I CALL YOUR NAME BUT YOU'RE NOT AROUND

ROMY & LEWIS

Je suis à deux doigts de balancer mon téléphone sur le mur de ma chambre. Très franchement, je l'aurais fait si ce téléphone ne coûtait pas une blinde et si j'avais pas peur d'abîmer le mur de l'appartement de Milo. J'ai franchement pas envie de devoir lui expliquer comme ce serait arrivé, car du coup je devrais lui expliquer pourquoi je me suis mise au lancer de téléphone et j'ai franchement pas besoin de l'entendre me dire un "je te l'avais dit". Je sais pas ce que j'ai besoin d'entendre là, je pense qu'en réalité j'ai besoin de silence et de tranquillité. Ou de commettre un meurtre. Au choix. Du coup j'opte plutôt pour la deuxième solution et sors de ma chambre en furie, claquant la porte derrière moi avant de me ruer hors de l'appartement puis dans la rue. Quelqu'un me croiserait là maintenant pourrait se demander si je suis pas une échappée d'un centre d'isolement. Mais je m'en fiche. Je pousse les gens qui se trouvent sur mon chemin, je m'excuse pas, je file à toute allure. Apparemment, Lewis est occupé. C'est vrai que c'est bien son genre ça, d'être occupé. C'est pas comme s'il fichait grand chose de sa vie en général. Entre ses cours qu'il bosse à peine puis ses après-midis passées à fumer des joints. Franchement, ça me rend dingue. De toute façon, j'en aurais vite le coeur net. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de chez lui. Il s'attend sûrement pas à ce que je débarque à l'improviste chez lui. Il doit sûrement se dire que c'est pas mon genre. Hé bien si. Je gravis les marches de l'immeuble deux par deux, on dirait que je m'entraîne pour un marathon ou une épreuve de survie. On est pas loin de la vérité, je suis encore embarquée dans une course contre la montre avec Lewis. Une fois devant l'appartement, je commence à tambouriner la porte. « Ouvre cette putain de porte Lewis ! » je crie à l'intention de toute personne présente à l'intérieur. Comme ça, sa soeur et Sabian sont prévenus. Je veux pas avoir à faire avec eux. S'ils sont là, ils ont qu'à aller chercher Lewis par la peau des fesses.

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ROMY & LEWIS

Je suis tellement remontée que j'ai l'impression que l'immeuble entier va s'écrouler sous les coups de mon poing sur la porte. Je sais qu'il est là, qu'il arrête un peu de se foutre de moi, qu'il porte ses couilles et qu'il vienne me parler. J'ai pas eu de nouvelles de lui depuis des jours maintenant et je pense pas que ça soit un hasard. On s'était réconciliés puis dans la même heure il s'était barré sans un mot. Enfin si il avait parlé. "Ma soeur a besoin de moi, à la prochaine". Je veux bien que son excuse ait pu compter cette soirée là, mais pas plus longtemps. Quoi, sa jumelle a perdu ses deux jambes ? Elle a besoin de lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? J'en doute. Alors je veux des explications, je veux qu'il me dise quel est le problème. Dans l'immédiat, j'ai même pas forcément envie de trouver une solution. Il a qu'à me dire que je suis moche, que je suis chiante et d'accord, on se verra plus. Mais je veux qu'il me dise quelque chose. Je refuse de rester dans l'attente d'un éventuel retour de sa part. Je suis pas un labrador qu'on laisse sur le bord d'une route avant de partir en vacances. J'entends finalement deux voix a quelques mètres de mois dans l'appartement, puis des bruits de pas et enfin la porte qui s'ouvre sur un Lewis aux yeux complètement défoncés. Il me râle dessus et je suis pas surprise. J'en attendait ni plus ni moins de lui. Je le regarde de haut en bas l'espace d'une seconde, mes bras croisés sur ma poitrine. « T'es occupé, hein ? » je lâche avec sarcasme, référence à son dernier message. Dernier et premier depuis des jours. Bien sûr qu'il était occupé, à fumer comme un pompier dans sa chambre. C'est certainement plus intéressant que de me voir, j'en doute pas. Je le pousse alors de mes deux mains, le forçant à reculer dans l'appartement ce qui me laisse libre accès pour entrer à mon tour. Je traverse la pièce principale, non sans oublier de lever mon majeur à l'attention de sa chère soeur à qui je ne daigne pas adresser un regard, puis file jusqu'à sa chambre. J'ouvre la porte à la volée et me plante en plein milieu de la pièce, Lewis sur mes talons. Je veux pas qu'on s'explique sur le pas de sa porte. Je suis pas une inconnue ou un témoin de Jéhovah. Je suis pas n'importe qui et je mérite plus qu'un mensonge balancé pour avoir la paix. « Bon, c'est quoi ton problème à la fin ? » je finis par lâcher, les poings serrés. Je sais qu'il va me falloir tout mon sang froid pour ne pas lui en coller une. Rien que de voir sa tête d'à moitié endormi m'agace.✻✻✻

