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@mergui de borbon

« Mais je te le dis bébé, c’est bien comme ça, » scande une voix râleuse, alors que les doigts manucurés s’empressent de déboutonner à nouveau la chemise. Elle paraît fière et satisfaite, Reina, observe la moue exaspérée de son amant, qui, encore une fois, se demande bien pourquoi il a accepté ça. Cette mission. Ce mec. Mergui. Il le tape sur le système, ce sale gosse. Il est son opposé, après tout. Un rebelle qui l’affiche ouvertement, ne semble pas avoir peur des conséquences, comme si le monde tournait uniquement autour de lui. Impossible de l’apprécier, pourtant il n’a pas pu refuser son défi. Mépris entremêlé à une curiosité maladive, le prince est un mystère. Malgré lui, il a besoin de lui prouver qu’il lui est supérieur, peut-être est-ce là une habitude de dominer autrui. « Eh bah dis un truc, » ajoute la jolie blonde, boudeuse. « J’ai l’impression d’être un surfeur, » grommelle Emir, alors qu’il rentre les pans de sa chemise et aplatit les manches. « C’est mieux, » qu’il continue, toujours dans un souffle agacé. C’est jamais trop ouvert. J’aime bien, reste comme ça. Pourquoi écouter son conseil, d’ailleurs ? Il balaye le songe, se tourne vers Reina, qui a déjà sorti son téléphone. Douce journaliste aux méthodes sournoises, leur relation est un secret, tout autant que leur but initial, l’illégalité pour le pouvoir. « J’vais mettre la photo sur mon instagram- » à peine commence-t-elle qu’il s’approche soudainement et la main saisit les joues, geste sec et brutal, avant de redresser son visage vers lui. Regard impétueux s’insinue dans le sien, perplexe, il déclare d’un ton glacial : « Tu as oublié notre deal, Reina ? » Elle secoue la tête et après un silence, il la lâche délicatement, muni d’un faible rictus. Il est temps d’y aller, au vu du message tant attendu. Aussitôt, il note ce qu’il doit faire mentalement. Empêcher son altesse de sortir les crocs, recueillir quelques informations si l’occasion se présente, ne pas se faire avoir dans cet endroit. Check. Le voilà arrivé dans la rue et soudainement, il se sent bête. Et si c’était une blague ? Et si Mergui lui pose un lapin, juste pour l’emmerder ? Pendant un court instant, il est tenté de lui envoyer un message pour lui demander de confirmer sa venue et à peine l’écran allumé qu’une voiture s’engouffre dans la ruelle. Sûrement qu’il aurait aimé qu’il le laisse là, au fond. Passer une soirée avec ce type. Puis quoi encore. Tout de même, il entre, armé de son expression austère pour ne pas changer, et se tourne vers… sa tenue. Silencieux aux premiers abords, il le regarde. Non, il le contemple. Tenue extravertie, perles autour du cou, peau à découvert, il dessine les contours de l’épiderme, puis réalise ce qu’il fait avant de redresser les pupilles dans les siennes, un peu irrité par son propre comportement. « Tu es sûr qu’on va à un stripclub ? On dirait qu’on va à un bar échangiste, » il détourne le regard, parce qu’il vaut mieux.

