Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ophelia Taylor
« Si si J’insiste. Ça m’fait plaisir. »  A 82 ans ma vieille voisine de palier ne semblait pas vraiment s’inquiéter des récents évènements pourtant diffusés maintes et maintes fois à la télé. Quelques nations s’étaient décidées sur un confinement mais pas la nôtre pour le moment, du moins pas totalement. L’État du Massachusetts n’était pas encore impacté mais ce n’était qu’une question de temps puisque les cas commençaient à se compter par milliers sur le territoire américain. En ces temps d’incertitudes et de troubles, il était donc préférable qu’elle reste cloitrée chez elle vu ses maigres ressources. Ne vous y trompez pas, si j’accepte de sortir Django aujourd’hui, ce n’est que par pur intérêt. Il m’est difficile de rester entre quatre murs plus d’une journée alors toute excuse est bonne pour m’exposer. J’ai pris la laisse et d’emblée, au son métallique des anneaux qui en composaient l’extrémité, le molosse a accouru vers la porte d’entrée, entrainant dans sa course effrénée un porte manteaux dans lequel il a buté. A peine étions nous sortis qu’il se rua vers mon véhicule.  « Non ! Pas… pas dans la voiture » . Il allait tout me saloper le salaud. Il était de cette race qui ne cesse de baver, au corps massif et à la robe cuivrée, un regard à la fois idiot et attentionné : un dogue de Bordeaux. Bon sang quelle mouche avait piqué la vieille le jour où elle l’avait accueilli chez elle ? Ce n’était qu’un chien errant qui l’avait suivi en revenant du marché un dimanche matin et elle l’avait adopté finalement.


Voulant préserver un peu mon habitacle des mâchoires du monstre, je l’ai trainé jusqu’au centre-ville en petites foulées. Il avait fini par prendre le pli jusqu’à renverser les rôles subitement aux abords d’un immeuble que je connaissais. D’ordinaire il se contentait seulement d’aboyer mais cette fois-ci il tira de toutes ses forces et impossible de le stopper. Mes baskets couinèrent jusqu’à trouver un point d’encrage sur les marches menant dans le hall.   « Connard revient par-là » La laisse tendue, les bras et les jambes crispées, je me suis finalement retrouvé le cul par terre à le voir décamper à l’intérieur, mon regard fuyant sur l’attache métallique qui avait fini par céder … Je me suis alors maudit tandis que je me relevais péniblement pour aller le chercher.   « Un plaisir M’dame Williams… un réel plaisir de le sortir. »  Personne à l’intérieur du corridor mais on entendait les échos de coups de pattes anarchiques donnés sur une porte. Mes doigts lacérants ce qu'il restait de sa laisse, je me suis retrouvé très rapidement devant le mastiff qui se roulait sur un pas de porte et l'ai chopé vigoureusement par le collier pour le voir jouer soudainement au poids mort.

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Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ian S. Castellano
Le réveil est difficile, mais dans les yeux qui s'ouvrent pour affronter une nouvelle journée, je trouve du réconfort dans le soleil qui s'infiltre à travers les rideaux. Soleil qui brûle doucement quelques parties de la peau, qui réchauffe, fait du bien au moral. Baille, s'étire, et pousse le chat de la jambe sans faire exprès, qui râle à peine et qui remonte sur le haut du lit. "Oui, oui j'ai compris, t'as faim." et soupire. Sans ce chat, j'aurais pu encore profiter de mon lit, certainement faire une grasse matinée. Quelle idée de l'avoir adopté. Je décide par me lever, lui donner à manger, aller me doucher. Ce chat est un enfer, mais je le vois peu souvent, quand j'y pense. Il vit ici, mais passe principalement sa vie caché en dessous le canapé, dans mon placard, entre mes oreillers. Disons que je ne lui suis utile uniquement quand son estomac gargouille, et que ça me va très bien comme ça.

