Ghaïa Birdie Keegan est née le 19 mai 1991 à Phoenix en Arizona, un après-midi, à seize heures et dix-huit minutes précisément, enfin selon les dires de sa mère. Elle a été nommée Birdie d'après son arrière grand-mère du même nom, une femme « exceptionelle ». Et Ghaïa parce que ... Eh bien il n'y avait pas vraiment de raisons, ses parents avaient simplement craqué sur le prénom. Ses parents sont tous les deux ingénieurs dans de grandes entreprises et gagnent très bien leur vie. De plus les Keegan ont reçu un héritage à la mort de leurs aïeux, ce qui a fait d'eux une famille largement aisée, et a fait de Gee une petite fille née avec une cuillère en argent dans la bouche. Elle ne l'a pas choisi, dira-t-on ... Gee ? C'est son surnom, en rapport avec la première lettre de son prénom, qui se prononce ainsi. Depuis toute petite elle se fait appeler ainsi. Ou Gibby, pour les mêmes raisons en utilisant ses deux prénoms ... Pas très original mais ça lui plaît comme ça. Enfin passons. Étant petite, Gee a eu une enfance normale, bien que gâtée, commune aux autres, même si son père était du genre très protecteur. Protecteur au point de la surveiller d'un peu trop près. Et ça n'a fait qu'empirer avec le temps. Son père vérifiait consciencieusement ses fréquentations, et arrivée au stade d'adolescente, soit aux alentours de ses quinze ans, il lui interdît de sortir avec des garçons. Pour ne pas la voir souffrir, et blablabla j'en passe et des meilleures. « Pas avant tes seize ans ma chérie ! » clamait-il avec conviction, comme si c'était un sacrilège. La demoiselle usait donc de toutes sortes de stratagèmes en vue de sortir en douce, c'était plus fort qu'elle, elle n'acceptait pas d'entendre à quel point ses amies s'amusaient sans elle, et de ne pouvoir profiter à leurs côtés. Cela lui permettait de profiter de sa jeunesse comme les autres et de s'affirmer davantage, même si mentir à ses parents ne lui plaisaient guère. Elle n'en voulait pas réellement à son père, elle se disait qu'il l'aimait tellement, trop, et qu'il trouvait nécessaire de la préserver ainsi. Puis passé ses dix-sept ans, la demoiselle commença à fréquenter un garçon du lycée, comme la plupart des filles de cette âge. Le genre de garçon qui avait un côté badboy auquel Birdie ne pouvait résister. Et malgré elle, elle en était tombée amoureuse. Mais après l'avoir présenté à ses parents alors que le jeune homme était simplement passé la prendre pour une soirée, le père de Gee, fidèle à lui-même, refusa et exigea que cette relation s'arrête sur le champ.« Je ne veux pas voir ce genre de ' junkie ' écervelé rôder autour de toi, capiche ? ». Pour une première relation, y avait mieux comme fin. Et même si Gee savait qu'elle ne passerait pas sa vie à ses côtés, elle voyait tout de même cela durer plus longtemps. Inutile de préciser que son père avait tellement foutu les jetons à son petit-ami qu'il la fuyait à chaque fois qu'elle s'approchait. C'est là que Birdie, inconsciemment, changea. Ghaïa la parfaitement parfaite jeune fille en tout point, qui faisait tout pour plaire à ses parents, ramener de bonnes notes, et se montrer agréable et avenant aux yeux de tous, qui était douce, sensible, gentillle, tout en guimauve, se transforma en ... Biatch. Impulsive. Caractérielle. Rancunière. Tempérament de feu. Pourquoi devrait-elle être tant parfaite, pourquoi devrait-elle tout contrôler ? Elle commença par sécher les cours, puis se mit à envoyer chier son père et prit incroyablement confiance en elle. Et enfin, elle couchait à droite et à gauche. Impossible de se poser dans une relation. Enfin ... Exceptionnellement. Aujourd'hui encore, à Harvard, elle est comme ça. Et même si les rumeurs vont bon train à son sujet et qu'elle n'est pas forcément bien vue ... Et bien, au diable les rumeurs, elle s'aime comme ça. En cours de sociologie, récemment, elle s'est rendue compte qu'elle était exactement le stéréotype de la grande fille with big daddy issues. En même temps, merci papa, si t'avais pas été là, je serais restée la petite niaise que j'étais.