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@Emir Aslan

Tu viens juste de rentrer, on peut savoir où tu vas foutre ton nez encore ? interrogation récurrente, coutume presque mystique, acclimatée au chaos dantesque répandu par Mergui, la silhouette qui se tint appuyée à l’encadrement de porte le toisa, guettant le moindre geste qui pût répondre à sa question, puisque le silence déferlant les murs fut l’unique rétorque du prince. Tu vas vraiment sortir dans cette tenue ? assit au pied du lit, le corps dévoila plus de peau que ce que put l’exiger les traditions royales vieilles de plusieurs décennies, toutefois, à mille lieues de l’emprise monarchique, l’ange d'apparence abandonna les ailes de coton pour s’envelopper d’une provocation semblable à celle du diable. Geste latent, l’échine redressée, flasque dorée trouva sa place dans la poche intérieur de sa veste à l’instant où son mètre quatre-vingt se leva pour le jauger à son tour. Pupilles indolentes, regard empreint d’une neutralité sans faille, c’est dans la toute puissance de son indifférence carnassière que résida l’entière opposé nébuleux entre celui qu’il fut à l’écrit, bavard, presque amical, à celui qu’il fut en réalité, cette roche engloutit par la glace, cousu d’un métal imperméable. Le filtre d’une cigarette glissée aux commissures jusqu’alors muettes, il se saisit de son trousseau de clés et fit front à son cousin, bouge, aussitôt l’ordre fendit l’air, le chemin lui fut ouvert et Mergui put déguerpir de sa nonchalance indéfectible. Au volant de sa rolls, l’héritier sillonna les routes, l'œil attentif sur le gps j’au terminus où, contre toute attente, Emir l’attendit déjà. À la seconde où ce dernier prit place dans la phantom, il eût désiré contacter Deniz pour lui soumettre ô combien ses bras lui semblèrent peser le poids du monde, un monde qui en l’instant parut le couler dans l’abysse stellaire du trou noir. Collision des pupilles remit l’esprit à sa place, au même titre que les mots qui accablèrent l’atmosphère déjà tendue. Si tu veux être aigri, sois aigri sur l’trottoir, je t’ai pas invité pour t’entendre râler alors si tu décides de rester, t’essaies de faire un effort, sinon tu sors de ma gova, t’as dix secondes pour faire un choix, le ton impartial, pas une once d’animosité, Mergui se contenta de dire les choses et laissa à Emir la possibilité de s’en aller, maintenant ou jamais. Dix secondes, ce fut le temps suffisant pour troquer sa cigarette contre l’étui métallique qu’il trouva dans l’écrin central qui sépara leur deux sièges. Nicotine enterrée, besoin viscéral de plus, il alluma dès lors un cône épais, geste qui le conduisit à ouvrir la fenêtre pour épargner la nébuleuse puissante du cannabis à son vis à vis. Les dix secondes sont écoulées, annonça-t-il en démarrant le véhicule. Boucles d’or chancelèrent sous la risée nocturne, l’iris s’accorda à vaciller entre la route et le rétroviseur central tandis que les doigts renfrognés, enserrèrent le volant et alors qu’il put s’offusquer de constater que son cousin l’eut suivi jusque-là, il y vit d’abord l’opportunité d’en apprendre davantage sur l’énigme insondable qui fut assise à côté de lui, sur une échelle de un à dix, ton rapport avec la vitesse se situe à combien ? sans doute à huit, comme tout le monde, toutefois peut-être un peu moins sur une route limitée à 50.

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@mergui de borbon

C’est pas un Rubik’s cube, qu’avait rétorqué sa mère, fervente défenseuse du prince. Non, effectivement, il n’en est pas un. Parce qu’il l’aurait déjà décrypté et résolu. Il est bien plus que ça, Mergui. L’altesse rebelle a quelque chose de plus nuancé, de plus profond et il ne saurait dire quoi exactement : peut-être est-ce là la cause de leur défi. Dans cette tenue immaculée, muni d’un air indéchiffrable, il arbore une forteresse de glace et soudainement, il réalise qu’il n’est plus ce sale gamin. Il y a là de la maturité à en crever, une prestance à en couper le souffle, il emmerde la monarchie, pourtant là dans cette voiture, il s’enveloppe de majestuosité. Pensées gardées secrètes, impossible de les rendre réelles, il les engouffre dans un coin de son cerveau et enferme ces songes à double tour, ce n’est qu’un sale gosse, Emir. La tension ricoche dans l’automobile, face à l’avertissement, il secoue brièvement la tête, agacé et sûrement pour ne pas rentrer dans son jeu, il demeure silencieux. Les pupilles s’attardent un instant sur le joint entre ses doigts et durant un moment, il fait face à une réflexion qu’il espère absurde : et s’il se fournissait chez eux ? Légère panique qui monte, aussitôt éteinte, il se rassure. Les riches ont des dealers de la haute. Oui, c’est probablement ça. Dix secondes écoulées, le moteur vrombit, une question tombe ; imprévisibilité au menu bien sûr. La malice teinte ses iris, un léger rictus se forme et finalement, il daigne de le regarder, amusé. « C’est à toi de me le faire découvrir, Mergui, » qu’il répond. Il ajoute, dans une voix basse, se ressemblant à un souffle mielleux : « Montre-moi ton rapport avec la vitesse et peut-être que je verrai quelles sont mes limites, hm ? » Commissures qui se redressent encore quelque peu, pour former un sourire en coin, il comprend alors qu’il est une question de défi, une fois de plus ; après tout, il veut jouer et ce qu’aime Emir, plus que le pouvoir, c’est de gagner.

