pièce lointaine. répliques s’éteignent en quittant le velours des sièges. haut le coeur remonte dans la gorge. scène en guise de souvenirs nostalgiques. là, où je me faisais reine du haut de mes pointes parfaites. jambe malade, se remet à peine. pas assez pour redevenir l’excellence. arrière goût de haine et déception. quand le corps n’a pas eu la force de mes ambitions. robe de luxure, teintée de bleue sombre. déambule dans le palais des artistes, connotation théâtrale dans les murs dessinés par les friches. décor dramatique, les pas se foulent jusqu’au bar. porn star martini pour noyer le vestige de l’être déjà envolé. des adieux en silence et cachés. peine maquillée en indifférence pour tourner la page. vite. voix intercepte l’esprit. la tienne. poitrine se serre d’un coup trop vif. c’était plus facile quand t’étais pas là. quand t’étais trop loin pour y penser. pour me rappeler. tout ce que j’ai aimé, que j’ai haïs, qui me manquais trop violemment parfois. - qu’est ce que tu as envie de faire taire, marcus ? le ton calme, voile les excès de sentiments qui nouent l’estomac au fond. lèvres trouvent le liquide, gorgée comme cataplasme. inutile. quand mes yeux glissent sur ton profil.

trop longtemps. depuis la dernière fois, depuis que j’ai laissé ton image et le reste croupir dans l’oubli. à ligaturer les pensées pour ne plus te voir en boucle. toi et, elle. dernier souvenir que t’as gravé dans la mémoire. rancoeur baigne encore dans les orbes. là où tes yeux se plantent, lames tranchantes viennent jouer de la plaie. c’est pour eux que j’avais craqué en premier. le rappel acerbe, pour les nuits blanches et les dégâts sur l’oreiller. je te déteste encore, marcus. comme une épine encore gênante dans la poitrine. rictus suffisant. - lesquels marcus ? coupe entre les doigts, font tanguer le liquide dans une danse hypnotique. - tu regrettes de l’avoir baisé ? ou c’est nous tout entier que tu regrettes ? ronces enveloppent la serpentine. la sensation de refaire un bond en arrière. immergée dans un passé inachevé. laissé de côté, parce que c’était plus facile comme ça. loin de toi. sourcils se froncent à la remarque. grimace quand le visage se tourne à peine. - de quoi tu parles ?

fantôme de nostalgie sous ton trois pièces. remonte à la surface le cadavre pensé enterré depuis longtemps. douloureux rebonds retentissent en silence dans la poitrine. impassible, à faire taire la peine plutôt que de la laisser rugir. tout dans l’apparence, maîtrise presque infaillible quand la langue ne se contrôle pas. crache la rancoeur aux abords du bar. hochement de tête, lent, souligne le sarcasme. regrets sans saveurs. - peu importe. c’est fait. détourne le regard. face au vide, les ongles claquent contre le verre froid. remonte le noeud dans la gorge quand tu parles de la grossesse. mains deviennent moites, incapable de battre des cils quelques secondes. - comment t’es au courant ? poitrine se noue un peu plus. questions défilent violemments.