les prunelles divaguent nerveusement vers leur destination. vers elle, plongée paisiblement dans ce bouquin dont les mots étaient restés ancrés dans l'encéphale. le bouquin révélateur de son identité, dissimulant une de tes proses entre ses pages. heureux hasard que de croiser à nouveau ses pupilles dans ce décor inédit, loin de vos tranchées de livres et papiers froissés de votre encre. heureux hasard qui t'avait figé dans ton chemin, hésitant, à l'observer au loin sur son banc dans le hall de l'accueil. un passant aurait pu te qualifier de prédateur dans ce schéma, indécis jusqu'à la moelle. un pas en avant pour derechef se rétracter, la phrase d'accroche changeante, tantôt comique tantôt pathétiquement alarmante. rien n'allait. le regret de ne pas avoir osé se dévoiler à elle plutôt te revient en pleine face et l'épuisement face à cette indécision finit par décider pour toi, pour tes pieds qui se mouvaient d'ores et déjà vers elle. Le Petit Prince ? C'est pas un livre pour enfant ça ? l'entrée catastrophique, tes lippes ayant visiblement décidé de t'enfoncer dans le pathétique. regret instantané se tisse à travers une grimace. 'Fin j'voulais pas dire ça, c'est aussi mon livre préféré, c'est juste qu'on me charrie souvent sur ça et- tais-toi leo, tais-toi. Bref, j'adore ce livre. C'est ce que je voulais dire. la main qui se passe dans ta chevelure nerveusement, avec ce rire tout aussi nerveux. putain.

@Dina Kaiser

se renferme, dans ces lignes qu’elle mâche. avale. croque à pleine dents. monde imaginaire qui se dresse sous ses pupilles pleines, celles qui s’abreuvent du message. essaye de rattraper l’enfance perdue, d’retrouver l’insouciance. l’innocence qu’elle a fait le choix de perdre. avec lui. avant. ternisse les traits, la tragédie. celle qui revient assaillir son inconscient, même si le temps passe. que les années estompent, cherche encore la grâce dans des myriades de mots. ne reste qu’une dernière page, titille la feuille différente des autres. plus crépue. l’index caresse tes mots avant même de les avoir lu. toi, l’anonyme. celui dont elle parle dans ses écrits, ceux qu’elle planque au fond d’un tiroir. essayant de te décrire, de t’inventer, de te connaître un peu. t’imagine brun un jour, blond, se demande souvent de quelle couleur sont tes yeux. est-ce qu’ils parlent eux aussi ? qu’est ce qu’ils disent de mieux que tes mots ? elle veut savoir dina, qui tu es. où tu es. qu’est ce que tu pourrais bien aimer chez elle. si elle te plairait dans la réalité. celle que tu provoques là, l’oblige à revenir à elle. à exister dans c’foutu hôtel, dans c’maudit corps encore abîmé. frustrée, le doigt ripe, relâche le bout de papier. se tourne l’oval, vers la voix qui l’appelle. fronce légèrement les sourcils, referme le livre instantanément. - c’est pas mon livre préféré. replace une mèche derrière l’oreille, les azurs qui se perdent sur la couverture. - t’avais rien d’mieux en stock pour l’approche ? arque le sourcil, détaille le comportement maladroit. sur la défensive, elle replique dina. pique avant qu’on l’a pique. éloigne pour ne pas avoir à s’accrocher. - y’a autre chose ou.. ? parce qu’elle veut le retrouver dina. veut savoir ce qu’il a écrit cette fois.