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@Emir Aslan

Là, maintenant, la soirée débuta enfin. Lorsque la lune dévoila ses sombres fossettes, lorsque les novas étincelèrent et papillonnèrent dans les cieux tels d’éblouissants stroboscopes, lorsque le jeu se mêla à la frénésie des secondes, la vie prit sens, son existence aussi. Les mots d’Emir furent les derniers, Mergui ne chercha pas à le dissuader. Regard bref mais irrévocable dans le rétroviseur, il siffla sa nébuleuse d’un air résolu et démarra la rolls. Le moteur vrombit, ronronna son luxe lorsque le mode sport fut activé et tandis que le danger fit vibrer pupilles et carrosserie, le cœur lui, resta inerte, indifférent face à la fatalité. Soudain, le pied tomba brutalement sur l’accélérateur et la furie aux commandes partit en trombe. Dans le sang bleu, l’adrénaline n’exista plus, sensation évanouie par d’autres, il délaissa son joint dans le cendrier et souligna son imprudente insensibilité en débouclant sa ceinture. Iris indolentes jetèrent des œillades dans les rétros lorsqu’il s’engagea dans le centre, parasite indésirable suivit le cours d’une course effrénée et Mergui fut bien décidé à le semer. Voie limitée à 50, le compteur de vitesse intima le double, toutefois jamais assez pour se défaire de cette fâcheuse implication familiale qui sembla ne jamais vouloir le quitter où qu’il aille, le pied força davantage le danger et l’allure déjà indécente, s’accentua férocement. La phantom doubla les véhicules en circulation, certains prit au dépourvu se déportèrent dangereusement. Rien, non rien ne put l’arrêter, le dos enfoncé dans son siège, les yeux vissés sur la route, il fit grimper le compteur à la vision d’un feu tricolore, cependant là encore, le code de la route ne put rien contre sa témérité. Alors que Mergui grilla le feu rouge, dans le rétroviseur, il vit son cousin s'octroyer le même pouvoir avant de freiner pour s’épargner une collision inopinée. La cacophonie des klaxons laissa deviner que ce dernier ne put empêcher l’accident, toutefois le prince ne marqua pas l’arrêt, à la place, il sortit le bras par la fenêtre et tendit son majeur à celui qui fut victime d’un jeu auquel Mergui eut déjà trop joué pour essuyer l’échec. Aussitôt, son téléphone accroché au bras central sonna et son propriétaire décrocha, merde à quoi tu joues, c’était quoi ça ? le ton sévère, son cousin parut furieux. Habitue-toi à me regarder gagner parce qu’à chaque fois que tu joueras avec moi, l’issue sera toujours celle-là, déclara-t-il machinalement, envenimant davantage la colère impétueuse de son interlocuteur, t’es un grand malade, t’aurais pu tuer des gens, pire, t’aurais pu me tuer pendejo ! les dires débités, Mergui inclina la tête, signe évident qu’il attendit de son cousin, une fin de phrase qui n’arriva jamais, oui, et ? oui et… parce qu’il n’en eût rien à faire, les conséquences furent une futilité qui lui sembla infime, à mille lieues de le toucher. Face à la neutralité de glace, son aîné raccrocha. Une poignée de minutes s’écoulèrent finalement avant qu’ils n’arrivent à destination, le terminus tant attendu. Dans un ultime excès, Mergui fit crisser violemment les pneus de la rolls qu’il gara à l’abord du trottoir, près de l’entrée du club où une file s’étendit sur les pavés, maintenu dehors par deux imposants vigiles. Maintenant qu’on est là j’dois t’avouer un truc, dit-il lorsque le moteur brûlant marqua l’arrêt, on est pas invité, qu’il confessa avant de sortir du véhicule. Mergui n'eût jamais été invité où que ce soit puisque jugé trop bizarre, cependant, il se permit de s’inviter lui-même, affirmant qu’une soirée n’en fut pas vraiment une s’il n’y mit pas le nez. Ainsi, il intima à Emir de le suivre et une liasse de billets plus tard, les vigiles leur cédèrent l’entrée. À l’intérieur, la furie ralluma son joint, toisant d’un oeil neutre les alentours avant d'enclencher le pas vers le bar, allez viens, j’t’offre un verre, dit-il, sans se douter qu’un verre ne fut pas suffisant pour astreindre le chaos à venir.

