Kingston, la Jamaïque... Notre dernière destination. Cette fois, les valises étaient presque bouclées, parce que c'était sur cette belle île que nous allions prendre l'avion en direction de Cambridge... Retour aux Etats Unis. Et franchement ? Si d'habitude cette perspective me mettait le moral dans les chaussettes, là, j'étais plutôt pressée de retourner à ma routine... De retourner étudier, avoir une vie normale. J'avais encore eu mon lot de soucis pendant cet été. Entre l'accident avec Demyan, le photographe qui avait failli me tuer, sans parler de Jude qui voulait quitter Harvard avec Aaron - bien que finalement il ait visiblement décidé de le laisser à sa copine - ... Ouais.. J'voulais juste retrouver mon appartement, me rouler en boule contre Apple dans notre maison, ou squatter chez Demyan, whatever. J'voulais vivre ma vie en paix maintenant que je savais que le photographe avait été arrêté. Je descendais du bateau à dix-sept heures, alors que ça faisait une heure qu'on avait fait escale au port de Kingston, et j'avais pris Aylin avec moi pour laisser Demyan faire une sieste. Cette nuit la petite avait été assez difficile à tenir endormie, et pour me ménager avec mes blessures, mon petit ami avait directement été s'occuper d'elle: C'était à mes yeux un juste retour que de le laisser prendre du repos maintenant. C'est donc avec la petite dans les bras que j'allais me poser au bord de la plage, dans un coin calme. Je ne me sentais plus menacée : Le photographe du bal avait été retenu à Curaçao, pour être rapatrié en prison aux Etats Unis. Alors que je regardais ma fille s'endormir sur la serviette que j'avais étendu pour elle, j'étais loin de m'attendre à ce qu'une autre personne m'observe.

ROXILLIE ★
Stalking you is part of my 'best friend' job

J'étais arrivée la veille à Kingston, j'avais un peu pris le premier avion malgré le fait que je sache pertinemment que les bateaux n'arrivaient pas avant le 25. Tant pis, au moins j'étais certaine de ne pas manquer leur arrivée. J'avais bien l'intention de la coincer à sa sortie, pour qu'elle me dise en face que tout allait bien. Avec elle, mon intuition me trompait rarement et j'étais persuadée que quelque chose clochait. Elle me mentait si mal. Ou peut-être qu'elle mentait bien, mais que je la connaissais trop et savais donc reconnaître toutes les intonations de sa voix. Tout ça pour dire qu'elle me racontait des cracks. J'attendais patiemment, assise sur un poteau non loin de là où ils étaient en train d'accoster. Et je fixai celui des Red Waves. J'attendis et enfin, je la vis en descendre. Enfin .. je reconnus ses cheveux et le bébé qu'elle tenait dans les bras surtout, parce que de dos, je ne voyais pas son visage. Je me mis alors à la suivre de loin, sans mauvaises intentions, c'était juste qu'elle marchait vite cette bourrique. Je faillis même la perdre plusieurs fois, mais enfin elle se posa sur une plage et je me stoppai, l'observant de loin. J'voyais rien de là où j'étais .. Alors, bien décidée à enfin savoir ce qu'elle m'avait caché, je m'approchai lentement jusqu'à elle, mon cœur battant la chamade, le mauvais pressentiment reprenant de l'ampleur en moi.

