J’arbore les prémices d’un sourire sur les lèvres et c’est suffisamment rare pour le souligner. Je me gare en bas de chez toi, sort de mon costume griffé de mon nom. Je ne tarde pas à rejoindre la porte de ton domicile. Tu viens m’ouvrir, habillée comme il se doit. J’oublie parfois la femme que tu es devenue, la malice qui peint toujours tes traits et la beauté de tes courbes. Je dois l’avouer, je suis un peu soufflé mais je n’en laisse rien paraître. Tu me connais, il est difficile de me deviner. « Bonsoir. Tu es parfaite. » que je commente tout de même en venant embrasser ta joue et en tendant mon bras. Je suis le meilleur acteur possible pour jouer aux princes si on oublie le diable qui me possède. Je le range à l’abri pour notre soirée, parce que tu es avant tout mon amie Beth. «Prête ? » que je lance avant que nos pas nous mènent jusqu’à ma berline. Je te rejoins bientôt dans le luxe de l’habitacle, j’aime conduire moi-même si bien que nous sommes seuls. « J’espère que tu as faim ? » Ce n’est pas mon cas mais ça viendra sûrement avec le plaisir de ta compagnie.
N'oublie pas avait il dit. S'était il attendu à ce qu'elle lui écrive ? Bien sûr que oui, et surement plus vite après leurs retrouvailles. Mais non, Beth était une femme avec une vie palpitante quand elle voulait, elle s'avait s'occuper et se faire désirer ce qu'elle avait fait. Elle avait plutôt bien fait car cela lui valait une soirée en compagnie de Monsieur Armani et il avait dit qu'elle devait être classe. Le luxe, elle ne flirte pas tout le temps avec préférant adopter un mode de vie simple de Monsieur et Madame Tout le monde. Certes on n'est pas Monsieur et Madame tout le monde quand on est une Windsor, mais elle s'en fout. A peine les messages échangés, elle fonce dans sa chambre pour en sortir une jolie robe noire, longue, qu'elle a acheté il y a peu. Elle épouse parfaitement ses nouvelles formes et met en valeur son corps tout en cachant le reste. Quand Alessio arrive à l'appartement, elle est prête et perchée sur ses louboutins rouges bien trop hauts pour elle. « Toujours aussi parfait Monsieur Armani. » Elle lui adresse un clin d'oeil et prend son bras, mais en quelques pas, trop rapides, trop fragiles encore, elle se rend compte que c'est trop tôt pour elle. « Prête si tu me dis que je serai toujours classe en perdant quelques centimètres de talons. » De toute façon il n'a pas le choix. Elle saisit une paire de ballerines rouges et les enfile, s'il est fasciné par les talons, il devra se contenter de l'inviter une nouvelle fois, quand ses problèmes avec la marche seront définitivement derrière elle et qu'elle ne boitera plus. Elle ferme chez elle, descend avec lui et s'installe sur le siège passager à ses côtés. « Je meure de faim... » Elle ne peut s'empêcher de lui adresser un large sourire et de hausser les épaules. Comprendra ce qu'il voudra, surtout suite à leur dernière conversation sur son abstinence. Mais s'il déforme ses paroles, ce n'est pas de sa faute, pour le moment, elle, elle parle uniquement d'aliments comestibles. « Où allons nous chauffeur ? » Elle aime le voir imposant au volant de sa voiture, elle aime voir qu'il sait se passer d'un chauffeur pour conserver des moments simples et "intimes". Dans leur cas, il n'y a pas besoin d'une troisième personne, ils sont tous les deux riches et importants, mais il n'est pas censé y avoir de risques à prendre un verre ou manger avec un ami alors tout va bien se passer. De plus, elle avait besoin de le retrouver, de retrouver et réapprendre à connaitre son ami, alors elle n'avait pas besoin qu'une autre personne veille sur eux et ce qu'il peut lui dire. Ils avaient besoin de se retrouver en enfants innocents, adolescents insouciants, adultes insolents ? Après toutes ces années les cartes étaient entre leur main.