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@mergui de borbon

Humanité presque éteinte depuis qu’il flirte avec le danger, ravivée de rares fois, il réalise qu’il ne connaît aucunement toutes les facettes du risque. Peut-être est-ce parce qu’il se barricade derrière des faux-semblants pour atteindre ses objectifs, aujourd’hui, il baigne dans l’adrénaline à peine l’automobile élancée. Le moteur rugit, le paysage devient une peinture abstraite et dès lors, tous ses sens sont mis en alerte. Le cœur bat, tambourine dans la cage thoracique, pourtant aucune douleur à déplorer. Jamais il n'aura ressenti une chose pareille, jamais, car toutes les fois où l’organe se déchaînait, c’était à cause de sa maladie. Mais ce soir, l’euphorie s’empare de lui, de sa logique, elle qui, là tout de suite, semble prendre la malle. D’un rapide coup d’œil qu’il tend à son chauffeur, il le voit, ce démon dont tout le monde parle. Soudainement, il n’a plus l’air d’un ange déchu, non, le diable se trouve à ses côtés et il s’en veut à cet instant. Parce que, merde, il adore ça. La voiture se faufile, défie toutes les lois et lentement, il prend soin de descendre la fenêtre, laissant ses doigts glisser jusqu’à ce que l’air frais s’abatte sur son épiderme. Sans qu’il ne s’en aperçoive, son visage se détend. Traits durcis s’affaissent, commissures serrées se détendent dans un sourire sincère, il se sent vivant. Ils pourraient perdre le contrôle, s’entrechoquer sur l’automobile de quelqu’un d’autre, crever comme des moins que rien sur la route, à baigner dans leur propre sang ; mais là, Emir a décidé de laisser tomber la raisonnabilité. Rien de tout ça importe. Soudain, ce sont les klaxons effrénés derrière eux qui le sort de sa transe et par-dessus son épaule, il observe. Les lèvres ouvertes, prêt à questionner Mergui, la sonnerie du téléphone et plus rapide. Dans un silence, il écoute, comprend alors qu’il s’agit de là de quelqu’un de proche de lui qui les semait. Pourquoi n’a-t-il absolument rien remarqué ? C’est vrai ça, lui qui observe le monde entier, pourquoi s’est-il enfermé dans leur bulle ?
Il réalise son erreur, réalise désormais tout ce qu’il vient de vivre et aussitôt, il isole ces émotions dans une boîte bien scellée. Non. Surtout pas. Il ne peut pas la rouvrir. D’une oreille attentive, il peine à entendre les paroles de l’autre côté, néanmoins il souligne la colère de son interlocuteur. Finalement, ils s’arrêtent devant l’endroit et prêt à ouvrir la portière, il se tourne vers lui. Surpris, il prend enfin la parole. « J’imagine que ça change rien, » qu’il réplique dans un souffle agacé, alors qu’il le suit. Il doit le surveiller. Le tenir loin des problèmes. Commence alors la surveillance, tandis qu’ils entrent, grâce à de belles liasses. « Je bois pas, » refuse-t-il, la raison officieuse : il n’aime pas ça, la réelle : il a juste un cœur de lâche. Toutefois il s’approche du comptoir et se commande un cocktail sans alcool, il ne parvient pas à veiller sur ce beau monde, à la place, il contemple de nouveau Mergui. « ‘Parce qu’à chaque fois que tu joueras avec moi, l’issue sera toujours celle-là’… » répète-t-il, à présent un peu plus proche de lui, adossé sur le rebord. La tête penchée, amusé, il continue. « Tu as toujours des méthodes extrêmes pour arriver à la victoire, je me trompe ? T’échapper en provoquant un accident… débarquer ici sans invitation parce que tu le sais, dans le fond, personne ne dit rien à quelqu’un comme toi… » Petite pause, il dépose ses billets et attrape le verre avant de remonter les iris sur lui. « C’est impressionnant, mais ce sera jamais suffisant avec moi, Mergui. C’était un beau spectacle, toutefois… tu seras le perdant cette fois, » petite piqûre de rappel, mine faussement agréable, quoi de mieux que de porter ce masque, fissuré par la provocation. A peine arrivé et c’est ce qu’il fait, le titiller.

