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I LOVE HARVARD
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    nothing last forever ☽ ft Efrain.
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    Lien du postMar 2 Juil 2019 - 18:04
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    nothing last forever
    efrain ft. jonah


    « Et donc tu m'as appelé parce que tu n'arrives pas à prendre une douche seul, comme un grand ? », évidemment, il n'en fallait pas plus pour s'attirer les foudres de son regard, deux iris sombres et affreusement noirs. « Ne me réduis plus jamais de la sorte, est-ce que je suis bien clair ? », son infirmière attitrée aimait tout particulièrement se moquer de lui, détendre l'atmosphère et relativiser les choses. Or, il n'était pas vraiment d'humeur. « Tout ce que je voulais dire c'est que tu aurais pu appeler ta petite-amie ou.. ton petit copain ? ». Pour mettre les deux pieds dans le plat, c'était une championne. Malgré tout, ça faisait quand même une bonne semaine qu'il ne s'était pas lavé, c'est à peine s'il arrivait à regarder le fond d'un verre d'eau, ayant un mal considérable à avoir un quelconque contact avec toute source d'humidité. Jonah devait se résoudre à entretenir une hygiène corporelle respectable, au risque de perdre le peu d'amis qui lui restait. Dos à lui, l'infirmière croisait les bras et lui faisait la causette alors qu'il restait immobile derrière le rideau de douche, incapable de faire couler le pommeau. « Ça fait vingt minutes Jonah, il serait temps, tu crois pas ? », incitait gentiment son amie. L'eau finissait par couler, doucement, sur son corps terriblement tremblant. Les deux paumes sur son visage et il tentait vainement de se faire à cette sensation désagréable. Après de courtes minutes à se gratter la peau, plutôt qu'à la traiter avec douceur, il décidait que les plaques rouges apparentes étaient signe  de propreté alors, il éteignait l'eau après s'être rincé. Pour un grand maniaque, c'était une première, on pourrait presque croire qu'il avait indéniablement tenter d'effacer les nombreux tatouages qui couvraient sa peau, malheureusement, le vice était encré plus profondément sous son épiderme. Il s'habillait d'un simple jogging, le temps que son infirmière vérifie qu'il avale bien ses pilules, l'état des veines apparentes de ses bras, même si elle ne trouverait plus aucune trace de piqûres puisqu'il se piquait désormais les cuisses ou sous la langue, en cas de rendez-vous médical prévu à l'avance. C'était un peu sa routine dorénavant ; whisky, héro, nuit blanches, il n'existait plus que pour l'état second dans lequel il se mettait lui-même volontairement, ce faux semblant de vie dont il n'était jamais vraiment rassasié. S'il avait pu choisir, il n'aurait jamais, ô grand jamais ouvert les yeux à nouveau, il se serait laisser sombrer dans les flots d'un sommeil sans fin, rêvant de choses plus douces qu'un brusque réveil en solitaire.

    « T'es nettement plus tatoué que la dernière fois que je t'ai vu, qu'est-ce que tu cherches à cacher ? », demandait-elle un brin amusée, mais là encore, la maladresse se jouait d'elle et elle se rendait compte de sa faute lorsque ses yeux apercevaient le serpent assez imposant qui logeait son abdomen, dans l'optique de dissimuler un maximum sa cicatrice béante - « ah, je vois, bon et sinon, c'est quoi ton programme ce soir ? ». Trop de question, trop de blabla inutile, il n'en avait plus l'habitude. Il restait muet et se contentait de veiller à l'heure sur l'écran de son téléphone portable. « Cesse de remuer la jambe, je vais avoir du mal à viser la veine ! C'est quoi qui te rends si nerveux ? Un premier rendez-vous ? », ne pouvait-elle pas seulement se taire ? Pensait-il un brève instant. Comme chaque semaine désormais, il devrait subir ce calvaire, à l'entendre parler à outrance en lui injectant son traitement. « T'es pas très bavard, enfin, tiens, jette un œil à tes résultats quand tu as cinq minutes, c'est important, d'accord ? » et après avoir posé le dossier près de la vasque, elle disparaissait dans un claquement de porte. Jonah profitait d'être seul à nouveau pour aller vêtir autre chose que le pyjama qu'il n'avait plus quitté depuis sa sortie de l'hôpital. Il lui fallait mettre une tenue qui disait « salut, tout va bien, je vais bien », mais c'était compliqué. Compliqué de mentir, quand on était durement habitué à dire la vérité, compliqué de sourire, lorsqu'on brûlait d'envie de hurler, pourtant l'indifférence et le mépris était à présent seuls maîtres de ce qu'il s'apprêtait à devenir. Alors, pour une fois, la première fois, il s'habillait entièrement de noir et ne prenait pas la peine de dissimuler le brun de ses yeux derrières des lentilles de couleurs, il se contentait de glisser sa grosse paire de lunettes sur le bout de son nez – très peu glamour selon lui, mais à vrai dire, il ne ressemblait plus vraiment à grand-chose avec ses cheveux désordonnés qu'il ne s'était toujours pas résolu à couper. Quoi qu'il en soit, il abandonnait l'idée de jeter un coup d’œil à ses résultats, il était déjà en retard. Jonah s'équipait d'un sac à dos dans lequel il jetait des paquets de clopes, une bonne bouteille de bourbon avant de se glisser une délicate pilule sous la langue ; direction une soirée détente. Au volant d'une voiture qu'il avait « emprunté » à son boulot, un job où il n'allait plus, il se rendait chez Efrain, non sans une légère appréhension. Il ne l'avait pas vu depuis un bail, il ignorait même s'il serait capable d'être aimable oralement. Ça faisait déjà plusieurs semaines qu'il s'était totalement coupé du monde, il avait du mal à reprendre le cours de sa vie. L'humain était nocif, malsain et lui, lui il était juste affreusement paumé. Une fois sur le pas de la porte, il cognait plusieurs coups contre cette dernière, pantelant dans l'attente qu'il daigne venir lui ouvrir.

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    Lien du postVen 5 Juil 2019 - 17:22
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    Run away, turn away, run away, turn away, run away. Le volume de mes enceintes est anormalement élevé, même pour moi, mais je ne parviens pas à me sortir cette chanson de la tête depuis que je suis tombé dessus par hasard l’autre soir. Rien ne me prédisposait à découvrir cette pépite, un remix du titre tell me why des Bronski Beat, tube des années 80 réentendu dans une tonne de productions hollywoodiennes (ou non d’ailleurs) autour de la cause homosexuelle comme ce fut, par exemple le cas, dans Pride sur lequel ma mère a réalisé un sujet entier lors de sa sortie en salles obscures. Volontaire ou non, ce remix entraine et motive, il ponctue et guide le moindre de mes mouvements contre ces poivrons rouges sur lesquels je m’acharne depuis tout à l’heure. Ce soir, j’ai de la visite. Je ne reçois pas n’importe qui, une figure d’un passé qui est déjà revenu me hanter quelques mois en arrière, une période trouble motivée par de nombreux questionnements. Certaines plaies se sont réouvertes, d’autres ont finalement pu se refermer et Jonah a pu réintégrer ma vie. La colère, la haine qu’il éprouvait à mon égard ne sont plus que de mauvais souvenirs, le Spring Break nous a réuni et cet intervalle entre les partiels et les vacances d’été nous aura permis de mieux nous retrouver. J’ai promis de nous cuisiner un petit quelque chose avant de filer s’installer sur les canapés pour enrager devant Netflix, regarder serait un terme inadapté tellement je suis sûr que nous ne parviendrons pas à nous concentrer sur l’écran. Lui et moi, c’est toujours la même chose, les taquineries, les plaisanteries, les réactions en chaine… En la présence de l’autre, on tient rarement en place. Chaleur oblige, j’ai cogité pour trouver une entrée aussi fraiche que possible tout en conservant l’élément de surprise. J’adore lui faire découvrir de nouvelles choses, quoi de mieux, dès lors que de partir sur une pêche au thon. Un mélange de sucré-salé délicieusement relevé par des épices avec un soupçon de mayonnaise pour lier le thon. Une petite salade en plat principal avec une part de tarte aux poivrons sur lit de raclette dont je lui au souvent parlé sans jamais trouver l’occasion de la lui faire goûter. Le dessert, il est basique, classique… Un pot de glace qu’il aura la possibilité de choisir parmi la multitude de saveurs pour laquelle j’ai craqué au supermarché plus tôt dans la journée. Je n’ai pas fait les choses à moitié, rien de surprenant, mes idées sont à la hauteur de mon impatience : extrêmement élevées, j’ai hâte de le voir. Mes carrés de raclette généreusement appliqués dans ma pâte à tarte et recouvert de poivrons mixés, je m’apprête à enfourner le tout lorsque la porte sonne. J’ai tout juste le temps de baisser les yeux pour constater que : petit un, je suis à la bourre et, petit deux, je ne suis pas habillé comme il faut. Mon vieux jogging et ce marcel que j’ai massacré en cuisinant feront l’affaire pour quelques minutes encore, je n’ai pas le choix de toute manière.

