les examens avaient pris fin ce jour pour madison, avec une appréciation de danse classique qui lui avait défoncé les pointes.
il avait les chevilles suffisamment solides mais il avait passé tellement de temps à s'entrainer la veille, et il avait tant donné pour ce contrôle qu'il avait mal aux jambes.

il était là, sur le sol d'un couloir de la adams, à s'masser fermement les chevilles,
la tête posée contre le mur et les yeux clos.
les épreuves étaient terminées,
mais ce n'était pas fini pour lui.
il avait cette audition à préparer pour le sept juin, avec des casteurs de broadway qui venaient repérer ici, à harvard, si des personnes étaient capables de fouler leurs planches.
madison savait que ce soir encore, il n'aurait pas le temps de souffler.
il devait travailler.
et il se rendait bien compte que ses cernes étaient terrifiantes tant elles encerclaient ses orbites.

il tenait entre ses doigts des pansements pour les mettre sur ses ampoules, mais il avait bien trop mal pour y arriver.

elle avait passé l'avant-midi à rêvasser au bord de la minuscule fenêtre de sa chambre à la adams. le crayon dansait allègrement sur le papier immaculé, les mots prenaient vie et leur mélodie chatouillait ses oreilles. un sourire qui ne la quittait pas, niais, déformait ses traits enfantins. poupée de porcelaine, son esprit divaguait vers les blagues que lui racontaient les bourgeons de l'autre côté de la fenêtre, s'enflammait à la vue des amours qui gazouillaient, s'amourachaient au vol, les oiseaux se tournant autour, comme de véritables tourtereaux. et ça la comblait de bonheur, rosie.

en début d'après-midi, c'est à contre-coeur qu'elle avait abandonné la panoplie de crayons aux couleurs arc-en-ciel qu'elle avait fait virevolter dans ses calepins préférés. ce soir, elle avait un date. les mille et unes questions qui s'étaient multipliées dans sa tête; est-ce que je devrais porter ça? remonter mes cheveux comme ça ou les laisser tomber sur mes épaules? est-ce que je devrais porter une de mes robes préférées ou m'habiller plus casual ? elle avait quitté en trombe, en voyant l'heure sur son téléphone, en oubliant même de fermer sa porte à clé. rosie avait trottiné dans les escaliers, atterrissants dans le couloir qui menait vers l'extérieur, mais une masse échouée au sol lui bloquait (à peine) le chemin. elle aurait pu contourner le garçon, mais curieuse qu'elle était, elle s'était approchée, les interrogations se lisaient sur son visage. rosie, elle manquait parfois de tact, il n'y avait aucune barrière pour l'empêcher de dire ce qui traversait son esprit. oooh, tu as l'air fatigué. c'est le visage détruit par les cernes qui avait vendu la mèche. tu t'es fait mal? avait-elle demandé, à la vue des pieds parsemés d'ampoules.

@Madison Vance déjà, pardooooon pour la longueur. je me laisse emporter, ça faisait un moment que j'avais pas écrit blblbl. ensuite, j'me suis permise de passer ici, et parce que ça m'amuse de jouer dangereux, considérant que sa """date""" est avec mister holden ce soir-là #drama

les doigts couraient le long de ses tendons, pour tenter, justement, de les détendre.
il y avait une douleur certaine mais il avait tellement l'habitude que ça ne l'inquiétait pas.
il lui faudrait quelques jours pour s'en remettre mais d'ici ce week-end, il aurait la paix.

il posait déjà un pansement mais l'autre, c'était compliqué.
il avait éclaté l'ampoule sans faire exprès et la douleur s'étendait dans tout le pied,
madison n'était pas à son premier coup d'essai concernant le bandage de cheville,
le problème ? il avait toujours des tiraillements dans la main qui datait de la droite qu'il avait donné à aaron la semaine d'avant.

mais une voix s'élevait au dessus de lui et il relevait la tête en souriant.
oui, bien sûr. il était tellement éreinté... et les nuits étaient courtes, le corps entre les reins de son amant.
j'ai passé un dernier examen de danse et j'ai absolument tout donné.
une main dans sa nuque, il sort un bandage strap pour essayer de le mettre autour de sa cheville.
tu peux me tenir ça comme ça s'il te plait ? qu'il lui demandait en tendant la petite cravate médicale.
et il essayait tant bien que mal de supporter son corps avec ses pieds.