Je me prépare un petit quelque chose à manger, laisse cuire le tout et retourne sur mon ordinateur, terminer de corriger quelques copies. Je sais que c'est compliqué en ces temps, alors j'envoie principalement des essaies et des devoirs via mail aux étudiants, histoire qu'ils ne perdent pas le fil. Je prends des notes aussi pour moi, c'est fou comme toute cette situation est inspirante. Inspirante, jusqu'à ce que des bruits se fassent entendre près de ma porte. Je fronce les sourcils, c'est épais, comme bruit, c'est pas délicat, ça fait même pas semblant. Mon chat est bien loin, je me doute à peine qui est derrière, vu le bruit que ça fait. J'ouvre, prête à faire de la prochaine personne aperçue une mauvaise impression. Ouvre la porte, pour finalement trouver Ian, accroché au collier de Django qui est visiblement mal en point ? Et ça me tire un rire, un rire franc, et ça faisait longtemps. Je m'accroupie au niveau du chien et commence à le caresser de partout, jouant un peu avec en même temps ; "Mais qu'est-ce que tu lui a fais à ce gros ?" et mes yeux se relèvent vers Ian, amusés. Et le chien démontre de l'affection, et je souris en regardant l'homme ; "J'crois qu'il me préfère à toi." et lui fait une moue. Désolée, c'est pas voulu mais je suis comme ça, je plais aux bêtes poilus qui ont tendances à avoir un surplus de bave.

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Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ophelia Taylor
Impossible de bouger cette masse sans qu’il se ne retourne et retrousse les babines, une manœuvre de dissuasion qui me laisse perplexe quant à la façon de nous sortir de là. C’était sans compter les bruits de pas qui résonnent discrètement derrière cette porte et qui attirent de plus bel son attention. Elle s’ouvre et le chien semble retrouver de son aplomb à la vue de la créature sculpturale qui vient d’apparaitre sur le perron. J’abdique, j’abandonne, j’démissione, c’est bon. Je me vois mal user de la force devant le regard d'Ophelia sans me faire passer pour un tortionnaire. Le reliquat de laisse est habilement glissé dans la poche pendant qu'elle s'agenouille auprès de la bête. Il y a trente secondes encore, il était comme à l'article de la mort et le voilà maintenant plus vivant que jamais à gémir de plaisir sous la moindre de ses caresses....Saloperie. Mais je ne peux l'en blâmer. Dans le fond, on se damnerait tous pour être à sa place.  

" Mais qu'est-ce que tu lui a fais à ce gros ? " Comment en est-on arrivé là ? C’est lui maintenant la victime alors qu’il a été mon bourreau jusque-là à moins que je sois devenu depuis peu « le gros » de ses propos ? La carpette accepte toutes formes de gentillesse de sa part avec délice et j’en veux pour preuve le balai incessant qu’effectue sa queue. « Vas-y, brosse le tapis tant que t’y es. » Dépité devant la stupidité de cet animal, j’ai laissé m’échapper un soupir avant que mon regard ne roule vers l’occupante de ces lieux. "J'crois qu'il me préfère à toi." S'il était à moi, je te le refilerais volontiers pour que tu puisses te faire une idée de ce qu'il est outre les apparences....  « On passait à côté. J’suis navré » du dérangement, ce n’était pas intentionnel, vraiment. « Bon. On y va ? » J’ai doucement accolé mon pied à l’arrière-train du cabot dans l’espoir de le remuer un peu mais n’ai eu pour réponse qu’un grognement caverneux. Ses deux pupilles venaient de perdre de leur éclat au détriment d’un regard froid et sournois. Après quelques secondes d’hésitation, mes deux paumes accolées en une prière, j’ai été dans l'obligeance d'en revenir à mes idées premières.   « A la rigueur si tu as une cuvette remplie… » pour l’asperger lui qui a - soi-disant d’après la vieille – horreur de l’eau. « Ou une cravache. » Elle doit bien avoir çà quelque part dans un placard. Elle ne m'a jamais avoué faire de l'équitation mais je me la suis toujours imaginé en avoir une toute autre utilisation.  

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Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ian S. Castellano
Le plus fou dans tout ça, c'est qu'aujourd'hui, j'avais rien prévu. Ne voir personne, ne parler à personne. Juste moi, ce chat presque inexistant et quelques copies. L'ennuie. La tête blonde à la porte me surprends, mais pas autant que le chien, pour être complètement honnête. C'est pas rare de les voir ensemble, d'ailleurs, je crois que j'ai jamais vraiment vu Ian sans la bête à quatre pattes. Je les ai un peu associé ensemble, et ça me ferait mal de voir Django avec son vrai maître. Je veux dire, quand on regarde ses deux-là, ils font la paire. Pardonnez les références maladroites et particulières mais c'est un peu comme le duo Scooby et Sammy. En meilleure forme, pour le Sammy.