    « Salut beau gosse, tu fais bien d’être en retard parce que je le suis également ! » J’ai le sourire jusqu’aux oreilles, mes yeux n’ont pas encore pu s’attarder sur lui puisque j’ai le regard rivé sur cette télécommande qui me permet de baisser de moitié le volume de mes enceintes. « T’as fait bonne ro… » Gros choc, je m’interromps, bouche bée. Il a l’air tellement… Je ne trouve même pas les mots pour illustrer ma surprise, pour justifier mes difficultés à reprendre mon souffle sans éprouver une grosse douleur. Il semble fatigué, épuisé… Loin de sa luminosité naturelle. « Tu vas bien ? » J’entends les mots sortir de ma bouche et je me déteste instantanément pour les avoir prononcés. « Question stupide, pardonne moi ! » Je ne sais juste pas quoi dire d’autre. Je panique, affolé à l’idée qu’un silence très gênant s’installe, qu’il l’interprète comme une forme de jugement ou de pitié, loin de ce que je ressens réellement. Pris par l’urgence, je balance, comme pour dégainer une bouée de sauvetage sur laquelle me reposer. « Je ne sais pas qui est Bogum ! » Mes yeux s'attardent longuement sur lui et achèvent de faire blêmir ma peau. Il a l'air vraiment mal en point, plus encore que ce que j'imaginais dans mes pires scénarios.

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    Lien du postVen 5 Juil 2019 - 21:39
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    Habituellement, il était toujours le premier à traîner dehors, à profiter du temps agréable pour s'élancer à corps perdu dans la première soirée qu'il trouvait, c'était le premier à aller vers les autres, à en oublier qu'il avait un appartement, généralement il passait sa vie à l'extérieur à profiter des petits plaisirs de la vie, qu'il s'agisse de la plus légère des brises aux montagnes russes les plus sensationnelles. Il l'avait déjà bien assez dit ; vivre à fond avant de partir. Cette optique avait rythmé ses journées durant des années, allant jusqu'à mettre sa vie à durée indéterminée en danger. Rien ne l'avait jamais réellement effrayé, pas même lorsqu'il jouait les équilibristes à mille lieu du sol sur lequel il aurait pu maintes fois s'écraser et lâcher son dernier souffle avant même la fin de l'atterrissage. Aujourd'hui, cette facette de lui n'était qu'un élément du passé, balayé par les nouvelles facettes qu'il arborait sans le savoir. On était passé d'un garçon totalement libre, sans crainte, prêt à vivre chaque minute comme étant la dernière, à un un garçon enfermé dans une cage de givre, scellé par une multitudes de peurs silencieuses, qui jamais, ô grand jamais, ne désirait voir venir un nouveau levé de soleil. Jonah avait récolté des troubles supplémentaires alors qu'une âme de passage, éphémère à ses jours monotones lui avait dérobé toutes sources de lumière. Il lui avait ôté sa bonne humeur, sa folie, sa sève, ce dont il était construit et ne lui avait laissé qu'une montagne monstre de colère. Jonah n'avait plus aucun contact avec ses amis, préférant nettement garder ses distances et privilégié le peu de ses sorties à ses proches, tel que Efrain. Il n'aurait probablement jamais pensé à faire des efforts considérables, avoir à lutter autant avec cette voix intérieur qui malmenait autant son cœur que la raison, pour oser mettre les pieds dehors et se rendre chez lui. Cependant, il l'avait fait. Il l'avait fait et il se tenait présentement devant la porte, dans l'incapacité de tenir en place, louchant sur la sonnette. En effet, certains troubles compulsifs étaient apparu et bien que le médecin appelait ça « un inconvénient » du traumatisme, lui se disait seulement devenu complètement taré, ni plus, ni moins.

    C'est vrai, d'où survenait ce besoin irrépressible de vouloir sonner trois fois au lieu d'une, de vérifier douze fois qu'il ait bel et bien verrouiller la porte de chez lui alors qu'il ne l'avait jamais fermé à clef jusque là ? Il était obligé de tout vérifier de multiples fois et de le réitérer jusqu'à ce qu'il se soit persuadé que tout allait bien. Or, ce soir il allait se dépasser, tenter de ne pas se confondre dans ses retranchements. C'est alors qu'il se motivait muettement à rester tel quel, à ne pas faire demi-tour pour courir mettre des lentilles de contact qu'il fut extirper en pleine bataille psychique avec lui-même. Il replaçait correctement ses lunettes sur le bout de son nez, un léger rictus sur le bord des lèvres à l'entente de ses dires. Rire aussi, c'était encore un peu dur, mais il arrivait au moins à forcer des sourires alors tout n'était pas perdu. Lorsque le regard d'Efrain croisait le sien tandis que sa phrase restait en suspens, il empruntait une moue faussement offusquée ; « Ah ouais, à ce point ? J'imaginais pas que les lunettes m'allaient si mal, je suis vexé », puis, ses traits faciaux se détendaient pour laisser un rictus souligner la commissure de ses lèvres. Jonah secouait faiblement la tête - « ça va Ef, je vais bien », ouais, enfin, grâce à la pilule magique qui fuse dans mes veines et dilate mes pupilles. « C'est plutôt à moi de te poser cette question, t'es tout pâle », rétorquait-il à nouveau avant d'approcher pour lui embrasser la joue en guise de salutation, c'était plus personnel qu'un signe de tête qu'il aurait balancer à n'importe qui. Jonah s'autorisait à entrer après lui avoir donné un léger coup dans l'épaule, une simple envie passagère. Cependant, il s'arrêtait dans sa lancée, au beau milieu de l'entrée, sous la révélation d'Efrain. D'un mouvement vif, il se retournait vers lui, l'air outré ; « Tu blagues ? Tu connais pas le Johnny Depp de mon pays ? Alors là, je le prends mal », un soupir exagéré émanait de sa bouche, jouant pleinement la comédie. Il aimait l'embêter. Dans sa lancée, il avançait quelque peu, apprivoisant les lieux d'un regard panoramique. « Bogum c'est le mec le plus bandant qu'il m'ait été donné de voir », et pourtant, dieu sait qu'il était exigent, extrêmement  compliqué et sélectif sur ses critères physiques. Finalement, il daignait poser à nouveau le regard sur son vis à vis et l'observait des pieds à la tête ; « enfin, il fait parti de ma liste », et il lui adressait un sourire en coin, agrémenté d'un clin d'oeil, joueur malgré tout. L'agréable odeur n'avait de cesse de lui chatouiller les narines et pour quelqu'un qui n'avait rien mangé depuis plusieurs jours, la tentation était de mise et il était prêt à parier qu'avec le merveilleux repas qu'il avait pu préparer, il serait capable de reprendre les kilos qu'il avait perdu ; « ça sent super bon, comme toujours, dis-moi tout, qu'est-ce que t'as préparé ? Je suis curieux ».

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    Lien du postLun 8 Juil 2019 - 19:30
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    Je suis sacrément en retard, la faute à un ménage qu’il me fallait absolument faire de fond en comble. Dans les faits, et mes amis seront surement les premiers à se moquer et à m’imiter, il n’y avait pas réellement besoin de nettoyer. C’est juste que j’ai ce côté excessivement maniaque qui fait que je déteste recevoir du monde sans avoir l’impression que tout est clean. Du genre à même aller chercher la poussière au-dessus des meubles en partant du principe que quelqu’un pourrait vouloir y poser quelque chose. Vous pouvez le dire, je pourrais facilement passer pour un mec plein de névroses quand on parle ménage, une chance que je ne me comporte pas de la sorte chez les autres. Beaucoup de gens sont surpris par cela, lorsque je débarque chez quelqu’un, le ménage – fait ou non – ne m’interpelle pas, ça ne me vient même pas à l’esprit pour être honnête là où un fana de propreté pourrait se sentir très inconfortable dans une maison où le ménage n’est pas suffisamment poussé. J’aime que tout soit parfait quand Jonah vient, encore plus que pour n’importe quel autre invité. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Peut-être que tout cela vient de notre attachement mutuel ? Notre amitié a des années au compteur, même si elle a été sacrément malmenée par notre séparation, par mes torts et par tout ce qui nous a gardé l’un éloigné de l’autre pendant un long moment. Le retrouver fut probablement la meilleure chose qui m’est arrivé cette année, l’événement que je retiendrais le plus. J’ai eu peur de le perdre à nouveau lorsque nous nous sommes rapprochés plus intimement et que ce rapprochement n’a pas abouti, mais force est de constater que nous sommes bien plus forts que cela. Tant mieux, le voir s’éloigner à nouveau m’aurait fortement déplu en plus de me faire du mal. Ce soir, je suis d’une humeur formidable, motivé comme jamais, toujours à la recherche d’une association surprenante à proposer à ce garçon qui n’a jamais les yeux plus gros que le ventre. Mes poivrons coupés, moulinés, agrémentés d’un petit peu d’ail puis revenus dans un peu d’huile d’olive et de crème sont parés pour le grand voyage après avoir été appliqués généreusement sur la raclette elle-même plaquée à même la pâte brisée qui, je l’avoue, n’est pas faite maison parce que j’ai sacrément manqué de temps. Jonah arrive pile poil au bon moment, comme s’il avait senti la douce odeur de la nourriture en train de dorer au four.

