mon cavalier ? pas le prince charmant, c’est le cas de le dire. probablement tout l’inverse même. jamais disponible, ibrahim passait son temps à disparaître et moi, tout m’agaçait dans cette soirée. mickey au bras d’une fille lambda qui semblait faire comme si je n’existais pas et puis.. zed. zed gentiment accroché au bras de sa petite amie comme si la nuit que l’on avait pu passer n’avait jamais existé. j’rale intérieurement. d’être stupide, d’être sans arrêt le second choix. pauvre nina. je dois être plus que pathétique là, c’est un fait. et quand je le vois le beau kirkland, prendre la poudre d’escampette vers l’extérieur, je crois que mon cerveau se met sur pause pour que mes jambes puissent le suivre. j’ai pourtant aucune idée de quoi dire ni même de quoi faire. j’aurais probablement pas les bons mots et j’ai sûrement rien à dire en fait. pourtant, je voudrais en avoir des explications, comprendre le pourquoi du comment. savoir pourquoi est-ce que tout est toujours aussi compliqué et puis te dire que je ne l’ai pas mérité. je l’ai pas mérité tu sais ? l’abandon que tu m’offres et les silences à répétition. je l’ai pas cherché tout ça. c’est pas moi qui ait fauté. j’ai rien à me reprocher dans l’histoire mais j’ai l’impression d’être l’éternelle fautive. et j’te repère finalement, assis sur un banc. banc dont je m’approche, d’une démarche assurée. j’veux que tu comprennes que tu peux pas me fuir comme si j’avais tout fait foirer. c’était pas moi le problème, je l’ai jamais été. « si hae débarque, quoi ? » t’as le don de ne pas sortir les bons mots, les bons arguments. je suis censée m’en préoccuper moi, de ta copine ? je m’en préoccupe comme toi tu as l’air de te préoccuper de moi ? j’me rends bien compte que je suis l’épine à ton pieds. celle que tu voudrais jeter au loin pour t’en débarrasser. mais t’as pas le droit de me traiter comme ça zed, j’ai rien fait. « tu vas juste garder le silence ? prétendre que c’est pas arrivé ? » t’as pas le droit de faire ça. ni à elle, ni à moi. « j’ai été le lot de consolation d’une nuit et puis adieu nina, c’est ça ? » j’en reviens pas. tu peux pas me faire ça.

j’te trouve injuste. t’aurais dû… pas m’embrasser, pas me toucher. j’en sais rien en fait. t’aurais juste pas dû m’utiliser si c’était pour me réduire à rien par la suite. j’ai l’impression d’avoir été juste un jouet le temps d’une nuit. gentille nina qui assouvit tes désirs et qui se manger un lot de portes en pleine face par la suite. « elle est fragile ? » j’ai la voix qui tremble un peu, signe que ma colère est en train de surgir en masse. et moi alors ? je suis quoi ? je suis assez forte pour l’encaisser, c’est ça que tu es en train de dire ? parce que c’est doublement injuste de raisonner comme ça. protégeons hae mais rien à foutre de nina. « c’est jamais le bon moment » tu crois quoi ? que y aura un instant plus judicieux qu’un autre pour balancer un truc pareil ? tu te trompes. t’essaie juste de trouver une issue de secours sauf qu’il n’y en a pas. t’en trouveras pas zed. ce qui est fait est fait et y a rien qui pourra minimiser l’action. « alors je suis quoi ? parce que tu vois, tu t’envoies en l’air avec moi, tu me balances par la suite que t’es en couple et tu me snobes pendant des jours comme si j’existais pas » alors j’suis quoi à part la conne que tu t’es envoyé dans ta chambre ? et je m’en fous que tu lui dises ou pas. je m’en fous que t’en parles, je veux juste savoir à quel point je suis stupide et ce que j’ai représenté tout ça. puis y a ta main qui attrape la mienne et mon coeur qui se serre un peu. j’me mords l’intérieur de la joue avec peut être un peu trop de force, soutenant néanmoins ton regard comme si ça me donnait un peu plus de constance. « c’est le fameux, c’est pas toi nina, c’est moi. c’était cool mais ça se reproduira pas et si tu pouvais ne plus jamais le mentionner, ce serait chouette ? » j’en reviens pas. j’en reviens juste pas. et j’pensais pas non plus que ça ferait aussi mal. mais de toutes les personnes que je connais, t’étais sûrement celui que je considérais le plus. avec des valeurs et.. j’me suis trompée visiblement. du début à la fin. « j’me contente de ça du coup ? t’avais envie de coucher avec moi donc tu l’as fais -en dépit de ta copine- et j’suis bien gentille donc je disparais ? » parce que si c’est comme ça que tu vois les choses zed, j’crois qu’on va vraiment avoir un souci toi et moi. t’as pas le droit de me traiter comme ça. tu m’fais mal au coeur là.

