Tombe la nuit sur Boston. Elle se fait noire. Opaque. Presque sans étoile. Le silence lui aussi, est épais. Seul le brusque bruit de moteur vient déranger cette sérénité irréelle. Sur la moto, file les deux ombres. Délaisse la ville pour se perdre dans la nature. Autre dimension. Loin de la bruyante Cambridge. Secret enfouie dans sa tête, Scott fait l’impasse sur ses cachoteries. Emmène la veuve noire dans un de ses jardins secrets. Une petite maison au bord du lac que son grand-père maternel lui avait offert. Rien que ça. Un endroit où il pourrait décompresser. S’adonner à toute sorte d’activité. Surprenant venant de l’étudiant qui passe ses week-ends en soirées. Après une bonne demi-heure de moto, cette dernière s’immobilise. Arrête les âmes près de ce havre. Lumineuse est la lune. Sur l’eau sombre, elle fait face à son reflet argent. Les pieds au sol, il retire son casque. Tourne son profil vers la blonde. « Pas trop froid ? »

REFLET ARGENT @Scott Guerin   — Le manque. T'avais jamais ressenti ça. Penser à un homme, t'avais jamais ressenti ça. Deux jours et tu as aussitôt envie de le revoir. L'ombre. Ce diable pas si démoniaque qu'il en donne l'air. Petit à petit, le puzzle se forme. Le voile tombe. Vas-tu découvrir un être totalement opposé à l'image qu'il laisse voir ? Où t'emmène-t-il ? Secret qu'il gardera jusqu'au bout. Tu le sais. À l'arrière de sa moto, casque sur la tête, ton esprit divague. Pense. Cherche. Son corps est tout chaud. Tes bras l'encerclent par la taille, serrent ton étreinte, toi si petite, tu risques de t'envoler. Paupières fermées. Le froid te mord un tout petit peu la peau, mais c'est si bon. Si bon de ressentir sa chaleur t'envelopper malgré tout. Profite de ce silence, sourire intense. Après une demi-heure, la moto s'arrête, tes cils s'élèvent découvrant le secret. Ce havre de paix. Tu descends. Retire le casque, secoue les cheveux dans le vent. Iris qui se plantent sur le lac, reflet de la lune argent. — Un petit peu, mais ça ira. Quel est cet endroit ? Lui qui est si habitué aux soirées folles, au brouhaha... Tu déposes le casque sur la moto, un pas lent, puis deux dans sa détection. À sa hauteur, doigts qui agrippent les deux bords de sa veste, tire légèrement. — Qui es-tu ? Petit diable pas si diabolique. Voix douce, petit rire. — Pourquoi cet endroit ? Ça te plaît. Ça te plaît grave. Les yeux brillants.

Derrière lui, le poids s’allège. La blonde s’échappe pour ne laisser qu’un vide glacial. A son tour, l’ombre descend de la moto. Retire son casque lorsqu’il est soudainement attiré par elle. Sur son col, s’accroche ses mains. L’amène à lui. « Petit ? » Le bras en suspend, le casque pend encore au bout. S’abaissant vers elle, il pénètre son regard. « T’parles de toi là ? » Passe l’éclat argenté dans ses billes vertes. « Tu voulais une colline. Et moi j’ai mieux. » Mieux qu’un endroit vendu aux intempéries. Un endroit isolé du monde et de sa folie. Gestuelle délicate. Il caresse le bas de ses lèvres de son pouce. Tire une seule fois dessus, avant de quitter son emprise. Contourne la blonde. Appose ses paumes sur ses épaules pour faire glisser le sac qu’elle a bien voulue porter. Une fois en main, il s’avance vers l’entrée. Fouille dans ses poches pour en sortir un trousseau de clé. Enfoncé dans la serrure, il la fait tourner. Ouvre la porte sur son monde. L’intérieur est simple. A droite, un lit fait face à la grande baie vitrée dont il s’empresse d’aller ouvrir les volets, après avoir abandonné ses affaires. Tandis qu’à gauche, une simple kitchenette. Un peu plus loin, une porte donne accès à une salle de bain. Simple, mais il a conscience Scott, de la chance qu’il a. De posséder un bien. A son nom. Pas au nom d’un membre de sa famille. « Fais comme chez toi. »

