Les yeux parcourant la salle, tu n'as pas le temps de papillonner te devant d'être aux aguets. Depuis le début de l'été, l'établissement gagne de plus en plus en clientèle, offrant, une nouvelle fois, une foule désireuse d’évasion, d'un breuvage, d'une potion magique leur permettant de diminuer, voir faire disparaître, cette timidité, cette peur du ridicule ne voulant qu'une chose, tenir le micro et se prendre, le temps d'une chanson, voir deux, pour une star. « Baaaae on a soif  ! » En plein encaissement, tu tournes la tête en entendant ton prénom et tu offres ton plus beau sourire au groupe de filles à l'autre bout du comptoir. Une fois disponible, tu passes une main dans ta crinière bouclée - commençant déjà à avoir chaud - leur demandant ce qu'elles voulaient boire même si tu t'en doutais sachant qu'elles viennent régulièrement. Contrairement au reste de la clientèle, là, tu notes leurs noms sur ton bloc note avec les consommations, car tu sais qu'elles ne partiront jamais sans payer. Les filles prennent place à une table pendant que tu prépares leurs verres les suivants du regard pour voir où elles se placent. Plateau prêt, ta collègue le prend, tu pointes la table du doigts. « tu peux apporter ça aux filles là-bas s'il te plaît ?  » Au passage, tu échanges un regard rapide avec l'un des garçons de la table d'à côté. Regard que tu ne tardes pas à croiser de nouveau quand celui-ci arrive au comptoir. Mains sur le bois, t'offres un large sourire plongeant tes yeux océans dans les siens attendant sa commande, finissant par lui tourner le dos pour aller chercher et ouvrir les 4 Despe demandées. « tiens.. » Tu l'encaisses et tu n'as pas le temps de le remercier pour le pourboire, qu'il disparaît au milieu de la foule. Lèvres qui se pincent, tu mets le billet en trop dans le pot à tips. « Bae, tu pourras aller installer le karaoké, voir si tout est okay ? » Hochement de tête, voilà pour toi le meilleur moment de la soirée contrairement à certains de tes collègues. Tu glisses autour des tables, saluant quelques têtes connues te dirigeant vers la scène afin de régler les deux micros ainsi que les écrans. Comme toujours, tu t'offres un petit plaisir, chantant un court instant ce qui te trotte à l'esprit afin de faire les réglages. Ta voix n'est pas forcément la plus agréable à entendre, mais toi, les karaokés tu adores ça - c'est d'ailleurs pour cette raison que tu as postulé pour travailler ici, même si - malheureusement quand tu peux t'amuser et reprendre les chansons que tu aimes, aucun public n'est présent pour t'acclamer, faisant généralement ton chaud après la fermeture. Les plus courageux ne tardent pas à prendre ta place et choisir une chanson. Retournant à ton devoir, tu récupères sur le passage les verres vides, prenant quelques commandes. Aller-retour dans la salle, tu percutes une chaise et te rends compte que c'est le même garçon que tout à l'heure. « Excuses moi.. » Tu fais une petite grimace suivi d'un sourire avant de reprendre ton chemin.  