« Vas-y, brosse le tapis tant que t’y es. » Et moi, ça me fait rire, et j'ignore ce qui est le plus amusant ; le chien, ou le maître pour l'après-midi. Des réactions comme on en fait plus. Il a l'air ennuyé et en même temps, je suis certaine qu'au fond, il adore cette boule de poil. La preuve, ça l'a amené au pas de ma porte. Peut-être parce que le chien m'adore. Je fais ça, aux animaux. Un peu moins aux humains. « On passait à côté. J’suis navré » l'es-tu vraiment, navré ? « Bon. On y va ? » et le chien refuse, donne l'idée que pour lui, c'est un non. Lève les yeux vers le blond, demande presque d'un ton taquin ; "T'es navré.. qu'il prenne de la place ou t'es navré d'avoir terminé devant ma porte ?" fait bien attention à ta réponse, parce que dans un cas tu t'excuse pour le chien, dans l'autre cas tu dis que t'aurais préféré être ailleurs qu'ici. Comment ça, les femmes interprètent beaucoup ? Je vois pas. « A la rigueur si tu as une cuvette remplie… Ou une cravache. » Le rire est léger, presque un peu embarrassé et la tête se secoue, malgré la lèvre qui se mord quand mes yeux fixent les siens. On sait ce que tu sous entends, tous les deux. "J'dois peut-être avoir de l'eau, tu sais, pour qu'il se rafraîchisse un peu et qu'il arrête de baver." Le chien. Aussi probablement l'humain. J'ouvre ma porte entièrement, les invitant à rentrer, l'odeur de la nourriture qui commence à s'inviter un peu partout dans la maison. "Oh j'ai oublié que j'avais quelque chose sur le feu !" et se hâte jusqu'à la cuisine, éteins le gaz et décale la casserole. Crie jusqu'à l'homme encore devant la porte ; "Tu peux retirer tes chaussures ?" juste parce que je suis pas à l'aise à l'idée, et qu'on est plus à l'aise comme ça. La suite ; je sors une gamelle et je la rempli d'eau que j'installe pour le chien, qui a déjà décidé de terminer le repas du chat et son eau avec. J'aurais dû m'en douter, la loi animale. "Hm bienvenue chez moi." et ouvre les bras pour montrer les alentours.   

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Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ophelia Taylor
" T'es navré.. qu'il prenne de la place ou t'es navré d'avoir terminé devant ma porte ?" Attention terrain glissant… A la base ce n’était que pure politesse. Mais à présent que je réfléchis aux différentes possibilités, il est vrai que je ne suis pas mécontent que ce sac à puces m’ait trainé jusqu'à sa porte. Allez savoir pourquoi, j’ai toujours eu cet étrange feeling avec elle, sans même ne la connaitre ni d’Eve ni d’Adam. Elle lâche un rire lumineux à mon implicite sous-entendu, à cette lubrique pensée d’un esprit tordu. "J'dois peut-être avoir de l'eau, tu sais, pour qu'il se rafraîchisse un peu et qu'il arrête de baver." J’ai haussé les yeux vers le ciel dans la veine tentative de lui dissimuler mon amusement : pure perte de temps, c’est dans ses gênes, une véritable usine à mucus sur pattes. « Peine perdue, c’est une mine d’or question lubrifiant, j’le sais... »  Non… Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire mais je n’ai le temps de me reprendre que déjà je m'imagine ce qu’elle a pu interpréter : Ma main, la bave, mon… Ce chien va me faire passer pour un cinglé. Mes paumes levées en guise d’excuse muette, j’ai vu la bête se faufiler à l’intérieur à peine Ophélia s’est-elle légèrement décalée. Et subitement elle s’esclaffe. C’est si soudain que j’ai cru immédiatement à une énième connerie du chien. " Oh j'ai oublié que j'avais quelque chose sur le feu !" C’est vrai, il y a pourtant bien comme une odeur très alléchante qui émane depuis son appartement, de plus en plus forte, de plus en plus persistante. Elle s’empresse alors d’aller, j’imagine, éteindre le feu et au son métallique qui résonne se lie sa voix dans une requête légitime. " Tu peux retirer tes chaussures ?" A ce moment-là je n’ai qu’une seule hantise…. Pourvu qu’elles ne soient pas trouées. «  Pas de souci… j’vais… m’introduire » et me permets d’entrer, jaugeant la décoration avec une moue approbatrice. En deux trois mouvements les baskets trouvèrent leur place auprès d’une paire d’escarpins sur un tapis prédisposé à cet usage, bien rangées et confinées, en espérant les retrouver dans leur état d’origine au moment de repartir. Croisons les doigts, un miracle peut toujours arriver.  
 