REFLET ARGENT @Scott Guerin   — Regard taillé dans le sien, le garçon se baisse pour rappeler ta petite taille. Lorsque son pouce tire doucement contre ta lèvre, t'es à deux d'entrouvrir les lèvres pour lui mordre le doigt. — Et t'aimes ça Scott. T'as un faible pour les petites tailles. Index qui vient appuyer le bout de son nez, le pousse en arrière. Tourne la tête pour aborder une mine boudeuse. C'est peut-être pour ta taille qu'il a un faible en fait, non ? Non. Secoue la tête rapidement pour chasser cette ridicule pensée. Pas qui suivent le garçon, pénètre dans cette maison qui à première vue, semble respirer la fraîcheur. La paix. La sérénité. Lui aussi possède cette simplicité qu'il tente d'étouffer ? Tu défais tes lacets, retire tes chaussures pour imprégner tes marques de pieds sur ce sol un peu froid. Bras croisés derrière le dos, tu déambules jusqu'à la baie vitrée qu'il vient d'ouvrir. — Cet endroit ne ressemble pas au Scott de la ville. De son environnement habituel. Donc, toi aussi, tu possèdes une part de simplicité que tu tentes de cacher ? Duo presque parfait. L'ombre et son ouragan, la rose et son pistil. Regard mielleux vers la lune. Songe qui prend forme sur ce lac. — Viens-tu de me faire entrer dans ton jardin secret ? Glisse ton regard dans le sien. Sourire beaucoup plus attendrit par ce cadre si naturel. Tu t'y sens bien Julia. — Quelqu'un d'autre connaît ton petit secret ? Question beaucoup plus intéressante. Une part de toi souhaite entendre que t'es chanceuse. Et tu ne sais pas pourquoi ton myocarde s'affole d'un coup. Pour le coup, tu détournes le regard, perds tes prunelles n'importe où, ne te montres pas trop insistante Julia. Trop intéressée...

«ça t’plairais que j’te dise oui. » Lancer dans l’air, les mots flottent dans son sillage. La délaissant, l’ombre s’avance pour ouvrir la porte. A l’intérieur, il s’occupe. Ouvre les volets pour laisser les rayons lunaires baigner la pièce, avant d’enfin se diriger vers la cuisine. Sac ouvert, il en extirpe une bouteille et des pizzas à faire au four. Œil attiré. Vers elle. Elle qui dont les pas pèsent à peine sur le sol. Dos à lui, il en observe la silhouette. Julia face à la lune. Veuve noire effacée. « Déçu ? » A l’œuvre, il fait préchauffer le four. Range la bouteille au frai. Montre une facette de lui plus avenante. Moins égocentrique. Et il n’en a pas conscience Scott, car surement, ferait-il marche arrière. Question ignorée. Noyé par la seconde. Il n’a jamais emmené Lena ici, pas parce qu’il ne le voulait. Non. Seulement, leur prise de tête incessante lui en avait fait oublier l’existence. Les émeraudes figées sur elle, il la découvre presque intimidée. A se détourner de lui. A le fuir. En mouvement l’ombre. D’elle, il s’approche. Comble le silence. Ses pas. A sa hauteur, il fait doucement pivoter le visage de la jeune femme vers lui. « T’aimerais que j’te dise que t’es la seule ? » Ses doigts quittent son visage.