J'aurais pu couvrir les hématomes avec du fond de teint, mais la vérité, c'est que j'en avais rien à foutre de toutes ces marques, et de ce que les gens pouvaient penser. C'est limite si j'pouvais pas expliquer d'un air placide que je m'étais fait presque étrangler si on me le demandait. J'étais une coquille vide, tout ce qui m'importait, c'était de passer du temps avec ma fille et avoir mon petit ami auprès de moi jusqu'à notre retour à Cambridge. Assise au bord de la plage, je regardais avec un léger sourire Aylin s'endormir sur le sable, visiblement fatiguée. Tu m'étonnes, elle avait fait l'enfer sur le bateau aujourd'hui, à refuser de faire la sieste. Ma fille n'aurait-elle pas l'air marin ? Ahah. Je fronçais les sourcils au bout d'un moment, ayant la désagréable impression d'être observée. Et cette impression, je ne la connaissais que trop bien ces derniers mois, bahaha. Discrètement, je portais ma main à mon sac, ou j'avais un spray au poivre, sait-on jamais, même si je savais que c'était impossible que mon stalker attitré soit de retour; puis je fis volte face d'un coup, si bien que j'en eut mal à la nuque. Je portais ma main à ma nuque endolorie, mais ma mâchoire se décrocha en voyant qui m'observais à quelques pas.. « Billie...?» Je battis des paupières, me demandant si j'hallucinais. Merde, merde, merde. Me dis pas qu'elle est venue pour... Oh damn. Je descendais ma main de ma nuque jusque mon cou discrètement, couvrant certains hématomes. Malheureusement, j'ai pas douze mains, et des hématomes, j'en ai sur les bras, sur les jambes..

ROXILLIE ★
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J'avais quitté la cure de désintox avec précipitation, ne réfléchissant pas aux conséquences que ça pouvait entraîner, comme le soudain manque que je ressentais de nouveau en atterrissant en Jamaïque, ou ce sentiment de culpabilité en sachant que j'avais laissé Alex livré à lui-même dans notre centre. Mais j'avais suivi mon instinct et je ne savais pas si j'allais le regretter ou non. Est-ce que Roxanna m'avait menti comme je le pensais, ou est-ce que je m'étais fait des idées parce qu'en ce moment, j'étais embrouillée par le manque de drogues et le manque de la voir ? Aucune idée, mais si j'en croyais ce mauvais pressentiment qui m'assaillait tandis que je m'approchais d'elle, j'avais eu raison de venir. Et j'en eus la confirmation lorsqu'elle se retourna vers moi, me faisant ouvrir de grands yeux en découvrant un nombre trop important de bleus partout sur son corps et encore, je n'avais pas eu le temps de parcourir la surface intégrale qu'elle m'interpellait, me tirant de ma vision d'horreur. « Billie...? » Je jetai un rapide coup d’œil sur son visage, avant de repartir me bloquer sur tous ses hématomes, ma voix cherchant à s'exécuter mais les mots venaient dans n'importe quel ordre et je bafouillais comme une enfant, avant de finir par lâcher, « Putain, mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? » en restant bloquée là où je me tenais debout depuis que j'étais arrivée. Elle pouvait arrêter d'essayer de se cacher parce que jusqu'à preuve du contraire, j'étais pas débile et je voyais clairement ses blessures.

J'étais paralisée devant Billie, choquée de l'avoir face à moi alors qu'elle devrait être aux Etats Unis et non en Jamaïque. Mais ça, c'était sans songer au fait qu'avant d'être mather, elle avait été eliot, et la fortune subsiste. A tous les coups elle ne m'avait pas crue au téléphone. Quelle conne aussi de l'avoir appelée... Mais le "mal" était fait, et évidemment immédiatement elle remarqua mes multiples marques sur la peau. Ce connard aurait pas pu viser sous les fringues ? Parce que si je me moquais du regard des autres, l'expression de Billie me faisait mal au coeur. « Putain, mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? » Bafouilla-t-elle maladroitement lorsqu'elle parvint à articuler quelque chose, tandis que de mon côté j'arrêtais d'essayer de me cacher. « Je ... » Commençais-je, confuse, baissant les yeux sur Aylin comme si je pouvais me cacher derrière elle. Puis je croisais les bras, comme une gamine qu'on aurait pris la main dans le sac à sa mère. « J'ai peut-être ... minimisé les conséquences de mon agression. » Articulais-je enfin. Ouais, autant dire que j'ai omis toute la partie physique de l'histoire, en fait.