On ne s'était pas échangées un seul mot avec Sienna pendant tout le trajet. Physiquement j'étais avec elle mais mentalement et émotionnellement, j'étais complètement ailleurs. Encore bouleversée de mes retrouvailles avec Marcus à l'aéroport, je savais tellement pu quoi en penser. C'était la pagaille, accentuant encore plus le champ de bataille déjà présent. Sûrement qu'en gardant le silence, j'allais réussir à mieux comprendre les choses. J'étais remplie de contradiction, je sais que j'étais loin d'être cette fille qui voyait les choses tout noir ou tout blanc. Je réfléchissais pas comme les gens normaux, j'étais mon propre mystère. Plus je pensais à Marcus et plus j'étais triste, j'étais consciente de ce mal que je lui avais infligé et que je continuais de faire. Il méritait pas ça.. j'étais conne c'est tout. Conne avec mes blocages à la con qui continuaient de me mettre des bâtons dans les roues, même après des années. C'était la toute première fois que j'étais confrontée à ça et.. je savais pas comment gérer. La moitié de moi le voulait plus que tout et l'autre part, se transformait en ouragan qui saccageait tout. Boston avait une température si déprimante qui se mariait si bien avec mon humeur déprimante. Good luck Sienna. « J'sais que tu détestes quand on ment à Rose.. je la mettrais au courant tout à l'heure. » Parce que Rose et Marcus étaient étroitement liés.. erm bon, ça restait ma cousine quand même. Nous les Morelli on cherchait pas le pourquoi du comment quand l'une de nous trois se retrouvait dans un état lamentable. « T'es sûre que ça dérange pas tes colocs que je reste squatter ? » Je m'étais invitée, boum sans préavis.    

Bri a la très mauvaise habitude d’agir avant de réfléchir, et Sienna sait qu’elle finit très probablement par le regretter. Elle pourrait lui faire la leçon à ce sujet, facilement mais elle est tout aussi impulsive que sa cousine et ne peut clairement pas se permettre de lui reprocher. Bien qu’elles soient toutes les deux silencieuses, la jeune femme se doute bien que sa cousine est en train de se torturer l’esprit, de revivre ces derniers jours (sans se douter qu’on peut même parler des dernières heures, d’ailleurs) mais elle sait aussi qu’elle a besoin d’un temps de latence avant que Sienna ne la harcèle de question. A dire vrai, cela désole la jeune femme de la voir se mettre dans des états pour une histoire qui n’a pas même commencé. Bien loin de la juger, la flic a totalement conscience qu’elle pourrait se mettre dans des états similaires, mais l’expérience lui souffle que ce n’est jamais très bon signe quand tout commence de manière aussi compliquée. “Je ne comprends surtout pas pourquoi tu tiens à lui cacher…” répond Sienna en haussant légèrement les épaules. Pour sa part, elle n’a absolument pas menti à Rose ; elle s’est contentée de ne pas répondre tout de suite à ses messages, espérant que Bri retrouverait rapidement la raison. “Non, Riley comprendra. L’autre est parti au Spring Break.” Sienna n’a même pas eu vraiment le temps de mettre à jour sa cousine sur la situation. Elle en profite, se disant que Bri ne souhaiterait pas apporter le sujet fatidique avant qu’elles ne soient tranquillement installées chez elle. “Leti a lâché l’appart du jour au lendemain en sous-location à un mec qu’on connaît pas. Je m’en suis rendue compte après un shift, à moitié à poil en direction de la douche, j’étais ravie.”