    Le choc est assez brutal, pas que j’ignorais sa condition un peu plus précaire que ce n’est déjà le cas d’ordinaire, mais plutôt parce que je l’imaginais avec une meilleure mine, un sourire plus honnête. Alors que mes yeux affrontent sont visage avec plus d’instance, j’ai comme cette douloureuse impression de ne plus lui trouver cet éclat de lumière qui le rendait si beau, si impressionnant. Lui qui n’a jamais manqué d’énergie, d’humour, de passion malgré la maladie, en dépit de toutes les merdes qui ont pu lui tomber sur le nez. J’ai le cœur serré, forcément, inquiet à l’idée qu’il sombre, qu’il se laisse aller, qu’il baisse les bras. Il sait encore faire le clown et me faire rire, c’est certain, mais cette boule qui nait dans mon estomac m’empêche de rire aussi franchement que d’habitude. « Tes lunettes te vont bien… Tes cheveux en revanche… » Je termine en grimaçant exagérément. « Tu veux que je dégaine les ciseaux et la tondeuse ? » En Russie, et bien avant d’ailleurs, j’avais l’habitude de couper les cheveux gratuitement aux personnes qui n’en avaient pas les moyens. Encore plus au refuge pour les adolescents et jeunes adultes homosexuels mis à la porte par leurs parents. Jonah, je ne crois pas qu’il soit déjà passé par mes mains savantes, il ne ressortira pas d’ici avec cette tignasse cela dit, impossible. Il va bien… Pourquoi cette affirmation sonne-t-elle aussi fausse ? Je fronce les yeux et le dévisage, à la recherche d’une expression, d’un réflexe qui le trahirait. « Mouaiiis… J’te crois pas trop, j’suis pas convaincu, mais on va travailler là-dessus ! » Mission du jour : Lui faire retrouver le sourire, et des émotions suffisamment fortes pour qu’il fasse abstraction du reste, pour qu’il se concentre sur ce moment sans penser à autre chose. Je commence fort, avec cette star dont j’ignore tout. « Ah… Un mec qui a tabassé sa femme ? » J’ai envie de l’embêter, j’avoue, parce qu’il serait réducteur d’associer Johnny Depp à cette histoire avec Amber Heard… Surtout quand la frontière entre le mensonge et la vérité semble aussi fine, avec des accusations d’un côté comme de l’autre. Le mec le plus bandant, et puis ses yeux, son regard, son sourire, le clin d’œil… La chaleur et des lèvres qui s’étirent pour trahir des émotions que je ne sais pas dissimuler de toute manière. « N’essaie pas de te rattraper, c’est trop tard, je suis vexé à mon tour… Pour la peine, je cracherais dans ta part de tarte ! » Je marque une pause, volontairement mutin, et reprend, sans avoir peur d’être cru. « Et quand je parle de cracher, je ne fais pas référence à ce que tu adores avaler ! » Il comprendra, mon sourire en dit long qui plus est. « Montre une photo, vas-y, que j’vois à quoi ressemble ce monsieur ! » Je ne suis pas peu fier de présenté mon menu du jour, je me suis dépassé. « En entrée, tu auras droit à ce que j’aime appeler une pêche au thon, tu auras ensuite le plaisir de déguster une tarte raclette poivrons accompagnée d’une salade composée de mon cru. Le dessert, c’est une surprise ! » En attendant de passer à table… « Qu’aimerais-tu boire ? »


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    Lien du postMer 10 Juil 2019 - 2:23
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    Oh, il le connaissait ce regard. Il avait dû s’y soumettre de nombreuses fois ces derniers jours. D’abord Valentina, sa grande pote sans laquelle il ne met les pieds à une soirée, Dae, son ex devenu l’un de ses amis les plus proches, sa sœur qui, d’ailleurs, est probablement la seule à connaître les détails du foutoir qu’est actuellement sa vie. Tous. Ils avaient absolument tous eu ce regard, le même que Efrain à l’instant, identique à celui de son infirmière un peu plus tôt. Il savait qu’il n’avait l’air de rien, c’était plus son problème de s’apprêter pour sortir, puisqu’il ne sortait plus, puis, être présentable, pourquoi faire ? Jonah en avait assez, il était lassé de prendre soin de lui, de son allure normalement affûtée jusqu’au moindre accessoire, calculant et coordonnant chaque couleur tel un prodige de la mode. Il avait habituellement ce style vestimentaire qui n’appartenait qu’à lui, qui le dissociait souvent des autres et grâce auquel, on le reconnaissait à des kilomètres à la ronde, cependant il n’était plus question de ce garçon là désormais, il avait échangé sa place pour ce garçon qui se complaisait à négliger son image, qui se fichait bien d’avoir deux chaussettes différentes, d’avoir les cheveux tel un champ de bataille. La phobie du détail n’était plus d’actualité. Il portait du noir et chérissait cette couleur qui n’en était pas une, ça lui faisait gagner du temps en lui ôtant ce besoin constant d’être dans l’harmonie de ce qu’il pouvait bien porter. C’était nouveau de le voir comme ça et il savait que ça surprendrait les personnes qui le connaissaient bien, parce qu’en temps normal, il aurait tout de même fait l’effort d’être propre sur lui. Le port des lunettes et les cheveux nettement plus longs qu’à leur habitude en disait long, bien assez pour qu’il n’ait pas à parler. Il secouait alors négativement la tête, il lui était impensable de dire adieu à cette longueur fine mais agréable, pas aujourd’hui, non, pas aujourd’hui. « Même pas en rêve, il faudra me passer sur le corps » avait-il seulement rétorqué. Se couper les cheveux ça signifiait devoir se soumettre à nouveau à une douche pour exterminer les petits survivants qui se serraient sournoisement glissé dans son dos et ça, pas question. Il refusait catégoriquement d’y retourner de si tôt. C’est alors qu’il s’était fait une place chez lui, se distrayant en jouant avec les longues manches du pull noir qu’il portait, toujours dix fois trop grand pour lui, évidemment.

    Un dialogue en entraînant un autre l’amenait à jouer, comme autrefois, à le taquiner comme il aimait le faire, bien que sa remarque sur Johnny Depp avait eu le don de lui arracher une moue passagère. « Tu devrais te sentir honoré, c’est une liste qui ne comporte que cinq noms », cinq visages sublimes à tomber, cinq personnes capables de lui faire tourner la tête, c’était finalement pas une liste, mais plutôt cinq personnes l’ayant marqué. Face aux dires d’Efrain, il ne tremblait pas, pas même un peu. Ça l’amusait, tout ça, il le connaissait et il en jouait mais il pouvait aisément le comprendre puisque Jonah faisait de même dès la première opportunité à sa portée. « Tu me fends le cœur, moi qui m’attendais à saliver ce soir », jeu de mot ou pas, il glissait sa langue sur sa lèvre inférieure, humectant ses muqueuses ; simple façon de marquer davantage la taquinerie. Il se munissait de son téléphone et déverrouillait ce dernier pour laisser son pouce faire défiler sa galerie photo - il y avait du choix, Dieu seul sait combien il en avait enregistré. Il choisissait sa préférée, tel un bon fan et décidait de la lui envoyer. « C’est sur ton téléphone, me remercie surtout pas si tu fais de beaux rêves cette nuit ». Jonah enfonçait ses mains dans ses poches, laissant mourir ce rictus joueur pour l’écouter débiter un repas qu’il désirait déjà dévorer. « T’as vraiment fais un truc de dingue, tu te prépares à défier un chef étoilé ? », plaisantait-il, l’odeur lui chatouillant toujours aussi agréablement les narines. « Plus sérieusement, j’ai hâte de goûter », et bien que la nourriture ne faisait plus partie de sa vie depuis quelques jours, il saurait faire honneur à un tel festin, surtout préparé par ses soins. « Justement, j’ai apporté quelque chose », déclarait Jonah en quittant les hanses de son sac des épaules, fouillant dedans pour en sortir ce qui le faisait peser lourd, « j’ignorais ce que tu voudrais boire et j’avais dis que j’apporterais quelque chose alors.. je suis toujours indécis pour choisir du vin du coup j’ai pris la meilleure bouteille de bourbon de ma réserve personnelle ». Il daignait poser son sac presque vide dans un coin avant de reposer les iris sur Efrain ; « il a un petit goût caramélisé, il faut que tu le goûtes, sinon je vais me fâcher ».

