Samedi soir, la soirée battait son plein au milieu des toiles immenses et des serveurs qui passaient parmi la foule pour contenter tous les invités. Je m'étais retrouvée là un peu par hasard, ayant sympathisé avec un client l'autre soir qui avait lourdement insisté pour que je sois présente pour sa première exposition de peinture. J'aurais presque pu croire qu'il s'agissait d'une technique de drague si l'homosexualité du type en question ne transpirait pas autant par tout ses pores. Mais n'ayant rien de prévu pour la soirée, je m'étais dit après tout, pourquoi pas ? J'avais même fait un effort avec ma tenue, petite robe de satin noire et talons haut. Flute de champagne à la main, je déambulais vaguement dans ce milieu à l'opposé du mien, dissimulant difficilement le sourire moqueur qui étirait mes lèvres en entendant les flatteries pompeuses à gauche et à droite, les théories plus fumeuses les unes que les autres sur telle ou telle œuvre... En entendant l'une d'elles je manquais même d'éclater de rire, me noyant de ce fait précipitamment dans mon champagne en fuyant rapidement les lieux. Si rapidement que je manquais tout juste de rentrer dans un homme, évitant de justesse de lui renverser l'alcool dessus. — Ooups désolée ! grimaçai-je en relevant le regard.

remember me16.03.2024 | @Emily Chapman
tw: drogues + consommation — Si l'argent ne me manquait pas, j'aurais pu rester plus longtemps à Miami. Mais ça faisait deux jours que j'étais rentré et j'étais déjà en manque du soleil de Floride. Pourquoi j'avais posé mes valises ici déjà ? Parce que bon, Ilya il était cool mais il faisait souvent le mort dernièrement. Franchement, j'envisage de partir d'ici quelques mois au soleil. La Californie me manque pour ça. Pas de saison, du soleil toute l'année, un vrai plaisir pour ma peau d'irlandais. Trainant dans les rues de Boston après avoir vu mon dealer pour acheter ma dose du week-end, j'avais trouvé un coin sympa pour snifer un petit rail. De nouveau sur le trottoir, j'étais passé devant un endroit plein de monde et clairement, je me dis que je pouvais trouver un pigeon sympa pour passer la soirée. Ça va que j'avais une chemise, j'en ouvrais un peu le col et j'attrapais une veste qui trainait sur une chaise non loin du bar pour la mettre sur mes épaules et je faisais le mec qui s'intéressait à l'art. Enfin, avant qu'on ne me rentre dedans de plein fouet. « pas d'souci mais ça vaut de m'inviter à boire un verre avec toi » Ouais, toujours dans le tutoiement, dans toutes les situations. Ça crée une proximité immédiate. Ça passe ou ça casse.

Je relevais mon visage vers celui que je venais de tamponner, sauvant sa chemise in extremis de ma coupe de champagne. Ce qui n'était pas mon cas en revanche, puisque je m'étais éclaboussée le décolleté. Je buggais un instant, ayant cette sensation étrange de déjà vu alors que nos regards se rencontraient, sans que je ne parvienne à mettre le doigts dessus... Mais cette pensée s'envolait bien vite en entendant ses paroles. J'haussais les sourcils, air amusé peignant mon visage en découvrant sa désinvolture et son approche directe. — Alors que je viens de me sacrifier pour toi ? répondis-je en attrapant une serviette sur un mange debout pour essuyer ma poitrine. Il me tutoyait, je le tutoyais. — Come on, je suis sûre que tu peux mieux faire ajoutai-je, attendant de voir si il allait se démonter. — Il parait que le lieu est propice à l'inspiration. Ou à l'ennui en l'occurrence, cela dépendait du point de vue.

remember me16.03.2024 — @Emily Chapman
tw: drogues + consommation
— Une sensation de déjà-vu qui s'empare de mon être quand son regard croise le mien. Une sensation étrange, et comme des papillons dans le ventre, qui s'envolent aussitôt quand mes mots franchissent mes lèvres. Droit au but, pas besoin de réfléchir quand une jolie fille se présente face à moi. Un sourire s'esquisse naturellement à ses mots, à ces paroles directes elles aussi. Un caractère fort face à moi, rien de tel pour que je m'électrise d'avantage. « c'est la moindre des choses oui. arroser ta poitrine pour qu'on puisse bien en profiter ou ruiner une chemise à trois dollars cinquante... le choix est vite fait » Mon visage formait à présent une petite moue avec mes lèvres, avant que je les pince en regardant tout autour de nous. « pour tout t'avouer, je suis une quiche en art. mais si tu veux faire la statue à côté de la sculpture bizarre là-bas, t'es la bienvenue. j'te propose juste une alternative un poil plus fun. promis juré, tu le regretteras pas » Sourire qui vient rompre la moue, les dents qui viennent finalement se montrer. Allez, tu peux pas résister au fameux sourire Daugherty, jolie brunette.

Je n'étais pas du genre à tomber dans les bras du premier séducteur venu flatter mon égo, bien trop habituée au regard des hommes et à ce qu'il cherchaient derrière leurs belles paroles. D'autant plus lorsqu'on était patronne de son propre bar. Bizarrement, cela éveillait toujours la convoitise. Pourtant il y avait quelque chose chez cet homme qui m'interpellait, sans que je parvienne à savoir quoi. Visage atypique qui me semblait familier tout en étant étranger. Une moue amusée étirait mes lèvres en entendant sa remarque, détaillant maintenant sa chemise. — J'ai affaire à un usurpateur alors ? Plutôt doué, tu te fonds bien dans la masse commentai-je. Et qui n'y connaissait rien à l'art en plus. Finalement, je n'étais peut-être pas la seule out-sider à cette soirée dont je n'avais pas les codes pour pouvoir vraiment apprécier l'instant. Bizarrement, j'avais envie de suivre ce type. Quelque chose dans son regard peut-être, ou dans sa façon de ce mouvoir qui me faisait écho. — Ok, je demande à voir répondis-je, vidant la fin de ma flute de champagne.