Je n'ai pas spécialement une vie trépidante, tu sais. Mais on, c'est vrai que j’aime parler de moi: toi aussi, non? Tout le monde aime parler de soi. Enfin, je sais pas trop. Bref, laissons tomber. Je vais faire comme je t'ai dis et je vais te raconter une histoire fabuleuse, avec de l'action, des ninja et des nanas à poils: ma vie. Tu vas voir ça va être super délire, je te jure. Et après, on pourrait peut-être sortir boire un coup, et faire des trucs plus intéressants?

Providence, c'est une ville dans l'état du Rhodes Island. Le genre de vieille ville de la Nouvelle-Angleterre avec ses petites maisons victoriennes et son calme plat. Mon père était -et est toujours- sénateur, et ma mère est devenue sa secrétaire. La seule chose qui m'a marqué à Providence c'est que c'est la ville natale de H. P. Lovecraft, mon écrivain préféré. J'ai grandi comme un gamin de riches qui ne manquait de rien, avec ma petite sœur Virginia de deux ans ma cadette. Comme tout les gosses, j'avais des copains, on se retrouvait souvent chez l'un ou l'autre pour jouer ensembles... une enfance facile et insouciante. Je t'avoue que je n'avais pas vraiment hâte de grandir... et je ne suis même pas sûr d'avoir grandi, en fait. Je suis un gros gamin.

Avec nos parents souvent en déplacement, Virginia et moi on était souvent chez notre tante Edna. Quand j'ai grandi, j'ai pu rester chez nous, à m'occuper de ma sœur tranquillement: on était des gamins qui avaient vite appris à se prendre en main, malgré tout. Je n'étais pas un génie à l'école, j'avoue, mais surement pas le pire. Virginia elle avait une avance considérable, je te jure. J'ai cru qu'elle était surdouée à un moment mais quand nos parents se sont intéressé à son cas, le diagnostique du psy' m'a mis mal à l'aise: Vi était une autiste Asperger. Je savais même pas ce que c'était et je m'en tais même pas rendu compte.

Vi' était une fille à part: elle avait au contraire de moi du mal à se faire des amis, du mal à communiquer. Je n'avais pas remarqué ses rituels avant qu'on me dise qu'elle était une autiste au QI supérieur à la normale; tout simplement parce que je faisais parti de ses rituels, de ses habitudes à ne pas déranger sous peine de crise.

Quand j'ai eu seize ans, mes parents ont divorcé. J'ai mal vécu le tout, j'étais déboussolé. Ce fut Vi qui prit soin de moi et j'ai compris à ce moment là qu'elle était la chose la plus précieuse que je pouvais avoir. Ma mère trompait mon père avec un stagiaire canadien intégré depuis peu dans son équipe, et de dix ans son cadet. Putain, je peux te dire que j'ai plus vu les femmes de la même manière après ça, mon vieux! Nan, je suis pas misogyne, dis pas n'importe quoi. Sérieux, je suis le mec le plus open de la planète, avec Wody Allen peut-être.

Vi et moi sommes rester avec papa, à Providence. J’avais prévu d'aller à l'Université Brown, pour profiter du statut-membre membre de l'Ivy League. Mais papa voulait que j'aille à Havard, comme Virginia. En avance, Vi alla dans la section mathématiques appliqués alors que moi... je suis allée en politique. Parce que c'était le choix de mon père qui voulait plus tard me voir reprendre le flambeau. J'étais pas forcément un gros flemmard, mais j'avais pas envie. Pourtant je l'ai fais; pas pour mon père, pour Vi: elle rêvait de me voir là dedans, à casser du Républicain avec des bonnes grosses vannes bien senties. Je l'ai fais pour elle.

Puis bon, ça m'a pas mal plu en définitive, même si je sèche parfois certains cours magistraux pour aller faire le con avec quelques potes, et je suis le gros lourd bourré de toutes les soirées estudiantines. Ouais mec, je suis le Bouffon d'Havard. Ici tout le monde me connait parce que j'ai vomi dans la baignoire d'Emily Lockwood. Parce que j'ai couché avec Kassandra Andrassi alors qu'elle était bourrée comme un coin. Parce que j'ai démonté les chiottes de la baraque d'Aaron Reeser. Je suis une star: l'étoile des boulets.

Blague à part, je te fais des sourires comme Eugène dans Raiponce, là. Tu as déjà pensé à sortir avec un autre mec? Non, pas en étant bourré, je suis pas trop pity sex. Non, pas pour l'argent, pas de gay-to-pay. Juste comme ça. Noooon, je suis ps homo; nope man, pas bi non plus. J'aime tout le monde, all the world; je veux me couper aucune expérience. J'ai une mentalité ouverte, j'aime pas juger les gens tu sais. Dans mon monde, tout le monde est cool et sexy, même ta sœur avec son appareil et toi en mini-jupe avec du gloss. Hey, je suis sérieux! Ma sœur est du même avis que moi? Mon père? Il n’en sait rien.

Là? Je suis en huitième année, ouais. Ça se passe plutôt pas trop mal, pour l'instant; c'est quand j'aurai mon doctorat que je vais angoisser: j'aimerai que le temps d'Harvard ne se finisse jamais, tu sais... puis bon, c'est vrai que je suis un vrai Peter Pan, j'avoue. Non, je suis pas sorti avec tant de nanas ou de mecs que ça, mais quand même un certain nombre. Phoenix Blaiiiir, par exempllllle. Je tiens mon carnet à jour. Une vraie HB7. Ca veut dire qu'elle est pas mal, sur tout les sujet, mon vieux. Ouep, c'est sur 10.

Alors, ça te dis d'essayer? Je peux mettre une perruque si tu veux. Tu verra,s en blonde je suis pas si vilaine!