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    Lien du postVen 12 Juil 2019 - 14:53
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    Je me sens terriblement mal dès lors que mes yeux trahissent mes pensées. Je ne suis pas stupide, j’ai toujours souffert de ce défaut, celui que l’on considère parfois comme une qualité suivant les situations : un regard bavard, des yeux qui ne demandent qu’à exprimer le bordel que peut parfois être mon intérieur, là, à l’intérieur de moi. Ils sont effectivement le miroir de l’âme, comme peut le dire l’expression très populaire et utilisée à toutes les sauces pour aller avec tous les motifs, qu’ils soient abracadabrants ou non. Mes prunelles, lorsqu’elles se sont confrontées à un Jonah loin d’être au sommet de sa forme, ont immédiatement donné suite à ma détresse émotionnelle, celle qui fait suite à cette douleur omniprésente dans ma poitrine, celle qui exprime ô combien le voir dans une telle posture me fait mal. Jonah, malgré la maladie, malgré toutes les merdes, il a toujours été un modèle pour moi. Toujours irréprochable vestimentairement, en dépit d’un style que j’ai toujours pris soin de taquiner avec tendresse et second degré, jamais avare en boutades à balancer au détour d’une conversation sérieuse pour détendre l’atmosphère et apporter avec lui une joie de vivre communicative. Je l’ai toujours connu attentif, barré, peu concerné par ses propres problèmes, un genou à terre mais toujours fort, persistant, coriace et fier. Ce soir, alors que je m’attendais à le retrouver ainsi, une once de fatigue en plus, la surprise, au goût sacrément amer, ne peut que m’étouffer et me faire perdre pied. J’accuse le coup, tente de donner le change mais nous savons tous les deux que le mal est déjà fait, tout ce que j’espère, c’est qu’il ne sera pas blessé par ce regard, qu’il ne l’interprètera pas comme une forme de jugement, comme une manière indélicate d’insinuer qu’il n’est plus que l’ombre de ce qu’il était, de ce que j’ai toujours adoré, aimé passionnellement fut un temps. Face à un tel silence, à un Jonah qui me toise et me fait comprendre que lui-même m’a compris, j’opte pour une solution de repli temporaire, qui devrait me permettre de me substituer à tout cela pour mieux y revenir plus tard, lorsque je jugerais la conversation propice, lorsque les mots viendront plus naturellement nuancer la folle tristesse qui m’enivre présentement. Ses cheveux, je pourrais très bien y faire quelque chose, rien qu’un bon passage de tondeuse et quelques coups de ciseaux ne pourraient pas changer. Son refus est néanmoins très attendu et légitime, il n’est pas du genre à se laisser convaincre facilement le petit, toujours aussi têtu. « Tu sais que te passer sur le corps ne serait pas un problème, je suis plutôt rodé à cet exercice après tout ! Il faudra trouver mieux pour me convaincre de renoncer à te rafraichir les tifs ! » La plaisanterie et la taquinerie au-dessus de toute forme de lourdeur et de premier degré. Il ne s’est pas déplacé pour cela, Jonah. Il doit avoir besoin d’oxygène, d’air, d’une parenthèse que je suis prêt à lui offrir au péril de tout ce que j’aimerais lui dire pour le moment. Je suis cet ami-là, capable de tous les sacrifices pour le bien-être des gens auxquels il tient.

    Cinq noms, une plaisanterie, un sous-texte que j’apprécie et qui me flatte énormément, on ne va pas se mentir, et des vannes sur Johnny Depp que beaucoup ne cessent d’attaquer depuis qu’il a divorcé d’Amber Heard. Loin d’être fanatique de la presse people, obsédé par le fait de toujours avoir un avis à donner sur tout et n’importe quoi, et encore moins branché potins à la noix, je préfère ironiser là-dessus pour mieux rebondir et lui demander une photo, un support qui pourrait m’arracher à ma méconnaissance la plus totale et me permettre par la même occasion de visualiser le bonhomme dont il me parle et sur lequel il fantasme. « Cinq personnes sur un pied d’égalité ou cinq personnes classées suivant des critères bien précis ? On veut tout savoir ! J’adore les classements et les barèmes complètement farfelus ! » J’imagine bien Jonah, avachi sur son lit, son ordinateur portable près de lui, à remplir des fichiers word et un tableau regroupant des tas d’annotations, de points et de critères complètement anecdotiques comme l’odeur corporelle, le style, la dégaine avec des lunettes de soleil, les mimiques, le sourire, les muscles… Il pourrait passer des heures à compiler les informations et à ajouter ses coups de cœur du moment. J’ai un rire très naturel lorsqu’il parle de saliver, sa réponse en double sens pour répondre au double sens évident que j’ai mis en place quelques secondes plus tôt. « Il faut savoir rarifier l’offre pour que la demande soit plus forte, et les efforts fournis de qualité, vois-tu ! » Suis-je vraiment en train d’utiliser des concepts économiques pour parler cul ? Je suis plein de surprises, décidément. Mon portable vibre et la pièce jointe envoyée par SMS me permet de découvrir le fameux Bogum, mignon, effectivement, très mignon. « Ah, mais il est jeune, j’pensais qu’il était comme Johnny Depp actuellement moi… Vieillissant, ombre de ce qu’il fut mais toujours charismatiquement sexy à la fois… » Charismatiquement sexy, une nouvelle expression de mon propre cru, moi qui aime réinventer la langue anglaise au fil de mes métaphores barrées. Mon programme culinaire semble le séduire, parfait, j’ai travaillé dur pour lui faire plaisir et il en aura sacrément besoin pour se remplumer, lui qui me semble si maigre dorénavant. En attendant, place à l’apéro avec la proposition la plus basique : des chips et des brochettes de melon / mozzarella en référence à la saison en cours, à l’été et à sa chaleur étouffante. Il a apporté du bourbon, une bouteille de haute qualité et que je me dois absolument de goûter. L’alcool et moi, on ne fait pas spécialement bon ménage, je bois très peu pour ne pas ruiner mes efforts à la salle et préfère faire la fête en pleine capacité de mes moyens, toujours est-il que j’apprécie de prendre un petit verre de temps en temps. « Très bien, mais c’est bien parce que j’ai terriblement peur de ton courroux ! » J’ironise en dégainant une plaquette de glaçons et deux verres dans lesquels verser la substance alcoolisée. « Profites-en pour me raconter plus en détails tes dernières semaines, j’ai l’impression d’avoir raté tellement de choses ! »

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    Efrain avait toujours été comme ça, à vouloir prendre soin de lui, à croire que c'en était presque devenu une manie. Cela dit, Jonah de son côté, avait toujours un mal fou à le laisser faire et le laisser toucher à ses cheveux relèverait d'un défi que son vis à vis ne parviendrait pas à mener à terme, parce qu'il n'était pas décidé à se résoudre à les couper, pas même un peu. Ils n'étaient pas si long, après tout, il gênaient seulement ses yeux et chatouillaient quelque peu sa nuque, sa mère avait appelé après avoir vu une photo sur les réseaux afin de lui dire combien elle aimait ce léger changement. Si elle savait, diable, si elle savait. « Essaie toujours, mais je te souhaite bien du courage, ça sera pas aussi facile qu'autrefois tu sais ? Je me suis remis aux sports de combats, je l'ai pas mentionné ? puis c'est différent, avant je te laissais faire, c'était vachement drôle, j'en profitais un peu je dois dire, quoi qu'il en soit, retire toi cette idée de la tête monsieur muscle,  Jonah Kim ne te laissera jamais, ô grand jamais, couper sa crinière de lion, compris ? », rétorquait-il, infiniment déterminé, convaincu qu'il pouvait faire le poids face à Efrain, bien qu'au fond, il était seulement dingue, mais ça n'était pas nouveau alors il savait que ça n'étonnerait pas son vis à vis. Tête brûlée jusqu'au bout, Jo n'avait plus peur de rien depuis longtemps, peur de rien, ni de personne, seulement de l'amour et de ses vertiges, mais ça, c'était encore une histoire bien différente. La conversion dévie vers des horizons différents, empruntant parfois des chemins glissants, mais jamais gênants. Ce sentiment n'existait plus depuis longtemps, entre eux. Il se laissait porter au gré de ses paroles, se berçant de cette atmosphère qui, pour la première fois depuis longtemps, s'avérait légère et c'est tout ce dont il avait besoin ce soir ; un peu de douceur. « J'ai pas de critères, juste des coups de cœur, je ne mets jamais quiconque sur un pied d'égalité, la vie serait bien trop monotone sinon, tu crois pas ? », déclarait Jonah, croisant les bras sur son torse. Il n'était pas du genre à avoir un goût particulier quant au physique d'autrui, chaque être humain était spécial, chaque personne avait une certaine valeur et était belle, unique et charismatique, mais une rare poignée avait le don d'attirer son regard. Il n'était pas question de traits originaux, d'un caractère corporel bien précis qui viendrait le charmer en un clin d'oeil. Ses iris se noyaient dans la beauté des autres et son coeur lui, choisissait – souvent très mal d'ailleurs, mais ça n'était qu'un détail, finalement. « J'aime juste bien l'idée, tu vois ? Tu te dis que sur terre, il y a une personne qui a en tête cinq noms, seulement cinq, de personnes totalement différentes qui lui plaisent, et que, parmi ces noms-là, il y a le tien, c'est idiot mais si ça m'arrivait, si j'étais l'un des noms dans la liste de quelqu'un, je me sentirais vachement important », avouait Jonah, haussant simplement les épaules. Son côté sentimental, durement travaillé ces derniers temps, ressortait parfois malgré lui, malgré le fait qu'il cherchait à l'éteindre. S'il réfléchissait autant, qu'il se perdait profondément dans ses pensées et se perdait dans d'inutiles explications, c'était dû à une anomalie, un choc à la tête suite à sa chute au fond de la piscine – une bizarrerie supplémentaire à détester chez lui. « Des fois je suis déçu par le comportement d'un nom sur ma liste alors je le remplace par un autre, certaines actions rendent les humains vraiment laids, c'est une question de principes », et c'est probablement pour cette raison que le nom d'Efrain n'avait jamais quitté son mémo interne ; c'était inévitablement quelqu'un de bien, il ne pourrait jamais le nier.