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ROMY & LEWIS

J'ai l'impression que le monde tourne à l'envers. Depuis quand c'est moi qui commence à courir après les gens, à courir après les explications ? Depuis quand est-ce que c'est Lewis qui se la joue porté disparu, style je réponds plus aux messages. J'ai vraiment un mal fou à comprendre ce qui est en train de se passer, ce qui a bien pu se passer et ce qui va se passer. C'est comme si je nageais en plein océan dans une nuit noire. Je sais pas comment je me suis retrouvée dans cette situation, il y a clairement quelque chose qui m'échappe et ça me rend dingue. Il s'est trouvé une nouvelle fille, c'est ça ? Une nouvelle conne qui lui posera sûrement moins de problème que moi, sûrement une cabot ou une de ces filles qui ont rien dans la cervelle. Mais même cette explication ne me paraît pas logique. Qu'est-ce qui l'empêcherait de répondre à mes fichus messages ? Je demande pas la lune. Il y a quelque chose qui ne va pas et c'est justement ce que je lui demande. C'est quoi son problème ? Et lui il me répond en me posant la même question. Je soupire, je suis juste exaspérée. Il joue au con avec moi. Je porte mes mains à mon front et je tourne sur moi même en inspirant profondément, avant de lui faire face à nouveau lorsqu'il vient me parler de sa soeur. Allez, encore elle. « C'est bon Lewis, arrête ton cinéma. Tu sais bien qu'elle me traite comme de la merde dès que t'as le dos tourné. Non attends, je suis sûre qu'elle se gène même pas pour le faire devant toi. » que je lâche pour me défendre. Punaise, c'est sa soeur qui dès le départ a eu une dent contre moi et c'est moi qui en prends plein la tronche. Excusez-moi de seulement vouloir me défendre. Mais ce qui me rend le plus folle, c'est le "t'es qui". Oui, c'est vrai, je suis personne. Je crois que j'avais bien compris ça au bal, puis par la suite quand il a décidé de m'ignorer royalement après notre réconciliations. Est-ce qu'on s'est réellement réconciliés d'ailleurs ? Est-ce que cela ne faisait pas partie de mon imagination. Après tout, tout est possible. Je suis bien une sorcière aux yeux des Holloways, pourquoi pas aussi une tarée. Je pensais m'être déjà pris un bon coup de couteau dans le dos avec cette remarque, mais je comprends que c'était rien en comparaison de ce qui est en train de venir. En comparaison à Lewis qui pète littéralement un câble à me hurler dessus qu'il m'aime pas. « Ca, c'est fait; » que je lâche avec amertume. Très franchement, ça fait pas du bien d'entendre ce genre de mots. C'est comme si Lewis était venu plonger sa main à travers ma poitrine, pour en arracher mon coeur et l'écraser sous mes yeux. Ca fait mal, ça me détruit, mais je n'en montre rien. Je reste de marbre face à lui. Seul mon regard pourrait éventuellement trahir la colère qui monte à nouveau en moi. « Tu te fous de moi en fait ? Tu m'accuse de faire une scène, mais c'est qui d'entre nous qui a commencé à me dire que j'étais belle, que ce qu'on avait était unique ? » je réplique. Oui, je dois te le rappeler ça, Lewis ? Et après c'est moi qui raconte des conneries. « Puis c'est quoi ce délire là ? Qu'est-ce que j'en ai à faire de tes sentiments ? Je suis pas amoureuse non plus et j'en attendais pas plus de ta part. » je finis par dire. Ces mots sonnent comme du papier de verre dans ma bouche. Je les déteste à peine après les avoir prononcés. J'ai l'impression de me trahir un peu moi-même et pourtant je sais que je devais dire ça pour me protéger. Je sais franchement pas ce qui a pris à Lewis de partir sur cette pente glissante mais la tournure que prend cette conversation ne me plait définitivement pas. D'autant plus que je vois pas encore trop le rapport avec la raison de ma venue ici.

