caractèresi vous le croisiez, vous sauriez que c'est lui. vous reconnaîtriez ariel gray parmi toutes les carcasses du pays. vous sauriez au son des semelles de ses balenciaga qui liment le goudron, à la cigarette allumée entre ses lèvres et puis aux tatouages qui maquillent ses secrets sur sa peau hâlée. ariel est un loup sauvage, inapprivoisé depuis et pour toujours. un gosse de la rue à la langue trop vulgaire et au regard trop sombre, pour s'en sortir il n'a toujours eu que lui-même alors il a eu tout le temps de s'apprendre par cœur. conscience absolue de ses forces comme de ses failles. il connaît l'endroit exact où s'épuisent ses limites et ça n'en fait pas quelqu'un de lucide pour autant, bien au contraire ça le rend encore plus dangereux car son seul véritable ennemi restera à jamais son reflet dans le miroir. il pourra vous paraître froid car la rue requiert d'être invincible, fou car entre les nuances grisâtres des immeubles, elle est teintée de barbarie et puis bien souvent solitaire parce qu'il est passé par trop de foyers pour pouvoir s'autoriser à s'habituer à quelqu'un, trop de chez les autres pour finalement en être abandonné.

le petit prince du bronx est aussi éperdument loyal, d'un dévouement sans faille pour ses frères. audacieux et débrouillard, il ne pliera jamais devant l'obstacle. téméraire, il trouvera toujours un moyen pour l'escalader, orgueilleux il en fera toujours son trône.

depuis combien de temps vis-tu ici ?un allé simple pour boston quand il a eu dix-huit ans et qu'on lui a proposé le go fast par l'intermédiaire de ses mauvais filons. le petit prince du bronx sortait à peine de son camp de redressement pour mineur dans le minnesota et aspirait à un nouveau départ. cinq ans de vie bostonienne, aujourd'hui il peut enfin admettre qu'il s'y sent chez lui.

comment te vois tu dans 10 ans ?ariel n'est pas du genre à faire des plans sur la comète, il préfère grimper dessus. il n'y pense pas, il n'a pas de projet pour l'avenir ni de rêve à réaliser impérativement pour demain. il se contente de vivre en savourant chaque jour comme si c'était le dernier qui lui restait. alors, dans dix ans il pourrait aussi bien être derrière les barreaux que patron de son propre empire comme mort de ses excès.. ou fiancé à ta mère.

story of my lifenew-york l'a vu naître, une naissance rapide et efficace comme si déjà il savait qu'il ne fallait pas trop endommager sa toxicomane de mère ✘ un bâtard, littéralement. sans (re)père. ✘ il vit modestement pour ne pas dire dans une belle merde, lui et sa génitrice partagent une chambre de bonne dans le bronx ✘ au-dessus du lit trône un attrape-rêve, c'est la dernière chose qu'il voit quand il ferme les yeux chaque soir de son matelas à même le sol, il se tatouera sa plume quelques années plus tard ✘ à quatre ans, sa mère refait sa vie. le nouveau, c'est mickael. mickael fait des paris sportifs, il travaille de nuit dans une usine de pièces automobiles, il gare toujours sa cadillac sur la même place de parking. mickael le bat. ✘ il apprend à serrer les dents, mais pas les poings sinon ça tend ses petits muscles d'enfant et ça brûle les ecchymoses ✘ sa mère le borde le soir en lui disant que ça va aller, qu'il a juste passé une mauvaise journée. ✘ à sept ans, ariel n'est plus capable de compter le nombre de mauvaises journées qu'a passé mickael. ✘ elle meurt d'une overdose l'année suivante, une vague chaude de soulagement pour recouvrir un océan de tristesse ✘ lui, on le fait voyager de familles d’accueil en famille d’accueil parce que c'est un gamin difficile, trop instable, trop abîmé pour être aimé par les précédentes ✘ la rue il l'aime, mais elle, pas vraiment. il vole, il deal, il tient les murs quand il ne crache pas sur le goudron. il frappe plus qu'il ne parle parce qu'il sait depuis dix ans que c'est plus efficace ✘ ils multiplient les aller et venus au poste, son casier se remplit. il a quinze ans quand la sentence tombe : aucune famille ne pourra l'aider, il intégrera un camp de redressement. ✘ trois ans à supporter les ordres, les promenades minutées dans une minuscule cour entourée de barbelés, la porte qu'on vérouille à dix-huit heures et le téléphone qui ne sonne jamais. ✘ dix-sept ans, fin de la punition et les infréquentables du camp lui proposent du boulot à boston : porteur de kilos de poudre, pilote d'une comète ✘ il enchaîne les convois, ça lui plaît d'effleurer la mort quand il ne la cache pas au fond de son coffre, pied au plancher, il devient rapidement le porteur le plus côté de l'état ✘ 2018, il la frôle d'un peu trop près cette fois, la mort. elle lui ouvre grand les bras et lui il peine à résister à son appel quand la porsche cayenne danse et virevolte sur plusieurs kilomètres. ✘ il reste deux jours et demi entre les arbres, agonisant dans le sang de ses plaies. parce que se faire aider, c'est surtout se faire embarquer. ✘ il n'a plus rien transporté depuis l'été dernier, il vit au grès de ses clients, des gamins héritiers qui le paient pour les conduire, réparer leurs caisses ou pour pouvoir sniffer quelques rails. ils se servent de lui et lui, il se sert d'eux. ✘ il (sur)vit, ne regarde jamais dans le rétroviseur de son bolide. la vitesse, toujours, pour ne pas avoir le temps d'imaginer ce qu'aurait pu être sa vie si elle avait prit un virage différent. habitué, ancré, mêlé trop profondément aux rives du Styx pour espérer encore s'en détacher.