j’veux pas avoir mal au coeur. je m’étais jurée après mickey que ça n’arriverait plus. que je ne laisserais personne prendre assez d’importance pour me faire sentir comme ça par la suite. sauf que j’aurais jamais pu envisager que tu prennes sa place. en soit, je me dis que j’avais probablement dû le sentir. je m’étais pas éloignée de toi pour rien en premier lieu. peut être que dans le fin fond de ma tête, j’avais su que tu pourrais me faire autant de peine, j’avais juste trouvé d’autres prétextes pour justifier tout ça. et j’trouve que je mérite mieux. je ne suis peut être pas la meilleure personne qui puisse exister sur cette planète mais ouais, je mérite certainement mieux que tout ça. « alors j’fais quoi ? » j’ai la voix qui part un peu trop dans les aigus, sûrement que je perd patience ou une connerie dans le genre. « c’est pas des excuses que je veux » qu’est-ce que tu crois ? que me dire pardon ça va changer quoi que ce soit ? parce que c’est pas le cas. ça effacera pas le fait que t’as couché avec moi pour me jeter par la suite. « pourquoi est-ce que tu serais pas honnête avec elle ? » ou avec moi aussi. parce que me dire que tu ne veux pas que je disparaisse, ça ne me dis pas ce que je dois faire. ça ne me dis pas où est-ce que je me positionne. « tu vois, cette nuit elle compte pour moi. c’était.. important. j’sais pas en fait. et j’me retrouve comme une conne parce qu’au bout du compte, t’as une copine. » alors comment veux-tu que je me sente autrement que comme la pétasse avec qui tu t’es envoyé en l’air à une soirée ? j’suis pas sûre de représenter plus que ça pour le coup. « j’suis.. putain. » j’passe mes mains dans mes cheveux, inspire un grand coup. j’sais même plus quoi te dire et t’as de toute façon pas l’air de vouloir fournir des réponses.

Son ombre qui disparaissait à chaque fois que tu osais poser ton regard sur lui. Trace d’une idylle qui s’efface. Existence insignifiante à ses yeux. Amour illusoire. T’arrivais toujours pas à comprendre son comportement. Zed, il t’évitait. Il t’ignorait. A table. Pendant la danse. Et là, il était juste introuvable. T’étais devenue invisible Hae. Palpitant qui s’accélère. Inquiétude qui grandit à mesure que les minutes s’écoulent. Tu sillonnes les tables. Slalomant entre les différents couples. Tentant vainement de te frayer un passage. Persuadée à chaque fois de le reconnaître de dos. Vulgaire inconnu qui se retournait face à toi. Déception perceptible sur chaque trait de ton visage. Tu ne comprends pas. Qu’avais-tu donc fait pour qu’il en vienne à t’éviter comme la peste ? Etais-ce une phrase qui ne lui avait pas plu ? Ton comportement qui l’avait déçu ? Ta tenue inappropriée ? T’avais juste envie de savoir. Percer l’abcès. Et t’excuser s’il le fallait. Fatalité prédictible. Fatalité évidente tandis que tu retournais à ta table, priant sans grande conviction. Espérant qu’il ait eu la même idée. Mais c’est finalement Toni que tu croisas. Te frappant mentalement pour ne pas avoir pensé plus tôt à lui demander où se trouvait ton petit-ami. « Je l’ai vu sortir y’a cinq minutes, tu le trouveras sûrement là-bas » qu’il t’avait répondu, t’indiquant le chemin d’un mouvement de la tête. Et t’avais décampé. A la minute où tu sus où Zed était. T’as pas cherché à comprendre. T’as pas cherché plus loin. T’avais juste envie de le retrouver. Et mettre les choses au clair avec lui. Robe qui entravait tes mouvements. Attrapant deux coupes au passage. Espérant les savourer avec