Main qui se porte sur ton bras, on te retient. Volte face vers la personne te stoppant dans ton parcours. Une nouvelle fois, tu te retrouves nez à nez avec lui, ce qui ne te déplaît pas, loin de là. Ce vouvoiement de politesse te donne la sensation de prendre dix ans en une fraction de seconde, surtout qu'il n'a pas l'air bien plus vieux que toi. Ce serait une personne avec  les traits plus marqués, les cheveux grisonnant, tu n'y verrais aucun inconvénient, mais là.. « Appelle moi Bae et tutoies moi ! » sourire qui ne cesse de s'élargir, impossible à retirer de ton visage, tu l'observes. Garçon carrément à ton goût, t'admires la carrure que t'auras probablement jamais. Tu glisses ta main de libre dans tes cheveux, un peu gêné, tu as les joues en feu quand t'entends ses paroles. « Merci..et oui c'est bien à moi. » Clairement, tu mens, au cas où l'envie leur prend d'en faire une deuxième, car bien que tu installes le matériel chaque soir, personne n'est réellement à la gestion de la liste. Les gens viennent généralement au bar, donnent leurs noms, le numéro de la table avec le titre choisi ou comme lui, vous donne un papier et vous l'ajouter à la liste préparant les chansons qui défileront. Ta main se porte vers la sienne prenant le papier en main, tes doigts frôlent les siens. Geste prémédité pour voir la réaction, l'envie de savoir si les regards échangés, le fait qu'il vienne à toi plutôt qu'un autre du staff signifierait un truc ou si c'est juste ton imagination qui te joue des tours. Tu n'es pas là pour fricoter, mais si tu as une ouverture, il est certain que tu feras de ton mieux pour choper son numéro. Comme tu ne cesses de le dire, tu as beau être encore puceau, ça ne fais pas de toi un être pur et innocent ne t'empêchant pas de profiter à ta façon. Tu ne sais pas si c'est la foule oui lui qui te fait ça, mais tu as de plus en plus chaud.

En voyant le titre proposé, tu te mets à rire trouvant ce choix, original. « avec un titre pareil, je vais me sentir obligé de te laisser toi et tes copains passer juste après ! » ça change des chansons d'amour, des trucs que vous avez l'habitude d'entendre, subir parfois. Par le choix des personnes dans l'assemblée, tu peux facilement définir la personnalité de celui qui ira chanter. Là, tu vois bien un groupe de garçons assez fun, qui n'a pas peur du ridicule. Baby Shark réveillera la foule, proposera un moment de partage, et même toi, tu suivras le mouvement. « si vous mettez le feu, je vous paie la prochaine tournée ! » tu sais que ça ne posera pas de problème au patron et dans le pire des cas, il le prendra sur ton salaire. « par contre, tu n'as pas noté ton nom.. » Le nom, il n'est pas obligatoire, car le titre s'affiche sur l'écran, suivi en plus petit des autres titres qui suivront. C'est un prétexte pour mettre un prénom sur ce visage qui ne te laisse pas indifférent. Malheureusement, tu ne peux pas t'éterniser et l'admirer comme t'aimerais le faire. Tu lui fais comprendre et lui dit d'aller rejoindre ses compagnons de table, qu'ils seraient appelés bientôt. Tu retournes derrière le bar et note sur l'ordinateur le nom de la chanson et une petite note personnelle pour qu'il prenne conscience de l'intérêt que tu lui portes. Avec les filles qui chantent, c'est plus calme, les gens sont presque tous servis du coup, tu peux souffler cinq minutes. Quand elles terminent la chanson, la foule applaudit, tu fais de même. Ton regard reste bloqué sur lui, comme s'il t'était impossible de regarder ailleurs. Sur le grand écran accroché au fond de la salle qui annonce les titres, permets aux clients de participer également en lisant les paroles, finis par s'afficher Baby Shark, la table des beaux goss t'entends déjà les rires des gens en voyant le titre. Bien que tu sers un nouvel arrivant dans l'établissement, ton regard suit le brun qui se lève pour aller sur la scène et tu sais déjà qu'au moment où tu prendras ta pause, tu ne te gêneras pas pour aller le voir.