Je passe rapidement mes mains sur le cuir du volant avant de mettre le contact. Le bolide se met en route bientôt dans un doux ronronnement et une mécanique impeccable. J’ai réservé dans un de ces restaurants sélect de la ville. Un endroit sans surprise et auquel nous sommes tous deux habitués, mais ce soir, je n’ai pas vraiment envie de surprise, simplement de discuter, passer un agréable moment en ta compagnie Beth. « Tu récupères bien ? » Je demande parce que j’ai été amusé de te voir échanger tes talons pour des semelles plus confortables, ta démarche néanmoins indique les progrès que tu fais sans doute chaque jour. Nous arrivons bientôt dans l’endroit. Je t’escorte comme il se doit, après tout ton sang est royal. Nous sommes évidemment accueillis avec le plus grand soin et installés à une table légèrement en retrait –seule exigence de ma part-. Le vin nous est servi et je viens trinquer mon verre contre le tien avant de laisser mes lèvres s’y répandre le temps d’une gorgée. « A nos retrouvailles. » dis-je avec un sourire poli mais sincère. Un sourire s’accroche d’ailleurs à mes lèvres avant que je reprenne « Alors, les derniers ragots de l’hôpital sont toujours aussi passionnants ? » Le sarcasme vient parer mes mots mais la douceur ne quitte pas le délavé de mes orbes quand je viens te livrer ces propos. Je m’amuse de ta légèreté, de ta spontanéité Beth. De tout ce que ton rang t’impose mais que tu te plais à ne pas entendre. Tu es tout l’inverse de moi finalement, et peut-être que tu pourras un peu insuffler de toi en moi.
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Alessio et Beth. Beth et Alessio. Deux grands noms. Deux personnes assez importantes. Deux personnes aux goûts distingués. Le choix du restaurant était facilement imaginable, du moins l'ambiance et le cadre luxueux. Beth ne connaissait pas tous les restaurants de la ville mais celui-là elle en avait entendu parlé. Elle acceptait d'y aller avec le bel italien, n'y mettant d'ordinaire pas les pieds de son plein gré pour éviter d'être celle qui profite de son titre, de tout ça. Elle n'aime pas réellement et il le sait, il sait qu'elle est la fille Windsor un peu rebelle. Mais il sait aussi qu'elle a cette deuxième facette de la parfaite petite fille de famille royale qui se fond à merveille dans cette masse de gens importants, bien élevés et respectueux. « Je récupère pas mal oui. Les progrès sont assez importants en ce moment. » Ca lui donne un peu d'espoir de voir qu'elle peut retrouver l'usage de ses jambes sans avoir d'aide pour se tenir debout. Son moral remonte et elle ne s'en cache pas en recommençant à s'adonner à ses anciennes habitudes comme les sorties, les fêtes. Lorsqu'on lui donne un verre, elle s'en saisit et fixe son regard dans celui de son partenaire pour trinquer. « A nos retrouvailles. » Elle lui sourit et fait choquer son verre avec le beau brun avant d'en boire une gorgée et le reposer. Ce toast c'est comme un air d'officialisation du retour de Beth et Alessio, de leur amitié et de plus si affinités. Ils ne savent pas de quoi demain sera fait mais dans tous les cas, ils pourront être ensemble, se soutenir, s'entraider, le tout à leur manière bien distinguée. En effet, faire les choses comme les autres, eux, ils ne savent pas. « J'ai cessé de les écouter... Plus assez de temps passé là-bas. » Petit clin d'oeil avant qu'elle ne reprenne. « Je vais à l'hôpital uniquement pour la rééducation et je reprends mon internat en septembre donc pour le moment, je ne sais pas avec qui Derek couche et si Mérédith, Stéphanie et Christina ne convoitent pas le petit nouveau ! » Petite référence à Grey's Anatomy même si la moitié des personnes citées sont déjà parties de la série, ce qu'il se passe dans l'hôpital de la ville est à peu près la même chose. « Et tu m'as vexée en me disant que ça plus une libido en berne t'aurais tués... » Ses lèvres s'étirent en un large sourire pour qu'il distingue bien l'ironie de sa phrase. Elle s'est rattrapée dans ses rêves mais pour le moment nulle part ailleurs. « Ton rendez-vous de la dernière fois s'est bien passé ? » Il l'a laissé pour quelque chose, elle s'intéresse de savoir si tout s'est bien déroulé ou s'il a simplement trouvé un prétexte pour écourter leurs retrouvailles. Mais ils ne seraient surement pas là si la deuxième solution était la bonne, ce repas étant de leur bon vouloir sans être commandé par qui que ce soit de leurs ascendants.