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@Emir Aslan

Lumières tamisées, artifices éphémères, néons roses et violets se mélangèrent aux musiques ambiantes, à l’atmosphère légère, silhouettes félines rôdèrent autour de la barre de pole-dance, corps dénudés sur lesquels nombreuses paires d’yeux furent vissées, Mergui lui, laissa le pacifique abyssal de ses iris divaguer sur les étiquettes des bouteilles qui longèrent les étagères du bar. En quête d’un alcool puissant, suffisamment pour faire tourner le monde autour, pour faire vaciller les gens, il écouta d’une oreille les mots qui découlèrent des lèvres d’Emir. Des mots, c’est tout ce qu’ils furent, rien de plus, juste des mots assimilés à un sens qui parut certain à son vis à vis, pourtant un détail sembla échapper à celui-ci, un détail conséquent. Le prince resta alors silencieux, désignant d’un seul regard la bouteille de vodka. Pupilles inertes observèrent le nectar opaline pleuvoir au fond du verre qui lui fut servi et c’est alors sans l’ombre d’une oeillade à son homologue, qu’il lui offrit la vérité nue, c’est là où tu te trompes, dit-il d’abord, tel un aveu machinal qui n’eut pas la moindre importance. La victoire ne m’intéresse pas, sois lucide Emir, réfléchis un peu mieux que ça, si j’étais si sûr de gagner, tu crois sincèrement que je t’aurai donné un gage pareil ? si telle fut son analyse sur lui alors son vis à vis fit erreur, toutefois, le prince le renseigna davantage, c’est le jeu qui m’intéresse, le reste j’en ai rien à foutre. Sous la confession, l’étudiant siffla sa nébuleuse et pour taire le goût amer du quelqu’un comme toi, il porta sa boisson à ses lèvres. Breuvage à l’opposé de celui qu’il apprécia à l’accoutumé, son joint termina sa course dans son verre. Terré dans son mutisme habituel, il jeta un regard par dessus son épaule, l’iris courut sur le décor, sur l’autour, sur les autres et mourut finalement sur Emir. Sans le moindre filtre, il dévisagea ses traits, sa carrure, son allure, les neurones brûlants traquant la plus infime piste, un détail, un seul, susceptible de lui révéler plus que ce que la bouche ne put dire. Tandis qu’il observa ouvertement son vis à vis, un bras lourd tomba sur ses épaules dans une accolade bourrue et inévitablement, indésirable. Je t’ai pas invité, j’savais que tu viendrais quand même, c’est qui ton pote ? demanda son camarade, l’air bien trop enjoué alors que le regard de Mergui resta cloué à cette main qui logea son épaule. Afin d’attirer l’attention, son ami le secoua de cette même paume, cherchant en vain une réponse à sa question, c’est vrai que t’es trop bizarre mais- mais rien, parce que l’hispanique se lassa d’en entendre plus. D’un geste brusque, il balaya la main de son épaule et alluma une cigarette, Emir, Ravee, les cordes vocales tressaillirent d’un ton nonchalant, présentations brèves à la suite desquelles il resta silencieux. Ah ouais, j’ai déjà entendu parler de toi Emir… Emir Aslan c’est ça ? t’es en droit non ? c’est bizarre, on t’a jamais vu avec B. avant, vous êtes devenus amis comme ça, du jour au lendemain ? bizarre fut le mot adéquat, le mot qui fit vaciller la tête de Mergui, assez pour chercher le regard de son voisin, assez pour attendre sagement la réponse, une réponse qui puisse rassasier les doutes, si t’as quelque chose à dire, c’est l’moment Emir.

