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I LOVE HARVARD
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    I think I need you ◆ Efrain
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    Lien du postDim 31 Mar - 20:00
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    I think I need you ◆ Efrain Tumblr_pcvx89aEof1qg2nwyo9_r1_250I think I need you ◆ Efrain Tumblr_mhrv1o0IvZ1rcb67po2_250

    Coming home with me, we'll rock them body moves

    Les paroles de la chanson glissaient entre mes lèvres alors que je me déhanchais tout seul dans les toilettes de la boîte de nuit où je m’étais encore une fois réfugié ce soir. Ou peut-être que je m’y étais échoué en fait. Je ne savais pas le moins du monde. Je ne savais plus. Les versions auraient sans doute été différentes en fonction des personnes, du temps, des pensées. En cet instant, je me sentais comme si l'endroit était devenu mon refuge face au danger du monde extérieur qui se plaisait à me charcuter de la plus violente et désagréable des manières. Néanmoins, je savais que dans quelques heures, je regretterais sans doute ce que je faisais ici et je ne verrai ça que comme un naufrage que j'avais une nouvelle fois fait à cause des vagues tumultueuses de ma vie. Ma vie… Elle ressemblait à un tel enfer. Elle l’avait toujours été et cela ne m’avait jamais dérangé plus que ça. Cependant, je pensais être en train d’apprendre à tout contrôler lorsque, trop soudainement et si réellement, mes phases s’étaient bousculées pour se mélanger à nouveau foutant le bordel autant dans ma tête que dans ma vie. Cela me tuait un peu plus chaque jour. À chaque réveil, je n’étais fichtrement pas capable de savoir ce que la vie me réservait. Je pouvais passer d’un état à l’autre si aisément que ça m’en rendait dingue. Je n’avais plus le moindre contrôle et ça me rendait trop malade. J’étais juste là à subir les coups que la vie voulait m’imposer et je ne pouvais plus rien y faire. Je ne pouvais même plus faire de plans pour mes journées car tout pouvait se renverser si facilement. Alors, ce soir, je me retrouvais dans les toilettes de cette boite de nuit pour tenter de noyer mon quotidien et d’oublier ma vie et les maladies qui me collaient à la peau. Je me sentais foutrement mieux dans l'antre de la musique, de l'alcool et des corps dansants. Ici, je pouvais tout oublier et tout effacer. En ces lieux, je faisais tout ce que je désirais et je me foutais beaucoup trop des conséquences. Au fond de moi, je savais que j'aurais dû faire plus attention parce que je commettais beaucoup trop de conneries qui risquaient de me coûter énormément. Cependant, après une journée à me cacher derrière mes vêtements et à tenter de paraître invisible, me retrouver dans cette boîte de nuit sous l’influence de diverses substances c’était le seul endroit et le seul moment où j’avais l'impression que ma dysmorphophobie n'avait aucun pouvoir. Je me sentais libre et sans complexe. Je me sentais prêt à tout et c’était bien. Non ? Si, c'était bien. Pour moi en tout cas. Je pouvais sans aucun doute dire merci à toutes les substances que j'avais pu ingurgiter au cours de la soirée. C'étaient elles qui m'aidaient à dépasser le stade de la maladie me rongeant chaque jour. C'étaient elles qui me poussaient dans les délices de cette soirée. Je ne savais même plus ce que je chantais. Mais, ce n'était pas ce qui passait à l'intérieur de la boite… Ou peut-être que si finalement. Damn it. Je ne savais plus en fait. Je savais simplement que ça tournait dans ma tête et que je ne pouvais pas ne pas chanter ou danser. C'était trop entraînant et foutrement tentant. Mes prunelles sombres parcouraient une nouvelle fois les toilettes s'assurant de ma solitude. Et, lorsque ce fut fait, je sortais ce petit sachet de coke qu'il me restait pour ce soir. Une dernière consommation pour un dernier rond avant de quitter l'endroit sans doute au bras de quelqu'un parce que j'étais trop idiot. Après mon nouveau rail de coke, j'allumais l'eau passant mes mains dessous tout en fixant mon reflet dans le miroir. Un reflet que je ne reconnaissais que trop peu. Tous les miroirs chez moi étaient couverts et ça me faisait toujours étrange de voir mon visage. Mes prunelles noires dilatées, mes cheveux beaucoup trop long, des lèvres trop rouges à force de les mordre, un bleu sur le côté de la joue suite à une bagarre dont je ne me souvenais même plus. J'éteignais l'eau portant mes mains glacées contre la peau brûlante de ma nuque et de mon visage. Juste me refroidir un peu de mes danses endiablées. Le monde cessa de tourner vivement autour de moi. Alors, c'était parti de nouveau. Un souffle. Une respiration. Un dernier regard. Et, je me lançais de nouveau dans l'arène de l'oubli et des délices. La musique me percuta de plein fouet. Elle m'attrapait directement me poussant à rejoindre la piste en piquant le verre de n'importe quelle personne qui ne regardait pas. Je n’avais aucune envie d’aller perdre du temps vers le bar. Il était plus simple de se servir de cette manière qu'importait ce qui se trouvait dans le verre. Il y aurait même pu y avoir de la drogue que je n'y aurais pas fait attention et que cela ne m'aurait pas arrêté. Pas dans ma folie actuelle. Je portais le verre à mes lèvres grimaçant devant le goût. Damn, c'était quoi ça ? Je fronçais les sourcils incertain. Je ne parvenais vraiment pas à deviner le contenu du verre. Peu importe, je le terminais le reposant sur n'importe quelle table avant de me lancer sur la piste. Les yeux fermés, je suivais le rythme sans limite me foutant des regards, me fichant des murmures comme je ne pouvais jamais le faire dans la vie de tous les jours. Mon tank top valsa parce que j'avais trop chaud et je restais torse nu sur cette piste à oublier le monde. Des mains glissèrent sur ma peau. Je tournais à peine les yeux peinant même à garder mes prunelles ouvertes. Un homme. Bien, ça m'allait. Je n'aurais su dire combien de temps nous avions dansé lui et moi. Longtemps, pas longtemps ? Je n’en savais rien. C'était trop flou. Le temps ne semblait plus compter. Deux heures du matin. Je peinais à tenir debout. J'étais fatigué. La drogue avait trop d'effet et j'étais même en train de me demander s'il n'y avait pas eu de la drogue dans le verre que j'avais piqué parce que tout me semblait trop fort. Ou peut-être que j'avais juste trop abusé ce soir. Ouais, ça devait être ça. Je buvais trop. Je n'avais quasiment pas mangé aujourd'hui. Et, j'avais pris trop de drogue. Je trébuchais et mon compagnon de danse souffla qu'un peu de repos allait aider. Il m'entraînait à l'écart de la piste alors que je marmonnais que je n'étais pas d'accord, que je voulais continuer à m'amuser moi. Mais, je suivais le mouvement et je me laissais faire. J'étais toujours comme ça malgré tout. Soumis. Dans un coin de la boite, mon dos rencontra le mur froid me poussant à frissonner sous la différence des températures. L'homme rapprocha son corps du mien. Je sentais les mains de l'étranger glisser sur ma peau brûlante de ma folie. Il marmonnait des paroles à mon oreille. Ça ressemblait à une blague. Est-ce que c'était une blague ? Zut. Je ne parvenais même plus à savoir. Fort heureusement pour moi, au même instant, une fille chuta en descendant les marcha et le rire glissa entre mes lèvres aussitôt. Fort et réel. Si ce n'était pas une blague, je pourrais montrer la fille. Si c'était une blague… Oh ça avait l'air d'en être une vu que l'homme souriait. J'étais loin de me douter qu'il souriait parce qu'il n'était que ce prédateur certain de m'avoir piégé et qu'il se réjouissait de voir à quel point j'étais loin du monde. Le corps de l'étranger se pressait contre le mien. Je détournais la tête lorsqu’il tenta de m’embrasser. Mon action ne sembla pas lui plaire alors qu’il me serrait plus contre lui. Je savais déjà comment tout cela allait se finir. Dans quelques minutes, nous serions dehors. Hors de ce brouhaha de voix et de notes d'électro.

