J’avais réussi à garder la face quand vous étiez arrivé en bande, alors même que Quincy et moi n’étions pas encore rentrés. Je n’avais absolument pas l’intention de t’adresser la moindre attention, ni le moindre regard. Mais c’était sans compter sur cette attirance omniprésente malgré la peine que tu me causais encore. Dans les faits, mes pupilles étaient irrémédiablement attirés par ta silhouette. Je passais par le bar, commandant des shots pour tenter d’avaler la pilule. Je restais là un instant, réfléchissant à mes options. Partir au risque de me foutre en l’air à cause d’une consommation excessive d’alcool, quémander l’aide de Quincy ou Zayn pour supporter ta présence ou alors m’isoler pour tenter de reprendre le contrôle. J’optais pour la dernière, préférant n’être un poids pour aucun de mes amis présents ici. Je me faufilais dans la première porte ouverte, vérifiant que personne n’était présent et je refermais la porte derrière moi. Je m’installais au bout du lit, me laissant retomber en arrière, dans un long soupir. J’avais plus la force de faire semblant. J’attrapais mon téléphone pour vérifier mon compte en banque, comme ci par miracle mon compte s’était soldé en positif. Je posais finalement mon téléphone à côté de moi sur le lit, l’option taxi n’en était plus une. Je fixais le plafond, amusée par la tapisserie qui semblait bouger, rien que pour moi. La nuit allait être longue.

C’est un peu une idée à la con cette soirée. Échanger des fringues pour être habillé d’une seule et même couleur. Mais tu es du genre à suivre ce genre d’idée un peu débile et à vouloir tout donner pour l’emporter, tel un challenger. Seulement, tu n’avais pas pensé que ça pourrait parfois être un peu malaisant, avec une ancienne relation récente dans le coin. Forcément, qui dit Quincy dit Maze, et quand même toi tu sois en bon terme avec elle, l’inverse n’est pas forcément le cas… Cette rupture semblait inévitable et même si tu l’as fait pour de bonnes raisons qui échappent toujours à la brune, tu ne l’as pas fait de gaieté de cœur. Loin de là. Enfin, tu te gardes bien d’ébruiter tout ça, car ça fout une sale ambiance à la collocation et ça impacte également une autre relation. En bref, tu prends sur toi et tu la fermes. Soirée déjà bien entamée, troisième ou quatrième verre en main, tu ne peux t’empêcher de la regarder au loin, de la suivre des yeux jusqu’à physiquement la suivre lorsqu’elle s’échappe de la foule. Pourquoi tu fais ça ? T’en sais rien, tu le fais c’est tout. Et entre dans cette pièce où elle s’est enfermée. Tu ne sais comment réagir avec elle, mais tu n’as pas pour autant envie qu’elle vienne se cacher dans une pièce pour pouvoir apprécier sa soirée. Doucement, tu ouvres la porte et passe ta tête dans son embrasure, t’assurant qu’elle est bien ici. ❝ Tu comptes passer ta soirée sur un vieux lit et te cacher jusqu’à ce que je parte ?

L’univers m’en voulait réellement, c’était un fait à présent. Je ne pouvais échapper à l’emprise que tu avais sur moi. À l’emprise que tu aurais toujours sur moi. Savoir que tu étais ici, quelque part dans cette pièce quand tous les invités se déshabillaient sans aucune pudeur, me poussait à t’observer. Ou alors c’était juste une excuse que je me donnais pour justifier mon envie de te regarder. Ce genre de truc, cette soirée, ce n’était pas mon truc, ce n’était pas fait pour moi. Je m’éclipsais pour reprendre mes esprits, pour t’éviter, mais aussi éviter de ressentir toute cette frustration de savoir si près de moi, mais désormais si loin. Installée sur un lit, passé depuis des années, je fixais le plafond, j’occupais mon esprit pour te chasser de là. Je me redressais en entendant la porte grincer pour n’apercevoir que ta tête et reconnaissais à tes petits yeux que t’avais déjà bu quelques verres. — J’suis démasquée. Je clignais plusieurs fois des yeux avant de les plisser pour vérifier que tu ne sortais pas tout droit de mon imagination. — Et toi, tu comptes rester sur le pas de la porte ou tu te décides à entrer ? Je penchais doucement la tête sur le côté, sans te quitter du regard. Ce même regard que j’avais évité dès que j’avais entendu ta voix. Je n'avais aucune putain d’idée de c’qui était en train de se passer, mais ça se passait.

Tu aurais pu faire comme si la jeune femme n’était pas dans le coin, que tu ne l’avais pas remarqué, mais … Maze elle est toujours aussi captivante, malgré ce qu’elle peut croire. Alors lorsque tu l'aperçois s’isoler dans cette chambre, tu ne peux t’empêcher de venir la rejoindre. Pourquoi ? Tu l’ignores mais pourtant tu viens ouvrir cette porte et la déranger dans sa solitude. Elle est là allongée attendant sagement que le temps passe et peut-être que tu quittes la soirée. Qu’est-ce que tu en sais au fond ? Absolument rien. Tu fonces certainement là où tu n’es pas désiré, mais tu y vas sans craindre quoi que ce soit. Tu viens finalement fermer la porte derrière toi pour vous retrouver comme coupés de la soirée. ❝ Tu trouvais le dj si abominable que t’as préféré fuire, je comprends. L’humour toujours cette technique pour décoincer des situations qui peuvent être gênantes. Incapable de rester debout comme un teubé, tu viens prendre place sur le bord du lit et t’y asseoir. ❝ enfin, Je parierai plus sur le fait que tu me fuis ou que tu préfères abandonner le jeu sans rien dire.

Je ne pouvais, ni ne voulais te faire face. Je me posais encore trop de questions et j’étais encore pleine de rancœur vis-à-vis de ta décision. Te savoir dans cette pièce, même remplie de monde, ça attirait mon regard jusqu’à toi et je ne voulais plus te donner d’importance. Pas plus que le crédit que tu avais donné à notre relation, qui s’approchait certainement le zéro, puisque tu avais préféré tout abandonner plutôt que de te battre pour nous. Tu t’étais simplement trouvé des excuses pour retrouver ta liberté. Pourtant, maintenant, que tu étais face à moi, et certainement que l’alcool que j’avais outrageusement ingurgité, m’aidait pour ne pas partir en courant. Je secouais la tête à ta tentative de blague, puis te suivais du regard quand tu t’installais à mes côtés sur le lit. — Gagné, mais te fuir ça semble compliqué maintenant. Que je soufflais en te pointant du menton d’un petit mouvement de tête amusée. — Et je ne suis pas ultra fan de me foutre presque nue, devant une partie des habitants de cette ville, alors ouais, je préfère aussi abandonner. Et toi, qu’est-ce que tu fais là ?