Nous nous installons et tu me confirme tes progrès derniers. « J’ai pu voir ça, bientôt la course. » Et d’autres genre d’amusements, cela me fait sourire alors que le serveur vient nous donner la carte et nous explique quelques principes. Je n’aime pas spécialement les restaurants de notre classe, on est interrompu sans cesse, alourdi par le protocole et l’étiquette mais c’est une question d’habitude. Je profite du départ de l’intrus pour te questionner sur ton amour des bavardages concernant l’hôpital. Ta réponse m’amuse et je hausse les sourcils. « C’est qui eux ? » Je ne regarde pas vraiment les séries, je suis très mauvais concernant la culture populaire. Je repense aux cours d’Amalthia sur l’univers d’harry potter. Si tu savais les lacunes que je traîne dans certains domaines. « Tu as hâte de reprendre ? » J’admire ton choix d’études et je ne sais pas si je serai capable d’un dévouement pareil. Je ne suis pas si courageux, je me suis juste laissé porter par l’héritage de ma famille quand bien même le domaine de la couture n’est pas celui qui me fait vibrer. « Oui, ça s’est bien passé, on a remporté le marché. » Je te réponds d’un ton neutre et placide. Les affaires n’ont rien d’exaltant à mes yeux et j’aurais préféré ta compagnie, je dois l’admettre.
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Beth hausse les épaules, elle ne sait pas si elle va bientôt courir, mais elle sait qu'elle reprend sa vie en mains, son corps aussi, pour ne plus se sentir comme une gazelle qu'on lâche au milieu des lions, sans confiance et terrifiée. Elle aime avoir le contrôle de sa vie et le lâcher prise et la confiance aux autres ont assez duré. « Retour à la salle de sport pour remuscler tout ça surtout. » L'anglaise sportive n'a jamais eu un corps aussi peu musclé et aussi fin, elle a l'impression d'en avoir perdu ses formes. Même s'il note les progrès et les salue, il doit bien remarquer qu'elle n'a pas encore retrouver totalement son apparence normale. Peut être que ce retour dans le corps peu développé qu'il connaissait lors de leur première fois l'enchante, mais pas elle, la blonde a envie de lui montrer qu'elle est une femme, une vraie, malgré sa folie et son manque de conformisme. « Mes derniers compagnons d'ennuis, j'ai commencé à regarder Grey's Anatomy. » Elle hausse les épaules et lui adresse un sourire sans se soucier du serveur qui vient les déranger, habituée à les voir crapahuter un peu de partout autour dès qu'elle fréquente ce genre de lieu. « Arrête de le fusiller du regard à chaque fois qu'il vient le pauvre, si tu voulais qu'on soit seul, il fallait réserver une chambre d'hôtel et non une table au restaurant. » Grillé en plein fusillage du regard, elle n'a rien perdu de son flair et son tact légendaire. Après tout c'est pour son naturel et sa manière de ne pas se conformer à toute cette société dans laquelle ils sont censés s'épanouir qu'il l'apprécie non ? « J'ai hâte de reprendre, de rendre service, de sauver des vies comme on a pu le faire avec la mienne. Le décès de mon petit ami m'a donné une raison de m'engager vraiment dans la médecine, mon accident y a donné un sens. Je ne me vois plus faire autre chose. » La médecine s'est rapidement imposée comme une évidence pour elle mais là c'est encore plus le cas. Que serait elle devenue sans ses chirurgiens qualifiés et professionnels qui l'ont sauvée ? « Passionnant. » Lui