    Bingo. L’étranger n’avait guère attendu plus de quelques minutes avant de me proposer d’aller à l’extérieur. Et, dans cette situation, cela ne signifiait pas simplement aller dehors. Je l’avais suivi par automatisme car, en cet instant, j’étais devenu un gosse trop soumis prêt à satisfaire le moindre désir de l’homme qui me voulait. Je l’avais suivi par envie aussi sans doute parce que je savais parfaitement que ce qu’il me proposait était ce dont j’avais besoin. Cela m’éviterait de m’égarer dans les sombres méandres de mon esprit. Nous nous retrouvions à l’extérieur de la boîte. L’air froid me percuta violemment alors que je me tournais vers cet homme osant pour la première fois ouvrir la bouche afin de fixer les règles. Mes règles. Je refusais d’échanger des baisers et, même si cela sembla l’ennuyer un instant, il acquiesçait. Nous n’allions ni chez moi ni chez lui et cela sembla lui convenir lorsqu’il leva sa main ornée d’un anneau. Marié ? Bien, je m’en foutais moi. Je n’étais qu’un soumis qui obéissait et offrait ce qu’on lui demandait. Je n’aurais pas à subir de conséquences pour cet acte. Cependant, je comptais bien faire payer à cet homme. Après tout, comment un homme marié osait se rendre en boîte pour se trouver une proie avec qui coucher ? J’ignorais si sa partenaire serait un jour au courant et j’ignorais même si elle lui ferait payer ses actes. Mais, moi j’allais le faire. Tout de suite. Je soufflais que j’étais un prostitué et que, s’il voulait quelque chose de ma part, il faudrait sortir l’argent. Je le vis hésiter un instant avant de finalement montrer une liasse de billets. Des billets que je m’empressais de récupérer alors qu’il attrapait ma main me traînant à sa suite. Et, quelques minutes après cet échange de règles, je me retrouvais allongé dans le lit d’une chambre d’hôtel miteuse, complètement nu. Je me retrouvais coincé ici pour une heure. C’était ça que l’homme avait payé : me faire ce qu’il voulait pendant une heure. Une petite heure de plaisir. De son plaisir bien sûr puisque c’était à cela que je servais en tant que prostitué. Si je ne lui avais pas confié mon activité, les choses auraient pu être autrement sans doute. Mais je ne le voulais pas. Et, la situation sembla le réjouir. Le métal des menottes qu’il m’avait passé mordait déjà vivement et violemment mes poignets accroché à la tête du lit. Et, quelques instants plus tard, son corps nu se retrouvait au-dessus du mien. Une heure. Une heure pendant laquelle il sembla se réjouir à être brutal. Une heure pendant laquelle je gémissais de plaisir – ou en tout cas, c’était ce que mon partenaire croyait. Une heure pendant laquelle je n’étais que sa chose qu’il usait comme il voulait. De la douleur. De la violence. Des coups. Une heure pendant laquelle je n’étais qu’un prostitué payé pour quelque chose. Et, sitôt que l’heure fut écoulée, mes mains étaient libérées. Je sortais de ce lit où l’homme restait. Je me rendais dans la salle de bain fermant à clé derrière moi. Mon souffle était court. Mon corps était douloureux. J’avais envie de pleurer alors que je me précipitais vers les toilettes vomissant. Une fois mon ventre trop vide, je me glissais sous la douche pour nettoyer les souvenirs de cette dernière heure. Une douche rapide car il était hors de question que je reste longtemps ici. Et, en une demi-heure, je me retrouvais de nouveau à l’extérieur de l’hôtel. Quatre heures du matin approchait. Mes pas me guidaient seuls. Je me retrouvais bien trop vite dans cet immeuble en plein centre ville. Cet immeuble où je pourrais trouver Efrain Delarosa. C’était comme si ma tête savait que j’avais besoin de le trouver. J’aurais sans doute mieux fait de rentrer chez moi. Cependant, je ne me sentais pas en état de me retrouver seul. Non. Pas ce soir. J’avais besoin d’Efrain quand bien même nous étions en plein milieu de la nuit et que ce n’était pas bien que je m’attache à lui. Je savais que je pouvais toujours compter sur le jeune homme. J’étais persuadé que je pouvais débarquer chez lui à cette heure-là sans même prendre le risque de me faire renvoyer au loin. Illusion ? Réalité ? Nous le saurions bien assez vite. Je grimpais les étages avec difficultés. Merde. J’allais me présenter dans un état plus que misérable. J’étais toujours sous l’emprise des substances ingurgitées ce soir – drogue et alcool – et cela se voyait clairement dans mon attitude et dans ma difficulté à marcher droit. J’étais crevé et les cernes se dessinant sous mes yeux le laissaient voir. Mes poignets en sang me donnaient envie de gratter. Mon dos couvert de blessures à moitié ouvertes était visible de tous puisque je me baladais torse nu. Et, le reste de mon corps douloureux prouverait que j’avais eu à faire à un client violent ce soir et que j’avais du mal à encaisser. Une de mes mains s’abattait sur la porte frappant sans la moindre limite me foutant de réveiller tout l’immeuble. Je m’appuyais contre le mur proche de la porte pour ne pas tomber au sol. C’était long. Trop long. Efrain était-il seulement là ? J’entendais soudainement la clé tourner dans la serrure et j’étais certain que le jeune homme pouvait m’entendre. Alors, sans même attendre que la porte soit ouverte et que je me retrouve face à Efrain, je demandais soudainement comme pour être certain que je n’avais pas fait le mauvais choix en venu ici.

    Ef’, dis-moi t’as d’quoi m’payer la fin d’soirée ??