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@mergui de borbon

C’est là où tu te trompes, sitôt que la déclaration dite dans un ton presque indifférent, Emir demeure taciturne. Un halo violet traverse l’épiderme laiteux de Mergui, traits qui semblent figés à jamais dans l’impassibilité. Deux fauves qui se jaugent, probablement est-ce ainsi de quoi ils ont l’air depuis hier. Tels deux animaux sauvages que l’on a laissé dans une cage, ils analysent, se toisent. Et il ne comprend pas pourquoi. Besoin irrépressible d’avoir une réponse à tout, le prince est un mystère et il se doit de le résoudre. Sûrement qu’il se serait vexé face à sa réponse, après tout, il gagne un point, l’altesse. Un, zéro… non, tout compte fait, il a bien hâte de gagner pour lui réserver sa pire semaine. Il prévoit déjà quelques ordres à donner, comme s’il s’imaginait déjà victorieux. Arrogance qu’il tente de balayer sous un tapis, c’est l’un de ses défauts qui le ramène souvent sur terre. Quoi de mieux que de rester neutre face à son discours, parce qu’il n’a pas envie de lui faire plaisir. « On verra si t’en auras rien à foutre dans quelques semaines, » seule réponse, accompagnée d’un sourire narquois.
De retour à sa mission, malgré lui, l’iris inspecte la foule, s’arrête sur des courbes masculines quelques secondes de trop, jusqu’à ce qu’une voix le sorte de sa réflexion. Personnage un peu grossier, du moins selon Emir, ce dernier le scrute de haut en bas, se remémorant alors de l’avertissement du prince. Ne pas avoir l’air d’un grand méchant loup. Il tente bien que mal d’être amical, mais il finit par vite abandonner. Bizarre, n’est-il pas censé être le populaire des campus ? Probablement qu’il s’est encore trompé, étrange sentiment qui le submerge, comme s’il comprenait qu’il avait tout faux. Mergui s’incruste et les gens dévisagent. Il n’est pas acclamé. Ni entouré par une grande bande d’amis, à rigoler. Faux sourire esquissé à l’encontre du dénommé Ravee, qui s’élance alors dans un discours quelque peu inquiétant. Des gens parlent de lui. Bien entendu, c’est un fait, beaucoup le font. Mais il ne peut s’empêcher d’être suspicieux et à peine que Mergui en rajoute, il s’exclame : « Oui, c’est bien moi. Je suis bien curieux de savoir ce qui se dit sur moi, Ravee, » au terme ‘ami’, il manque d’afficher un rictus déplaisant, mais se contient, l’expression toujours aussi froide et austère. Tout le monde le connait ainsi, pas besoin d’être excessivement sympathique, qu’il se dit. « On est pas vraiment amis, c’est simplement une connaissance que j’ai en commun avec quelqu’un. » Il penche la tête sur le côté, il est temps de passer un petit interrogatoire, il jubile intérieurement de pouvoir le faire juste en face du démon. « B ? D’où vient ce surnom ? C’est toi qui le lui as donné ? Vous me semblez être de très bons amis, » absolument pas, au vu de l’agacement de Mergui. Phrase teintée d’une légère provocation, comme à son habitude, il noie sa malice dans son verre, la terminant dores et déjà.

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@Emir Aslan

Réponse chétive, rétorque décevante, Mergui se contenta de ce que Emir eut donné, pas assez, mais suffisant pour le moment. Brume insufflée dans la lancée telle une bouffée d’oxygène, il fit tomber la cendre dans son verre sous l'œil désapprobateur de la barmaid. L’ouïe attentive, l’interrogation qui roula sur la langue de sa connaissance rendit Ravee bavard, trop bavard. Ah ça, non, ça vient de son frère, il parlait tout l’temps de Mergui en l’appelant B et c’est resté, il étudiait ici lui aussi avant le- euh avant, débita-t-il en ponctuant ses dires d’un regard empreint de pitié qui s’accrocha aux traits du principal concerné. L’étudiant lui, resta focalisé sur la cendre qui se dissolut dans son verre, à mille lieues d’éprouver l’envie de se mêler à la conversation menée par Ravee, discussion qui l’ennuya d’autant plus que cette manie à rester là, avec eux. Oh euh sinon tu sais les gens parlent beaucoup sur l’campus, on dit que t’es un mec mystérieux et l’plus souvent que tu fais un peu flipper, ricana celui-là, comme si ce qu’il vint de dire fut absurde à souhait. Mergui, prisonnier de lui-même, inocula une dernière fois sa nicotine et jeta le mégot dans son verre. Aussitôt, il extirpa son téléphone de la poche intérieur de sa veste et fit défiler ses notifications, en quête d’une soirée moins barbante, disons plutôt une soirée où Ravee ne fut pas, ailleurs qu’ici, loin de son hypocrisie outrageuse, à l’opposé de son manque cruel de respect. En tout cas j’trouve ça cool que quelqu’un comme toi traîne avec quelqu’un comme lui, enfin j’veux dire- bah tu vois, à nouveau, son rire grossier fit écho et immergea la raison à peine stable de Mergui qui, d’un geste lent, rangea son téléphone. Y’a plus d’ambiance au Colby club, on s’tire, déclara le prince, en proie à la fuite pour éviter une crise empoisonnée. Toutefois, il n’eut pas le temps d’amorcer le pas que Ravee lui saisit le bras, le sourire amical, tu vas pas t’en aller maintenant B., vous venez juste d’arriver, allez quoi, prenez au moins un dernier verre ! tenta-t-il pour les faire rester, cependant la décision fut scellée à l’instant même où l'héritier se pencha sur lui afin de lui murmurer quelque chose à l’oreille. Soudain, le sourire enjoué s’effaça du visage, le regard s’assombrit et d’un geste brusque, son camarade le poussa brusquement, suffisamment pour faire voler en éclats le collier de perle jusque-là suspendu autour du cou de Mergui. Les pupilles inertes observèrent le bijou se répandre sur le sol, au même titre que Ravee qui se ravisa de quelques pas de recul, écoute on a qu’à dire qu’on est quitte, tu devrais t’en aller maintenant. Trop tard, trop tard pour partir, trop tard pour y songer, il fut déjà loin, dans l’esprit cacophonique, la noirceur prit le dessus, dévorant la lucidité de ses crocs acérés. Les iris remontèrent doucement pour trouver ceux de celui qui, désormais, lui parut être l’ennemi, la cible à abattre, la proie du vice et d’un pas latent, il avança vers lui d’une impartialité telle, qu’elle fit reculer son camarade à chaque centimètres rompu. Écoute mec, c’est mon anniversaire, j’ai pas envie d’me battre, casse-toi ok ? Emir dis à ton pote de se calmer s’te plaît, lui et Deniz possédèrent peut-être le même sang, toutefois, le fils n’eut pas le pouvoir de sa mère, rien, ni personne, à part elle, ne put l’arrêter, ni maintenant, ni jamais.