Rire léger en l'entendant, c'est d'un pincement de lèvres suivit d'un hochement de tête que tu lui réponds qu'en effet, tu as le droit à quelques remarques bien que cela ne te dérange pas, assumant pleinement ton prénom. Sa réaction suite à ton geste te confirme cette force qui vous attire l'un vers l'autre. Quand il plonge son regard dans le tien, t'en as le souffle coupé. T'aimes sa façon de parler aisément avec de parfaits inconnus, ça te plaît. En l'entendant, tu ris. Impossibilité de boire pendant le temps de travail, la proposition est tout de même agréable à entendre. «  dommage qu'on ne puisse pas boire pendant le travail..ça m'aurait bien plus ! » Quand tu vois l'évolution de la soirée de ton patron ou certains de tes collègues, tu te dis que t'es peut-être le seul à rester clean. «  verre ou non, si c'est un fiasco, je soutiendrai ! » Quand il t'effleure, étrangement, ton coeur s'emballe. Lecture du prénom, tu le susurres d'une voix suave récupérant ton stylo. Il te tourne le dos, s'éloigne, toi, tu ne bouges pas de suite laissant tes yeux descendre quelque peu profitant de la vue avant de retourner à ton devoir. Ton message fait rire et quand il te fait signe, tu lui rends en levant légèrement la tête, le sourire toujours présent aux lèvres. La musique se lance, ils se mettent à chanter, tu as les lips qui suivent te prenant au jeu comme quelques personnes déjà bien éméchées au-devant de la scène. Tu parcours la salle avec les mains chargées apportant diverses boissons aux tables qui ont commandé. T'en profites pour lâcher quelques regards sur Efrain, tu as du mal à regarder ailleurs, tu vois plus que lui. Quand tu poses tes derniers verres, tu te stoppes nettes, balances un sifflement à l'aide de tes doigts suivit d'un petit cri telle une pucelle soutenant les 'artistes' présents sur scène, faisant sursauter la personne assise à tes côtés. Ce choix est un franc succès, car tout le monde finit par participer à sa façon. Il y a ceux/celles qui beuglent couvrant parfois la musique, les plus discrets qui bougent les lèvres, qu'on entend à peine et il y a toi, qui peut pas t'empêcher de chanter à ton tour sachant pertinemment que ça va rester dans ton esprit toute la soirée.

De retour derrière le comptoir, tu observes la scène, le coude sur le bois du bar, le menton posé sur ta main repliée et sans t'en rendre compte, tu te mords la lèvre te disant que t'aimerais bien goûter les siennes. On te sort de tes pensées quand l'une des filles de tout à l'heure vient te parler. " putain il est pas mal celui du milieu. " d'une éternelle franchise, les mots sortent sans te rencontre compte de la violence qu'ils peuvent porter sur elle. " t'es pas son délire, oublies." Au fond t'en sais rien, peut-être qu'il joue sur les deux bords, comme toi, mais tu comptes laisser aucune chance le voulant pour toi. Un blanc qui s'installe, elle finit par repartir aussi vite qu'elle est venue. Baby Shark se termine, les applaudissements se font entendre dans la salle, et c'est victorieux qu'ils descendent de scène. Chose promis, chose due, la prochaine tournée sera donc offerte. Quand tu regardes en direction de sa table, tu vois certains du groupe prendre leur veste pour aller fumer, un autre qui part en direction des toilettes et lui, se retrouvant seul. Tu regardes ta collègue et sans réellement attendre une approbation l'informe que tu prends une pause de deux minutes. C'est le pas rapide que tu le rejoins, finissant par t'asseoir en face de lui. " Belle prestation, je peux avoir un autographe." Sourire malicieux qui se laisse percevoir. " Quand vous aurez fini vos verres, tu viendras me voir, ce sera offert par la maison. " tu n'as pas beaucoup de temps devant toi avant que l'un des garçons ne revienne à la table et clairement ça t'emmerdes, tout autant que travailler ce soir." si après cette prestation vous n'avez pas du succès, je ne comprends pas.. " tu ris et tout en le fixant du regard enchaîne " enfin, il n'y a clairement pas besoin de ça pour que tu plaises... " le fait que tu le cibles est clairement voulu et tu comptes bien profiter du peu de temps que tu as avec pour lui faire comprendre une nouvelle fois que t'es fortement intéressé par son joli minois.