Et tandis que je pénètre dans ce qui s’apparente à sa cuisine, le son de la rencontre entre le métal et l’émail du carrelage se fait retentir. Appâté par l’idée d’une autre gamelle ben fournie, l’amas de graisse s’est jeté tête la première dessus juste avant de se figer pour renifler la surface avant de nous céder un regard dégouté: ce n’était pas ce qu’il attendait, bien fait.  " Hm bienvenue chez moi." La modestie, ce que j’apprécie chez elle aussi. Beaucoup de bibelots ici suffisent à me prouver qu’elle est d’un rang social plus élevé, plus aisé, que ce soit le pc portable que j’ai cru apercevoir dans son salon, sa cuisine équipée, le quartier… « T’habites seule ici ? » On a eu maintes fois l’occasion de se croiser mais jamais jusque-là nous n’avions pris le temps de parler ouvertement de nos vies respectives. Je ne connais d'elle que très peu de choses en fait: son ancienne adresse à New Heaven, sa date de naissance et tout autre renseignement figurant sur cette carte d'identité que j'avais dû emprunter afin de la ramener.
 

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Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ian S. Castellano
C'est une phrase qui attrape mon attention, et c'est une réponse qui peut le faire glisser. En réalité, quand bien même il réponds mal, je ne lui en voudrais pas. On est pas ces personnes qui se connaissent par cœur, qui se vexe d'une mauvais attention, pas encore. On sort juste parfois avec ce chien, on cours de temps à autre, et notre relation s'arrête plus ou moins là. Relié par un chien, meilleur ami de l'homme, apparemment. Et peut-être que c'est la vérité, et peut-être que même si ce n'est pas toi le maître, Ian, à ses yeux, tu es ce qui se rapproche le plus de son meilleur ami. « Peine perdue, c’est une mine d’or question lubrifiant, j’le sais... » et le visage se relève, lumineux, le sourcil relevé, le sourire aux coins des lèvres, attendant presque la suite de la phrase. Il me fait rire sans même le faire exprès, sans même s'en rendre compte. Il relève les mains comme une excuse et je secoue la tête en lâchant un léger rire et me hâte jusqu'à la cuisine pour éteindre le feu et retirer la gamelle qui était dessus. C'était presque moins une. «  Pas de souci… j’vais… m’introduire » et je l'entends à peine, bien trop occupée à faire en sorte que ça ne soit pas le chaos dans cette cuisine. La gamelle du chien se rempli, termine au sol, et même s'il n'as pas l'air ravi, c'est la seule chose que je peux lui offrir, autre que les croquettes de mon chat. Je caresse sa tête, lui indique de boire, puis termine par hausser les épaules et me relever.  

Quand je me tourne, il est juste là, face à moi. « T’habites seule ici ? » La tête fait oui, seule. J'habite seule, je travaille seule, je suis seule. Ma vie n'est que solitude, entrecoupée de rencontres, qui s'accumulent et s'enchaînent, qui me mette la tête hors de l'eau, avant de sombrer de nouveau. Solitude. Tu la vois ? Tu vois comme c'est vide autour de toi ? Que les livres ne sont que de vieux livres déjà lus, principalement là pour décoration. Vois comme ça ne vit pas, autrement que par et pour le chat. "Oui. Enfin non, j'ai un chat, mais je le vois uniquement quand il a besoin de moi." Lève les yeux au ciel, ce sont des bêtes très indépendantes et moi, ça me va très bien comme ça. Je regarde l'homme, et laisse passer un silence, juste moi dans ses yeux, finissant par sourire et demander ; "J'te serre un truc à boire ?" mais à peine la phrase terminée que je suis déjà entrain de reculer. Ouvre le placard, attrape un verre, ouvre le réfrigérateur ; "Hm j'aaaaai.. de l'eau plate et gazeuse, du jus d'orange et pomme." c'est peu, mais quand on retire le vin, la bière et les autres petites choses de sa vie, on se retrouve sans avoir grand chose à boire. On se rends compte de ses actes, on comprends que l'excuse de l'alcool n'en sera plus une à la fin de soirée, jusqu'au moment où les soirées ce n'est qu'un souvenir lointain. "Sauf si tu veux.. terminer ta balade avant." Avant quoi ? De revenir et de prendre un verre ? Qu'est-ce que je viens de dire ? Pourquoi j'ai dis ça ? Trop tard, le mot est parti, la vérité annoncé. "Enfin j'veux dire, j't'accompagnerais bien faire un tour si tu veux bien de moi, ça fait une éternité que j'ai pas mis le nez dehors." et lâche un rire nerveux, on essaie de rattraper ça comme on peut. 