REFLET ARGENT @Scott Guerin   — Scott ou l'art de retourner la situation pour ne pas avoir à répondre aux questions. Un rire s'échappe entre tes lèvres. Ombre qui a vraiment du mal à se confier. Mais tu sais Julia, qu'avec le temps, et de la patience, tu réussiras à percer le mystère. — Pourquoi je serais déçue ? Au contraire, je suis touchée par la confiance que tu me portes en me laissant découvrir cet autre part de toi. Parce que c'est ce qu'il est en train de faire Scott, sans même s'en rendre compte, il franchit un pas. T'accorde un peu de confiance et tu sais que ce n'est pas dans ses habitudes. T'aimes creuser, t'y peux rien et c'est un grand challenge face à ce mur coriace. Mais l'ombre en action, s'approche et tandis que tu fuis son regard, il le rattrape aussitôt. T'obliges à lever les cils vers lui. À le regarder dans les yeux. À t'y perdre un instant dans leurs clartés sans failles. Ses yeux vastes, forteresses contre la mort... Silence. — mh. Mot sortie à la hâte. Hypnotisée. Trop tard pour te rettraper. Index que tu poses contre ses lèvres. — Shh... Tu ne veux pas savoir finalement. Tant pis. Tant pis si tu n'es pas si unique Julia. Retire ton doigt, le glisse dans tes cheveux alors que tu contournes l'ombre pour aller vers la kitchenette. — Ça commence à sentir trop bon par ici ! Carapace qui se referme. Tu t'installes sur le petit plan de travail pour contempler cette pizza qui se prépare à être dégusté. Rien que pour votre plaisir. — Ne m'demande pas de t'aider parce que je risque de foutre la merde dans cette cuisine. À ses risques et périls. À moins qu'il te montre. Qu'il te guide.

Elle se dérobe à lui. Prononce des sons qui ne sont pas des mots. Le doigts sur ses lippes, elle lui impose le silence pour finalement s’éloigner. Quitter l’incertaine Julia pour redevenir la souriante. Prunelles sur son âme. Il se dirige vers l’endroit où elle se trouve, tout en se faisant la réflexion de son instabilité à elle. Simple. Folle. Veuve noire. Combien de version d’elle existe-t-il ? Et où est passé celle qu’il avait rencontré quelques semaines plus tôt ? Quand alors, il n’appartenait qu’à Lena. Elle qui a laissé sa marque.   « Ah ouais » Il se moque le brun. Sort deux verres simple d’un placard pour le moment où il sortirait la bouteille de bourbon. Pas un alcool forcément apprécié par les étudiantes, mais c’était tout ce qu’il avait trouvé. Coup d’œil balancé au four, il finit par se positionner derrière elle. « La cuisine. Le ski .. » Main passée dans sa chevelure, il effleure sa nuque. « T’es différente. » Moins sûr d’elle. A plaisante sur sa personne. A se dénigrer sans même en avoir conscience. Légèrement, l’ombre tire sur ses cheveux. La fait un peu arquer, avant de s’abaisser pour murmurer contre son oreille : « Elle est passée où la meuf qui s’descend pas ? » Relâche la pression exercée. S’éloigne d’elle pour reprendre son rôle comme si de rien n’était. Sort du four la pizza enfin prête.

REFLET ARGENT @Scott Guerin Julia, si même toi n'arrives pas à savoir quelle version de toi est la bonne, comment les autres pourraient le savoir ? De nouveau, le garçon réduit à néant votre proximité, tire sur ta crinière pour pouvoir te susurrer à l'oreille. Chaque mot qui en sort t'arrache un sourire. Cette Julia, dont il parle, n'a pas disparu. Ô que non. Cette Julia qui chaque jour, par cette même envie, de toujours tout gagner, à n’importe quel prix. Et tout au fond d'elle, cette lionne qui rugit, va fondre sur sa proie, ne disparaîtra jamais. Alors tu penches suffisamment la tête pour que tes dents s'accrochent sur le derme de son menton. Breve morsure pour rappeler à l'ordre. Rien de bien méchant. — Elle fait une trêve ce soir, dans le but de connaître presque tous tes secrets. Parce que tu sais qu'il pourrait se retenir, si la Julia trop sûre d'elle sortait de l'obscurité. — Mais je retiens qu'elle t'a tellement marqué, que depuis, tu ne cesses de penser à elle. Julia, version folle, tu te dresses sur le plan et lorsque l'ombre dépose le plateau de pizza, tu t'élances dans les airs, saute sur son dos et rapidement croises tes jambes autour de sa taille. Prise d'otage de la veuve noire. — Je sais que je suis la première. Et en tant que première, j'exige d'avoir le copyright. Paume qui agrippe sauvagement ses cheveux. — Tu n'as pas intérêt à refuser. Tu n'as pas l'choix, si tu veux qu'on continue de s'voir ! Vilain chantage. La veuve noire en action, n'est pas sérieuse, mais tu te plais à le laisser y croire.