ton bien-aimé. A l’abri des regards indiscrets. Finissant par l’apercevoir près d’un banc. Sourire rassuré qui vient étirer tes lippes. « Ze… » « j’me contente de ça du coup ? t’avais envie de coucher avec moi donc tu l’as fais -en dépit de ta copine- et j’suis bien gentille donc je disparais ? » Tu te stoppes net. Sourire qui vacille. Sol qui tangue sous tes pieds. Battements qui ralentissent dans ta poitrine. T’avais envie de coucher avec moi donc tu l’as fait . Phrase qui tourne dans ta tête. T’avais dû mal entendre. Doux mensonges qu’elle venait de profaner sous ton nez. Parce qu’il n’aurait jamais fait ça. Pas à toi. Pas lui. Zed allait l’envoyer balader. C’était certain. Il allait « J'... j'arrive même plus à me regarder dans un miroir... j'me sens comme une merde... j'ose même plus regarder Hae, ni même la toucher... je sais pas quoi faire ». Tu restes plantée là. Coupes qui s’échappent brutalement de tes doigts pour venir se fracasser contre le sol. N’arrivant plus à entendre ce qui se dit ensuite. Vue qui se brouille. Douleur violente qui lacère ta poitrine. Larmes qui sillonnent tes joues. Larmes qui brûlent ta peau. Zed avait couché avec cette inconnue. Images qui viennent hanter ton esprit. Leurs lèvres qui se frôlent. Leurs souffles qui se mélangent. Mâchoire qui se crispe. Pétrifiée. N’osant même plus faire un geste. Âme en souffrance. En peine. Coeur qui se déchire. « Zed ? » Tu lâches, n’arrivant même plus à contrôler ses spasmes qui te parcourent. Voix qui tremble. Tes mains aussi. T’aurais préféré rester dans l’ignorance. Ses yeux se posent enfin sur toi. Première fois de la soirée. Regard vide en réponse. Terne. Eteint. Tout comme ton coeur en cet instant.  

en fait, je crois que je suis une conne. ni plus ni moins. la personne la plus stupide qui puisse exister sur cette planète. et j’pourrais me taper la tête dans le mur juste pour me rentrer en tête de ne plus jamais refaire une connerie pareille. parce que je passe juste pour l’idiote de service et.. j’voudrais pouvoir disparaître. littéralement. me volatiliser comme ça, d’un coup. ne plus être ici et tout oublier. « tu pensais pas que quoi ? » ouais, vas y dis moi. tu pensais pas que ça me ferait quelque chose ? tu pensais que j’étais juste une salope qui s’envoie n’importe qui sans y accorder la moindre importance ? vas au fond de ta pensée zed, j’attends. zed. prénom qui sors de la bouche d’une autre et je me retourne lentement. pas besoin d’avoir fait des grandes études pour savoir de qui il s’agit. c’est un combat de regard qui se lance entre les deux et moi, je me sens juste de trop. je suis là, au milieu et.. et rien. on me porte pas d’attention. j’suis la pièce rapportée de l’histoire, celle qui vient de foutre la merde dans un couple sans même le savoir en premier lieu. j’ai envie de vomir, la gorge sèche, les larmes qui viennent brûler mes prunelles. ouais, c’est bien ce que je pensais. j’étais pas importante. je l’étais pas avant, je ne le suis toujours pas maintenant. ravale ta fierté nina, on s’est juste joué de toi. rien de plus. ça arrive tous les jours ce genre de chose. « j’te hais » que je siffle entre mes dents. robe qui virevolte quand je me tourne, talons qui claquent sur le bitume. je prends le large. c’était trop. beaucoup trop pour moi. j’peux pas encaisser un truc pareil et t’avais pas le droit. t’avais juste pas le droit de faire ce que t’as fais là. et tu sais quoi, j’espère qu’elle te pardonnera pas. tu le mérites pas.

