Tu es claqué, tu rentres juste d'un rendez-vous à New-York pour des prothèses différentes des tiennes et une autre paires aussi. Parce que tu as argumenté pendant 2 ans avec ton père pour des prothèses qui résistent à l'eau, parce que tu veux nager, retrouver le gout du surf et surtout être normal. Mais c'était compliqué, impossible et finalement tu as réussi. Ta mère t'a pas mal aidé sur ce coup et honnêtement tu n'en reviens pas d'avoir obtenu gain de cause. Tu passes alors la porte de l'appartement, sac en main pour fixer la table ou Milo a laissé son carnet. Oui un carnet comme ça, y'a que lui qui l'a en fait et personne d'autre. Mais t'es étonné qu'il soit partit même si pisser sans en fait. Tu fronces les sourcils, regardant autour de toi et tu t'assois pour lire ce qu'il a fait, enfin rapidement. Et puis Milo et toi c'était comme ça entre vous, simple, sans prise de tête, loyal et surtout ensemble jusqu'à la mort

@Milo L. E. Allen

Tous les autres s'étaient barrés de la coloc, et j'étais resté seul, comme un con, assis sur le canapé. En fait, j'avais pas fait attention sur le coup qu'ils parlaient de sortir. J'étais trop occupé à chercher une prod sur you tube. J'ai du leur répondre ouai vaguement, parce que j'entendais qu'on me parlait et qu'instinctivement j'ai répondu la première chose qui me venait à l'esprit. Alors quand j'avais relevé la tête, heureux d'avoir enfin trouvé la prod parfaite et que je voulais leur faire écouter, je me suis rendu compte que j'étais seul. Bah tant pis. J'ai sorti le carnet qui était dans ma poche de sweat, j'me suis dirigé vers la table parce que je voulais gratter. La prod m'avait inspiré pour corriger quelques un de mes couplets. J'attrape mon crayon, mais je remarque que la mine est pêtée. « Fais chier là ! » Je me relève et avance jusqu'à ma chambre, fouillant partout pour trouver un putain de taille crayon. J'en ai pas. Alors au moins un crayon ? Toujours pas. Alors j'me rends dans la chambre de Mav et lui en voles un. Il ne s'en rendra pas compte, et puis au pire, il va pas chialer pour un crayon. Quand je reviens dans la pièce principale, je retrouve Charles, assis, mon carnet sous les yeux, un sac à ses pieds. Je passe derrière lui et pose ma main sur son épaule. « Hé gros, comment ça va ? » Charles il peut lire ce que je fais, parfois il m'aide même quand je galère, et puis là, il pourra aussi m'aider !

Tu lis, tu lis en fait ce qu'il écrit et tu corriges, enfin à ta façon mais là t'as pas de crayon donc autant dire que tu lis seulement jusqu'à entendre des pas. Enfin des pas dont tu ne fais pas gaffe parce que t'es à fond sur ses paroles. Tu sens la main d'une personne avant de voir Milo. Merde, il est depuis combien de temps ? Tu lui rends le carnet, tu capitules Ouais ça va, fatigué mais ça va et toi ? Toujours dire que ça va, sinon les gens vont te plaindre. Mais Milo c'est différent, tu peux lui dire ce que tu avais sur le coeur y'avait pas de soucis. Mais en fait c'était pas vraiment de la fatigue, plus du mal de jambes, enfin demi jambes quoi. Tu finis par regarder son carnet C'est pas mal ce que tu as fait ajoutes-tu avant de te lever pour prendre deux bières et tu les déposes sur la table comme si tu étais chez toi, comme d'hab

Mon nouveau crayon sous la main, je reprends le carnet que me tends Charles. Il me dit qu'il est fatigué mais que ça va. J'avais l'habitude d'avoir cette réponse de la part de Charles. Il ne dit jamais quand il a mal, et je le respecte pour ça. Ce gars a un mental d'acier franchement, respect à lui. « Ils m'ont abandonné ces putes. » Je lâche dans un soupire. « Ça va tes jambes ? » J'avais toujours peur de le blesser, enfin au début qu'on se connaissait. J'suis un peu maladroit, j'avoue, mais il sait je pense. Je replonge dans mes lignes quand il me dit que c'est pas mal ce que j'ai fait. Je me gratte mon bouc, j'suis encore trop imberbe pour avoir une barbe, et tapote mon crayon sur la table. « Ouai, mais j'ai trouvé une bonne prod là, et du coup j'vais changer deux trois choses je pense. » Charles se lève et sort deux bières du frigo avant d'en poser une devant moi. Je la décapsule à l'aide de mon briquet et trinque avec lui. Je m'enfonce dans ma chaise, regardant Charles et prenant une gorgée de bière.

Milo c'était l'entente parfait pour plusieurs points comme la musique. TU aimes les textes, tu aimes ce qu'il écrit et tu te laisses porter par ses mots, sans aucune retenue en fin de compte. Le plaisir d'écrire mélangé à celui du rap finalement. Je vois ça, ils sont partis où ces couillons ? prononces-tu avant de rire doucement et tu regardes tes jambes avant d'ajouter Toujours aussi lourde mais le métal c'est pas léger oui toujours dans la vanne pourquoi pleurer ? Tu ne vas pas mourir n'est ce pas ? Bien au contraire. Tu viens par revenir avec une bière et tu lui tends, il te parle de sa prod, tu réfléchis pour ajouter Non, change juste deux mots dans ta phrase. Si tu trouves des synonymes et plus court, tu gagnes en taille de rime et aussi de vers, ça pourra t'aider à accélérer dans les paroles ou bien à ralentir ? Ouais tu t'y connais pas trop en accélérer ou rapidité alexendrie quoi. Donc tu essayes de lui expliquer et que cela lui plaise aussi.. C'est le plus important..

Je hausse vaguement les épaules, je ne sais absolument pas où ils ont pu partir. Sûrement dans un bar, ou alors parti faire une activité tous ensemble ou à la base, je devais aussi participer. Mais au final, les gars, ils savent bien que quand j'suis dans mon truc, ils peuvent rien tirer de moi. Mais tant pis, j'vais faire quelque chose de productif. Je bois une gorgée de bière alors que Charles fait de l'auto dérision sur ses jambes. « Et à part que c'est lourd ? » Je savais très bien qu'il blaguait pour éviter de trop en parler, mais je voulais vraiment savoir si il allait bien, en dehors du fait qu'il doit muscler ses cuisses. J'suis inquiet pour mon reuf, c'est normal je pense. Quand il me parle de changer deux trois mots pour accélérer ou ralentir le rythme, je ne peux que acquiescer silencieusement, raturant quelques mots et essayant tant bien que mal de les remplacer par un mot faisant sens avec le reste de la phrase. La prod tourne toujours en fond sonore. « Pas con, lent sur le premier couplet et le dernier, rapide sur les deux du milieu. Faut que j'arrive à faire passer une sorte d'urgence dans ma voix, avec un début et une chute. » Je sais exactement ou je veux mener ce son, je sais ce que je veux en faire. Et avec cette prod, je sais que je peux cartonner.