Chapitre 1.
Elle était là, dans son berceau. Sa peau était pâle et les quelques cheveux qui se battaient en duel sur son crâne semblaient être d’un blond californien, celui qui fait rêver les hommes. Le petit paquet de chair avait les yeux fermé. Il était donc impossible de distinguer la couleur de ses pupilles pour le moment. L’odeur qui flottait dans la pièce était douce, presque sucrée et fruitée. Les murs étaient aussi blancs que la peau du nourrisson et leur couleur donnait une atmosphère angélique à l’endroit. Non loin du bébé, une gamine dormait paisiblement alors qu’un jeune homme l’admirait, passant par moment une main sur son visage si paisible. Les deux jeunes gens venaient d’entrer dans le monde des adultes et peut-être bien plus tôt que prévue. Lui avait dix-neuf ans. Elle, venait tout juste de souffler sur ses dix-huit bougies. Ils ne savaient pas comment s’y prendre avec leur enfant. Ils ne posaient aucun regard sur la petite fille sauf quand elle poussait un cri pour signaler qu’elle avait faim ou bien qu’il était l’heure de la changer. Les jeunes parents n’osaient pas toucher leur bébé de peur de lui faire mal, de le faire tomber ou toute autre souffrance dans le genre. Ils avaient surtout très peur de ne pas trouver une place pour cet enfant entre leurs études et leurs vies de jeunes adultes. Ils avaient encore tout un tas de chose à vivre et pourtant ils avaient fait le choix d’y renoncer pour que leur amour se concrétise en la vie d’une petite puce. Nous étions le trois décembre dix-neuf cent quatre-vingt-douze, en Pologne, plus précisément à Varsovie et la petite Robbin venait de voir la lumière du jour pour la toute première fois.

Chapitre 2.
Bien des années ont passé depuis la naissance de la jolie petite blonde aux yeux clairs. Si elle obtient toujours d’excellentes notes à l’école, elle n’en reste pas moins une petite fille timide qui n’arrive pas à trouver sa place au milieu de tous ces enfants qui courent dans la cours de l’école. Robbin est toute seule dans son coin et secrètement elle est en train de prier pour que personne ne vienne la déranger. Minutieusement et tout en faisant attention de ne pas se salir, la petite fille était en train de couper son gâteau, qui lui servait de goûter, afin de ne pas manger comme une goinfre et d’en mettre partout. Elle était toujours aussi délicate dans toutes les choses qu’elle entreprenait. Elle était toute jeune, à peine huit ans, et pourtant aimait déjà le travail bien fait. La poupée blonde savait déjà ce qu’elle voulait et comptait déjà travailler comme une malade pour y parvenir. Elle avait des rêves plein la tête de voir ses parents sortir tout juste des études avec des diplômes suscitant l’admiration de tous. Plus tard, Robbin voulait exercer dans un domaine touchant à l’histoire. Depuis son tout premier cours, même si elle était encore très jeune, elle était littéralement tombée amoureuse de cette matière et plus précisément de l’histoire de son pays. Elle avait hâte de grandir afin de pouvoir découvrir de nouvelles facettes du passé de sa Pologne natale, mais aussi des pays se trouvant tout autour de sa nation si fragile. En secret, elle espérait même un jour prendre la tête de son pays et marquer l’histoire à son tour, mais dans le bon sens bien entendu. La blondinette semblait rêveuse lorsqu’un brouhaha s’élevait non loin d’elle. Tout en finissant sa part de moelleux au citron, qui sentait rudement bon d’ailleurs, elle levait les yeux pour apercevoir un garçon, à peine plus jeune qu’elle, s’étalait de tout son long sur le gravier. Son genou se mettait à saigner et instantanément, même si la timide la rongeait, elle ne pouvait s’empêcher de se hisser sur ses pieds pour courir à son secours. Elle ne savait pas trop quoi lui dire et ses pommettes étaient déjà écarlate avant même qu’elle n’ouvre la bouche. « Tu veux que j’aille chercher le professeur ? » demandait-elle d’une toute petite voix toute douce en adressant un sourire timide à son camarade qui essuyait quelques larmes coulant sur ses joues. Ces deux-là étaient bien loin de s’imaginer qu’un jour ils allaient devenir les meilleurs amis du monde.

