― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

Cerveau qui sature face aux derniers événements.  Masque qui se casse la gueule et dévoile ton arnaque, tu cherches à noyer la mascarade dans l’alcool, avec un peu de chance, il sera aussi un remède contre la migraine qui martèlent ton crâne. Abandonnant quelques billets sur la table pour régler la note, tu titubes jusqu’à la sortie. Les vertiges te prennent tandis que la douleur de la blessure sur ta temps se réveille alors tu t’appuies contre le capot d’une voiture. Tête qui tourne encore, tu t’accroupis, tête penchée dans le caniveau, tu recraches tes tripes.

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

l'air frais comme seule échappatoire. à ces corps sans importance. à ces âmes ignorantes qui s'entassent. aucune digne d'intérêt. j'pensais trouver de quoi satisfaire mon appétit nocturne. quelqu'un de décent. accompagnant une amie qui m'avait promis de beaux spécimens. déception qui voile mon regard alors que je m'apprête à reprendre la route. oublier cette soirée loin d'être mémorable. mais t'es appuyé contre le capot. j'fronce les sourcils, m'approchant prudemment. sale état. — tu peux bouger de ma voiture ? je te demande froidement. pas le temps de jouer les mère teresa avec un inconnu. et pourtant j'me rapproche encore plus. tandis que tu te vides douloureusement. ton visage qui se relève et nos regards se croisent. je m'arrête. le temps d'assimiler que c'est toi qui est accroupi. là j'réfléchis plus. — romeo ?! tu... il t'arrive quoi ? l'inquiétude qui prend place. m'accroupissant à ta hauteur.

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

La cicatrice encore fraîche sur ta tempe qui vibre encore de douleur, tu iras consulter plus tard, quand tu auras le temps ou jamais.  Les soucis te rongent et c’est déjà assez pour devoir t’occuper d’une autre emmerde. La tête pleine de nœuds et l’estomac désormais vidé de tout ce que t’as mangé avant, tu n’es pas sous ton meilleur profil ce soir.  Tu l’entends cette voix qui te glace par le ton employé, la main sur le ventre, tu étais déjà prêt à lui cracher une insulte au visage. Sale gosse. Fronces les sourcils en tournant la tête, tu essuies tes lèvres d'un revers de manche : — Rose ? ... Rien, j'ai juste un peu trop bu ou l'alcool était pas ouf. Tu te redresses un peu trop vite, trop brusque, tu te retiens au bras de Rose un instant : — Putain, j'ai la tête qui tourne un peu ... Tu pourrais m'déposer chez moi ? Parce que les vertiges te prennent et que tu te sens incapable de le faire seul.

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

visage d'enfance que je reconnaitrais, même dans la pénombre. présent parfois dans mes pensées. parfois dans mes rêves. volonté de te faire mien volatilisée depuis bien longtemps maintenant. communication coupée depuis quelques mois. j'suis donc étonnée de te retrouver sur mon chemin. et dans quel état. t'es souffrant, j'le vois bien. mal en point. et j'ai bien dû mal à identifier la cause de tes maux. sentimental ? médical ? résultant d'un combat ? mise à part le vomissement, et ton état cadavérique, j'vois rien d'anormal. m'enfin, j'suis pas médecin. — mh trop bu tu dis ? pourtant j'ai pas l'impression que ça soit vraiment l'alcool qui te met dans cet état... il s'est passé quoi ? je te demande en italien. la situation est bien trop préoccupante pour que j'puisse discuter avec toi dans la langue de shakespeare. retour aux origines bien plus agréable. plus facile. ton corps vacille, attrapant mon bras au passage. j'reprends mon équilibre, prise au dépourvu. — attends attends, doucement, j'vais t'aider t'en fais pas... les gestes rapides pour t'inciter à t'asseoir. histoire que j'puisse mieux t'observer. la main qui se pose doucement sur ton front. brûlant. anormalement brûlant. merda. — t'as de la fièvre romeo... tu veux pas que je te dépose à l'hôpital plutôt ? tu me fais peur... main qui redescend vers ta joue. regard paralysé plongé dans le tien. première fois que tu me fais une telle frayeur.

