Assise à cette table, dernière gorgée de mon verre que je descends. Liqueur anesthésiante, celle qui m’aide à rendre ce rôle moins contraignant. Celle de la poupée factice, m’embellir de ces perfections qui n’existent pas. Dans mes derniers éclats de rire, fond de fausse note qui résonne. Tu l’entends pas, t’es trop occupé à faire danser ton regard entre mes yeux et mon décolleté. Tu veux me vendre ta marque, tu voudrais que je te vende mon corps ce soir, dans les illusions de tes compliments intéressés. - Merci mais ça va pas le faire.. sèchement. Je marque la fin de l’entretient, la proposition ne m’intéresse pas. Et j’ai plus envie de mentir maintenant, juste besoin de rentrer chez moi. - Bonne soirée. billets balancés sur le comptoir avec nonchalance, chaise que je fais grincer en me levant. Nuit ennuyeuse, rien d’enivrants, rien d’excitant. Rien pour éveiller un peu l’âme caveau qui dort encore. Pas précipités vers la sortie, pas le temps d’y parvenir qu’on me bouscule. Je perds l’équilibre sur mes talons hauts. Manquait plus qu’ça, comme si ma soirée n’était pas assez minable. - putain ! que je grogne, les yeux vers la main qui se tends. que j’ignore au passage pour me relever toute seule. - Trop demander de regarder devant toi ? que je balance, réajustant ma robe, l’a faisant glisser le long de mes cuisses avant de lever les yeux vers toi. pause. le cerveau fume, le coeur s’emballe. Le temps de quelques secondes j’ai l’impression de redevenir cette gamine que t’as faite rêver un jour. Qui t’as crue un jour. Cette ado faible que j’deteste, celle que t’as trop facilement manipulée. - Tu devais être occupé à répondre à un d’tes plans culs du jour. le côté robotique qui reprend sa place. Barrière qui se reforme quasi automatiquement, affiche un sourire mensonger sur les lippes avant de lâcher un soupire. de tourner les talons pour reprendre ma fuite. tout sauf toi ce soir.

C'est au moment de lui tendre la main, que j'aperçois qui elle est. J'essaye au maximum de rester statique comme si rien d'elle pouvait m'atteindre, me perturber ou me faire perdre pied. Je la regarde avec insistance tandis qu'elle décide de se relever seule. Dans ma tête je lancer les paris, j'étais quasiment sûr qu'elle allait m'envoyer chier, et vu que je suis un putain de veinard ça n'a pas loupé. Je la voit glisser sa robe le long de ses cuisses et à ce moment mon coeur s'emballe, elle est littéralement encore plus belle en vraie. Mais faudrait me couper les jambes pour que ces mots puissent s'extirper de ma bouche. Dès que nos regards se croisent je décide de pas tourner le mien, aucun geste de faiblesse ne devait s'échapper de mon corps, encore moins face à elle. Lui montrer qu'elle peut m'atteindre ferait de moi un homme mort. Un plaisir de te voir en chair et en os, Azur Beaudelaire.
Je finis par la connaître maintenant, toujours un mot gentil, une attention. Toujours un sourire aimable, et une convivialité monstrueuse. Bien évidemment, c'est utopique. Joie et chaleur ne rime aucunement avec elle. Avant même de finir ma phrase je la voit limite s'enfuir, mais si elle croit réellement que cette altercation allait se finir comme cela, c'est qu'elle me connaît absolument pas. Au même moment, où elle passe à côté pour se diriger vers la porte, je m'élance vers elle afin de la retenir par le bras et l'amener avec moi en dehors du bar pour éviter toutes les esclandres qu'elle peut me faire en public. Pendant cinq secondes je la fixait bêtement sans même montrer une seule émotion, mais putain ce qu'elle pouvait être belle. Brune aux yeux vert, elle possède un charme que je vois rarement chez les femmes, enfin que je n'ai jamais vu en réalité, sauf une fois. Azur, tu veux pas profiter de cette rencontre pour me dire toutes tes gentillesses en face à face ? Tu préfères fuir, c'est pas très classe.
Encore une fois, mon côté connard prenait le dessus, mais je voulais tout sauf qu'elle se doute de quoi que ce soit. De toute façon je suis rien pour elle, donc ça ne changera rien.