« Ils sont morts dans l'accident de voiture, l'homme était déjà parti une fois que nous sommes arrivés sur place. Quant à la femme, après avoir été réanimé trois fois, elle est morte sur la table d'opération. Dans cette histoire, il ne reste plus que l'enfant, n'ayant rien eu à part quelques égratignures... Il est maintenant orphelin à l'âge de trois ans. » Soufflait le pompier, encore sous le choc immense de cet accident de voiture. Aucun autre survivant a part cet enfant que personne ne connaissait. Enfaîte, le gosse c'était toi, le petit homme avec sa peluche contre lui, avec du sang sur la joue après s'être coupé avec le verre de la fenêtre. Un bleu sur le front et le pantalon déchiré. Tu n'avais pas su ce qui se passait et tu avais pleuré pratiquement toute la soirée, personne n'avait réussi à te calmer. Même petit, tu avais compris que tu n'allais jamais revoir tes parents, ta seule famille. Tu n'as jamais rencontré tes grands-parents, ni même des cousins. A vrai dire, tu ne connais pratiquement rien de ta vie, tu ne connais même pas ta propre famille. Tu as voyagé dans plusieurs familles, passant à une famille je m'en foutisme à une famille bien trop "collante". Tu n'as jamais réellement chaussure à ton pied, tu as énormément souffert de ces changements. Restant parfois pendant plusieurs mois dans un orphelinat avec d'autres personnes comme toi. Te faisant quelques amis, les voyant partir les uns après les autres, restant toujours le seul. Personne ne voulait réellement de toi, mais pourquoi ? Tout simplement parce que tu préfères rester dans ton coin que de jouer aux voitures ? Tu as entassé au fond de toi, de la colère, de la tristesse, de la déception. Tu as faits cinq familles en seulement quatre ans, à croire que tu effrayais tout le monde avec ton regard noir et tes idées sombres. Ta violence et ton intelligence, en faisant frissonner plus d'un. Sauf cette famille, ayant déjà une petite fille adoptée. Tu avais déjà quatorze ans, tu dealais déjà et à vrai dire tu appréciais cette famille. Mais, allait-elle t'apprécier bien longtemps ?

Cette demoiselle, tu l'appréciais tellement, Skyler. Tu dormais en sa compagnie, tu la laissais grimper dans ton lit au milieu de la nuit pour se blottir contre toi. Rien ne s'est passé, à ton plus grand désespoir. Au final, tu parlais de tout et de rien avec elle. C'était comme ta sœur, comme ta confidente, elle te parlait de sa vie, tu lui expliquais la tienne. Tellement d'échanges qu'au final, elle connaissait ta vie entière et tu connaissais la sienne. Une relation bien étrange, bien trop malsaine aux regards des autres. D'ailleurs, tu es resté plus d'un an et demi dans cette famille et du jour au lendemain tu as dû quitter cette maison. Comprenant pourquoi, sans avoir besoin de demander des explications. Tu n'as pas revu Skyler, tu lui as juste laissé une lettre, expliquant les conditions. Tu as eu en quelque sorte le cœur brisé, car elle était la seule personne que tu appréciais et sur qui tu pouvais compter. Et voilà, que tout s'écroulait de nouveau autour de toi, laissant un vide immense dans ton cœur. C'est enfin à ce moment que tu es tombé dans cette famille, riche, populaire, puissant. Tout le contraire de toi, pourtant ils n'ont jamais essayé de te faire rentrer dans le moule. Désirant juste un enfant pour combler le vide de la perte de leur fille il y a quelques années. Tu n'étais peut-être pas la copie parfaite, pourtant ils t'ont toujours accepté comme tu étais. Te laissant faire ce que tu faisais auparavant, la danse, la drogue, ta vie. Ils savent ce que c'est de perdre quelqu'un de proche, ils savent ce que c'est de vivre dans le vide. Ils te comprennent plus que tout le monde, tu les aimes comme tes parents, à une exception près. Tu n'arrives pas à briser cette distance, tu restes toujours assez froid. Tu ne vas jamais te blottir dans les bras de ta mère ou autres. C'est bien trop rapide, bien trop compliqué pour arriver à franchir le cap.

Tu es un gosse de la rue, tu as ton squat avec tes potes, tu es un danseur de rue. Tu fais des battles, tu deales, tu fumes et tout le reste. Pourtant ça ne t'a jamais empêché de faire tes études, même si tu as beaucoup de mal et que parfois tes potes doivent t'aider à comprendre des dissertations ou quoi, tu arrives à frôler le dix. Il est vrai qu'Harvard est une grosse université, mais avec un petit coup de pouce comme de l'argent, il est tout à fait possible d'y rentrer. Et tu arrivais à avoir douze, ce n'était pas un exploit, mais pas une catastrophe pour autant. Tu as intégré cette université et pendant plus d'un an, tu as essayé de trouver la confrérie qu'il te fallait. Faire des soirées, faire des connaissances, vendre ta poudre blanche. Des ennemis, tu ne peux plus les compter tellement que tu en as. Tu continues tes études, ton boulot, ta passion et tout simplement ta vie.