et je ne peux pas encore me reposer vu que je dois préparer une audition. je vais tenter d'aller chez une amie pour qu'elle m'entraine.

il s'appuyait de son bras pour se redresser et voir comment ses chevilles tenaient le choc.
tu es toute apprêtée, tu sors ce soir ? soirée étudiante ? il ne la connaissait pas, mais madison semblait profondément à l'aise. elle était membre de la adams, c'était certain.
peut-être que c'était la raison de sa facilité à lui parler.

c'est tout comme si elle flottait, légère comme la plume qu'on laisse tomber du centième étage et qui reste en suspension dans l'air, bercée par le vent. sa chevelure dorée ondulait sur ses épaules, se balançait au rythme des pas qui dévalaient l'escalier, stoppés dans leur course folle par la silhouette au sol. tu daaaaanses? rosie, elle zappe la gêne et rejoint le garçon, assise en tailleur à sa hauteur pour faciliter l'échange. elle acquiesce simplement, obtempère, ravie d'être utile. mais tenir sagement le bandage entre ses doigts ne lui suffisait pas, c'est le moulin à paroles qui s'activait joyeusement en l'observant faire, la technique du garçon reflétant son habitude à panser ses blessures. une audition? oh my god, c'est trop bien. tu danses bien? tu veux devenir un grand danseur? performer à broadway? dans les opéras? ou casse-noisette? oh mon dieu, dis-moi que tu es le prochain prince siegfried ? les étoiles plein les yeux, à le bombarder de ces questions qui fusent, sans qu'on ne puisse y mettre le frein. nion, je vois un garçon ce soir, chez lui... tu crois que je suis jolie? et elle se relève précipitamment pour tourner sur elle-même, faire tourner la robe aux vives couleurs printanières qui, selon dea, faisaient ressortir la couleur de ses yeux. pour rosie, il n'y avait pas de barrières à l'inconnu ; en un claquement de doigts, partageait-elle une complicité qui suggérait une amitié de longue date, alors qu'ils ne se connaissaient, en réalité, pas du tout.

@Madison Vance

sa vivacité, sa parole trop rapide et son énergie...
tout ce que madison adorait.
son sourire immense s'étirait sur son faciès et il l'écoutait parler,
pour mieux y répondre, sans lâcher sa cheville qu'il bougeait dans plusieurs sens.

j'auditionne pour aaron burr, le graaaand méchant d'hamilton,
par lin manuel-miranda ! avait-il trouvé son homonyme ? il en rirait plus tard mais bordel,
c'était bon de rencontrer quelqu'un matchait aussi facilement avec lui.
bien trop importante. j'espère juste ne pas la foirer.
ça m'angoisse mais je travaille quasiment jour et nuit en plus des études et de mon travail,
juste parce que... c'est un rêve ultime tu vois ? trop d'enjeu, trop d'idéologie. son rêve ultime à portée de main,
il touchait du bout du doigt l'étoile montante de broadway qu'il allait devenir.

elle se redressait, toute jolie, à virer autour de sa robe,
et madison tendait le bras pour laisser sur ses doigts le tissu courir.
son index appréciait la matière et il hochait la tête plusieurs fois,
de manière trop théâtrale, peut-être mais elle était vraiment sublime.
chez lui ? tu n'as pas peur toi ! qu'il balançait de but en blanc, alors qu'il était le premier à être parti avec un inconnu chez lui,
au point de rentrer dans un poteau et de briser sa caisse en deux...
ça avait fini par son joli petit cul dépucelé.
mais t'es sublime, adams. parce qu'il ne connaissait pas son prénom, le surnom de leur maison respective suffirait.

il s'appuyait sur le mur pour se redressait et lui prendre la main,
afin de la faire tourner sur elle-même et la voir s'épanouir comme une fleur.
une beauté.
tu es magnifique. ce garçon a bien d'la chance d'avoir le droit de te contempler.
pas qu'il en ressentait de la jalousie, mais au contraire, c'était beau, de voir de l'amour.
tout ce que madison rêvait, en soi. vivre une vraie love story,
courir sous la pluie,
s'offrir des fleurs,
s'appeler love et baby,
se donner des surnoms kitsch.
et parfois se disputer.
il voulait tout ça.