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    I think I need you

    Lorenzo
    Les soirées s’enchainent et se ressemblent particulièrement depuis la fin du Springbreak. Il s’agissait indéniablement d’une excellente parenthèse, agréable et nécessaire. J’exprime toujours le besoin de prendre l’air, de m’aérer afin de recharger mes batteries avant cette dernière ligne droite qui est toujours la plus compliquée. Pas que je sois en retard sur mes révisions, ni même dans un réel besoin d’étudier avec toute l’avance qui a été accumulée sur les dernières années… Plutôt parce que j’ai beaucoup trop d’appétit et d’ambition pour ne pas avoir envie d’en découdre avec la crème de la crème de ma promo. C’est une sorte de compétition saine qui s’est installée entre ces cinq autres étudiants à qui l’on promet déjà un avenir radieux dans la médecine et moi. On pourrait presque lancer une série télévisée sur nous, six jeunes aux profils radicalement opposés mais qui se retrouvent autour d’une passion commune, d’un besoin de réussir et de ne pas se contenter du strict minimum syndical. On pourrait envisager des tas de coups foireux, les rebondissements qui salissent les amitiés et mettent en avant une concurrence à gerber mais nous ne faisons rien de tout cela. Au contraire, nombreux sont ceux qui se surprennent de nous voir nous réunir autour d’un café régulièrement pour réviser tous ensemble. Parce qu’au final, au-delà de ce désir de dépasser les autres pour obtenir le précieux Graal de major de promo – titre que je n’ai partagé avec aucun d’entre eux ces trois dernières années, suffisamment en avance sur le meilleur d’entre eux pour me permettre de manœuvrer confortablement – il y a une véritable relation de confiance qui s’est installée entre nous. Quoiqu’il arrive, nos vœux risquent fort de nous mener dans les mêmes hôpitaux, nous serons bientôt collègues internes et personne n’oublie qu’il faudra se serrer les coudes à ce moment-là. En parlant du loup, les notifications ne cessent d’inonder mon téléphone, de pleuvoir sur WhatsApp. Logique, les premiers gros examens arrivent à grand pas et chacun se livre à une interprétation personnelle des sujets potentiels, des thématiques qui pourraient être utilisées pour nous mettre en difficulté, des cas médicaux extraordinaires qui font l’actualité et qui pourraient mener à un travail précis sur une maladie, une bactérie, une innovation quelconque… Chacun y va de sa théorie fumeuse et permet aux autres d’approfondir sur le sujet cité. Un véritable travail d’équipe. Ce soir, pourtant, j’ai volontairement laissé mon téléphone de côté, quelque part dans la cuisine ou sur le canapé. Allongé sur mon lit, ce sont des revues que je ne cesse de parcourir à la recherche d’une culture plus personnelle, bien plus avancée. On ne nous demandera pas de disserter sur les gros projets cliniques à venir, les informations sont trop peu certifiées pour cela mais moi… Moi ce qui me fait vibrer, c’est de me dire que certaines de ses études pourraient me permettre de me faire un nom. Imaginez, Efrain Delarosa, premier chirurgien à implanter un rein cent pourcent artificiel à un patient. Au-delà du prestige, c’est pour être témoin de ce genre d’innovations, d’avancées majeures que j’ai voulu devenir médecin. Ce devrait être l’objectif de chaque chirurgien formé à cette profession : Constamment innover, chercher à sauver des vies en ayant recours à de nouvelles méthodes, en utilisant des théories alternatives pour améliorer le confort des patients… C’est tout un tas de petits éléments qui se doivent d’être réunis pour ne jamais se reposer sur ses acquis, le risque étant de prendre ses aises et de commettre de grosses erreurs par excès d’habitude. Alors je me renseigne, ma dizaine de revues de la semaine vaguement empilées sur mon lit, un carnet de notes entre les doigts et plusieurs stylos aux teintes différenciées pour organiser mes pensées. J’ai ce besoin d’avoir recours à des tas de couleurs pour que mes fiches me sautent aux yeux, ton regard est instantanément attiré par le contenu de tes fiches et t’encourage à lire et relire sans te lasser. Parfois, j’en viens à me demander si je fiche mes cours par obligation ou pour le plaisir de mettre en page toutes ces informations à ma sauce. Un véritable intello, comme ceux que l’on adore mettre en avant dans les séries, le parfait stéréotype, archétype ou je ne sais quel terme en -type qui donne l’air d’avoir de la culture et des bagages linguistiques.