lance-t'elle ironiquement. Lui n'a pas l'air passionné par ce qu'il fait, il faut juste le faire. Le serveur s'invite à nouveau à la table pour apporter l’apéritif commandé quelques minutes avant et prendre la commande. Le risotto aux Saint Jacques et à l'encre de sèche commandé pour Beth et la commande d'Alessio passé il s'éclipse rapidement n'oubliant pas de ramener une carafe d'eau. La jeune anglaise en profite pour détailler l'homme qui l'accompagne ce soir. Elle reconnait tous ses traits, il n'a pas changé, il a juste vieilli et ça ne le rend que plus agréable à regarder mais il a l'air aussi plus soucieux et mystérieux, plus difficile à percer, mais ça elle s'en est déjà rendue compte. Quand son regard trouve celui de l'italien, elle le soutient quelques instants pour tenter de mieux le cerner, le comprendre mais finit par prendre son verre et le lever légèrement dans la direction du jeune homme : « A nos retrouvailles ? »
Je sais que tu ne lâcheras rien et c’est ce que j’ai toujours aimé chez toi. Cette force de volonté, qu’importe l’étiquette ou les pensées des autres, quand tu as un objectif en tête, tu t’y tiens. Je souris discrètement avant de te regarder. « ça te dit qu’on se fasse une séance en salle ensemble. Disons que la dernière séance avec ma Coach a tourné étrangement. » Un brin provocant, je viens passer mes phalanges sous mon menton avant de regarder un peu l’endroit et de revenir à toi. C’était une forme de sport certes, mais pas celle attendue. Hors, j’ai besoin d’exercice quotidiennement pour être bien. Je suis rigoureux et j’aime m’entretenir. Je t’interroge sur les prénoms que tu as cité et ma moue se fait un peu moqueuse lorsque tu viens m’avouer regarder ce genre de série. « Je ne suis vraiment pas à la page. » Mes épaules se haussent lorsque je constate d’à quel point je peux parfois vivre dans mon monde. Nous sommes interrompus par le serveur, je ne montre que peu mes émotions mais Beth me connait bien malgré toutes les années passées. Elle est sans doute une des seules à savoir encore me déchiffrer. « Ah carrément ? » Le bleuté se fait plus sombre, faut dire que tu ne perds pas ton temps. J’avoue que ma curiosité est piquée, mais la dernière fois, tout avait changé après. Nous n’étions que des enfants, des prémices d’adulte, mais j’ai toujours un peu cette crainte malgré tout. J’admire que tu puisses mettre autant de sens à ton travail, véritable vocation quand moi je me contente de répondre aux exigences familiales. Mon visage se fait toutefois plus grave. « Ton petit ami est mort ? » tu ne l’ignores pas, j’ai loupé des épisodes. Mais la culpabilité m’entaille de savoir que tu as souffert sans pouvoir compter sur mon épaule, sans pouvoir sentir mes phalanges assurées sur ton échine dévastée. J’aurais pu être ton ombre, celui qui te veille dans tes silences, qui accueille le reste. Je viens te dire que pour ma part, on a remporté le marché, tu sens l’absence de passion dans ma voix. Pourtant, j’ai toujours été ambitieux mais là. « Ce n’est pas le domaine que je préfère. » Non la musique c’est ma réelle échappatoire, la carrière à laquelle je me serai destinée pleinement si je n’avais pas eu ce nom. La commande passée, je m’amuse de te regarder m’observer, et mon menton se lève. « A nos retrouvailles. »[ dis-je en tendant mon verre, scellant ainsi l’union entre nos vies désormais à nouveau liées.
