J'étais revenue à Boston depuis quelques semaines, cédant finalement à Hardin qui n'avait cessé de m'harceler pendant plusieurs semaines. J'avais laissé cette ville dans un état monstrueux et je l'avais retrouvé.. encore dans le même état qu'il y a sept mois. Je saccageais tout sur mon passage, c'était pour dire. J'avais blessé mes proches en partant du jour au lendemain, sans leur dire où j'allais. Je regrettais d'avoir fait du mal à Abélard, il méritait pas de se faire poignarder dans le dos. J'avais des regrets vis-à-vis de ce que j'avais fait avec Andrew au summer camp alors qu'il était avec Aymalyne. Quel genre d'amie j'étais pour faire ça? J'avais eu tout le temps pour répondre à cette question et j'étais arrivée à la conclusion que j'étais mauvaise. L'alcool n'excusait pas les gestes que j'avais posés, ça n'excusait rien. Aujourd'hui, j'en payais les conséquences. Je me dirigeais vers une boutique où ils vendaient des accessoires et meubles pour la maison. Évidemment, c'était une boutique où les prix étaient exorbitants. Mais pour moi, c'était que des chiffres. Je m'apprêtais à rentrer dans ce magasin lorsqu'un mec qui tenait un sac en plastique du pressing décidait de passer devant moi pour me couper la route. Fronçant les sourcils, je me tournais vivement vers lui. « Les gens sont toujours aussi pressés. » lâchais-je en regardant dans sa direction.

Voilà, la fameux bal de fin d'année, sujet que tout le monde avait eu à la bouche durant ces deux derniers mois, était enfin terminé. Et autant vous dire que la première chose que Raphaël s'était empressé de faire, c'est d'apporter son costume à nettoyer au pressing. Bien sûr qu'il pouvait le faire lui-même, bien sûr qu'il faisait sa lessive lui-même habituellement mais là, c'était différent. Il n'avait peut-être pas opté pour du Dior mais n'empêche qu'il valait déjà bien assez cher pour qu'il ne se permette de devoir payer une caution ou autre. Il avait loué ce costume, ce qui signifiait qu'il devait le rendre aussi beau et intact que lorsqu'il l'avait emprunté. Et comme le français ne souhaitait pas prendre le risque que tout son salaire y passe, il avait opté pour le pressing du centre commercial. Trois jours plus tard, il recevait un sms lui indiquant qu'il pouvait venir le rechercher. Chose que Raphaël s'était empressé de faire. Peut-être un peu trop d'ailleurs puisqu'il venait de couper la route à quelqu'un sans même s'en rendre compte. Ce n'est qu'en entendant la personne pester à deux mètres de lui qu'il s'arrêta. "Ouais, désol..." Il ne finit pas sa phrase, le regard bloqué sur celle qui lui faisait désormais face. Visage de porcelaine, longue et éblouissante chevelure devenue brune... Raphaël ne l'avait pas reconnue de suite. "Ariana Von Liechtenstein." prononça-t-il dans le plus grand calme. Ce n'était pas une question. Il savait très bien à qui il avait affaire, là. Changement capillaire qui l'avait fait hésiter au début certes, mais maintenant qu'il la regardait droit dans les yeux, il n'y avait plus aucune place pour le doute. "Sympa la nouvelle couleur, ça te rend encore plus sexy." Sa remarque se voulait à la fois malicieuse mais aussi sérieuse. Il disait ça comme ça, pour la forme mais n'en pensait pas moins. Pas de gène entre eux, Raphaël savait qu'elle était plutôt du genre directe, comme nana. Lui aussi, d'ailleurs.

je détestais ces gens qui se croyaient seuls au monde, pressés et qui ne faisaient pas attention aux autres. ça m'insupportait ce genre de comportement, surtout que j'étais pas si invisible que ça pas vrai?  de taille moyenne, long cheveux brun foncé et habillée avec un combishort blazer moutarde à fleurs. difficile de me manquer. je pestais contre ce garçon sans me gêner. ce dernier s'excusait en se retournant mais à peine avait-il fini sa phrase que nos regards se croisaient. ce regard que je connaissais que trop bien, cet homme je le connaissais. Raphaël. il prononçait mon nom au complet sans l'écorcher, un exploit. ce nom qu'il prononçait avec certitude en me regardant droit dans les yeux. « Ravie que tu te souviennes de moi. » la seule et unique, c'était moi. quant à lui, il n'avait pas vraiment changé. hormis peut-être sa couleur de peau qui était nettement plus blanche, ce qui prouvait qu'ici à Boston il manquait un peu de journée ensoleillée. ses yeux se focalisaient sur ma chevelure puis sur moi. « J'ignorais que ton pêché mignon c'était les brunes, Raphaël. » un fait intéressant mais ça ne changeait pas grand-chose à mon égo. c'était certainement pas les mots de Raph qui allait faire une différence. « Tu fais quoi avec ça? » demandais-je en pointant du menton ce qu'il tenait à la main.  

Éblouissante chevelure blonde (ou brune si vous préférez), regard glacial et envoûtant, personnalité de feu, évidemment qu'il se souvenait d'elle. Ariana ne faisait pas partie de ces gens qui passent inaperçus. Et encore moins de ceux que l'on oublie. Alors oui, il se souvenait d'elle, bien entendu. Il se souvenait de leur rencontre, de ces nuits passées ensemble, de leur dispute aussi. De toute évidence, il n'était pas le seul chez qui les souvenirs refaisaient surface puisqu'elle ne semblait pas l'avoir oublié, elle aussi. Détail qui n'avait pas échappé à Raphaël et qui ne pouvait que le satisfaire, intérieurement. Ariana était une très belle femme, elle le savait parfaitement d'ailleurs et ce n'était pas lui qui allait lui faire croire le contraire. "Il y a beaucoup de choses que tu ignores sur moi." affirma-t-il, un brin de malice au coin des lèvres. Et si sa mémoire ne lui faisait pas faux bond, c'était même la raison de leur ultime confrontation, celle qui avait mis un terme à leur relation, si on peut qualifier cela comme ça. Princesse ou pas, il ne fait d'exception pour personne Raphaël. Ce qu'il doit garder secret reste secret, point barre. Alors il cache beaucoup de choses, à beaucoup de monde. Parfois ça passe, mais parfois ça casse. Ariana avait choisi la deuxième option. Et étrangement, la revoir aujourd'hui lui prouvait que le français n'avait conservé aucune rancune à son égard. "Costume du bal de fin d'année. Je le récupère du pressing." répondit-il en jetant un coup d'oeil à la tenue qu'il tenait sur son épaule, protégée par un plastique. "Ah oui, je suis à Harvard maintenant. C'est là-bas que tu étais avant, non ?" À moins qu'elle y soit toujours encore mais si c'était le cas, Raph était prêt à parier qu'il en aurait été informé bien plus tôt. Von Liechtenstein, c'est pas vraiment un nom passe-partout vous voyez.