    L’heure tourne, indéniablement, mais mes yeux ne s’alourdissent pas le moins du monde. La fatigue ne me gagne pas et les pages noircies se succèdent les unes aux autres. Je suis au taquet, avide de nouvelles connaissances. Je ne marque qu’une courte pause aux alentours de minuit pour me faire couler un café, un nuage de lait et une petite touche de sucre plus tard et me voilà déjà reparti sur mon lit pour reprendre le travail. J’atteins la dernière page de mon ultime revue trois heures plus tard. De quoi me laisser encore un peu de temps pour parcourir mes notes, synthétiser mes découvertes du soir sur une énième fiche et entreposer le tout dans un classeur, au milieu d’une centaine de pochettes déjà raccrochées à ce wagon. Impossible de tout laisser en vrac dans un coin de ma piaule, j’ai des espaces prévus pour mes classeurs de cours sur ma bibliothèque, un rayon tout entier dédié à tous les cours que j’ai conservé depuis la première année. Il m’arrive encore de les feuilleter, pour ne pas perdre les connaissances générales, tous ces détails qui paraissent insignifiants quand tu débarques à l’université, les noms de muscles, les os à connaitre par cœur sans aucun élément de contexte pour justifier un tel bourrage de crâne mais qui… Quelques années plus tard, prennent de l’importance et te font comprendre pourquoi tu devais les retenir au plus vite. Le temps s’écoule, j’ai le temps de prendre une douche et de retrouver mon lit, la nuit sera courte, je le sais, mais ça ne m’embête pas. Je n’ai jamais particulièrement eu besoin de dormir pour être en forme, trois ou quatre heures me suffisent. J’ai néanmoins l’impression de tout juste avoir eu le temps de fermer les yeux lorsque de gros bruits sourds m’arrachent à mon sommeil, quarante minutes plus tard. Ils émanent de ma porte d’entrée et cette voix grave qui s’élève… Je sais très bien de qui il s’agit, il n’y a que lui pour débarquer à quatre heures du matin de toute manière. J’abandonne mes draps avec regret, seulement vêtu d’un boxer. Je devrais peut-être m’habiller, ce serait plus décent, mais j’ai la tête dans les nuages, pas encore totalement réveillé. Je me laisse guider par automatisme jusqu’à ma porte d’entrée que je déverrouille pour pouvoir lui ouvrir la porte. « Vas-y entre, avant de réveiller tout l’immeuble et de me faire détester par les derniers voisins qui me supportent encore ! » Je me frotte les yeux et étouffe un bâillement en refermant la porte derrière lui. Mes yeux sont immédiatement attirés par son torse, nu, ses poignets plus ou moins ensanglantés, son visage… Effet douche froide garanti ! « Putain, mais dans quelle galère tu t’es encore fourré ? » Je le prends par le bras pour le forcer à s’asseoir sur la table de ma cuisine, il sera à la taille idéale pour que je puisse m’occuper de lui. J’attrape ma trousse de premiers soins et entraine le tabouret de mon bar au passage pour pouvoir adopter une position suffisamment confortable pour travailler. J’observe longuement ses poignets et applique une lotion désinfectante, pas besoin de me faire un dessin, je reconnais ces traces, celles que laissent des menottes lorsqu’elles sont trop serrées, celles qui témoignent d’un frottement trop répétitif. Je rage intérieurement… Si le mec qui lui a fait ça se trouvait devant moi… Putain, j’finirais en taule ! Je croise son regard et je sais, je sais bien que mes yeux vont en dire long, bien plus long que ce silence que je prends soin de maintenir pour ne pas exploser. Je ne supporte pas qu’il s’adonne à la prostitution, je vrille à la simple évocation de tous ces porcs qui veulent lui passer dessus. « T’as pris quoi ? » Je le questionne en lui attrapant le menton pour redresser son visage et regarder de près ses yeux. Il a le regard vitreux, les pupilles dilatées. « Tu sais que je ne peux pas te donner d’antidouleurs si t’es déjà défoncé ! » J’ignore comment je fais pour rester calme alors que mon corps tout entier bouillonne. Je ne suis pas son père, je ne peux pas lui faire la morale et pourtant… Pourtant je suis à deux doigts de le faire. Je ne supporte pas de le voir gâcher tout ce potentiel, se mettre aussi minable. « J’vais te préparer quelque chose à manger, un grand verre d’eau et te trouver un t-shirt ! »
    (C) CANTARELLA.
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    Lien du postMer 3 Avr - 20:51
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    Je n’étais qu’un gamin fichtrement trop pitoyable qui venait encore une fois de se foutre en l’air par simple plaisir de plonger dans l’univers trop sombre que la nuit apportait. J’y sautais pleinement par simple désir de me retrouver dans ce monde au sein duquel j’avais l’impression d’être vivant. Ici, je ne me sentais pas comme un gosse malade qui risquait de défaillir à tout instant. Je me sentais simplement comme un étudiant lambda et cela malgré mes quelques mauvaises addictions. Mais, tout le monde en avait. Non ? Ces nuits étaient devenues un nouveau jeu pour moi. À chaque fois, j’avais la sensation de pouvoir ressembler à n’importe qui. Lors de chacune de ses nuits, j’avais l’impression de ne plus être victime de ma bipolarité et de ma dysmorphophobie. Conneries. C’était justement ces vices qui me poussaient à plonger totalement au sein de cet univers aussi sombre que dangereux. Au fil des années, ce plongeon était devenu une addiction qui s’accordait à la perfection avec mes troubles. Il s’agissait d’une addiction dont je ne parvenais guère à me passer quand bien même je savais qu’elle ne faisait que me heurter et qu’elle me précipitait de plus en plus vite vers la fin de ma vie. Et, pourtant, cette nuit encore, j’avais préféré envoyer au loin les préoccupations qui pouvaient me cogner lors de certaines phases. Cette nuit encore, je m’étais enfoncé dans les flammes de l’Enfer et je me brûlais avec le plus délicieux de tous les plaisirs. Je voulais recommencer encore et encore sans me fixer la moindre limite. Je désirais juste plonger toujours plus profond, toujours si violemment. C’était ça le pied pour moi. Aujourd’hui et pour toujours. Alors, j’avais passé ces heures dans la déchéance et rien ne me faisait plus plaisir. J’aimais tellement me laisser aller et glisser le long de ce tunnel de l’Enfer. Ma soirée prenait lentement fin lorsque je quittais la chambre d’hôtel qui m’avait abrité pendant une bonne heure. Et, pourtant, malgré la ligne d’arrivée qui se dessinait, je préférais l’ignorer et tenter de prolonger encore la descente. La cocaïne et l’ecstasy pulsaient toujours dans mon corps à tel point que j’avais du mal à retrouver le monde concret. Où commençait la réalité ? Où se trouvaient mes illusions ? Damn it. Je n’en savais foutrement rien et, pour tout vous confier, je ne me penchais pas plus que cela sur cette histoire. Je préférais continuer à avancer dans les rues désertes de Cambridge en chantant tout seul. Je préférais continuer de bouger dans mon monde quand bien même il ne correspondait pas exactement à la réalité. L’alcool coulait d’ailleurs toujours dans mon sang. Il me faisait tanguer. Il me poussait à avoir des mouvements étranges tant que je croyais que le sol bougeait sous mes pieds ou qu’il n’était qu’un marshmallow géant dans lequel je m’enfonçais. Un sourire passa sur mon visage à cette idée. Et, bordel, je me sentais tellement en vie que c’était génial. Je me délectais de cette sensation jusqu’à ce que mon corps me pousse à m’arrêter. Je n’étais pas dans ma rue. Je n’étais pas vers Harvard alors ce ne pouvait pas être bon. Mes sourcils se fronçaient et je regardais autour de moi. Boston. L’immeuble dans lequel vivait Efrain. Qu’est-ce que j’étais en train de foutre ? Sérieusement ? Qu’est-ce qui me prenait dans la tête pour oser me pointer devant cet immeuble à quatre heures du matin ? C’était tellement idiot encore plus alors que je me trouvais dans cet état si minable. Cet état que j’aurais dû conserver uniquement pour moi. Pauvre gamin trop minable. J’aurais dû reprendre le contrôle de mon corps et m’éloigner d’ici le plus vite possible. Malheureusement pour moi, pour Efrain aussi sans doute, quelque chose hurlait en moi pour me dire que j’avais besoin du jeune homme. C’était nécessaire. C’était indispensable. Presqu’autant que respirer pouvait l’être pour rester en vie. Je ne pouvais pas me contenir. Je ne pouvais pas faire demi-tour. C’était tellement inenvisageable que je finissais par grimper les étages pour finir par me trouver devant la porte de l’appartement du jeune homme. Et, me trouvant devant, je cognais de plus en plus fort pour être certain de me faire entendre et de le réveiller si jamais il dormait. Dieu que j’étais stupide. Encore plus vu l’image que j’allais renvoyer à Efrain. Mes poignets étaient en sang, j’étais défoncé, les cernes marquaient ma fatigue et, bien sûr, j’étais torse nu. La porte s’ouvrait soudainement sur un Efrain seulement vêtu d’un boxer. Quoi ? C’était impossible de ne pas le remarquer. Mes prunelles s’attardèrent un peu trop sur son corps si dénudé et sur l’unique vêtement qu’il portait. Fiouu, c’était moi ou il faisait chaud ? Le très sexy jeune homme m’invitait à entrer chez lui avant que je ne réveille tout l’immeuble et qu’il soit détesté de ses derniers voisins. Je n’attendais pas plus pour pénétrer dans l’appartement. Mais, alors que je passais la porte, je remarquais qu’Efrain se frottait les yeux et étouffait un bâillement. Presque instantanément, la culpabilité commença à grossir dans mon être et j’aurais aimé faire demi-tour et partir en courant. Malheureusement pour moi, la porte était déjà refermée. Alors, je me contentais de me mordre la lèvre souhaitant simplement devenir invisible. Si j’en étais convaincu, peut-être que ça arriverait. Non ? Je sursautais soudainement manquant même de tomber lorsque le jeune homme éleva la voix. Il cherchait à savoir dans quelle galère je m’étais encore fourré. Je baissais aussitôt la tête comme un gosse pris sur le fait. Je fixais le sol en tortillant mes doigts entre eux et je n’étais pas fichu de trouver un seul mot à prononcer malgré les milliers de paroles qui me traversaient la tête. Je finissais d’ailleurs par hausser les épaules comme s’il n’y avait rien à dire, comme si mon corps disait déjà tout. Et, c’était le cas. Efrain me prenait par le bras et je le suivais docilement dans la cuisine où il me força à m’asseoir sur la table tandis qu’il attrapait sa trousse de premiers secours ainsi qu’un tabouret pour être confortablement installé. Les yeux de mon… Mon ami ? Ouais mon ami. Les yeux de mon ami traînaient trop longtemps sur mes poignets avant qu’il ne se mette à appliquer une lotion désinfectante. Je sifflais sous le picotement sans pouvoir me retenir et j’aurais sans doute mieux fait de me la fermer parce que nos regards se croisèrent. Et, croyez-moi, le regard d’Efrain n’avait rien de gentil. Il en disait long sur tout l’effort qu’il était en train de faire pour ne pas exploser là tout de suite. Je savais qu’il ne supportait pas que je m’abandonne à la prostitution. Mais, comment lui faire comprendre ? Comment lui faire comprendre qu’au-delà d’être un besoin d’argent, il s’agissait d’un besoin physique ? Je préférais garder le silence et les yeux baissés afin d’éviter de provoquer une querelle qui risquait de toute manière d’éclater à un moment ou à un autre. La voix du jeune homme résonna à nouveau lorsqu’il me demanda ce que j’avais pris. Et, je ne pus guère me retenir. Un rire m’échappa instantanément. Un rire trop incontrôlable et si réel. Un rire enfantin comme si toute cette situation me plaisait au plus haut point. Un rire qui finissait par mourir dans ma gorge lorsqu’il attrapa mon menton pour redresser mon visage et regarder mes yeux. Des yeux au travers desquelles je tentais de faire passer de l’innocence que je n’avais guère. Lorsqu’Efrain souffla qu’il ne pouvait pas me donner d’antidouleurs si j’étais déjà défoncé, je me contentais d’hausser encore une fois les épaules avant d’ouvrir la bouche pour la première fois depuis de longues minutes.

    J’sais bien, mais j’pas besoin d’antidouleurs. Tout va bien et puis d’toute manière, j’ai d’la drogue sur moi si jamais ça n’va pas. Je… J’ai pris de la coke et de l’ecstasy j’crois bien. En plus de l’alcool et d’un faux orgasme évidemment.