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« Ta coach ? » Il est surement le seul homme sur cette planète à accepter d'avoir une coach de sport pour réellement faire du sport. Le sport qu'on fait en salle, avec un planning, un timing, et autre, pas celui qu'on fait en chambre et qui convient à n'importe qui. Beth pose ses coudes sur la table pour s'avancer vers le jeune homme, elle plante son regard interrogateur droit dans le sien et s'humecte les lèvres pour demander : « Tu me proposes une vraie séance de sport ou le remplacement de ta coach ? » Quel est le sport qui l'intéresse vraiment ? Elle le taquine, elle le sonde, elle le teste, elle le décrypte parfaitement parfois et d'autres fois, les années passées lui donnent du mal à le cerner. Là, elle ne sait pas s'il blague ou est sérieux et ce qu'il veut. C'est troublant. Mais il la trouble, leurs retrouvailles la troublent et l'apaisent à la fois. Ca fait du bien de l'avoir dans sa vie elle ne peut pas le nier. « J'aime ça. Ta vie est trop remplie pour que tu regardes des conneries. J'aimerai pouvoir en dire autant. » Une vie à cent à l'heure, ne jamais se poser, ne jamais réfléchir, profiter de chaque instant. C'est ce dont elle rêve, surtout depuis les attentats et les séquelles qu'ils ont laissés sur son corps et qui la freinent encore mais plus pour très longtemps. Elle remplit sa vie, elle ne veut pas avoir le temps de respirer, elle préfère sauver des vies, jouer, rire, découvrir... « Carrément. Dis moi que ça te dérangerait et je ne te croirai pas. » Ils se sont perdus de vue, retrouvés depuis quelques jours et pourtant rapidement ils se sont tendus des perches, ils ont fait des allusions. Beth est peut être trop bête de croire que l'alchimie n'a jamais cessé entre eux, elle est peut être aussi trop troublée par son retour dans sa vie pour voir qu'il ne partage pas cette étrange attraction qu'elle peut ressentir maintenant qu'ils se retrouvent des années plus tard après avoir évolués. Evolués oui c'est ce qu'ils ont fait, ils ont vécu, et encaissé. L'anglaise a oublié qu'il n'était pas au courant de ce détail de sa vie, Nico. Peu de personnes savent, mais lui il était son meilleur ami, s'ils étaient restés ensemble, il aurait su, il devrait savoir, elle aurait dû pouvoir compter sur lui mais elle en a décidé autrement, elle ne lui reproche pas. « J'ai quitté Londres à 17 ans en faisant croire à mes parents que j'intégrai Harvard. J'ai en fait intégré l'université de Seattle pour rejoindre Nico, mon petit ami rencontré l'été avant, véritable coup de foudre. J'ai passé l'année universitaire là bas, année de bonheur. Mais on vivait à sa manière, pas la plus aisée, dans un quartier pauvre qui craignait. Les clans et les gangs réglaient pas mal leur compte sans que la police n'intervienne. On s'en souciait pas trop, on traçait, il a pris une balle qui ne lui était pas destinée. » La blonde se surprend à un parler si facilement. A t'elle vraiment fait son deuil ou tourné la page ou est ce parce que c'est Alessio qui est en face d'elle que c'est si simple ? Impossible de le dire. Un peu des deux surement mais ça fait du bien de se livrer comme ça sans retenue. « Qu'est ce que tu aimes Al' ? » Elle ne s'attarde pas sur son passé. Ca, ça n'a pas changé, elle n'aime pas s'étendre sur elle ni sur les choses négatives alors elle préfère s'intéresser à lui. Son nom lui impose une vie, mais ce n'est pas ce qu'elle veut voir, ce qu'elle veut savoir, elle veut vraiment connaitre l'homme qu'il est devenu, derrière toute cette carapace qui est bonne pour les autres. La jeune princesse lève son verre, l'entrechoque avec l'italien et le porte à ses lèvres pour en boire un peu. Délicieux.