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

Si Rose n’avait pas été sur ton chemin, par fierté tu aurais ignoré ta douleur et, comme un animal blessé tu aurais rampé jusqu’à chez toi comme si de rien n’était. Elle se met à te parler dans ta langue natale, instant inhabituel de confusion te fait légèrement froncer les sourcils comme si tu n’avais rien compris.  L’information arrive tardivement et tu finis par balbutier en italien : — Rien… J’ai fais une mauvaise chute à moto… Ça passe d’habitude. Tu ne veux pas lui mentir mais tu ne veux pas non plus l’inquiéter, pour le coup c’est raté. Les vertiges te surprennent et menacent de te faire perdre l’équilibre à tout moment. Tu t’assieds  quand elle t’incite à le faire. Rien ne s’arrête, ni la migraine, ni les fourmillement dans ton corps. Toi qui pensais qu’il ne s’agissait que de bouffées de chaleur, voilà qu’elle mesure ta fièvre en posant sa paume sur ton front. Sa main dévie sur ta joue et tes azures plongent dans les siens. : — … ok, ok mais ça reste entre nous… J’veux pas que ma soeur l’apprenne. surtout pas. — Ça va aller, Rose. Je suis pas en carton… Ta main se pose sur son bras que tu frottes doucement pour la rassurer. Tu attrapes sa main posé sur ta joue que tu ne lâches pas : — On y va mais je te préviens , t’as pas intérêt à les laisser m’garder. Promis ?   Plante ton regard dans le sien, le sourire à peine perceptible au coin de tes lèvres.

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

forcée de tout contrôler d'habitude, tu me déstabilises. pourquoi il a fallu que tu te retrouves sur mon chemin ? aussi abîmé. aussi esquinté. j'suis pas douée pour réparer des coeurs. encore moins des corps. — ça passe d'habitude ? donc tu chutes souvent ? faut que je t'apprenne à conduire une moto falcone ? l'humour jeté en guise de réponse, mal à l'aise. quoi que sérieuse en vrai. j'suis pas certaine de te laisser une seule fois sur cet engin. si ça signifie détériorer ton épiderme. main posée sur ton front, j'peux que laisser nos opales se rencontrer. intensément. toi comme moi, on sait très bien ce qui se passerait si ta soeur l'apprenait. et j'comptais pas lui dire. c'était pas comme si j'parlais avec elle, en vrai. c'était devenue une étrangère avec le temps. un peu comme toi en vrai. — j'te dirais rien. en carton ou pas, tu passeras pas la nuit sans des soins dignes de ce nom. prendre soin de toi, j'me sentais pas forcément légitime. mais si tu demeurais coincé dans cet état, c'est que t'en avais parlé à personne non ? tu demeures bien mystérieux. et t'attises de plus en plus ma curiosité. les rétines qui dérivent vers mon bras, là où ta douceur s'est échouée. ma main désormais prisonnière. ton regard qui se plante de nouveau dans le mien. intensément. doux sourire qui vient élargir mes fossettes. — promis romeo. si c'est pas chez que tu finis, ce sera chez moi. deal ? allez viens maintenant. j'passe ton bras autour de mes épaules, te forçant à prendre appui sur mon corps pour te relever. — va falloir songer à arrêter le sport, t'es lourd. ou à manger domac. j'me sentirais presque hilarante. porte de voiture ouverte, je t'y dépose. la délicatesse qui rythme mes gestes. stupide de penser comme ça. comme tu l'as remarqué, t'es pas en carton. j'ai pas besoin de prendre des pincettes avec toi, non ?