Chapitre 3.
Son cœur cognait contre sa poitrine comme s’il souhaitait la traverser et en sortir. Ses mains tremblaient comme jamais. Elle a l’impression que ses jambes pourraient flancher d’un instant à l’autre. Sa tête se mettait à tourner. Elle avait envie de vomir et l’impression que quelqu’un était en train de lui planter une bonne dizaine de couteaux dans le thorax pour essayer de l’empêcher de respirer. Les concurrentes défilaient sous ses yeux d’enfant. Toutes étaient parfaites, exécutant à la perfection des chorégraphies plus complexes les unes que les autres. Les juges accordaient des notes à couper le souffler. La barre était très haute et elle était certaine de ne jamais réussir à relever ce nouveau défi. Elle était tétanisée à l’idée de participer à ce genre de compétition, mais elle ne pouvait plus reculer à présent. Robbin venait de rentrer dans la cour des grands. La demoiselle, tout juste âgée de dix-sept, se regardait dans le miroir qui trônait au beau milieu du vestiaire dans lequel elle se trouvait. Sa maman avait pris le soin de coiffer ses cheveux d’or en un magnifique chignon et de réaliser sur son enfant un maquillage discret, mais pourtant plein de paillètes. Elle l’avait même aidé à enfiler son costume de scène. La peur venait la paralyser et elle ne pouvait plus rien faire toute seule qu’elle s’était levée ce matin. C’était bientôt à son tour. Robbin se rapprochait de la piste de glace. Elle n’écoutait qu’à moitié les conseils de sa coach. Au bout d’à peine quelques minutes, dont elle avait pourtant eu l’impression qu’elles duraient une éternité, une voix féminine prononçait son nom dans un haut-parleur. Sans attendre une seconde de plus, se forçant à sourire, la demoiselle s’élançait sur la glace pour venir se placer au centre de la patinoire. Lorsque le silence revenait dans la pièce, la musique faisait son apparition. Robbin se laissait bercer par la rythmique douce et pourtant si dynamique par moment, afin d’exécuter son numéro à la perfection, virevoltant dans les airs quand il le fallait et retombant toujours comme il le fallait. Il n’y avait que lorsqu’elle patinait qu’elle se sentait bien. Son petit manège durait entre trois et quatre minutes et lorsque la musique se stoppait un tonnerre d’applaudissement envahissait toute la salle. La jeune femme restait un moment sous le choc de voir toutes ses personnes debout avant de reprendre ses esprits et de faire un tour de piste, saluant le public avec un sourire bien plus franc qu’au début. Elle se risquait même à ramasser quelques fleurs qu’on lui jetait depuis les gradins. La belle en avait les larmes aux yeux et à ce moment-là elle croyait dur comme fer en son potentiel de monter sur la plus haute marche du podium dans une petite heure à peine. Ses notes étaient incroyablement bonnes, la hissant tout en haut du classement. Robbin venait d’offrir un titre de champion du monde en patinage artistique à la Pologne et de gagner sa toute première médaille d’or sans se douter que tout cela était le début d’une grande carrière sportive.

Chapitre 4.
Malgré son succès grandissant dans le milieu du sport, Robbin voulait garder une vie tout à fait normale et réalise l’intégralité de ses rêves. La demoiselle était loin d’être idiote. Elle savait pertinemment que si, pour le moment, sa carrière de patineuse était au beau fixe, elle ne pourrait pas passer sa vie entière à sur la glace. Il lui fallait assurer un avenir autre que sportif et pour cela la jeune femme avait pris la décision de quitter sa Pologne natale pour les Etats-Unis. Elle voulait les meilleurs diplômes et prouver au monde entier qu’elle n’était pas que cette sportive talentueuse, mais bien trop timide pour accepter de poser en maillot de bain pour un magasine national. Elle avait envie de montrer qu’elle pouvait parvenir à ses fins et pour y arriver il lui fallait réussir à décrocher son diplôme en histoire dans la prestigieuse université d’Harvard où elle avait eu la chance d’être acceptée. Robbin n’avait pas eu envie de faire jouer ses contacts. La blondinette n’avait rien dit à personne et son départ était à la fois une surprise agréable pour ses proches, mais aussi un coup de fouet qui les mettrait plus bas que terre. Ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme de se montrer égoïste de la sorte, mais elle commençait petit à petit à prendre confiance en elle, elle avait envie de changer d’horizon et personne ne pourrait le faire à sa place. Si elle quittait physiquement son pays, la Pologne resterait la nation qu’elle défendrait à chaque nouvelle compétition. Elle allait continuer à s’entraîner tout en prenant elle-même sa vie professionnelle en main. La demoiselle venait tout juste d’ouvrir les yeux lorsque l’avion dans lequel elle se trouvait venait à se poser sur la terre ferme. Après quelques minutes, elle pouvait désormais poser un pied sur le sol américain. La belle prenait une bouffée d’air frais avant de s’engouffrer dans un taxi qui la conduisait à son lieu de prédilection, le campus de sa nouvelle école. Attention Harvard, une championne se trouve à présent entre tes mains.

Le reste s'écrit au fil du temps ...