je, compatissant. C'est mon appétit normal, mais c'est pas pour autant une bonne habitude de vie, riais-je. J'oublie littéralement de manger. Je peux passer deux jours sans rien ingurgiter de solide avant de m'en rendre compte. Alors, c'est certain que Jaysaël panique. Et mon frère me force à manger trois repas quand je passe la journée avec lui, expliquais-je en riant toujours. Mais... si tu as ce genre d'appétit, commençais-je en référence à ce qu'il m'a dit, reprenant mon sérieux et penchant légèrement la tête, je peux comprendre que tes proches s'inquiètes. Ça te reviens tranquillement ou pas du tout? Le questionnais-je.

Alors qu'il arrête la serveuse, je le regarde tandis qu'il me demande si je veux autre chose.

- Oui, la même chose, s'te plaît, commandais-je. Cette fois, c'est moi qui offre, fis-je en tendant un billet à la fille, souriant au peintre tandis qu'il m'explique le retour de son amour. Quelque chose me dit que c'est pas juste sur le droit que t'en a appris depuis, souriais-je. Mais, je suis content pour toi.

Honnêtement. Ça me fait plaisir de savoir qu'on va mieux tous les deux depuis l'époque ou l'on s'est connu, enfermés à peindre jusqu'à pas d'heure comme les deux âmes en peine qu'on étaient.

- Si j’arrive à me trouver des contrats, ça et là, je vois pas pourquoi tu ne pourrais pas faire pareil. J’ai peut-être quelqu’un qui pourrait t’aider pour les contacts dans le milieu. Je verrai avec elle et je te reviens, lui souris-je.

Faudrait que je parle de Nevada et de son talent à Anna. L’entends parler de mon père, je choisis d’en rire. Nah, mais même moi j’ai renoncer à essayer de faire comprendre ça à mon père. La même chose de la part de mon frère, il le sait borné. Ça a beau ne pas être le domaine de mon aîné, il est assez intelligent pour reconnaître que l’art nous entoure et que c’est encore un domaine actif, si c’est pas même en floraison.

- T’inquiètes pas pour lui, c’est une cause perdue à ce niveau, admis-je en secouant doucement la tête. Il changera jamais, il est pire qu’entêté. C’est limite si je pouvais dessiner à la maison, tu vois le genre? Et j’te dis pas, la honte suprême que je décides de faire ça plutôt que de suivre la tradition familiale! …En même temps, c’est pas comme si maintenant il pouvait me dire quoi que soit, laissais-je échapper en haussant les épaules.

Nah, maintenant que j’existe plus pour lui, il doit plus perdre son énergie à penser à moi. Où s’il le fait, ça doit encore être pour me lancer des curses. Si depuis ma dernière rencontre avec lui, j’avais eu peur de le rencontrer à nouveau et qu’il ne fasse une scène sur le campus, ça ne s’était pas encore produit. Et pour le coup, je commençais à croire que j’aurais probablement la paix maintenant. Jusqu’aux Fêtes probablement, où il débarquerait à nouveau chez Jason. Mais bon, j’aviserai rendu là.

- J’imagine oui, concédais-je. Le chemin serait long sinon. J’ai souvent fait Montréal/Boston pour venir voir mon frère durant les vacances avant que j’emménage chez lui, expliquais-je. Et à Montréal, je voyais qu’avec les transport en commun ou le skateboard, alors c’est une question d’habitude. J’ai pas le mal des transports, ça aide beaucoup.

J’aurais été obligé de m’exiler à New-York pour l’été si j’avais pas supporter. Ça aurait pas été des plus top. D’accord, j’aurais eu tout le loisir de me concentrer sur le boulot, mais ça m’aurait manqué. Mes weekends à la maison vont me faire du bien. Ça faisait longtemps que Jason et moi, on ne se voyait plus sur une base régulière. C’est bon de retrouver une vraie famille! Je l’aurais fait quand même cela dit. M’exiler. Parce que je peux pas passer à côté de cette offre! Ma Cendrillon qui est devenue une Marraine la Bonne Fée!