Mordille ses canines. Provoque son derme. De sa hauteur, il est happé par les abîmes de ses orbes. D’elle pourtant, il s’éloigne pour approcher du four. En sortir le plateau, tout en écoutant ses paroles avec un sourire. Et il ne s’y attend pas Scott. A elle qui saute sur son dos. Estime avoir le pouvoir d’ordonner. Et il empli la pièce, le chantage. Réactif, le brun tire sur ses bras pour la maintenir et arracher sa prise. En quelques enjambée, il rejoint le lit où enfin, il s’assoit pour la forcer à le relâcher. Commençant à s’allonger, il délaisse ses mains. Positionne les siennes sur ses côtes qu’il martyrise. Chatouille. « Qu’est-c’qui t’fais croire que t’es la première ? »  Après plusieurs secondes de bataille, il y arrive enfin. A la faire lâcher prise. Aussi, avant qu’elle ne reprenne le dessus, il se retourne dans une manœuvre rapide. La domine. Plaque ses mains au-dessus de sa tête. Et seulement après, il la nargue. Flirt entre la vérité et le mensonge. « Qui t’dis que j’en ai pas amené d’autre ? » Narquois est son sourire. « Que j’en ai pas baisé juste là. A ta place. »

REFLET ARGENT @Scott Guerin Accrocher sur son dos, telle une sangsue, tu resserres un peu plus ton étreinte. Enveloppe l'ombre de ton aura maléfique. Tes lèvres ne peuvent voiler l’expression particulièrement mutine qui te ronge les joues. Mais c'est sans compter sur l'idée subliminale du garçon pour te faire abandonner toute épreuve. Il s'assoit, t'allonges sous son poids musculaire. T'es déjà si petite Julia. Mais alors avec les chatouilles, tu commences à gesticuler dans tous les sens. Plissant aussitôt le drap sous tes éclats de rires. — Non. Arrête. C'est de la triche-là ! Comme une onde propagée par un mouvement porté avec la délicatesse la plus exquise, l'ombre pivote et à son tour, te prend en otage entre le lit et son corps. Ses mots qui te narguent, qui te piquent, tu sais qu'il joue, qu'il te teste. Qu'il veut voir une lueur de jalousie briller à travers tes deux billes. Peut-être que c'est le cas, peut-être que tu n'aimerais pas que ce soit vrai et que ça gâcherait ce moment presque parfait. Mais c'est mal te connaître s'il te croit capable d'abandonner aussi vite. Tes jambes s'élèvent et entourent de nouveau sa taille. Tes paumes agrippent sa chemise et dans un mouvement brusque, regroupant toutes tes forces, tu inverses les positions. Te voilà à présent au-dessus de l'ombre. — Parce qu'il n'y a absolument rien qui prouve que t'en as ramené une autre. Que t'en as baisé une sur ce lit. Parce que je connais ce regard, lorsque tu cherches juste à me narguer. À vouloir laisser le doute envahir mon esprit. Ton index et ton pouce s'accrochent de nouveau à son menton, lui relève légèrement la tête et ce sont tes lèvres qui viennent caresser tendrement les siennes. Souffle qui s'entremêlent. — Je suis celle qui t'embrasse sur ce lit... Et qu'importe s'il en a baisé une ici. C'est toi. Toi qui changes la donne cette fois. Glisse furtivement le long de son corps pour le quitter. Le laisser sur sa faim. Tes pas traînent jusqu'à la pizza et tu te saisis d'une part pour en croquer un bout.