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ROMY & LEWIS

J'ai toujours été ce genre de personne complètement paradoxale, qui fait tout pour avoir la meilleure place dans la vie des autres mais qui prétendra pourtant n'en avoir rien à faire; J'ai tout fait pour ignorer l'amour que Lewis portait à sa soeur, pour essayer d'ignorer les regards que cette dernière pouvait me lancer quand je la croisais. J'ai tout fait pour m'en fiche, pour que cela ne m'atteigne pas. Je voulais être plus maline, plus intelligente, passer au dessus de tout ça, mais j'ai clairement pas réussi. J'ai pas réussi à mettre cette jalousie que je ressentais de côté, à ignorer la compétition - ridicule au passage - qui s'était installée entre nous. J'avais raté sur toute la ligne car tout ce que je souhaitais, c'était d'avoir la meilleure place auprès de Lewis. J'ai beau le nier de but en blanc, je sais qu'au final, c'est de ça dont il s'agit. Elle et moi, c'est une guerre inévitable et perdue d'avance, ce que Lewis ne manque d'ailleurs pas de me rappeler. Sur le moment, j'ai envie de me gifler pour avoir été assez stupide pour croire à ses belles paroles l'autre soir. Ses "c'est unique ce qu'il y a entre nous". J'ai l'impression d'être la cinquième roue du carrosse, celle qui pourra jamais faire partie de son cercle si privé qu'est sa famille. En prenant la défense de sa soeur face à moi, Lewis ne fait que me prouver que je ne peux pas rivaliser, alors je baisse les bras; De toute façon, je suis pas venue ici pour pareil de sa jumelle. Non merci j'ai déjà assez à faire avec elle lorsque son frère et moi ne sommes pas en train de nous disputer. Notre conversation prend alors une autre tournure, il commence à partir dans un délire complètement insensé. L'espace d'une seconde, je me demande même s'il ne parle pas de cela juste pour me faire du mal, juste pour me faire fuir et être enfin débarrassé de moi. Après tout, ça aurait pu marcher. Oui, mais non. Parce que je suis pas une fille qui s'arrête aussi facilement. Je rends chaque coup qu'on me porte parce que je refuse d'être la seule à en prendre plein la figure. Je lui dis que de toute façon, moi non plus je l'aime pas.Punaise mais dans quoi est-ce qu'on s'est embarqués tous les deux ? J'ai jamais signé pour ce genre d'embrouille moi. Moi je voulais quelque chose de simple, pas une scène digne d'un drame romantique. C'est alors qu'il commence à me crier dessus et je sursaute au son de sa voix qui s'est élevée. Il me fait presque peur à me rugir dessus tel un lion. Je recule même de quelques pas, choquée qu'il perde son sang froid. Et pourquoi d'ailleurs ? Les sourcils froncés, je porte mes mains à ma bouche. Je sais même pas quoi dire. A la fois j'ai juste envie de partir d'ici pour la façon dont il m'a parlée, et en même temps je veux en avoir le coeur net car je ne comprends toujours pas où il veut en venir. Je ne me souviens absolument pas avoir dit quoi que ce soit dans ce parc. J'ai le coeur et la gorge qui se serrent alors qu'il parle de mes "sentiments à la con". Putain est-ce qu'il se rend compte de ce qu'il dit ? J'arrive à peine à déglutir, encore moi à dire quoi que ce soit. Je me laisse tomber sur le bord de son lit alors qu'il s'éloigne de moi, certainement pour aller se chercher une cigarette. Je fais même plus attention à lui à vrai dire. J'ai même pas envie de le regarder. Puis j'ai beau me creuser la tête, je me souviens pas avoir dit "je t'aime", ni dans ce parc, ni pendant un seul jour de ma vie, et encore moins à Lewis. « Je vois même pas de quoi tu parles. » je lui dis d'une voix inaudible, complètement flipée et confuse. « T'as du rêver. C'est pas possible ou bien t'as fumé. » je finis par lâcher, d'un ton plus déterminé. Non j'en suis sûre, ça n'est pas arrivé, c'est pas possible. Ou bien ce soir là il a clairement trop fumé et doit confondre avec la meuf qu'il a certainement mit dans son lit alors qu'il était supposé aller aider sa soeur.