    Une fois encore, la conversation prend une tournure inattendue, mais c'était leur domaine ça, passer d'une chose à une autre, d'un sujet vagabond à son opposé sans l'intime conviction d'être resté dans l'inachevé. Un maigre rictus venait habiller ses lèvres, presque imperceptible à l'oeil nu - « oh oui je vois, il est préférable de valoriser la qualité plutôt que la quantité, d'après toi ? Je suis du genre à glorifier les deux côtés, mais tu me connais, je consomme aveuglément », rétorquait-il en entrant dans son jeu de sous-entendus, aussi étranges soient-ils. S'il n'avait pas eu l'esprit qui tournait férocement à plein régime, il aurait presque pu laisser un éclat de rire lui échapper, or, c'était encore trop tôt. Bogum fut alors le sujet suivant, un sujet qui d'ailleurs, lui plaisait bien. Discuter des racines de son pays, de ce qui le constituait, c'était un peu comme y replonger ; combler ce vide cruel qu'était le fait de savoir qu'il ne pourrait jamais plus y mettre les pieds. L'avion lui était dorénavant interdit, par conséquent, il ne reverrait plus la beauté des rues de la capitale, la population Séoulite effervescente, les paysages à en avoir le souffle coupé. Ces longues soirées à danser au milieu d'une place public entouré par la foule toute aussi euphorique que lui, rejoint par d'autres qui aimait tout autant la danse, ces nombreuses nuits à descendre des bouteilles de soju sur les toits avec une poignée d'amis, tout ça, c'était derrière lui, un passé qui le chagrinait silencieusement. En attendant, il pouvait toujours soumettre ses connaissances à Efrain qui semblait un peu perdu au sujet de l'acteur le plus en vogue de son pays natal. « Jeune, tu dis ? Il est déjà plus vieux que toi tu sais, il a vingt-six ans », déclarait Jonah en glissant de nouveau les mains dans ses poches. « J'ai utilisé Johnny Depp en référence puisque apparemment c'est un dieu vivant en Amérique et Bogum a le même effet en Corée, c'est nôtre légende, il joue vraiment super bien, tu devrais penser à t'instruire, babo », un ton moqueur et un mot  presque injurieux, mais affectueux, provenant de sa langue maternelle, toujours dans l'optique de l'embêter. Jonah laissait son vis à vis dégainer deux verres, tandis qu'il s'activait à déboucher la bouteille ; rien qui ne changeait vraiment de son quotidien. Les sourcils froncés en le voyant apporter des glaçons, son âme d'alcoolique faisait vivement le tour, un brin suspicieux ; « me dis pas que tu vas mettre des glaçons dans ton whisky, je le prendrais comme une offense », enchérissait l'étudiant alors qu'il venait lui prêter main forte avant de laisser couler le nectar  dans les deux verres - « si tu le bois sec, tu sentiras bien mieux le petit goût caramélisé, or, si tu mets des glaçons tout ce que tu sentiras c'est un Jonah pas content qui te tireras les oreilles », déclarait ce dernier, un rictus à la commissure des lèvres alors qu'il venait poser la bouteille sur la table. « T'as pas raté grand-chose, j'ai passé les dernières semaines dans le coma », l'informait-il avant d'émettre un léger rire, aussi amer soit-il, il n'en restait pas moins un éclat de rire, ça comptait un peu, pas vrai ? « Je pourrais te raconter plus en détails ma dernière semaine mais je plomberais l'ambiance et crois-moi, t'as franchement pas envie de savoir, alors pour faire court j'ai pas fais grand-chose, j'ai foiré mes exams, je dois retapé mon année et mon père est super content, à tel point qu'il me conseille vivement de changer d'orientation avant qu'il soit trop tard, si tu vois ce que je veux dire, je suis pas foutu de prendre une douche seul et par là, j'entends rien de coquin malheureusement, sinon quoi de nouveau.. mh, je me suis encore fais tatouer, c'est ma nouvelle grande passion, tu vois ? Oh, et j'envisage d'adopter une trentaines de chats, voilà, je crois que j'ai fais le tour, et toi alors, tu me racontes quoi de nouveau ? ».

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    Lien du postMar 30 Juil 2019 - 16:57
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    Jonah, il a toujours eu ce petit quelque chose en plus, spécial. Je l’ai remarqué dès le premier jour, lorsque nos chemins se sont croisés par hasard à cette soirée et que je n’ai eu en tête que de le retrouver toute la nuit. C’est une histoire assez amusante, d’ailleurs, que je n’ai jamais eu le loisir de lui conter. Cette soirée-là, j’ai abandonné mes amis et parcouru une bonne quinzaine de fois cette maudite propriété à sa recherche. Une telle action revenait à partir à la conquête d’une aiguille dissimulée dans une botte de foin et dont le seul indice généreusement offert revenait à… Un t-shirt avec un motif spécifique et une coupe de cheveux. Vous pouvez le dire, j’étais sacrément dans la merde, incapable de vous fournir le moindre détail à propos de son visage… Juste que son regard m’avait retourné, électrisé, cloué sur place. Je n’ai pourtant pas abandonné, importuné une bonne dizaine de garçons pour qu’ils se retournent et me regardent dans les yeux sans succès… Et finalement là, au moment où je songeais à abandonner et à rentrer chez moi, il est apparu. Un peu comme dans ces films complètement stupides, à la mode coup de foudre hollywoodien, bande sonore digne d’un opéra en arrière-plan et passage immortalisé sous la forme d’un ralenti terriblement cliché et daté. C’est un peu ce que j’ai ressenti, l’opéra remplacé par une stupide musique dance sur l’amour diffusée par le DJ improvisé de la soirée et les ralentis abandonnés à la faveur d’une foule sauvage qui ne cessait de me faire craindre qu’il disparaisse à nouveau. L’aborder, après tout cela, fut tellement facile. Les hésitations avaient largement eu le temps de disparaitre les unes après les autres pour laisser place à l’excitation et la joie d’être parvenu à relever le défi, d’avoir résolu le mystère. La suite, nous la connaissons tous les deux, le début d’une belle histoire, la rentrée, les études qui reprennent, la lente chute avant une collision qui nous aura été fatale. Pour autant, et malgré ce retour de flamme sur lequel je n’ai jamais trop su poser de mots en début d’année, nous avons toujours conservé cette étincelle, cette proximité, cette affection… Je reste persuadé qu’il ressentait tout cela, ce chamboulement, au fond de lui, même lorsqu’il me détestait de tout son cœur. Même après tout cela, je n’ai pas besoin de me questionner dix ans, d’y réfléchir à deux fois avant de me remettre à enchainer les insinuations, le teasing… Flirter nous est tellement naturel, c’est notre mode d’expression privilégié. Je n’arriverais pas à faire autrement à ses côtés, partie intégrante de notre ADN relationnel. « Ah oui ? Parce que tout… Ceci… » Je démarre, en me mordillant la lèvre inférieure, les doigts s’attardant dangereusement sur mon t-shirt que je relève pour pouvoir effleurer la ceinture de mon pantalon, tirer légèrement dessus, dans une provocation odieusement délicieuse. « Ce n’est plus ce qui captive ton regard ou te donne envie de… Tout oublier ? » Quoi ? A chacun ses cartes, la suite laisse place à un long rictus, parce qu’il ne me fait pas peur le minus. « Vas-y, viens, je t’attends, morveux… Fais-moi l’enfer ! » Mes deux bras se tendent, je lève les deux mains, bien droites pour pouvoir lui faire signe d’approcher, comme si j’engageais le combat. La vérité, c’est que même s’il attaquait, je le laisserais gagner. J’aurais bien trop peur de le blesser de quelconque manière pour oser riposter, même pour chahuter. Avant, je le faisais sans réfléchir, mais je n’ai pas besoin de mots pour déchiffrer son regard et anticiper sur la douleur qui a manqué de me l’arracher définitivement.

