wanna feel you're there
@Marla Witherspoon
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Est-ce qu'il avait eu peur ? Essayez plutôt terrifié. Dès l'instant où il avait reçu le sms d'Izzy pour lui faire part de la situation, son coeur avait loupé un nombre incalculable de battements qu'il en avait perdu le compte. La terreur, un sentiment qu'il haïssait plus que n'importe autre. La sensation de perte de contrôle, de naviguer dans l'inconnu, ignorer les issues. Très peu pour lui. Lui, qui savait à peine gérer les émotions premiers de l'être humain. Toute la nuit, tout ce qui lui avait traversé l'esprit ne présageait rien de bon, il abhorrait sincèrement se sentir aussi faible, minable et de manière fréquente d'autant plus ces derniers mois. C'en était presque devenu un sentiment constant qu'il prétendait ne pas ressentir - mais c'était faux. Vraiment faux. Tous les aspects dans sa vie aspiraient la peur, l'inconnu et Marla avait été la sûreté qui lui avait permit de tenir tête, de ne pas vriller à chaque seconde de sa journée. Puis elle ne l'était plus. Au contraire, dorénavant, l'imaginer inerte dans ce lit d'hôpital, déjà fragile comme elle était, avait même tendance à le faire vriller plus qu'habituellement, plus que ses histoires de famille, presque autant que pour Caprice. C'était beaucoup trop pour lui. Il étouffait, plus qu'il n'aurait pensé et ne rêvait juste que d'un poids en moins soit enlevé. Pour le soulager. C'est sur cette réflexion, cette décision qu'il avait achevé sa nuit, avant d'être prévenu du réveil de Marla. C'est sur cette décision qu'il vint à elle, dans sa chambre, l'esprit plus clair, plus.. léger en songeant à ce qu'il s'apprêtait faire. Egoïste ? Totalement. Mais c'était tout aussi bien pour lui que pour elle, croyez-le. Lorsqu'il lâchera entièrement la rage qui le gagnait au fil des jours avec ses péripéties, il préférait qu'elle ne soit pas témoin de ça. Un mal pour un bien, qu'il se scandait, histoire d'avoir une conscience aussi plus légère. « Je ne vais rien te faire payer, j'ai pas le temps, Caprice m'attend. » Son ton, en tout cas, lui, était loin d'être léger. Sec, distant, il ne perdit en effet pas le temps pour mettre à exécution sa décision. Il ne le montrait aucunement mais l'anxiété était tout de même présent, en plus de sa hargne. Ou peut-être que sa main impatiemment et inlassablement passée dans ses cheveux pouvait vendre son état. Son regard ne le trahissait pas dans tous les cas, quand bien même il se refusait à la regarder droit dans les yeux. « Je peux pas Marla. Je.. je ne.. veux pas avoir affaire à tout.. ça. » Tout ça ? Elle. Un geste vague de la main, en sa direction à elle, appuya ses mots, confirmait des doutes, s'il y en avait. Volontairement, il s'était reprit pour éviter qu'elle ne le retienne. Evidemment que ce n'était pas une question de volonté comme il le disait, mais jouer le parfait connard, c'était un rôle qui lui sied à merveilles, pourquoi ne pas en profiter ? « Je ne veux pas impliquer Caprice, m'impliquer.. Je suis pas prêt Marla. » La dernière partie était véridique. Il était loin d'être prêt, et c'était la solution de facilité. Une partie de lui voulait laisser échapper un 'désolé', parce qu'il l'était mine de rien, mais déterminé, décidé, hargneux, il se contenta d'un visage sombre et sérieux.

« Je ne vais rien te faire payer, j'ai pas le temps, Caprice m'attend. » C'était flou, toute cette situation était flou. Les douleurs physiques que je pouvais ressentir étaient moindre par rapport à ce qui allait me tomber dessus. Je le voyais bien à sa posture, sa façon d'être. Il était froid et distant. Il était le Miles quand j'avais fait une erreur et qu'il allait me faire payer un choix qui ne lui appartient pas. Il était le Miles quand une situation lui échappe complètement. À défaut que cela arrive à quelqu'un d'autre que moi, il ne pouvait être dévasté à se reposer sur mon épaule comme il avait pu le faire lors des attentats. Non, il se montrait droit, fier et épuisé. « Je peux pas Marla. Je.. je ne.. veux pas avoir affaire à tout.. ça. » S'il m'avait regardé, il aurait vu mon visage se décomposer au moment où sa main me désignait vaguement. J'étais devenue autre chose, quelque chose de plus vulgaire. Je n'étais plus son réconfort, j'étais devenue un cadavre, une enveloppe vide. Les larmes se mirent à perler en silence, glissant sur la peau pâle. Mes yeux incrédules ne le quittaient plus. Si j'étais incapable de formuler une phrase, mon cerveau fonctionnait à plein régime. Il en était de même de mon cœur qui battait tellement vite que je me demandais s'il n'allait pas finir par exploser. « Je ne veux pas impliquer Caprice, m'impliquer.. Je suis pas prêt Marla. » Je le revoyais l'épauler à l'hôpital pendant des heures pour être à ses côtés. Jamais je n'aurais osé demander de l'attention en sachant que sa fille traverse des épreuves pires que les miennes. Mais de là à me... quitter... ? C'était ça, non ? Il était en train de me quitter ? « Tu es égoïste et.. et tu es lâche. Tellement lâche que tu n'es même pas capable de me regarder » Je fronçais les sourcils, ma tête plaquée dans mon oreiller, les poings serrés. J'avais assez mal pour puiser dans les dernières énergies de mon corps. J'étais dégoûtée. C'était le mot. Il me dégoûtait. J'avais envie de le frapper avec tellement de force que même dans mon état actuel, j'étais certaine que j'arriverais à lui faire du mal. « Dégage Miles. » Qu'il aille trouver ses couilles ailleurs, elles n'étaient pas ici. J'étais bien trop déçue, énervée, triste pour essayer de le retenir. Ce qui m'était arrivé n'était pas de ma faute, je n'avais pas fait de tentative de suicide, j'avais subi.