Tu aurais pu aller craquer une cigarette le temps de tes quelques minutes de tranquillité bien mérité, lui lançant un regard pour lui faire comprendre que s'il en avait l'envie, il pouvait très bien te suivre pour venir parler. Quand tu le vois seul à la table, tu comprends que c'est ta chance et que ça ne fera pas de mal à tes poumons de respirer un coup. Tu n'auras pas mis longtemps avant de le rejoindre, de t'installer pour le contempler. Même si tu le félicites pour son succès, tu aurais bien aimé qu'ils fassent un flop, que personne ne suivent juste pour avoir l'opportunité de le voir après ton service. Si tu joues bien ton coup, il y a moyen que tu arrives à le faire rester vu comme c'est parti, tu as tes chances, enfin, s'il ose abandonner sa bande pour toi. Rire léger en l'entendant, tu poses une main sur ta poitrine te pinçant les lèvres. « Le grand fan que je suis est trop touché ! » Rire qui se laisse entendre une nouvelle fois, quelques peu recouvert par le bruit confus donné par la foule présente ce soir. Tu souris, légèrement, baissant un instant ton regard. Tu peine à fixer son ses yeux marron qui te percent l'âme. Tu es faible, et tu t'y replonges, te noyant complètement. Lèvres qui se mordent, tu finis par lâcher avec légèreté. «  Peut-être que tu l'es déjà...courtisé.  » C'est ce qu'on appelle être direct, mais si tu le fais, c'est parce que tu vois le danger arriver. Tes yeux le quittent un instant voyant le groupe de filles à quelques tables plus loin vous regarder, le regarder et si tu ne lui fais pas comprendre de suite que tu es intéressé par lui, qu'il provoque un truc chez toi que tu n'expliques pas encore, tu as peur de ne pas avoir cette chance d'apprendre à plus le connaître hors de cet endroit. Tu connais cette fille, tu sais exactement de quoi elle est capable, tu sais qu'elle peut attaquer à n'importe quel moment, mais elle, elle connait aussi tes goûts et vu ta remarque de tout à l'heure, le fait que tu sois là, elle peut se douter que tu n'es pas là en vain. Malheureusement, ce n'est pas ça qui l'arrêtera. Sans t'en rendre compte, tu lâches un soupire. Garçon approchant facilement n'importe quelle âme perdue afin de se lier d'amitié, tu es bien loin d'être le genre à draguer avec facilité, tu es plutôt à attendre qu'on vienne à toi pour ça. Généralement, quand tu te lances, tu finis toujours par être déçu, t'espères juste que là, ce ne sera pas le cas. Depuis le début de la soirée, tu vois bien qu'il y a cette électricité entre vous et tu ne peux pas passer à côté, d'ailleurs quand tu l'entends, quand tu vois son sourire, tu sais que tu fais bien de continuer sur cette voie. Tu t'inquiètes pour rien n'ayant pas forcément la confiance que tu devrais avoir, mais après tout, il rentre clairement dans ton jeu. Les doigts qui jouent avec l'étiquette de la Despe posée devant toi, t’enchaînes. « Je ne sais pas si cette personne va te noter son numéro sur une serviette qui pourrait être si vite perdue.. » Son ami revient à la table, tu te stoppes dans tes paroles. Il ne dit rien, ne reste pas, prenant juste sa veste, vous laissant encore seul un instant, retrouvant sûrement les autres dehors. Tu n'as que le temps d'une chanson pour lui parler, quelques minutes qui passent plus vite que tu ne l'aimerais. Coudes sur la table, tu te penches à peine afin de ne pas devoir hurler tes prochaines paroles à cause du vacarme, massacre que les gens font sur la scène. « .. mais la personne en quetion espère bien avoir le droit à du junk food ! Qui sait, peut-être qu'après ça, t'aurais même le numéro !» le rouge aux joues, la chaleur monte d'un cran et le coeur loupe un battement. Tu sondes son regard pour voir la réaction face à tes mots.

(j'suis pas fière de celle là..peut-être parce qu'il est 4h du matin.)