    J’abandonne l’idée de m’immiscer à travers ses cheveux pour essayer de les lui rafraichir, l’esprit accaparé par autre chose, par les mots qu’ils prononcent et ces fameuses têtes, au nombre de cinq, qui marquent son esprit d’une manière ou d’une autre au point de ne pas pouvoir les oublier, se les sortir de la tête. Figurer parmi ces cinq individus, ça me fait quelque chose, même si je ne le montre pas au début pour m’élancer tête la première vers une histoire de critères, de pied d’égalité et de barèmes censés classifier le tout. Il a raison cela dit, sur l’aspect monotone de mon approche, je préfère la sienne et j’acquiesce à ses propos, la peau de mes joues virant légèrement au rouge, peut-être plutôt au rose. Une douce rosée perçant mes sentiments à jour. « Et c’est ainsi que je me sens… Spécial ! » Je souris, plantant mes prunelles dans les siennes. « Comme tu l’es pour moi, à part, hors catégorie ! » Je ne baisse pas les yeux, comme pour m’assurer qu’il en saisisse le poids, l’importance de sa personne pour moi. Tous les deux, nous avons vraiment été très proches à un moment, c’est le genre de chose que l’on n’oublie pas, jamais. Qu’on le veuille ou non. Une remarque fait se resserrer mon cœur dans ma poitrine, parce que j’ai l’impression qu’elle est prononcée pour moi, que j’en suis l’unique destinataire. Que ce soit le cas ou non, je le prends en tout cas pour moi et encaisse le choc sagement, en essayant de ne pas moufter. « J’imagine que… J’ai du sacrément dégringoler à une époque… Alors… Je devais plutôt être sur l’autre liste, parmi le top 5 des gens que tu exècres plus que tout au monde ! » Je ne pourrais que le comprendre, j’ai choisi de souffrir de la décision que j’ai prise, lorsqu’il a fallu faire un choix entre ma santé mentale, la poursuite de mes études et l’amour. Jonah n’a malheureusement jamais eu son mot à dire dans tout cela. Et pour ce point bien spécifique, je méritais toute la haine du monde à l’époque, aussi forte et grisante que celle que j’éprouvais à mon propre égard. Malade à l’idée d’avoir dû renoncer à une priorité sentimentale pour la remplacer par une ambition débordante et terriblement isolante.

    Je pouffe de rire, mis hors d’état de nuire par un garçon qui, pour déconner et se livrer à un truculent jeu de sous-entendus reste inlassablement invaincu dans sa catégorie. « Tu as toujours aimé être dans l’excès, quitte à oublier d’en apprécier la qualité qui t’étais offerte… » Aucune critique personnelle, cela étant dit. Je taquine mais je crois n’avoir jamais ressenti une telle chose à ses côtés, l’impression de ne pas être considéré au regard de ma valeur véritable. Il m’a toujours donné le sentiment d’être spécial, unique… Fait pour lui. Une sensation tellement planante, probablement bien plus euphorisante que toutes les drogues qu’il a pu tester ces dernières années. Lui, le roi de la défonce. Monsieur me taquine ensuite sur mes connaissances relativement limitées en matière de culture propre à ses origines. Rien que je puisse contredire, il a totalement raison là-dessus. « Je ne sais pas ce que veut dire babo mais je me sens profondément insulté quand même, espèce de petit con ! » Je cogne tendrement son épaule pour faire reculer le minus de quelques centimètres, l’œil rieur. « Tu pourrais m’apprendre… Partager avec moi ta culture… M’apprendre ton langage… » Et je le pense sincèrement, ce n’est pas une énième proposition faite en l’air, juste pour le plaisir d’avoir le dernier mot. J’aimerais pouvoir me rapprocher de lui à travers tout ce qui m’est inconnu et fait de lui un être riche, à part entière. J’accueille sa remarque, choquée, indignée, à propos de ma manière de boire le Whisky avec un désir de le provoquer tellement fort qu’il me pousse à le dévorer des yeux avec ce sourire naissant, un sourire de fouine, de diable, qui accompagne le mouvement que j’exerce pour faire basculer deux glaçons dans mon verre. « Oops… Je crois que j’ai choisi de le boire avec des… Glaçons ! » J’adore le lancer de la sorte, l’allumer sans aucune différence effectuée entre l’allumage traditionnel, fort en tension sexuelle, et l’allumage taquin, basé sur une envie d’embêter le monde, de le faire réagir.

    Jonah, il me met un petit coup sur la tête en refroidissant l’ambiance avec son coma. Je ne pourrais jamais suffisamment remercier sa sœur d’avoir eu le courage de me le dire, même si elle a mis un petit peu de temps pour cela. Je n’aurais jamais été mis au courant de l’état de santé préoccupant de Jonah et c’est clairement quelque chose qui m’aurait fait perdre pied. L’idée de ne pas avoir pu être là parce que l’on m’aurait empêché de le faire. Je ravale péniblement ma salive et me laisse tomber sur le canapé, à côté de lui. Je lui prends la main, pas vraiment inquiet à l’idée d’être repoussé si tel devait être le cas. « Ton père a tort, tu m’entends ? Tu as eu une année tellement difficile, il faut que tu parviennes à reprendre ton souffle avant de songer à quoique ce soit d’autre… Pour pouvoir repartir du bon pied. » J’ai confiance en lui, il est ressorti plus fort de toutes les épreuves qu’il a eu à affronter, celle-ci ne sera nullement différente. J’en suis intimement convaincu. « Tatouer, encore ? Où ça ? » Je demande, curieux de découvrir le nouveau dessin qu’il a fait immortaliser sur sa peau. Parfois, j’aimerais sauter le pas, moi aussi… Mais j’ai tellement peur de regretter et d’avoir à passer ma vie avec un motif qui, tout bien considéré, ne m’emballe pas que je renonce systématiquement. « Euhmmm… J’ai été parler à mon coach après les demi-finales de Natation… Lui demander à prendre un petit peu de temps pour moi, pour reposer mon dos… Je songe à aller passer des radios. Ta sœur m’a conseillé de creuser un peu plus, les anti-inflammatoires ne soulagent pas mon dos alors qu’ils devraient le faire s’il en s’agissait que d’une petite inflammation… Surement un nerf de déplacé ou quelque chose de ce genre. » Je tente d’être rassurant, pourquoi devrions-nous nous inquiéter après tout ? « J’ai validé mon année, major de promo, et j’ai été sélectionné par un hôpital très réputé pour son programme d’internat que j’attaque en septembre… Que du positif ! » Je comble clairement le vide sentimental en m’investissant pleinement dans le travail, ça me sauvera toujours.
       

