de par delà le parc, une corolle dorée semble baiser du bout des lèvres le ciel, timidement. le soleil se montre à peine, ne nous accordant que quelques uns de ses plus beaux rayons. ces signes laissent présager à qui veut le découvrir une belle journée. tu t'en réjouis en raison de ta tenue plutôt estivale. cette minijupe rigide à imprimé brocard ne couvre guère une grande partie de tes jambes filiformes, et ainsi t'expose à quelque brise passagère. ce t-shirt blanc au col très près du cou non plus, il faut l'avouer. et ce n'est guère cet imposant collier plastron, ni ces nike qui risquent de te réchauffer. cela en est presque si l'on ne peut pas lire sur ton visage que tu aspires à être journaliste de mode, ou du moins journaliste. d'ailleurs à ce sujet, cette escapade matinale a été planifiée dans le dessein d'interviewer une jeune étudiante sur son art. cette poésie muette qu'est la danse classique ferait un bon sujet, oses-tu espérer. il est vrai que ton inspiration n'est guère des plus fournis ces temps derniers, ainsi un peu de nouveauté ne te ferait que le plus grand bien. et, serait-ce aussi une occasion d'épater ton professeur ? tu t'installes sur un banc, attendant alors anaïs, ou quelque chose comme ça. tu extirpes de ta grande pochette noire et blanche, ton carnet en prévision des mots échangés. tu soupires, piètre impatiente. tu regrettes de ne pas t'être plus couverte, pauvre idiote que tu fais. tu t'es laissée avoir par le mois de mai.

ta patience dont les limites ont été repoussées ne tardera guère à se rompre. tu en profites alors pour ouvrir d'ores et déjà ton carnet et te saisir de quoi écrire. tu remarques quelques vagues notes griffonnées sur une feuille volante, trainant ci et là. quelques questions aussi, auxquelles tu avais songé le matin même. bien évidement, tu l'avais préparé bien avant, mais simplement mentalement, sans vraiment prendre la moindre précaution matérielle si ce n'est que le strict nécessaire. tu remarques une silhouette venir à toi. il ne peut que s'agir de cette anaïs, à en croire de par sa tenue. la référence à la danse classique est quelque peu grotesque il faut l'avouer, mais elle parvient à t’extorquer un vague sourire. bien que tu n'étais guère de ce genre de jeune femme à se fier aux apparences, tu lui prêtais une personnalité assez agréable. elle te semble de ces personnes adorables et un peu maladroites, bien qu'il est tout à fait envisageable que ta vision des choses soit faussée. « bonjour, désolé pour le retard. Anaïs Wan. » ton sourire s'élargit et tu l'invites à s'asseoir. « c'est pas grave, sincèrement. » tu marques une pose, rangeant derrière ton oreille une mèche de cheveux volage. « moi c'est jucia swarovski, mais bon, appelle comme bon te semble, jor jucia ou ju, peu importe. » le sujet principal de votre rencontre te revient à l'esprit. « et au sujet de l'interview, je ne te garanti pas que ce sera publié, car comme je te l'ai expliqué tantôt, je suis en simple étudiante dans le journalisme, malheureusement. » tu lèves les yeux au ciel. « et je compte le proposer à un magazine de sport justement, car j'ai l'impression que l'on oublie trop souvent que la danse est tout autant difficile que toutes autres disciplines. et j'espère que tu pourras m'éclairer à ce sujet, et si jamais tu as des questions quant à ce que je vais faire de ton témoignage, j'y suis totalement ouverte. »

« il n'y à pas de problème. c'est vrai que c'est assez frustrant pour nous danseurs, de voir que pour les personnes extérieur à ce milieu, la danse n'est pas un sport. surtout que parfois nous travaillons deux fois plus que les "sportifs". heu ils n'ont besoin que d'un corps, et de muscle. nous ils nous faut aussi un mentale, et une mémoire. » tu prends note distraitement, relevant fréquemment de ces quelques mots la tête. tu acquiesces à ces dires, et tu souris à sa rougeur. il n'a aucun mal à avoir un peu de fougue lorsque l'on aborde un sujet qui nous tient à cœur. tu parcoures rapidement tes notes des yeux, avant de les relever et de prendre la parole. « oui, je comprends tout à fait. être sous-estimé par des tiers qui ne font eux-même pas le quart que ce que l'on exécute est assez frustrant. » tu hausses les épaules, comme pour exprimer une certaine contrariété. « mais je suppose que la vie est ainsi... » tu soupires avant de poursuivre. « t'as dit tantôt que vous les danseurs, vous bosser votre art deux fois plus que les sportifs, peux-tu développer ? j'entends par là, combien d'heure par semaine est-il respectable de s'entrainer pour conserver, ou acquérir un haut niveau ? »

« Evidemment, nous travaillons, plus et surtout en danse classique, je t'explique: quand on débute la danse classique c'est 1 ou 2 heures de cours par semaine. La première année, on ne peux pas se permettre de faire des pointes, seulement des demis. On apprends les positions principale et c'est à la fin de l'année que l'on sait faire le grand écart. Quand on est, je ne sais pas moi, athlète: il suffit de savoir courir, positionner ses pieds sur les starking bloc, et voila... Je me trompe peux-être mais je ne pense pas. Pour le nombre d'heure par semaine, j'ai toujours travaillé plus que les autres à savoir 4 heures tous les soirs et ce toute la semaine.» ta page se noircie peu à peu, lui vouant une attention propre à la situation. simplement professionnelle, faut-il l'avouer. la danse ne t’intéresse guère outre mesure, bien qu'elle constitue à juste titre un sujet parfait. défendre l'ignoré est souvent saluer de la meilleure manière qui soit, ici bas. ton sourire mutin s'élargit, et tu reprends les rennes, et ses rois*, de votre conversation. « tu soutiens donc qu'il faut davantage d'efforts physiques pour la danse ? c'est sans doute véridique, même très fortement. » tu lèves les yeux au ciel. « il est certain que beaucoup on un talent pour courir, et n'ont guère besoin de le travailler plus que cela, alors que l'on ne nait certainement pas avec sept années de danse dans le corps, j'imagine. » tu la regardes de nouveau, un mince froncement de sourcil tordant ta peau. « en parlant du corps, les entrainements ont-ils des répercussions sur celui-ci ? des altérations ? des dommages ? »

* les rennes, et ses rois est une expression, une figure d'écriture peut être, que j'ai prise, ainsi j'espère que tu ne la salueras pas trop méchamment.

«Je ne sais pas si tu la remarqué mes pieds ne sont pas parallèle s: a force d'être en première position mes pieds sont restés ainsi. Il n'y a que quand je marche en talon que j'arrive a éviter ça. Ce n'est pas très esthétique mais je le vis très bien. J'ai aussi les jambes assez musclés. » ton regard s’égare sur son corps, invité par ses paroles. certainement, une disgrâce demeure dans ces pieds déformés, bien qu'il est compensé par une élégance particulière, la nuque, s'il ne fallait garder que cela. tu glisses quelques mots sur la papier, avant d'approuver ses paroles. « oui, certainement. » c'est alors que tu avances la seconde partie de ta question. « on m'a laissé entendre que les régimes étaient assez sévères, est-ce vrai ? » tout sport réclame ses concessions, il faut l'avouer. la danse classique, en demande certainement davantage que les autres. cette hypothèse t'est confirmée par les corps fluets que tu as souvent observé lors de ta documentation.
[/color]