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ROMY & LEWIS

C'est comme si j'étais en plein cauchemar. Comme si j'avais les pieds dans des sables mouvants. Je sais pas comment je me suis retrouvée là dedans, mais ce qui est certain c'est que plus j'essaye de m'en sortir, plus je m'enfonce. A la base j'étais venue chez Lewis pour le confronter à son comportement, pour avoir des explication, mais la situation s'est complètement retournée et c'est limite moi qui me retrouve sur le bûcher. C'est moi qui finis par me faire crier dessus, me faire accuser d'avoir tout gâché. Ca a le don de me rendre dingue parce que je ne me souviens pas avoir fait quoi que ce soit de mal. On avait tous les deux réussi à mettre notre rancoeur de côté, à nous dire des vérités, nous mettre d'accord sur le fait qu'on voulait ravoir ce qu'on avait avant le bal. Mais Lewis tient un tout autre discours, il me sort que je lui ai dit que je l'aimais et là c'est la panique. La panique parce que je ne me souviens absolument pas avoir dit ça. La panique parce que si c'est vrai, je me déçois d'avoir été assez faible pour prononcer ces mots. La panique parce que du coup, Lewis me rejette. J'ai jamais dit je t'aime auparavant. On m'a toujours dit qu'en général, c'étaient des mots qui font plaisir, des mots que tout le monde a envie d'entendre. Mais quand j'y réfléchis, la réaction de Lewis me paraît logique. Qui serais-je pour le juger ? Alors que je sais bien que moi-même j'aurais eu la même réaction. Il m'aurait dit qu'il m'aimait, j'aurais certainement aussi pris la fuite, j'aurais d'ailleurs sauté dans un avion pour ne jamais revenir. Sauf que voilà, c'est dur de se retrouver de l'autre côté. Du côté de celui qui se fait rejeter, du côté de celui qui ne comprend même pas ce qui se passe; Du côté de celui qui ne veut pas assumer ce qu'il ressent. Je lui lance un regard noir alors qu'il me demande d'arrêter de le prendre pour un con. « Toi arrête de me prendre pour une conne. Je sais encore ce que je dis. » je lâche. Quand même, je suis pas folle. Je sais quand je dis quelque chose et quand je ne le dis pas. Sauf que lui semble être plutôt convaincu de ce qu'il croit avoir entendu puisqu'il insiste. Il me répète mes mots et ça me fait l'effet d'une douche froide. Du coup je reste silencieuse, je vois même pas ce que je pourrais dire. Je lui ai déjà dit le fond de ma pensée. Le pire c'est que j'ai l'impression de m'entendre quand je l'entends parler. J'ai toujours tenu le même genre de discours que lui. C'est comme si je faisais face à mon propre reflet. Il finit par venir s'asseoir à côté de moi et je peux pas m'empêcher de me décaler un peu plus loin de lui. Je fais clairement la gueule, je suis blessée, énervée, dégoûtée. J'ai aussi un peu honte parce que si j'ai vraiment dit ça, je me déçois. « Je sais pas si j'ai vraiment dit ça ou pas, tu m'embrouilles. » je finis par dire, comme une enfant qui a du mal à admettre qu'il a fait une connerie, trop énervé de s'être fait attrapé. « Mais si je l'ai dit, ce dont je suis pas convaincue, j'aurais pas du le dire. Parce que je le pense pas. » je continue. Si c'est des aveux que Lewis attend, il ne les aura pas. Moi même je refuse de me l'avouer alors il est pas prêt d'en voir la couleur.

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