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Django Unchained ★ Ophélia & Ian
@Ophelia Taylor
Les mots se font presque incisifs et peut-être blessants, peut-être n’aurais-je pas du m’aventurer sur un sujet qui pourrait être vexant. Elle hoche de la tête dans un mouvement d’approbation suite à ma question et précise avec une pointe de lassitude dans la voix qu’elle n’a que pour compagnie un chat. Un greffier qui visiblement n’est pas des plus fidèles et profite pleinement de sa liberté. En la voyant j’ai du mal à croire qu’une femme aussi plaisante ne soit pas accompagnée mais peut-être fait-elle partie de ces indépendantes qui préfèrent de loin leur autonomie à une vie partagée et je ne saurais l’en blâmer. Un sourire et l’atmosphère se détend pour embrayer sur une question de l’ordre de la politesse. Si je veux un verre ? « Volontiers » Elle est déjà affairée, le nez dans son frigo lorsque je cherche du regard l’importun clébard qui se fait étrangement silencieux d’un coup. "Hm j'aaaaai.. de l'eau plate et gazeuse, du jus d'orange et pomme." Pas de bulle avant de courir mais une dose de glucose ne serait pas de refus. « Orange s't'plait». Un léger bruit de l’autre coté dans le salon m’extirpe de mes réflexions mais ce fut si fugace et sans suite que je n’ai pas cru bon d’y prêter d’avantage attention. " Sauf si tu veux.. terminer ta balade avant." Une balade ? Avec la chose ? Je crois qu’on n’a pas la même définition du mot. Ça tient plus du parcours du combattant que de la promenade dominicale… Et sans sa laisse maintenant, le moindre obstacle risque de mettre à mal ma patience légendaire. Avec tout ça, je n’ai pas saisi directement le sous-entendu. Ce ne fut qu’après quelques secondes que mes lèvres se sont réentrouvertes, les yeux plissés une fois l’invitation décelée. "Enfin j'veux dire, j't'accompagnerais bien faire un tour si tu veux bien de moi, ça fait une éternité que j'ai pas mis le nez dehors." Elle tente de se raccrocher aux branches comme elle peut, c’est bien essayé mais j’accepte volontiers de me ridiculiser sous ses yeux lorsqu’elle s’apercevra de la complexité de l’exercice une fois en ville. « Plus tard alors » pour le verre, ce n’est que partie remise. « Il fait beau, ce serait con de ne pas en profiter. » Il me faudra juste une minute ou deux pour bricoler quelque chose afin de tenir en laisse la bête, qui brille toujours par son absence d’ailleurs, le temps qu’elle aille se changer peut-être. « J’te préviens, ça n’a rien d’une promenade de santé. » Et déjà mes doigts partent à la recherche du bout de cuir qui a lâché face à la monstruosité, l’extirpent de la poche de mon sweet afin de tenter quelque chose. « Django ! » Foutu corniaud, où s’est-il donc fourré ?
 
Pendant les prochaines minutes je quitte donc la maitresse des lieux pour partir à la recherche de ce sac à puces miteux, examine le couloir, l’entrée puis me lance dans une introspection de son salon pour finalement le trouver affalé sur le canapé, la tête vautrée lourdement sur l’un des coussins molletonnés. Je suis resté figé devant le pathétique de la scène. Encore heureux qu’il soit dans l’un de ses bons jours où je ne donnais pas cher de son mobilier.  Rapidement et pendant qu’il est posé et calme, un nœud est habilement fait sur l’attache de son collier, en priant qu’il ne mette sa solidité à rude épreuve durant la sortie. « Allez dégage. » Voix douce mais ferme à la fois. Curieusement il a obéi cette fois-là, sautant de tout son poids sur le carrelage pour me laisser le loisir de contempler la catastrophe de son naufrage : un coussin auréolé d’une nappe visqueuse qu’il faut que j’éponge discrètement de ma manche avant que quelqu’un d’autre ne s’en aperçoive. Le retourner ? C’est une possibilité mais j’imagine déjà Ophélia vouloir profiter d’une soirée télé/canapé et poser la main là où il ne faudrait pas…. Un bruit de porte excite mes sens, il ne faut plus trainer. Trouve une solution, vite. Aux grands maux les grands remèdes, il n’y a qu’à le faire disparaitre. Pris dans le feu de l’action j’empoigne le coussin salopé et me dirige à grandes enjambées vers la fenêtre la plus proche, l’ouvre et jette la preuve dans un parterre de rosiers en contrebas.
 

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