Une grimace s’attache à l’impeccable de mes traits à ta question car effectivement mon choix concernant le sport n’a peut-être pas été le plus judicieux. « Je me lève très tôt le matin et je voulais faire l’économie d’une salle de sport. » La plupart ne sont pas ouvertes de toute manière et je n’ai pas de temps à perdre avec des déplacements inutiles. Pour le coup, cette coach n’a pas eu l’effet escompté même si les répercussions étaient positives, je ne vais pas le cacher. Je souris cette fois plus franchement lorsque tu me demandes quel type de séance je souhaite. Mes sourcils se haussent sous ton affront avant que je ne reprenne. « Je parlais d’une véritable séance de sport en bonne et due forme. » Car pour une fois mes intentions étaient honnêtes et non intéressées par autre chose. Je passe mes phalanges sous mon menton, laissant mes billes t’observer, laissant ma fossette se creuser sous tes répliques. Tu as toujours su adopter ce ton léger Beth, cette spontanéité dont je ne suis pas capable. Dont je n’ai jamais été. « Bientôt ce sera ton cas également, les études de médecine ne sont pas vraiment les plus tranquilles. » Je le sais pour avoir côtoyé un certain nombre d’étudiants dans le domaine. La vérité, c’est que la télévision n’a jamais été un passe-temps pour moi. Le serveur nous interrompt assez souvent il est vrai et je nourris ce désir de te garder seulement pour moi. Ma paume s’applique au lisse de la nappe alors que tu viens me provoquer une nouvelle fois . « Je ne le dirai pas. » Car toi comme moi savons ce qui est vrai, inutile d’en rajouter. Le léger s’évapore néanmoins de nos mots lorsque tu viens évoquer ton petit ami disparu. Nous avons l’un comme l’autre vécu des drames pendant toutes ces années sans pouvoir nous en préserver. J’écoute attentivement ton histoire, celle que tu as vécu avec lui, tandis que moi, je ne faisais plus partie de ton monde, que mon prénom s’était effacé de ton répertoire des personnes qu’on peut appeler. « C’est terrible et c’est égoïste ce que je vais dire, mais je suis heureux que tu n’aies rien eu. Je suis heureux que finalement la vie t’ai à nouveau conduit jusqu’à moi. » Il est rare que j’évoque des choses profondes de la sorte, que j’expose ce qui m’anime, mais venant d’apprendre que j’ai faillit te perdre par deux fois au cours de ces dernières années, c’est un peu trop pour mon stoïcisme. La conversation se tourne sur moi finalement, sur ce qui me passionne, car ma famille m’a dédié aux affaires mais j’ai toujours nourri de plus secrètes ambitions. Tu ne les ignores pas vraiment car elles ont toujours fait partie de moi. « Toujours la musique. » que j’admets un mince sourire aux lèvres. C’est là ma réelle échappatoire, ma soupape de décompression, l’espace où je suis réellement moi. « Je joue toujours dans mon groupe de jazz et parfois pour l’orchestre symphonique de Boston. » Et on comprend mieux que mon temps soit compté, mes soirées occupées car mener deux existences de front est loin d’être de tout repos.
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« Alors on se fera ça. » Il a peu de temps pour le sport. On lui a interdit d'en faire depuis des semaines. Ils seront surement au même niveau ou à peu de choses près. Elle sait qu'il n'est pas le sportif des hommes, qu'il n'aime pas forcément ça ou qu'il n'en fait pas une passion mais vraiment elle va apprécier de passer ce genre de moment avec lui car elle, elle aime ça, elle en a besoin. Le sport c'est un besoin vital qu'elle a de rejeter ainsi tout ce qui ne va pas, tout le pessimisme, tout ce qu'elle voudrait changer chez elle, dans sa vie, dans le monde et qu'elle ne peut pas. Elle évacue tout, garde l'optimiste, l'ambitieux. Avance et ne se retourne pas. « J'ai hâte, vraiment. » Une vie à cent à l'heure c'est tout ce qu'elle désire. Elle n'est pas au ralenti depuis très longtemps et pourtant s'ennuyer n'est pas quelque chose qu'elle aime mettre à son programme. Elle ne comprend pas les gens qui restent à longueur de journée dans leur canapé, devant la télé. Tout ça ce n'est pas pour elle. Quand elle se couche elle sait pourquoi. Recharger les batteries est une nécessité, un besoin