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    Lien du postJeu 1 Aoû 2019 - 2:18
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    Il ignorait combien de temps s'était écoulé depuis leur dernière rencontre, pourtant c'était un peu comme s'ils ne s'étaient jamais dit au revoir. Bercé par les mêmes taquineries qu'autrefois, la douce et identique atmosphère qui l'avait tant arraché à ses démons pour le laisser flotter dans l'air comme s'il était lui-même une brise légère. Il avait l'impression de pouvoir s'autoriser à laisser tomber le voile, les barrières, mettre son armure de côté, telle était leur histoire depuis la première minute ; après s'être apprivoisé suffisamment, il s'était découvert l'un l'autre de part leur véritable nature, une image véritable, pure et authentique, sans le moindre faux semblants. C'est en partie ce qui l'avait fait irrémédiablement plongé dans cet océan sentimental – Efrain n'avait jamais cherché à porter une étiquette, à se jouer d'une image dans l'unique but de s'amuser de lui, de garder un brin de mystère. Ils avaient tout partagé et au fond, même si leur relation n'était plus celle qu'elle était autrefois, ils pouvaient toujours tout partager, se dévoiler leur vie sans la moindre pudeur, sans craindre le jugement d'autrui, sans la peur de voir un secret surgir de la bouche d'un autre. Malgré le radical de leur rupture et la confiance ayant été brisée dès cet instant même, aujourd'hui, Jonah réapprenait à lui livrer aveuglément sa vie, ses péchés, ses péripéties, comme si rien n'avait jamais entaché ce lien si fort, si solide qui les soudait tous les deux. Sa sœur le lui avait pourtant bel et bien conseillé ; redevenir le même qu'auparavant, celui qu'il était dans le passé, ne lui ferait aucun mal et le protégerait des méandres des jours vivants, des coups de pieds brusques qu'ils s'évertuaient à lui asséner, à lui, à cet humain qui ne demandait pourtant qu'à être aduler en retour par cette vie, cette vie qu'il aimait tant malgré tout le mal qu'elle lui faisait, cette vie dans laquelle il pataugeait, éclaboussait les autres mais n'en perdait pas une miette, mais aussi cette vie qui l'époumonait et cherchait impérativement à le maintenir la tête sous l'eau. C'était pas tous les jours faciles non, bien au contraire, mais il avait la chance d'avoir l'épaule d'Efrain sur laquelle s'appuyer, sur laquelle trouver refuge, une épaule qui savait, ne ferait pas l'erreur de l'abandonner une seconde fois. Ses yeux suivaient doucement le mouvement de ses gestes, intéressé, comme il l'avait toujours inévitablement été ; c'était Jonah, il ne fallait pas l'oublier. Ses iris s'attardaient sur la ceinture de son pantalon, sur cette provocation qui venait lui chatouiller l'échine ; « c'est une question piège, n'est-ce pas ? tu sais bien que c'est ce qui me fait perdre la tête et je crois que tu sais aussi que si j'avais été de meilleure humeur, je serais probablement déjà à genoux devant toi », rétorquait alors Jonah, relevant lentement le regard pour heurter le sien. Jouer, il savait faire, il avait toujours su et s'il perdait ça, il serait définitivement plus que l'ombre de lui-même. Les bras désormais croisés sur son torse, les yeux presque moqueur - « quoi, t'attaquer, là, maintenant ? je suis dingue, certes mais pas assez suicidaire pour ça, puis de toute façon, t'aurais perdu, je suis pas aussi costaud mais je connais tes points faibles, n'oublie pas que je sais comment déstabiliser le grand Efrain Delarosa sans avoir à user de la force », un privilège qu'il n'oublierait pas de si tôt.

    Il pouvait se sentir spécial, il l'était. Jonah n'irait jamais contredire ce fait dès plus avéré. Puis, ses mots raisonnent et il perd le fil. Il était toujours important pour lui et c'était bon de l'entendre, de l'entendre à nouveau. Durant cette semaine difficile à vivre, alors qu'il pensait s'étouffer à chaque respiration qu'il prenait, Efrain venait de lui offrir une bouffée d'oxygène. C'était tout ce dont il avait besoin ; qu'on lui dise qu'il était important. Ça prouvait au moins qu'il n'avait pas réellement tout perdu, que son existence, aussi fragile soit-elle, avait un quelconque impact, une signification pour quelqu'un, même infime, elle comptait, et ça, c'était apaisant, ressourçant, ça soulageait d'un poids son échine jusque là courbée. À la suite de ses dires, il secouait faiblement la tête, refusant cette impression qu'Efrain se faisait, de manière catégorique. « Tu te fais de mauvaises idées, t'es toujours resté sur le haut de la liste, c'est vrai que ton nom avait viré au gris, mais je l'ai jamais effacé, il est resté et je crois qu'au point où on en est, il restera toujours », déclarait-il, tel un serment scellé entre ses lèvres, comme une promesse – une promesse de plus, mais une promesse sincère. Et, alors que les sujets allaient et venaient, un rictus, fin mais attendri, glissait sur ses muqueuses telle une brise délicate. « Ça signifie idiot, c'est pas si méchant que ça, par contre.. je retiens le petit con, c'était pas super gentil », renchérissait Jonah, la moue faussement et exagérément outrée. Se comporter tel un sale gosse, c'était une manière personnelle de balayer le véritable démon qui l'habitait, de faire un trait sur cet ouragan de malheur qui ne cessait de tourner au dessus de sa tête pour pouvoir s'évader, ne serait-ce qu'un court moment. Il acquérait d'un coup dans l'épaule en provenance de son vis à vis, attisant chez lui des traits moins tirés, se détendant au fil des minutes qui passaient - « je t'apprendrais avec plaisir, mais je te préviens, je n'apprécie pas les élèves turbulents », du culot ou de l'ironie, difficile à dire, en effet.  Puis, tristement, vient le moment où d'un air terriblement provocateur, son semblable prend le risque de faire tomber des glaçons dans son verre, sous l'oeil noir de Jonah qui, visiblement, s'avérait presque dégoûté par ce fait - « sale traître, j'ai très envie de faire du mal ».

    Bien sûr, toujours un petit grain de sel pour rendre amer la conversation. Efrain demandait ce qu'il avait fait ces dernières semaines, alors il s'était contenté de lui répondre tout naturellement, chose qu'il aurait certainement dû s'abstenir de faire finalement. C'est muni de son verre qu'il venait s'asseoir sur le canapé, rapidement rejoint par son aîné. Un léger soupir émanait alors de ses lèvres lorsque sa main venait à la rencontre de la sienne, dans un geste de réconfort qui se trouvait être un succès. « Il a tort sur certains points, mais sur d'autres il a raison, je suis un vrai gamin absolument inconscient, mais who cares ? j'ai pas rendu un devoir à temps, tant pis », bien trop occupé par les pilules, comme celle qui faisait dorénavant doucement effet dans ses veines.  « Enfin bon, c'est fait maintenant », clôturait Jonah, un faible rictus en coin pour lui assurer sans avoir à dire un mot, que ça allait. Du moins, il essayait, il faisait de son mieux. Il écoutait alors les dires d'Efrain, attentif à chacune de ses paroles, si bien qu'il venait même à remonter faiblement ses lunettes sur le bout de son nez, les sourcils quelque peu froncés, soulignant son inquiétude non dissimulée ; « je vois, c'est bizarre quand même, tiens moi au courant surtout, que tu es quelque chose ou non, je veux savoir, et t'oublies pas, compris ? sinon je me fâche ». Non, il ne rigolait pas, loin de là, depuis qu'il avait révélé avoir un mal fou au dos, il se faisait du souci et il est vrai qu'il espérait profondément que ça ne soit pas grand-chose. Finalement, un doux sourire étirait ses lèvres sans qu'il n'en ait véritablement conscience, particulièrement fier de le savoir en pleine réussite, après tant d'année acharnée à donner le meilleur de lui-même constamment ; « je suis vraiment heureux pour toi, tu le mérites, t'as travaillé dur » et il était réellement bien placé pour le savoir, après tout – « du coup tu seras mon médecin préféré, enfin, seulement si j'ai le droit à une sucette à la fin de ma consultation, évidemment », lâchait Jo, assaisonné d'un sourire bien loin de toute innocence, le regard débordant d'un soupçon de sournoiserie, joueur sur les bords, il serrait doucement sa main dans la sienne alors que de sa jumelle, il portait son verre jusque ses muqueuses pour dissimulé ce rictus très peu sage qui logeait ses dernières - « à la tienne, à ta future gloire, docteur », marmonnait Jo après avoir bu le délicieux nectar caramélisé d'une traite, tel un verre d'eau fraîche.

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    Lien du postVen 2 Aoû 2019 - 18:37
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    nothing last forever

    Dans la vie d’une personne, il y a un nombre relativement limité d’histoires sur lesquelles on ne peut se résoudre à tirer un trait. Ces individus qui nous marquent profondément, d’une manière ou d’une autre, que ce soit pour avoir été présent dans un moment extrêmement sombre et douloureux. Pour avoir été là au bon endroit, au bon moment lorsque nos vies ont profondément été impactées par certaines opportunités, certains événements ou certaines décisions. Et il y a ceux qui, comme Jonah, ont laissé une empreinte beaucoup plus profonde, riche et complexe encore. Ceux dont le simple prénom énoncé à haute voix fait bondir ton cœur comme une cocotte-minute laisserait s’échapper de la vapeur à toute allure. Ce sentiment, cette sensation… Je crois qu’on ne s’y habitue jamais réellement, malgré toutes ces années, mes joues virent toujours au pourpre lorsque je pense à lui, comme au premier jour, comme à notre premier rendez-vous, comme lorsqu’il a décidé de m’embrasser pour la première fois alors que j’hésitais, intimidé par le personnage, par le fait qu’il soit capable d’être aussi décomplexé et bien dans sa peau. Jonah, il m’a toujours impressionné, à ne pas se prendre la tête pour toutes les merdes qui ne cessaient de l’assaillir, à jouer de ses insécurités pour repousser ses limites, à agir avec autant d’imprudence vis-à-vis de sa maladie pour pouvoir continuer à apprécier chaque minute passée sur cette terre. Je l’ai toujours énormément respecté pour cela, et excessivement disputé aussi par inquiétude, mais aujourd’hui… Alors que mes yeux ne cessent d’aller et venir sur lui, à le détailler de la tête aux pieds, ce n’est pas cette sensation euphorisante que j’éprouve, c’est plutôt une angoisse profondément logée dans mes entrailles, une boule qui se répand à une vitesse ahurissante et gagne en volume minute après minute. J’ai peur, je vrille à la simple pensée qu’il puisse finir par être définitivement cloué par son combat, que ses excès puissent finir par lui faire payer le fait d’avoir vécu de la sorte, à mille à l’heure, chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde. J’ai du mal à le cacher, je le sais, mon inquiétude suinte par tous mes pores, mes yeux la trahissent et ma moue, attristée, ne m’aide pas à jouer l’indifférence. C’est dur, vous n’avez pas idée à quel point c’est dur de donner le change en permanence pour ne pas risquer de blesser une personne que l’on aime profondément mais qui décline médicalement. Jonah, j’ai toujours su le considérer comme une personne à part entière, loin de sa maladie, même lorsque je le reprenais en estimant qu’il dépassait les bornes à trop vouloir brûler la chandelle par les deux bouts. Aujourd’hui, c’est ce même cap que je tente de conserver malgré la déflagration imposée par son état, par sa mine déconfite, pâle… Par ses jambes, tellement lourdes qu’il ne se déplace plus aussi naturellement qu’il ne le faisait. Je ne suis pas aveugle, j’observe les signes, ceux sur lesquels j’ai tellement travaillé au fil de mes recherches secrètes sur sa maladie, en suivant tous les essais cliniques menés à ce sujet. La médecine, elle avance parfois à une vitesse folle et parfois, face à des saloperies de ce genre, elle traine, s’embourbe et peine à trouver comment en venir à bout. Nous ne sommes que des êtres humains, loin d’avoir résolu l’intégralité des mystères de la vie, de ce monde qui ne tardera pas à nous effacer de la carte, à reprendre le dessus après avoir été salement amoché par une surpopulation humaine. Nous ne sommes qu’une étape, les dinosaures de notre époque et je me demande parfois si notre extinction sera causée par la maladie.