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

Mauvaise manie de tout dédramatiser, tu préfères qualifier cet accident de simple chute pourtant tu ne t’en es toujours pas relevé. Les migraines, les vertiges, la sensation de ne plus savoir réfléchir correctement. L’impression de devenir fou, pourtant ton masque reste intact sauf ce soir. Tu t’accroches ce soir pour ne pas avoir l’air vulnérable face à Rose, celle que tu es censée protéger plus qu’elle ne te protège. — Si c’était toi qui m’avait appris à conduire j’aurais déjà la gueule du cavalier sans tête. Sourire taquin apporte un peu de couleur à ton teint blafard. T’es barbouillé, dégoûté et tu aurais pu te laisser crever la gueule dans le caniveau ce soir mais la présence de Rose te couvre d’une aura rassurante, un passé dans lequel tu voudrais te réfugier parce que le présent, tu ne sais plus le gérer. — Grazie, Rose. Sincérité brille dans tes prunelles. Et pour le moment, ça restera votre secret. Sa main dans la tienne, tu soutiens son regard. comprends par son sourire que tu n’y laisseras pas ta peau ce soir : — Quoi ? Chez toi ? Je préfère encore l’hosto mais deal. Grimace en pouffant légèrement. Tu te redresses avec son aide, passe ton bras autour de ses épaules. — Tiens, bonne idée on passera chercher un macdo en sortant de l’hosto. Les nausées auront disparu d’ici là, du moins tu l’espère. Tu t’engouffres dans la voiture, t’assieds sur le siège passager la migraine qui martèle encore ton crâne. Quand elle te rejoint à son tour dans la voiture, tu clipses ta ceinture de sécurité puis reporte ton attention sur elle quand la voiture se met en route : — T’es bien ici ? Ça te manque pas le pays parfois ?   Question sortie de nul part qui reflète juste ton mal être actuel.

 

― trigger warning : vomissement, traumatisme crânien. ― date : 22.03.

sourire esquissé, encore un que je ne contrôle pas. pas quand ça te concerne. le myocarde supposé être distant. inaccessible aux corps qui s'approchent de trop près. règle fixée depuis l'enfance. depuis que tu n'étais plus dans ma tête. il suffit que j'croise l'azur de tes rétines pour dégommer cette barrière. me sentant vulnérable, proximité que j'tentais d'éviter. vainement. — tu me remercieras quand t'iras mieux... quand t'arrêteras de provoquer ce genre de frayeur. de malmener un coeur supposément éteint. j'lève les yeux au ciel face à ton sarcasme, t'as au moins assez d'énergie pour ça. j'préfère pas relever, préférant me concentrer sur ton corps esquinté. j'vérifie encore que t'aies bien installé. une fois de trop. les opales qui dévient bien trop souvent dans ta direction tandis que je reprends la route. juste pour vérifier que tu sois toujours vivant. au cas où. — deal. si l'hôpital te laisse sortir ce soir, bien évidemment... j'rajoute. rajoutant un sourire narquois. au vu de l'état de tes blessures, j'serais pas étonnée qu'il te garde en observation. j'serais même plus rassurée si t'étais entre de bonnes mains. pas que je doute de mes compétences. mais j'veux pas que tu crèves près de moi. ni loin de moi. tout court, en fait. regard qui se perd sur la route, question qui me surprend. voiture qui s'arrête à un feu, me laissant le temps de la réflexion. même si la réponse était évidente. — si. bien trop souvent. j'crache pas sur ma vie ici, bien évidemment. mais, j'me dis qu'ici tout est démultiplié. tout est compliqué. au moins, chez nous, on se prenait pas la tête pour des choses futiles. on était juste... nous ? j'finis ma tirade, le souffle qui se tarit. éreintée subitement. prenant conscience que j'parlais trop. encore une fois, ta présence chamboulait mes habitudes. — ça te manque hein ? j'connais la réponse. mais j'veux entendre ta version. ta voix. ta respiration.