J'ai terriblement envie d'être optimiste ce soir. Ça tombe bien, paraît que le monde en a besoin. On ne peut pas dire que j'ai adoré cette vie jusqu'ici. Malgré tout, elle fut belle, même si elle était pleine d'angoisses, de disputes, et de chemins égarés, d'erreurs, avec quelques réussites. C'est vrai, après tout, je n'aimais pas la vie que je menais jusqu'à présent : toujours l'impression de ne pas être humaine, mais d'être juste un objet de plus parmi tous les autres, que le destin déplace, que le vide remplace, je me sentais tellement inutile. Le temps des vies modernes donne l'impression de passer toujours plus vite qu'à la campagne. Ici on n'a pas le droit de sentir la pluie, on s'en protège. On ne se roule pas dans la neige, les voitures la transforment en boue. On ne rit pas, on se moque, on est gêné, on se couvre, on court pour ne pas avoir l'air de chômer, on cherche la perle rare, on achète en attendant de la trouver, ici on ne sait plus, ce qui est profond et vrai, ce qui est lâche et servile. Alors moi je me contentais de sourire, de montrer aux autres le plus beau de chaque situation. Parce que, il faut se l'avouer, je ne souhaite à personne d'être délaissé comme j'ai pu l'être à une époque. Cette sensation de vide, cette impression que, quoi que je fasse, rien ne changera dans le monde, la vie continuera, on oubliera mon nom. Sourire, montrer que la vie est belle et active, que les choses peuvent s'arranger : Je le pense pour les autres, certes, mais pas pour moi, je l'avoue. Qu'on se le dise : Jamais je n'aurais de coup de fil de la famille pour savoir comment se passent mes cours. Jamais personne ne pourra venir me dire "Eh ben putain, t'as évolué, Roxanna" J'en ai marre de cette situation, de cet étouffement. J'ai envie de grandir ... Plus vite que les autres, passer à l'étape adulte que je n'ai pas encore eu la présence d'esprit d'atteindre encore. Quitter cette situation infantile qui m'emprisonne.

Compressée sans cesse par le monde qui m'entoure, je nécessite de l'attention, de l'affection et tout cela cause réflexion. Comment obtenir toutes ces choses sachant que je n'ai plus de famille, et seulement peu de véritables amis ? Rien n'est jamais acquis dans la vie, et moi je me suis laissé avoir en croyant bêtement que la vie était belle. Où ça, alors ? Car la beauté de la vie, je la cherche, pas la beauté matérielle, ce que je cherche, je ne suis pas encore consciente de ce que c'est. Ne t'es-tu jamais perdue toi même en essayant d'obtenir ce que tu veux ? J'ai essayé d'obtenir la perfection pour ceux qui sont censés m'avoir mise au monde, en l'honneur de ma mère, pour plaire à mon père, et j'ai finit par m'y perdre moi-même au point de ne plus savoir qui je suis vraiment. Je connais certains détails me concernant, et parfois je me rend compte que j'ai changé au point de ne plus reconnaître mes actes. Je suis réservée mais j'essaie de me montrer extravertie pour y masquer mon jardin secret, un passé pas beau a voir sous certains aspects. Je voudrait pouvoir dire que le bonheur me va au teint, et bien je peux toujours attendre, et espérer.