    Je place un filtre, là, devant mes yeux, comme le ferait l’un de ceux utilisés sur Snapchat pour masquer certains défauts. Pourtant, au milieu de tout ce merdier, la maladie de Jonah ne m’apparait aucunement comme un défaut, plutôt comme un paramètre essentiel nécessitant un ajustement. Mes yeux, ils se concentrent sur ses magnifiques pupilles, sur son sourire à tomber et son sens de la provocation qui n’a clairement pas changé avec les années. Je suis là, à lui rendre la monnaie de sa pièce, à jouer avec cet arme qu’est mon corps, à longer la ceinture d’un boxer qu’il avait pour mauvaise habitude de faire déborder en un mordillement de lèvre. Lui, qui faisait de moi un être si sensible, à fleur de peau. « Dommage que tu ne sois pas d’humeur, j’aurais eu plaisir à te voir t’agenouiller… Et à te rendre la pareille ! » Je confesse en un soupir résolu, alors qu’au fond de moi, cette petite voix diabolique me félicite de lui avoir aussi bien renvoyer la balle. Reste qu’en toute honnêteté, s’il avait décidé de me dévêtir pour m’offrir cette dose de plaisir dont lui seul a le secret, je n’aurais probablement pas boudé mon plaisir non plus. Parce qu’on ne refuse jamais un cadeau quand il se présente à toi, n’est-ce pas ? Je pouffe de rire lorsqu’il parle de mes points faibles, parce qu’il est vrai qu’il les connait, par cœur, et qu’il pourrait surement me terrasser en deux minutes s’il le voulait. « Ta manière de nous éviter ce corps-à-corps est paradoxale… Parce que tu affirmes, avec une justesse formidable, que ce serait du suicide, perdu d’avance… Mais d’un autre côté, tu restes persuadé que tu parviendrais à tes fins en me neutralisant sans faillir, en un claquement de doigts… » Je cherche la petite bête, le petit détail nécessaire pour accentuer la provocation et continuer de l’embêter. « Tu as juste peur de moi ! » Je démarre, l’air pompeux au possible. « Mais je comprends totalement hein… Si j’étais à ta place, face à un mec aussi sexy en diable, imposant, musclé… Je n’oserais pas l’affronter non plus. » Je me mordille la lèvre en plantant mon regard dans le sien pour contenir cette envie de rigoler qui m’assaille. Rester dans le personnage, c’est le secret de ce genre d’échanges savoureux. Tout est dans le regard, dans la posture.

    Ses mots, ils percutent mon âme, mon cœur qui bat si fort dans ma poitrine. Savoir que malgré tout ce que nous avons traversé, malgré tout la colère qui a pu noircir le tableau à un moment ou un autre, je n’ai jamais cessé de compter, de représenter quelque chose d’aussi fort à ses yeux… Forcément, ça me chamboule et, sensible comme je peux l’être parfois, c’est la confession qui neutralise toute ma pudeur et fait déborder cette petite larme que ma paupière achève de libérer de sa prison. Elle s’écrase sur ma joue, une perle salée qui roule, à la poursuite de ses rêves et me fait autant de bien qu’elle me met mal à l’aise, moi qui déteste exposer mes émotions aux autres et encore plus pleurer dans témoin. « Hey, faut arrêter d’être gentil avec moi. Je ne suis pas conçu pour pouvoir supporter tout cela… » Je tente de me défendre en riant de ma sensibilité. Tant pis pour la pudeur et tout cela, tant pis si c’est bizarre mais je m’avance pour pouvoir le prendre dans mes bras… Ouais, parce que même si je voulais me lover contre lui, je reste plus grande d’une tête, si ce n’est un peu plus. Je le serre fort contre moi un moment avant de me résoudre à desserrer mon emprise pour pouvoir prendre un peu de distance et à nouveau pouvoir le regarder. « Retiens-le, parce que t’es un petit con, un petit diable… T’es un gremlins, mais pas Guizmo, parce qu’il est vraiment trop gentil, trop mignon, tout ça… Toi t’es plutôt le petit con à la crète blonde qui n’arrête pas de crier Guizmo Kaka et qui veut embêter tout le monde. » Je lui tire la langue et en profite pour le pousser davantage encore au moment de glisser, contre toutes ses indications, deux glaçons dans mon verre, avec ce regard ô combien conscient de l’impair commis. Je prends mon pied, me délecte de sa délicieuse réaction, fier d’être ce fameux traitre à qui il voudrait faire du mal. « Tu ne peux pas, love, tu m’aimes trop pour ça et puis… Tu ne voudrais pas endommager cette gueule d’ange, n’est-ce pas ? » Je pousse le bouchon encore plus loin, jamais à court d’idées pour le pousser à bout.

    Il est nécessaire d’aborder le sujet qui fâche, parce que j’ai besoin de savoir, malgré tout. Je ne peux pas rester dans l’ignorance davantage alors que son état laisse clairement à désirer, quand je sais qu’il a traversé de sales trucs quelques semaines plus tôt. Des événements qu’il aurait peut-être préféré pouvoir me cacher, un plan que sa sœur a ruiné dès lors qu’elle m’a contacté et mis au courant de tout ce qui arrivait à Jonah. Je le rejoins sur le canapé, lie mes phalanges aux siennes tendrement alors qu’il se confie, qu’il me parle de cette année qu’il devra redémarrer pour pouvoir obtenir les notes nécessaires à sa validation, de son père qui n’a pas été très heureux d’apprendre pour cet échec… De toutes ces merdes qui se sont enchainées jusqu’à ce que la maladie apparaisse comme le coup fatal. « Rien n’arrive par hasard, et tu déchireras tout à la rentrée ! » Je crois en lui, en ses capacités. « Je suis extrêmement fier de toi et de ce que tu arrives à accomplir, malgré ces semi-échecs, en dépit de ta maladie. Les autres ne s’en rendent peut-être pas compte, mais moi si ! » Je tapote le dos de sa main, la portant jusque sur mes lèvres pour pouvoir déposer un petit bisou dessus, une habitude que j’avais lorsque nous étions ensemble et qu’il n’était pas au top de sa forme. Un geste tout simple, cheesy à souhait, qui lui redonnait toujours le sourire. Ce sourire, il s’efface lorsque je parle de mon dos, des analyses auxquelles j’aurais prochainement à me soumettre. « Tout ira bien, tu n’as pas à t’inquiéter. Je suis solide, je me suis surement un peu trop donné à mes entrainements après ma chute de l’autre fois… Rien de bien grave, j’en suis persuadé. » C’est ce que j’ai décidé de croire, en tout cas. On trinque, à mon futur-statut de médecin et je souris, emballé à la simple perspective de pouvoir enfin emprunter ce chemin. « J’en garderais une spécialement pour toi, à chaque fois que tu me rendras visite… Avec une option cœur coulant ? » Je demande, innocemment, en l’aguichant du regard alors que mes mains s’attardent à attraper l’assiette sur laquelle j’ai disposé les roulés au chorizo que j’ai sorti du four quelques minutes avant son arrivée pour l’apéro. « Tiens, sers-toi, éponge un peu avant le prochain whisky ! »


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