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@mergui de borbon

Avant l’accident, sûrement. D’un hochement de tête, il souligne qu’il comprit où il voulait en venir. Alejo, prince héritier, dont le décès qui avait secoué le pays. Emir pose un bref regard sur le démon, se pose l’inévitable question : est-il encore affecté par sa disparation ? C’est son grand frère, probablement qu’il l’est, s’imagine-t-il. Est-ce la raison pour laquelle il offre chaos et poison à ceux qui le veulent ? Il s’attarde sur cette hypothèse, puis la balaie, avant de se focaliser à nouveau sur l’ami. Peu intéressant, lourdaud, un fils à papa, qui sait. Difficile d’écouter le reste, regard alors blasé posé sur lui. L’héritier crache soudainement son venin, souligne son mécontentement et aussitôt en marche qu’il s’arrête brusquement, arrêté par une poigne de main. L’iris s’attarde vivement dessus, Emir s’approche discrètement. Un mauvais pressentiment le submerge, les sens sont en alerte, il ne prend toujours pas la parole, cependant prêt à intervenir au moindre excès. Il peine à assimiler ce qu’il se passe que soudainement, les perles éclatent et jaillissent. Grossière erreur, remarque-t-il, il le sent dans ses entrailles, peut-être qu’il devrait intervenir, s’interposer, le saisir et s’en aller loin d’ici, il le devrait. Vraiment. Pourtant, il ne bouge pas. Vilaine curiosité s’entremêle avec la fourberie, jusqu’où irait-il pour déverser sa férocité ? Telle une proie lancée à un fauve, prêt à la démembrer pour l’engloutir, c’est ainsi qu’agit Mergui, le diable s’avance, murmure quelques paroles, provoque l’effroi de l’ami, aussitôt devenu pâle d’angoisse. Est-ce une menace, qu’il vient de lui susurrer ? La raison aurait dû le pousser bien plus tôt à s’avancer, mais Emir s’amuse, en viendrait presque à ricaner du spectacle qui lui est soumis. Le danger est proche, Ravee, pauvre lapin face au loup capable de sortir les crocs à tout moment. Signal d’alarme, il se remémore des paroles alléchantes de la majesté. Une immunité internationale. C’est vrai. Exaspéré de devoir remettre son masque d’homme droit et juste, il redresse les épaules, endosse son meilleur rôle, comédien né, le petit gangster. Ce dernier se place devant Mergui, glisse une main sur son torse dénudé, qu’il remonte un peu plus. « Tu tiens vraiment à écorcher tes phalanges pour ce crétin, mon prince ? » qu’il demande, sans pour autant être méprisant, il n’est simplement que négociateur. Davantage de pression sur l’épiderme, rien de brutal, il tente de le repousser, juste assez pour lui signaler d’arrêter. « On s’en va au Colby club, il y a plus d’ambiance là-bas, pas vrai ? » Cette fois, il paraît un peu plus insistant, visage ferme et posture droite. Il remercie les cieux pour le dépasser, il aurait certainement été ridicule là tout de suite.

who is in control?