    Je plantais mes prunelles sombres dans celles d’Efrain tandis qu’un grand sourire satisfait se dessinait sur mon visage. C’était comme si j’étais tout content de moi de raconter l’ensemble de l’histoire au jeune homme. Après tout, il me l’avait demandé et je lui répondais correctement alors il y avait de quoi être content. C’était comme si j’étais également royalement fier de moi et de toute cette situation. Et, ouais dans le fond, je l’étais sans doute. D’autant plus que j’étais certain d’avoir trouvé la solution à un problème et cela me réjouissait. Je n’avais pas réellement conscience de tout ce que j’étais en train de dire au jeune homme et de la portée réelle de mes propos. Je confiais tout sans le moindre filtre et c’était dangereux. Je n’aurais jamais dû souffler de telles choses devant Efrain parce qu’il risquait encore de s’énerver et de me faire la morale sur à quel point je gâchais ma vie. Il ne pouvait pas comprendre de toute manière. Je m’amusais à balancer lentement mes jambes dans un rythme inconnu tout en repensant aux mots que je venais de souffler. Je venais de confier au jeune homme que je n’avais pas besoin d’antidouleurs parce que j’allais bien. Était-ce vrai ? Peut-être. Peut-être pas. Je ne savais plus en vérité. J’étais tellement loin de la réalité que j’avais du mal à ressentir une réelle douleur. À l’heure actuelle, je n’avais pas réellement mal quelque part. Oh, bien sûr, j’avais conscience d’avoir du mal à marcher et d’avoir des courbatures partout, mais ça ne me faisait pas souffrir. Quant à mes poignets en sang, ça picotait, ça chatouillait mais je n’avais pas mal à proprement parler. Et, comme je le confiais à Efrain, si jamais je redescendais suffisamment pour avoir mal, j’avais toujours de quoi m’aider à ne plus penser à cette souffrance. Il me suffirait de reprendre un peu de poudre ou de pilules miracles pour que le monde s’allume à nouveau parfaitement bien. Efrain voulait la liste de ce que j’avais pris sans doute pour qu’il puisse lui-même faire des calculs sur ce qu’il pourrait me donner et quand. Et, comme un gosse soumis et obéissant, je lui répondais. Cocaïne et ecstasy faisaient parties du lot de ma consommation même si, comme je le confiais, je n’étais pas très certain concernant l’ecstasy. Et, bien sûr, je lui parlais de l’alcool qui avait coulé dans mon corps ce soir. Je ne mentionnais pas le nombre de verre ou le type d’alcool que j’avais pris parce que j’étais fichtrement incapable de m’en souvenir. Je me rappelais simplement que ça me brûlait la gorge et que c’était délicieux. Lancée sur mon énumération, je parlais aussi du faux orgasme qui avait fait parti de ma soirée avec cet homme un peu trop violent. Cet homme que j’avais déjà trop effacé de ma tête. Après tout, mon faux orgasme faisait aussi parti de ma consommation. Non ? Rha, qu’importait. Je gigotais sur la table pour venir fouiller dans les poches de mon pantalon. J’en tirais alors deux petits sachets. Un avec deux pilules et un avec une trop faible dose de poudre blanche. Je les agitais doucement sous le nez d’Efrain comme pour montrer à quel point tous les mots qui glissaient entre mes lèvres étaient sincères. Et, je finissais par les poser à côté de moi avant de reposer mon regard sur Efrain. Efrain… Il veillait tellement sur moi. Depuis si longtemps. Cela avait commencé le jour où il avait fait déguerpir un groupe de mecs qui m’emmerdait sur le campus. J’étais sagement en train de travailler lorsque ce groupe s’était pointé pour voler mes affaires et me frapper. Et, bien sûr, cela était arrivé lorsque j’étais dans cette phase de passif et d’effacé tant et si bien que je subissais comme la pauvre petite victime qu’il m’arrivait souvent d’être. Efrain était intervenu comme un super-héros sans cape et il les avait renvoyés au loin me libérant de l’oppression. Depuis ce jour là, le jeune homme s’était toujours invité à mes moments de révision. Dès lors que j’étais installé à l’extérieur et plongé dans mes livres, sa présence rayonnait à mes côtés. Il s’installait juste avec moi et il restait assis là pendant des heures sans même que je n’ai besoin de le lui demander. C’était comme un accord entre nous même si nous n’avions rien signé et que le jeune homme n’y gagnait rien dans le fond. Espérait-il quelque chose en retour un jour ? Je ne m’étais jamais posé la question, mais peut-être que je devrais. Quoiqu’il en soit, les choses s’étaient encore plus approfondies lorsqu’Efrain m’avait vu bosser en tant que prostitué un soir. Tout s’était bouleversé ce soir là où il avait eu l’occasion de découvrir une autre facette de mon être. Notre lien s’était sans doute solidifié. Ce soir-là, Efrain s’était montré aussi protecteur que possessif. C’était comme s’il me voulait derrière son bouclier. C’était comme s’il me voulait à lui. Pourtant, il ne s’était jamais rien passé entre lui et moi. Et cela malgré toutes les fois où il m’avait payé des soirées de prostitutions. Eh oui, plus d’une fois, le jeune homme s’était pointé dans ma ruelle de boulot pour me récupérer, me payer et m’emmener chez lui. Il ne me demandait jamais rien en retour. Rien de sexuel en tout cas et c’était compliqué pour moi d’accepter tout cela d’autant plus que, plus les semaines s’écoulaient et plus je m’attachais à lui. Plus je me plaisais à cette situation. Plus je m’attachais à notre lien. Oh, bordel, je détestais ça. Néanmoins, cette nuit, alors que j’étais mal en point, c’était bel et bien chez Efrain que je m’étais rendu de mon plein grès parce que je savais que je pouvais compter sur lui. Si souvent. Si réellement. Le jeune homme finissait par reprendre la parole pour me dire qu’il allait me préparer quelque chose à manger, un grand verre d’eau et me trouver un tee-shirt. Mes sourcils se fronçaient tandis que je me répétais lentement ce qu’il prévoyait de faire. J’analysais la suite de la soirée avant de marmonner.

    J’pas faim

    C’était la seule pensée qui tournait dans ma tête suite au programme du jeune homme. Il voulait me préparer à manger, mais bordel non. Je ne pouvais pas. Je ne voulais pas. Mon ventre était trop tordu pour que je puisse avaler quoi que ce soit. Je refusais de manger quoi que ce soit encore plus sachant que, quelques minutes plus tôt, j’avais vomi. Je n’étais clairement pas en état d’avaler quelque chose et de le garder dans mon estomac. Alors, je faisais entendre ma voix sur ce point parce qu’il était hors de question qu’il s’emmerde de longues minutes à tenter de me faire quelque chose alors que je n’y toucherais absolument pas. À moins qu’il ne parvienne à trouver un chantage suffisamment intéressant pour que je cède. Mais, c’était loin d’être gagné. En revanche, je ne disais pas non pour le verre d’eau tant j’avais l’impression d’avoir la bouche sèche. C’était comme si ma bouche avait fait une traversée du désert et je crevais littéralement de soif. Alors, le verre d’eau je l’acceptais. Et qu’avait-il ajouté à son programme ? Ha oui ! Le tee-shirt et là c’était un pourquoi pas qui se dessinait dans mon esprit. Cela me permettrait d’être couvert et de cacher mon corps tuméfié alors ça me plaisait. Cela me plaisait encore plus en sachant que ce serait un vêtement d’ici, un vêtement d’Efrain qui aurait alors son parfum. Tiens, en parlant du jeune homme, mes prunelles se reposaient sur lui. Si protecteur. Si possessif. Si attentionné. Foutrement sexy. Il était à moitié nu sous mes yeux. Merde, il fallait que je lui fasse remarquer la situation. Mes doigts s’approchèrent du torse d’Efrain pour glisser le long de celui-ci. C’était à la fois pour qu’il se rende compte de sa presque nudité que pour profiter de cette peau nue sous mes doigts. Cette peau nue que je n’avais jamais touché ainsi car il ne me l’avait jamais demandé. Jamais autorisé. Lorsque la pensée cogna dans ma tête, je coupais court à ce contact reposant sagement ma main sur la table de la cuisine comme si je ne voulais pas me faire fâcher d’avoir osé faire ça. Et, un sourire au coin des lèvres, je balançais soudainement comme le pauvre petit inconscient amusé que j’étais.

