Ce que les hommes peuvent être cons parfois. Non mais vraiment, qui oserait dire que moi Alessandra Ciara Ferrari, n’est pas bonne à baiser? Il bande en me voyant, mais il n’est pas intéressé. Qu’il aille se faire foutre ce bon à rien. J’ai d’autres choses à faire que de me prendre la tête avec un mec visiblement aveugle. Je ne le laisserai pas me démoraliser. Après avoir terminé ma clope, je suis entrée à l’intérieur afin d’aller me regarder dans le miroir, me refaire une beauté. Quelques secondes après avoir fait irruption dans la salle de bains, la porte s’ouvre laissant apparaître une silhouette masculine dans le miroir. Je n’ai pas réellement prêté attention à cette personne, jusqu’à ce que mon coeur se mettre à frapper fort dans ma cage thoracique. Quelqu’un peu me dire ce que tu fais ici? Pas ici dans la toilette des dames, parce que ça je m’en fiche, mais ici à Boston. La dernière fois que nous nous sommes vue, ça fait au moins cinq ans, alors que nous étions toujours ensemble, mais tu n’as pas changé d’un poil. Tu as peut-être simplement vieilli pour devenir un très bel homme. Trop bel homme, en vérité. « Laszlo... » dis-je presque dans un murmure. Je ne m’attendais pas du tout à te revoir là et surtout pas ici. Encore moins dans la toilette des femmes. Je me retourne et te fais face, les mains sur les hanches, prenant un air dur et ferme. « Je… J'savais pas que t’étais à Boston, encore moins à Harvard. je te croyais toujours à la Nouvelle-Orléans. » Je dis ça, comme ça, sans même savoir si tu te souviens de moi. Quoique, comment oublié ton premier amour, croyant qu’elle ne t’ait jamais aimé, voire trompé avec un autre. Ça ne s’oublie pas ça.

Les filles vont me rendre fou. Faut que je m'éclipse, et aussi que j'aille aux toilettes car disons que la bière, ça fait pisser fort. Je réalise même pas que je rentre dans l'enceinte privée des filles. Y'a une nana devant un miroir mais je fais même pas gaffe. C'est juste quand on prononce mon prénom que je réalise où je suis. Je fais demi-tour au lieu de m'enfermer dans une toilette et je regarde cette fille. Je vois son visage dans son reflet. Ciara... oh puré. Mais... c'est clairement pas ma soirée aujourd'hui. Ma meilleure amie qui veut que je l'embrasse, mon crush qui pète une crise de jalousie et maintenant, mon ex que je ne désirais plus voir dans ma vie refait surface. Oui je lui en veux toujours, et non, je vous avouerai pas que ça me fait tout bizarre de la voir. Mes mots peinent à sortir de ma bouche mais j'y arrive. « je te croyais sortie définitivement de ma vie. » sourire ironique et je coupe court. Je vais dans une toilette pour faire mon affaire. Bon, c'est aussi un prétexte de prendre la fuite car j'ai aucune envie de la voir ou de lui parler du bon vieux temps. Non merci, next. Merde, j'ai chaud, je transpire dans cette chemise et ce costard. Et pourquoi j'arrive pas à pisser ? Je ferme les yeux, je me concentre et j'y arrive. La porte de la salle de bain n'a fait aucun bruit, ce qui veut dire que Ciara est toujours là. Je vais quand même pas m'enfermer comme une petite fille en attendant qu'elle s'en aille ? J'ai plus douze ans. Enfin j'crois.

Te voir ici me surprendre beaucoup, par contre le fait que tu sois encore autant haineux contre ma personne ne m’étonne pas du tout. Je dois le mériter non? Bon, loin de moi l’envie de vouloir faire ma victime, mais j’en ai également souffert. Oui, devant les caméras de paraissait bien dans ce retranchement de situation. Je semblais heureuse, mais le soir venu, je pleurais à chaud de larmes dans mon lit, pensant à toi. Heureusement, le temps à jouer en ma faveur et j’ai pu t’oublier. J’ai vieilli et je peux voir que toi aussi. Du moins, c’est ce que je croyais, puisque tu fuis comme un lâche. Je soupire face à ta réplique et roule les yeux alors que tu t’enfermes dans une cabine de toilette. Je finis par m’approcher de la porte, non pas pour partir, mais plus pour la verrouiller. Tu veux jouer à ce jeu-là, nous allons jouer à deux. Pas de chance pour toi mon Laszlo, tu ne veux pas parler et moi, oui. Je sais que tu peux facilement ouvrir le loquet et sortir, mais ça m’importe peu. Je me dirige vers le comptoir et m’assieds sur le dessus, balançant mes jambes dans le vide. « Oups, désolée de te décevoir, mon chou. » dis-je finalement après de longues secondes, d’une voix qui se rapproche d’une façon tranchante. « C’est le temps d’avoir une petite discussion tous les deux. T’auras beau me dire tout ce qui te passe par la tête, mais tu vas m’écouter et ensuite je quitterai définitivement ta vie. » C’est ce que tu veux, soit mais laisse-moi quelques minutes. Accorde-moi ça au moins, si tu m’as aimé.