- Ça serait le rêve de pouvoir continuer à distance tout en faisant mes études. Compliqué, vraiment prenant, mais… ouais, ça serait génial! Fis-je avec un grand sourire d’enfant.

La chance alors que j’ai même pas encore commencer ma mineure en multimédia! Le sourire de Neva s’agrandit et à sa question, je comprends que je me suis fait cramé direct. Je suis certain que j’ai les joues un peu plus roses, stupidement.

- Tu m’as grillé, admis-je. Y’a effectivement un gars, mais pour le moment, il est au Summer Camp, soupirais-je.

Je me reconcentre sur ce que Nevada me dit, affirmant qu’il veut présenter James à ses parents. Il est nerveux à cette idée et ça se comprend très bien. Même s’il a pas de raison, ça vient automatique. Et mine de rien, c’est quand même un grand pas je trouve. J’en suis heureux pour lui, s’ils sont rendus à envisager ça. Où je n’ai pas la même vision que lui à se sujet, ce qui se pourrait tout autant.

Je rigole doucement alors qu’il m’averti pour mes habitudes alimentaires. Elles sont des plus mauvaises, je le sais. C’est limite si je dois pas me mettre une alarme pour me dire de manger trois repas par jour. Sauf quand mon frère était dans les parages. Il me gaverait de force s’il était réellement cruel! Et c’est encore pire quand je suis blessé!

- J’ai toujours un truc à manger dans mon sac, expliquais-je. Au cas où.

Barre protéïnée et truc du genre. Quelque chose de simple que je peux me trimballer facilement et qui me donne un minimum d’apport. D’accord, ça remplacera jamais un repas, mais c’est déjà de gagner.

- Au moins, s’ils l’ont compris, ils ne passeront pas leur temps à te saouler avec ça. Je sais pas si ça reviendra totalement, fis-je en penchant la tête sur le côté.

Je ne me suis jamais vraiment intéressé aux troubles alimentaires, mais je sais qu’un traumatisme ou une grande déprime peut changer à vie nos habitudes. L’alimentation inclus là-dedans. Alors, j’imagine que c’est une possibilité. Tant qu’il se sent bien et n’a pas que la peau sur les os, je vois pas ce qu’il y a de plus nécessaire. Et en même temps, je suis bien la dernière personne à pouvoir lui faire la morale à ce sujet, hen!

Alors qu’il commande à nouveau, je fais de même, payant cette tournée. Ça me fait plaisir de le revoir et c’est lui qui a pris tantôt. On trinque, alors qu’il répond à ma taquinerie. Malgré que ça réponse m’étonne un peu.

- Mauvaise? demandais-je en fronçant les sourcils. Qu’est-ce que t’as appris? Si c’pas trop indiscret.

Je ris doucement à sa question et quand il dit qu’il n’a pas l’habitude du prénom. Je ne me souvenais plus si, au milieu de nos tourments, quand on s’était rencontré, j’avais laissé le nom glissé et si c’était le cas, s’il l’avait retenu. Il en avait déjà plein la tête avec James, alors je suis pas certain que mes problèmes aie été une priorité, mais il avait quand même été là pour moi et j’avais tenté de faire pareil. Une présence au travers de nos casse-têtes respectifs. Pour moi, au début, ça avait été le départ de Callum qui m’avait jeter par terre parce que j’avais compris pour la première fois ce que ça faisait d’être amoureux. Ensuite, la nuit avec Jay durant le voyage Lowell, qui avait fait le tour du campus comme une traînée de poudre. Les conneries que j’ai entendu! Mais bon, basta!

- T’inquiètes pas pour ça, c’était la première fois que je l’entendais aussi quand il s’est présenter. Et j'ai une mémoire de poisson rouge pour ça. Sinon... oui, ça s’est arrangé avec lui. Disons que c’est officiel entre nous depuis le bal de fin d’année, avouais-je. Ça été compliqué, mais là, c’est bon, assurais-je en souriant doucement.

Ouais. Vraiment bon. Il me rend dingue, mais dingue de lui. Dans le bon sens donc.