    Tu devrais aussi te trouver un tee-shirt si t’veux pas que j’te saute dessus
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    I think I need you

    Lorenzo
    Je déteste être réveillé de la sorte, en plein milieu de la nuit. Non pas parce que je tiens à avoir un sommeil récupérateur, je ne suis pas du genre à enchainer les grosses nuits de sommeil de toute manière, mais plutôt parce que je suis toujours angoissé. Stressé à l’idée que celui qui se trouve derrière ma porte s’apprête à m’annoncer une mauvaise nouvelle. C’est ainsi que les choses se produisent généralement dans les séries télévisées, au cinéma. Tu as la gueule dans le cul, tu parviens à te trainer en dehors de ton lit, tu luttes pour atteindre la porte d’entrée et tu te retrouve face à une ou deux personnes, les mines complètement déconfites qui sont là pour t’annoncer qu’une tragédie vient tout juste de se produire et qu’il t’es conseillé de t’habiller pour te rendre à un endroit plus ou moins précis. Hôpital, poste de police, scène du crime… Les choix sont aussi nombreux qu’inadaptés pour quelqu’un à qui tu viens tout juste de lâcher une bombe. Alors oui, je sais très bien que ce genre d’événements se produisent très peu dans la réalité, les gens préfèrent passer un coup de fil pour te demander de te déplacer avant de t’annoncer que quelque chose de terrible est arrivé, on m’aurait surement appelé – quelqu’un aurait au moins essayé de le faire – et ce n’est pas le cas présentement puisque j’ai le réflexe stupide de jeter un coup d’œil à mon téléphone avant de me lever. Déjà parce que j’ai besoin de savoir quelle heure il est, ensuite pour m’assurer que personne n’a tenté de me joindre sans parvenir à m’arracher à mon sommeil pendant tout ce temps. Cogner à ma porte comme un dingo et hurler mon nom fonctionne bien mieux, c’est d’ailleurs ce détail qui me permet d’éloigner l’hypothèse d’un décès pour me rapprocher d’une autre théorie. Je ne puis affirmer qu’elle sera moins angoissante, parce qu’avec Lorenzo je m’attends toujours au pire, mais j’ai au moins la certitude qu’il est suffisamment conscient pour se tenir devant ma porte, à frapper de la sorte au risque de réveiller tout l’immeuble. S’il était vraiment gravement blessé, je pense qu’il n’aurait pas autant d’énergie à mettre dans un tel effort. Rassuré ? Tout juste partiellement. Je préfère ne pas tergiverser, ne pas perdre une seule seconde au risque de lui ouvrir à moitié nu plutôt que de perdre trop de temps à trouver un jogging à enfiler et de le louper parce qu’il aura changé d’avis. Je ne veux surtout pas qu’il revienne sur son idée de base, je ne veux surtout pas qu’il renonce à me rejoindre lorsque le danger lui tort l’estomac et qu’il ne perçoit aucune échappatoire. Je n’apprécie pas spécialement d’occuper une telle position, cela impliquerait d’éprouver un certain plaisir à le voir souffrir et ce n’est pas du tout mon cas, mais j’apprécie qu’il pense à moi pour lui venir en aide… J’apprécie qu’il se rende compte de l’attachement que je lui porte.

    Il entre, bien abimé par une soirée que je devine essentiellement composée d’excès en tout genre. Pas besoin de toutes mes années de médecine pour le savoir, il n’y a qu’à lever les yeux pour le regarder, pour observer le triste résultat sur sa peau. Il n’a pas de t-shirt, surement égaré au détour de l’un des nombreux plans foireux qu’il a dû initier durant la nuit, et son corps est couvert de contusions. Certaines superficielles, qui disparaitront dans les prochaines heures, d’autres plus sérieuses, qui nécessiteront plusieurs jours – si ce n’est semaines – avant de complètement se résorber. Ce ne sont pas les hématomes qui m’inquiètent, je suis à peu près capable d’assurer qu’ils ne sont pas hémorragiques rien qu’en les effleurant et en les observant, ce sont plutôt ses poignets. Ils ont été sacrément amochés par ce que je devine être des menottes. Quoi d’autre pour laisser de telles traces ? Il a dû tellement tirer dessus que sa peau a fini par s’arracher, lambeau après lambeau. Il aura du mal à camoufler cela dans les prochains jours, j’irais même plus loin, c’est impossible de dissimuler de telles traces. Je désinfecte la plaie, premier réflexe à ne surtout pas oublier pour ne pas empirer les choses, puis le questionne sur les substances déjà ingérées sur la soirée. Je ne donnerais clairement rien à Lorenzo qui puisse indirectement causer une overdose, je ne prendrais jamais ce risque. Il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère – est-ce surprenant ? – avec un cocktail à en faire blêmir les plus gros junkies du coin et de quoi faire grimper la colère crescendo avec l’élargissement de sa joyeuse petite liste. Putain, si je m’écoutais… La violence ne résout rien mais avec lui j’ai parfois l’impression qu’elle est la seule option envisageable, le seul flot qu’il écoute sérieusement, la seule information qu’il parvient à traiter sans qu’elle entre par une oreille pour ressortir par l’autre aussitôt. Ce serait sacrément frustrant d’en arriver là alors que je prends soin de le protéger depuis que je l’ai rencontré, c’est même ainsi que j’ai appris à le connaitre, en m’improvisant garde du corps officieux à chaque fois qu’il révisait dehors, à prétendre avoir des tas de choses à travailler alors que pas forcément. Que dire du faux orgasme qui me fait serrer les poings. Si nous étions dans un monde post-apocalyptique où le crime était parfaitement légal, je crois que chacun des mecs qui a posé ne serait-ce qu’un petit doigt sur lui serait déjà mort dans d’atroces souffrances. L’image qui germe dans mon esprit, d’un gros porc dégueulasse l’assaillant de coups de bassin me rend dingue, putain j’en suis malade. La satisfaction qui émane de son sourire me fait encore plus perdre les pédales et mes yeux me trahissent immédiatement, je rage, je fume et je perds pied. « T’es fier de ta connerie ? T’as rien de mieux à faire que de te détruire à petit feu, comme ça ? Tu kiffes te faire maltraiter, te mettre dans des états aussi pitoyables ? » Je ne devrais pas m’emballer, encore moins m’embarquer dans une telle direction avec lui mais je ne parviens pas à me taire, je n’arrive pas à étouffer la colère qui m’étouffe. Ce venin-là, j’ai besoin de le cracher. « Tu feras quoi le jour ou tu tomberas sur un fils de pute qui n’aura pas juste en tête de te menotter et de te souiller comme une chienne ? Hein ? Tu te poses la question parfois ? Parce que moi oui, tout le temps, à chaque seconde du jour et de la nuit quand je te sais dehors à faire… A faire cela ! » La tendresse qui transparait dans mes propos se heurte à mon intonation froide, glaçante et tranchante. Je perdrais pied s’il lui arrivait quelque chose, c’est bien pour cela que je l’achète aussi souvent… Parce que j’ai la certitude que rien ne lui arrivera tant qu’il sera là, à mes côtés. Je me demande ce qu’il pense de tout cela, de cette situation… Tout cet argent que je débourse pour lui sans jamais exiger davantage que sa présence chez moi… La seule chose que je quémande, c’est qu’il soit là, en sécurité. Je n’ai jamais ne serait-ce qu’envisagé d’en profiter pour tirer mon coup… Parce que ce serait aller à l’encontre de tout ce que j’essaie de défendre en l’éloignant de ce milieu, en l’éloignant de ces démons qui ne cessent de gagner les batailles auxquelles je me livre pour le ramener près de la lumière, près des choses qui font pourtant tout autant palpiter son cœur : la perspective de s’en sortir, de réussir ses études, de performer. C’est un vainqueur dans l’âme, un vainqueur avec un double nettement plus sombre, sur lequel je ne parviens pas à mettre la main, sur lequel je n’ai aucune emprise.