vital qu'elle se doit d'assouvir au moins quand son corps lui réclame un peu de calme. Les yeux de Beth capturent ceux d'Alessio quand il lui parle "égoïstement" et bizarrement elle sent l'émotion monter en elle quand il lui avoue qu'il est content de la retrouver et qu'ils partagent à nouveau ensemble actuellement. Jamais depuis toutes ses années elle ne s'est dit qu'elle pouvait lui manquer, jamais elle ne s'est dit qu'il pouvait penser à elle. D'ailleurs il ne l'a peut être pas fait, mais elle apprécie savoir qu'il n'est pas insensible au fait que la mort soit passée à côté d'elle sans la prendre plusieurs fois. Elle ravale cette petite boule dans sa gorge et son émotion mais n'arrive pas pour autant à articuler quelque chose à ce propos alors elle se contente d'hocher la tête, d'acquiescer et lui sourire puis de l'écouter lui parler de la musique. « Ta prochaine représentation avec l'orchestre est quand ? » Elle sait que cette passion l'habite, qu'elle le fait vivre. Elle adorait partager ce genre de moment à l'époque, elle se découvre aujourd'hui que ça n'a pas changé car elle lui a proposé ça naturellement sans calcule. « Finalement, nos bases restent les mêmes... » Le sourire de Beth s'échappe quand elle porte son verre à ses lèvres pour noyer un peu sa mélancolie puis ses yeux se reposent sur lui pour vérifier qu'elle ne rêve pas. Ils sont vraiment là tous les deux, en tête à tête. Comme avant. Comme maintenant.
N'oublie pas avait il dit. S'était il attendu à ce qu'elle lui écrive ? Bien sûr que oui, et surement plus vite après leurs retrouvailles. Mais non, Beth était une femme avec une vie palpitante quand elle voulait, elle s'avait s'occuper et se faire désirer ce qu'elle avait fait. Elle avait plutôt bien fait car cela lui valait une soirée en compagnie de Monsieur Armani et il avait dit qu'elle devait être classe. Le luxe, elle ne flirte pas tout le temps avec préférant adopter un mode de vie simple de Monsieur et Madame Tout le monde. Certes on n'est pas Monsieur et Madame tout le monde quand on est une Windsor, mais elle s'en fout. A peine les messages échangés, elle fonce dans sa chambre pour en sortir une jolie robe noire, longue, qu'elle a acheté il y a peu. Elle épouse parfaitement ses nouvelles formes et met en valeur son corps tout en cachant le reste. Quand Alessio arrive à l'appartement, elle est prête et perchée sur ses louboutins rouges bien trop hauts pour elle. « Toujours aussi parfait Monsieur Armani. » Elle lui adresse un clin d'oeil et prend son bras, mais en quelques pas, trop rapides, trop fragiles encore, elle se rend compte que c'est trop tôt pour elle. « Prête si tu me dis que je serai toujours classe en perdant quelques centimètres de talons. » De toute façon il n'a pas le choix. Elle saisit une paire de ballerines rouges et les enfile, s'il est fasciné par les talons, il devra se contenter de l'inviter une nouvelle fois, quand ses problèmes avec la marche seront définitivement derrière elle et qu'elle ne boitera plus. Elle ferme chez elle, descend avec lui et s'installe sur le siège passager à ses côtés. « Je meure de faim... » Elle ne peut s'empêcher de lui adresser un large sourire et de hausser les épaules. Comprendra ce qu'il voudra, surtout suite à leur dernière conversation sur son abstinence. Mais s'il déforme ses paroles, ce n'est pas de sa faute, pour le moment, elle, elle parle uniquement d'aliments comestibles. « Où allons nous chauffeur ? » Elle aime le voir imposant au volant de sa voiture, elle aime voir qu'il sait se passer d'un chauffeur pour conserver des moments simples et "intimes". Dans leur cas, il n'y a pas besoin d'une troisième personne, ils sont tous les deux riches et importants, mais il n'est pas censé y avoir de risques à prendre un verre ou manger avec un ami alors tout va bien se passer. De plus, elle avait besoin de le retrouver, de retrouver et réapprendre à connaitre son ami, alors elle n'avait pas besoin qu'une autre personne veille sur eux et ce qu'il peut lui dire. Ils avaient besoin de se retrouver en enfants innocents, adolescents insouciants, adultes insolents ? Après toutes ces années les cartes étaient entre leur main.