@Emir Aslan

Telle la mer qui se déchaîne sous la tempête, semblable aux vagues qui s’écrasent contre la roche, Mergui est un pacifique dont les profondeurs restent inconnues pour l’autre, pour celui qui s’essaie à naviguer dans ses abîmes, là où les monstres s’avèrent plus vrais que nature, où les créatures dirigent d’une main de fer et empêche quiconque d’entrevoir l’étendue macabre que dissimule ses abysses. Paradoxe infernal, égérie de barbarie, couvrir de caresses velours et vous arracher le coeur à mains nues la seconde qui suit, il est le tonnerre qui gronde, le vent qui siffle et l’averse qui déferle, Mergui c’est la malédiction, celle qui ne s'évanouit jamais, qui vous dérobe jusqu’à la dernière parcelle de lucidité et vous persuade que vous êtes coupable du péché qu’il a lui-même commit. Alors, lorsqu’il se trouva restreint, immobilisé par la paume imparable qui sur son torse tenta d’encager l’indomptable, s’essaya à maîtriser ce qui ne put l’être, ses pupilles telles des encres s’enfoncèrent dans celles d’Emir. Sans l’ombre d’un mot, il plongea les mains dans ses poches, reculant d’un pas avant de tourner le dos, le pas amorcé, prêt à déguerpir d’ici. Décision bancale, à un fil d’être renversée, toutefois sans se douter que le petit-ami de Ravee fut déjà au téléphone avec la police, la proie du vice décida de célébrer sa victoire, c’est ça casse-toi Mergui, Alejo aurait été fier de toi, pour une fois que tu fais l’bon choix, ricana-t-il, mesquin. Sur le sol, le pas s’arrêta brusquement, les paires d’yeux s’accrochèrent à eux, mélopées de chuchotements formèrent un brouhaha qui fit taire l’esprit et éteignit le bon sens. Le volte-face indolent, les mains tombèrent des poches et l’étudiant rompit à nouveau la distance d’un pas lent, toutefois décidé à atteindre son objectif. Surpris par le revirement soudain, Ravee perdit le sourire sournois qui jusque-là, prôna en maître. À sa hauteur, Mergui empoigna sa mâchoire d’une poigne brutale, les phalanges impitoyables soumises à la toute puissance d’une colère sans limite, répète. L’ordre fendit l’air devenu irrespirable, les silhouettes approchèrent la scène et si certains tentèrent de le dissuader, lui demandèrent de le lâcher, d’autres ne voulurent pas s’en mêler. Ravee essaya de secouer la tête, signe qu’il refusa catégoriquement de renouveler l’audace de ses dires. Tu sais ce que quelqu’un comme moi peut faire à quelqu’un comme toi ? demanda-t-il d’une neutralité à peindre de craintes le visage de son camarade. Calme en surface, à l’intérieur le cyclone fit des ravages que rien, ni personne, ne put panser. Étonnamment, Mergui le relâcha et fit marche arrière pour approcher Emir, tires-toi avant d'avoir des problèmes, lui intima-t-il alors que d’un geste maladroit, il lui glissa ses clefs de voiture dans la main. Les doigts tremblants sous l’emprise irrépressible d’une fureur qui lui tordit les entrailles, l'héritier lui tourna le dos et observa une seconde la scène qu’il s’apprêta à faire voler en éclat. Ravee, de dos, se massa vigoureusement la mâchoire, son petit-ami s’assurant qu’il alla bien, un décor presque attendrissant, cependant pas assez pour adoucir les mœurs. Quelques pas et il l’interpella en lui tapant l’épaule, son camarade se retourna pour lui faire front et signa ainsi, l’irrévocable. Mergui asséna le premier coup, le second et ne voulut pas s’arrêter avant de voir pleuvoir le sang, d’entendre les os craquer et de sentir ce pouls incandescent mourir sous ses doigts irascibles.