    « L’appétit vient en mangeant ! » Je réponds alors qu’il dénigre mon plan. Même s’il recrache presque instantanément ce qu’il aura ingéré, mieux vaut essayer de faire rentrer un tout petit peu de nourriture dans son organisme pour éponger la quantité incroyable de substances qui polluent son sang actuellement. De l’eau ne suffira pas, ça aidera, mais ce ne sera pas assez et nous le savons tous les deux. Le réveil s’annonce extrêmement difficile pour lui. A cette heure-là, les idées ne sont pas légion. Je suis pourtant un excellent cuisinier, du genre à régaler tout le monde et à ne plus pouvoir proposer un resto sans que quelqu’un ne soumette l’idée alternative de débarquer à la maison pour savourer l’un de mes nombreux plats. J’attrape donc un bol et un paquet de céréales que je dépose près de la table sur laquelle il a les fesses confortablement installées. Il me regarde aller et venir au milieu de l’appartement sans trop réagir, sans trop se manifester et ce n’est pas plus mal. Il me laissera faire ce que je veux de lui, sans arrières pensées. Ce n’est que lorsque ses doigts effleurent mon torse que je m’arrête net, mes poils hérissés par un frisson qui traverse chaque parcelle de mon anatomie. Un simple contact, qui pourrait être anodin, mais qui me donne le petit coup d’électricité qui, dans notre situation, ne doit surtout pas prendre plus de poids qu’il n’en a déjà. Je me mordille la lèvre pour réfréner toute réaction physique qui pourrait découler d’un tel contact et baisse la tête pour me rendre compte que… Ouais, j’suis quasi à poil devant lui. « T’es pas vraiment en état de me sauter dessus, mais soit. C’est plus prudent dans tous les cas. » Je recule pour attraper dans le frigo une bouteille d’eau fraiche. « Tiens, bois ça, je reviens dans deux minutes ! » Je le laisse ici le temps de traverser l’appart pour rejoindre ma chambre. J’attrape un marcel en vrac dans ma penderie et dégaine un jogging. De quoi lui éviter toute pulsion qui nous mettrait dans une situation délicate. Je reviens près de lui, un t-shirt et un autre jogging entre les doigts, et en profite pour attraper mon portefeuille dans ma veste. « Tiens, enfile ça, tu seras plus confortable ! » J’ouvre mon portefeuille et dégaine une liasse de billets que j’ai eu la bonne idée de retirer cet après-midi en sortant de mon entrainement de natation – un pressentiment, dirons-nous -. « Combien pour que tu restes ici cette nuit, et que tu viennes directement après les cours demain ? »
       
     
    (C) CANTARELLA.
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    Lien du postLun 8 Avr - 18:19
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    Personne ne pouvait réellement comprendre pourquoi je faisais toutes ces choses qui me poussaient droit dans le précipice de l’Enfer. Personne ne parvenait à obtenir la parfaite connaissance afin d’être en mesure d’appréhender l’être que j’étais. De toute manière, je ne les aurais guère laissé faire car cela leur aurait donné trop de pouvoirs au sein de ma vie. C’était bel et bien moi qui désirais tant garder le secret sur ces troubles qui me collaient à la peau depuis de trop longues années. Je refusais de prononcer à haute voix que j’étais bipolaire et victime de dysmorphophobie comme si j’avais peur que ça fasse fuir tout le monde ou que ça leur donne envie de brider toute ma liberté, toute ma vie. Je ne voulais plus dépendre d’autres personnes et c’était la raison pour laquelle je refusais qu’elles aient accès à ces diagnostics sur moi. Toutes ces personnes pouvaient penser que j’étais simplement bizarre ou dingue et ça m’allait. Tout m’allait du moment qu’ils ne savaient pas que j’étais juste malade. Simplement un gosse atteint. Je n’étais qu’un gamin qui n’était pas réellement normal. Je ne ressemblais pas à tout le monde. Je le savais. Je n’en avais que trop bien conscience. Et, j’étais sans doute le seul. Cette anormalité ne datait pas du jour où la définition de mes troubles psychologiques s’était apposée à mon être. Oh non, cela avait commencé dès ma naissance. Dès le début, mon chemin était tracé sans même que je ne puisse réellement le décider. C’était ça le destin. Tout m’avait poussé sur ce chemin. Tout m’avait entraîné dans cette voie. C’était naturel pour moi. C’était à cela que ressemblait la normalité dans mon monde quand bien même personne ne parvenait à le comprendre. Par cette absence de diagnostic et d’ouverture de ma part, tout le monde me collait un adjectif à la peau pour tenter d’expliquer ces situations trop anormales. Et, dès lors, tout le monde était en mesure de me reprocher ma façon de vivre sans même savoir à quoi ils avaient à faire exactement. Ce n’était qu’un comportement trop excessif et destructeur pour toutes ces personnes. Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprendraient sans doute jamais. Je refusais clairement d’abaisser ces murailles qui, une fois détruites, leur auraient permis de tout savoir et de mieux comprendre l’ensemble de cette situation. Cela leur aurait offert l’arme pour me contrôler peut-être ou en tout cas pour parvenir à éviter le trop plein d’excès. Et, bordel, je ne le voulais pas. Zut. Je supportais les remontrances et les morales que mon comportement me poussaient à subir de temps à autre. Mais, je détestais ça de plus en plus. Merde. J’aurais sans doute mieux fait de ne pas m’installer dans un endroit précis. J’aurais mieux fait de voyager continuellement simplement pour être sûr de ne jamais m’attacher. Juste pour être certain de ne jamais me lier aux gens au point de leur laisser un aperçu sur mon existence et une possibilité de me moraliser constamment. Pourtant, je ne m’en sentais pas capable. Je ne voulais pas passer mon temps sur la route à tout le temps devoir tout recommencer. Je ne voulais pas m’inventer une nouvelle existence à chaque fois. Et, j’étais bien ici à Cambridge. J’avais trouvé mes repères. Je savais où me rendre à chaque phase. J’avais l’impression d’avoir trouvé ma place dans un monde un peu trop difficile à dompter. Je savais parfaitement qu’après ma nuit d’excès, j’aurais mieux fait de retrouver le chemin de mon appartement et de me glisser dans mon lit sans chercher rien de plus. J’avais eu tout ce qu’il me fallait : de l’amusement, de la drogue, de l’alcool, de la domination, du plaisir sexuel, de la liberté. Tout avait été là. Rentrer chez moi aurait donc été la parfaite solution pour moi et je le savais putain. Je ne le savais que trop bien. Cela cognait clairement en moi. Malheureusement, rien ne se déroulait comme ça le devait. Mon instinct avait fini par me conduire ailleurs. Une partie de mon être cognait tellement fort que mes pas m’avait conduit où elle voulait sans que je n’y puisse rien. Je m’étais retrouvais devant l’immeuble où vivait Efrain. Et, avant même de franchir la porte et de grimper les étages pour le rejoindre, je savais qu’il ne s’agissait pas d’une bonne idée. J’avais parfaitement conscience du fait que je risquais de me faire remonter les brettelles. Franchement, il suffisait de voir mon état pour s’en rendre compte. Il suffisait de me jeter un coup d’œil pour savoir que la soirée n’allait pas finir calmement. J’étais trop stupide. Je me sentais comme un gosse idiot qui plongeait lui-même dans les ennuis. Je savais dans quoi je m’engageais et je m’y lançais quand même parce que ça pulsait trop en moi. Il était quatre heures du matin et j’avais besoin d’Efrain. Je désirais retrouver le jeune homme. C’était indispensable comme un cœur battant pour rester en vie. Je devais être avec lui. Je voulais me retrouver chez lui. Comme une aura de protection que j’avais tant besoin de sentir planer au dessus de moi. Alors, je m’étais retrouvé à frapper contre sa porte. Toujours totalement défoncé à cause de la drogue et de l’alcool qui pulsait encore en moi, je m’étais mis à l’appeler priant pour qu’il m’ouvrir. Les poignets en sang, les cernes sous mes yeux, les blessures sur mon corps, j’avais tout oublié à l’instant même où il m’avait ouvert. Lui. En boxer. Je ne vous cachais pas que, sur le moment, je n’avais pas pu m’empêcher de le mater. Sur l’instant, mon esprit s’était imaginé mille et un scénarios où Efrain et moi finissions dans un corps à corps torride dont j’avais de plus en plus envie au fil de mes soirées passées avec lui. Des soirées entières où il me payait pour être chez lui. Jamais rien de plus. Était-ce parce qu’il ne me désirait pas ? Je ne m’étais jamais posé la question. Mais, là, alors qu’il avait ouvert la porte si dénudé et laissant place à mes pensées peu chastes, la question cogna un instant dans mon crâne. Un trop bref instant car il m’effraya en élevant la voix pour savoir dans quelle galère je m’étais fourré. Une question à laquelle je préférais ne pas répondre optant plutôt pour obéir docilement à ce qu’il tentait de me faire faire. Il m’entraînait dans la cuisine me forçant à m’asseoir sur la table et je le faisais sans poser de questions, sans chercher les ennuis.  Efrain s’était alors occupé de moi soignant mes poignets comme i le pouvait et je le laissais faire parce que je ne voulais pas aller à l’hôpital, parce qu’il savait ce qu’il faisait. Mais, c’était surtout parce que je lui faisais confiance. Efrain voulait prendre soin de moi. Il désirait tant veiller sur mon être que c’en était parfois dérangeant. Il me voulait tant proche de lui que c’en était ambigu pour ma tête de temps à autre. Merde, le jeune homme se montrait ultra protecteur et possessif avec moi m’interdisant carrément ces nuits où j’offrais mon corps à d’autres. Cependant, il ne voulait pas de mon corps. Jamais. C’était bizarre cette histoire. Non ? Le sexy jeune homme m’avait demandé ce que j’avais pris et, après avoir rigolé de façon incontrôlable, je m’étais repris pour lui répondre. La vérité absolue glissa entre mes lèvres. Cocaïne, ecstasy, alcool, faux orgasme. Et, après mon énumération, je ressemblais à un gosse trop content de lui. Un sourire satisfait s’étira sur mon visage. Un sourire qui sembla suffir à foutre Efrain hors de ses gonds trop soudainement. Trop réellement. Si violemment. Le jeune homme se mettait à me faire la morale et j’encaissais les coups verbaux qui me heurtaient tellement. Malgré la tendresse de ses propos, n’importe qui pouvait clairement sentir son intonation aussi glaçante que tranchante. Mes poings se serraient et je sifflais sous la douleur que cela provoqua dans mes poignets. Sans que je ne puisse le contenir, je me mettais alors à exploser moi aussi. Après tout, ce n’était clairement pas le moment pour me faire la morale et ça Efrain allait le comprendre.