J'entends sa voix, sa voix qui m'a fait craqué dès la première fois que mes oreilles se sont tendues. Avec cet accent italien... Merde quoi. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Elle m'a tapé la honte à s'afficher avec un teubé dont elle ne m'a jamais évoqué le nom. Certes, ça date d'il y a quelques années mais j'ai pris du temps à oublier tout ça. Je pense que la blessure est fermée mais pas totalement cicatrisée. Ne reviens pas l'ouvrir.  « je veux pas t'écouter, j'en ai rien à foutre de ce que tu penses ok ? » je grogne, je remets mon froc en place et je veux sortir. Sauf que la porte est verrouillée. Gamine. Je lève les yeux au ciel en soufflant bruyamment et je déverrouille la toilette de mon côté pour sortir. « ne reviens pas foutre la merde. j'te demande une chose : reste bien loin de moi. » je la vise de mon index puis je m'approche de l'évier pour laver mes mains. Je parle comme un homme blessé ouaip. Un homme qui n'a pas oublié. Un homme qui se drogue depuis que la bombe a éclaté. Alors tu comprends, j'ai aucune envie que tu reviennes faire surface.

Je t’écoute parler, déchaîner ta colère contre moi. Je sais que j’ai mal agi, je m’en veux terriblement si tu savais. Je sais que j’ai perdu un homme formidable et que sans doute je ne pourrai avoir la chance d’en retrouver un autre un jour. Je sais tout ça, mais crois-moi je ne pouvais pas te dire quoi que ce soit, pour ne pas briser ma couverture. Je sais que je pouvais te faire confiance, mais mon agent m’avait formellement interdit de te dire quoi que ce soit. Mais ne t’inquiète pas Laszlo, le karma m’a rattrapé, puisque ma carrière n’existe plus. « Je n'ai pas l’intention de foutre la merde Las' Je... » Non Ciara, tu n'as pas le droit de lui dire ça, ni de lui faire ça... Pourquoi suis-je aussi mal à l’aise en ta présence? Ce n’est pas mon genre bordel et le simple fait de te revoir me met dans tous mes états. « Je veux juste te dire la vérité une fois pour toutes. J’en ai besoin pour tourner la page, si n'est pas ton cas. » Parce que oui je pensais t’avoir oublié, mais je viens de m’apercevoir que ce n’est pas tout à fait le cas. Et ne t’en fais pas, je resterai aussi loin que tu le désires par la suite. Je te regarde plus attentivement dans la glace et je vois un homme brisé. Un homme qui n’est plus le même et j’ose espéré que ce n’est pas moi, la cause.

Qu'est-ce que je suis sensé faire ? Une part de moi veut fuir pour me protéger et l'autre, est tout de même curieuse de savoir ce que Ciara compte me dire. Je suis torturé entre le pour et le contre. Non, ne gâche pas ta soirée, va retrouver ta cavalière chérie qui doit surement s'inquiéter de ton absence si longue aux toilettes des femmes. Ne reste pas là à écouter ton ex, ton seul et unique grand amour de ta vie qui t'a complètement dévasté. C'est une mauvaise idée. « t'as cinq minutes, je t'écoute. » que je soupire malgré moi. Quel con. Mais bon, au moins je serai fixé. Si elle me lâche de belles paroles je sens que je vais littéralement péter les plombs. Je lui laisse cette chance de s'exprimer, après basta, je la raye totalement de ma vie. Enfin, si j'y arrive. C'est plus facile à dire qu'à faire. Je crois les bras, j'essaye de soutenir son regard sans montrer le quelconque point de faiblesse.

J’ai été prise au dépourvu lorsque tu m’as dit avoir cinq minutes à m’accorder. Moi qui croyais que tu allais simplement tourner les talons sans prendre le temps de m’écouter. Ça aurait été légitime, qui plus est, mais tu es encore là à attendre que j’explique mes agissements. Désormais, je dois choisir avec tacts mes mots et je sais d'ores et déjà que ça ne fonctionnera pas, que je vais dire une fois de plus n’importe quoi, comme à chaque fois où je suis stressée. « Je… Oui j’aurais dû te parler, mais je ne le pouvais pas. » Mon Dieu, mais tu ne dois rien comprendre à ce que je raconte. Depuis quand, nous ne pouvons pas dire à quelqu’un que nous sommes amoureux d’un autre. « Oui je pouvais pas, parce que ça faisait partie du contrat. Tout était faux et mon coeur, t’appartenait toujours. » Lorsque tu m’as laissé après ça, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’en remettre alors je me suis mis coeur et âme dans le sport jusqu’à m’y perdre et toucher aux dopes pour mieux exceller. « Je sais que ça ne m’excuse pas, mais sache que je m’en veux terriblement et que j’aurais préféré te garder dans ma vie. » Je hausse les épaules et regarde le sol. Merci de m’avoir écouté. Si tu as des questions j’y répondrai et je devrai tourner la page comme je te l’ai promis.

Qu'est-ce qu'elle va me raconter ? Qu'elle est désolée blabla, qu'elle ne pensait pas, qu'elle s'en veut, pardonne-moi. He ho, non. Les excuses bidon des filles, j'en ai eu des tas et je les connais par coeur. Sauf que c'est pas ce qu'elle me sort. Ciara a l'air réellement de croire ce qu'elle me dit, comme si elle était sérieusement impliqué dans cette envie de faire ses excuses. Je ne comprends pas, je cligne plusieurs fois des yeux et je l'observe, dubitatif. « qu-quel contrat ? qu'est-ce que tu racontes ? » son coeur m'appartenait ? Malgré toute cette polémique avec cette presse, cette humiliation que j'ai eue ? Je prends une inspiration et je respire lentement pour ne pas m'énerver. Ciara continue, m'explique à quel point elle s'en veut. Et moi je suis là, j'ai envie de péter les plombs mais je suis un mec hyper sensible, incapable de détester et de tenir tête aux gens de plus de deux minutes. Alors j'hausse les épaules, simplement.  « je... c'est du passé alors... laissons tout ça dans le passé. » ne me pousse pas à réveiller quoi que ce soit pour comprendre ton histoire. Pas maintenant, pas ce soir, c'est juste pas le moment.