Pièces du puzzle qui s’emboitaient, se remettaient en place. Comprenant mieux son attitude. Son éloignement. Cette froideur qui avait émané de son âme dès que t’avais posé ton regard sur lui. T’as ce mal-être qui ne te quitte pas. Un mal-être qui t’envahit, qui te brûle. T’as envie d’hurler. De crier. De pleurer. Les émotions te submergent. T’étais vraiment pas préparée à ça. Qui l’était honnêtement ? Tu repenses à tous ces moments que vous aviez partagé. A ces mots qu’il avait prononcés. A cette promesse qu’il t’avait faite. C’était toi, et toi seul Hae qu’il t’avait dit. Alors pourquoi vous en étiez arrivés là ? Pourquoi avait-il ressenti le besoin d’aller voir ailleurs ? Ton regard noir et vitreux finit par se poser sur la responsable de vos tourments. Caucasienne. Blonde. Une plastique irréprochable. Proche de la perfection. Tout ce que tu n’étais pas. Tout ce que tu ne seras jamais. T’as pas besoin de réfléchir sur le pourquoi du comment. T’es juste pas à la hauteur. T’es juste pas assez bien pour lui. Tu ne l’as jamais été. Et tu ne le seras jamais. Peut-être que tu l’étouffes. Peut-être que tu es trop collante. Tu ne sais plus ce que tu es censée faire pour qu’il cesse d’aller voir d’autres femmes. Il se tient debout, face à toi. Se tenant entre toi et cette fille. Comme un rempart qu’il tenterait de protéger. Tu t’attendais à toute sorte d’explications. A ce qu’il nie. A ce qu’il te dise que c’est faux. Que t’avais mal entendu. A la place de quoi, Zed, il préfère s’excuser. Confirmant tes craintes insoupçonnées. T’aurais préféré qu’il te mente. T’aurais préféré ne rien savoir.  Mouvement sur ta droite. Le sujet de dispute préfère prendre le large. S’échapper de ton courroux. C’est mieux ainsi. Tu ne sais pas quoi lui dire. Ni quoi penser. T’as juste envie de faire pareil. T’enfuir de cette situation. Et pourtant, ce n’est pas cette direction que tes jambes ont décidé de prendre. T’as franchi le reste de distance qui vous séparait. Rapidement. Ta main qui vient s’abattre fatalement sur sa joue. Geste incontrôlé. Démontrant ainsi toute ta peine et cette douleur qu’il venait de t’infliger. Larmes qui viennent se déverser sur ton visage meurtri. Regard abattu qui vient se planter dans le sien. « T’es vraiment… » T’as même pas les mots en fait. Un abruti ? Un enfoiré ? T’as même pas la force de l’insulter. Ni l’enfoncer. T’es juste fatiguée Hae. D’être celle qui souffre à chaque fois. D’être celle qui va naïvement ouvrir son coeur et boire les paroles de l’être aimé. Il t’avait déjà délaissé une première fois. Abandonné pour une autre. « D’abord Romee… Maintenant elle… Faut croire que j’étais assez stupide pour croire que tu m’aimais vraiment… assez stupide pour croire ce que tu m’as dit au Spring Break… » tu lâches, battements de ton coeur qui s’affolent. N’arrivant plus à respirer. N’arrivant plus à réfléchir. « Notre relation… Nous… Ce n’était pas suffisant hein pour toi… ça ne l’a jamais été… » t’ajoutes, reculant d’un pas. Replaçant cette barrière entre lui et ton coeur. Afin qu’il ne le blesse pas davantage.