    Bordel, Efrain, je fais ce que je veux de ma vie !!! C’est la mienne !!! Alors, ouais, j’suis carrément fier de moi et non je n’ai rien de mieux à faire. Et, si tu veux savoir, bordel, ouais je kiffe ça. J’en ai besoin et ça t’peux juste pas comprendre ! Quant aux personnes avec qui je passe mes nuits, j’sais un minimum qui j’prends comme clients et je l’accepte totalement. C’est ce que j’veux. Et j’peux gérer. J’suis pas un minable gosse qui a besoin de se faire sauver !!! Et, si tu as tant d’inquiétudes à mon égard, on peut tout d’suite décider que j’dégage d’ici et que j’reviens jamais. T’auras qu’à faire comme si nous nous étions jamais rencontré et POUF plus de problèmes avec moi !

    Je venais d’exploser sans être en mesure de contrôler quoi que ce soit. Les mots venaient de glisser entre mes lèvres et je n’avais pas été capable de les contrôler. Je n’avais pas été capable de me calmer comme je le faisais habituellement face à toute situation où l’on me faisait la morale. D’habitude, je me contentais de m’allumer une cigarette, de souffler et de prendre sur moi. Cependant, il fallait avouer qu’en règle générale, les substances que j’avais ingurgitées avaient déjà en partie quitté mon organisme. Là, face à Efrain, ce n’était pas du tout le cas. L’alcool et la drogue pulsaient encore trop en moi. J’étais encore sous leur effet tant et si bien que je ne pouvais pas prendre les choses autant à la légère. Je ne parvenais pas à simplement souffler pour me calmer. J’avais essayé. Vraiment. Malheureusement pour moi, malheureusement pour Efrain, malheureusement pour notre relation, je m’étais mis à exploser sans rien pouvoir y faire. Les mots avaient coulés entre mes lèvres et personne n’y pouvait rien. Il fallait que ça sorte. J’a vais besoin de dire tout cela qu’importait les conséquences que j’aurais à supporter juste après. Alors, je me lâchais et les mots venaient de passer la barrière de mes lèvres. Je revendiquais clairement ma liberté. C’était ma vie et j’en faisais ce que je voulais. J’avais besoin qu’Efrain comprenne qu’il ne pouvait pas me contrôler, pas comme papa l’avait fait pendant des années entières. Il fallait me laisser vivre. Il fallait me laisser nager dans la liberté. J’avais trop longtemps été fermé derrière les barreaux d’un château. Alors, maintenant, ce n’était plus envisageable. Je soufflais que ouais j’étais fier de moi, de ce que je faisais et que je n’avais rien à faire de mieux. Efrain ne comprendrait pas. Personne ne le pouvait de toute manière. Mais, j’étais fier du chemin que j’empruntais pour gérer mes troubles. Et, ouais, je ne pouvais pas le faire autrement. J’aimais trop ça. J’avais trouvé la parfaite manière pour gérer mes différentes phases et je refusais qu’il m’enlève ça. Je refusais qu’on me retire ce qui me rendait heureux. Au-delà d’être satisfaisant pour moi, il s’agissait clairement de quelque chose à quoi j’étais devenu accro. Et, comme un petit idiot, je le confiais à Efrain. Je l’informais que j’avais besoin de ça. J’avais besoin de la drogue et de l’alcool. J’avais besoin de cette destruction. J’avais besoin de ces coucheries où la domination des autres se faisait ressentir, même si c’était aussi violemment. C’était essentiel pour moi et il ne pourrait pas le comprendre. Il ne le pourrait jamais si je continuais à me taire. Et, bien vite, je venais à parler de mes clients quand bien même je savais que le sujet de la prostitution était un sujet difficile pour Efrain et moi. Cependant, il fallait que ce soit dit. Il fallait qu’il sache que je n’étais pas idiot non plus. Je savais qui je prenais comme clients et ce qu’ils allaient me faire. Je savais ce que j’allais subir et je le voulais totalement. Je n’avais pas besoin d’être sauvé de cette fosse dans laquelle je me jetais avec délice. J’aurais clairement dû me stopper là. J’aurais dû me taire après tous ces propos déjà foutrement dangereux. Cependant, j’étais trop lancé et le filtre ne marchait pas. Je n’étais pas fichu de juste fermer ma bouche. Je n’étais pas fichu de me stopper là. Oh non. J’allais plus loin. Je franchissais une limite dangereuse qui allait soit blesser le jeune homme, soit le foutre encore plus en rogne. Mais, je n’y prêtais pas attention trop emporté par le tourbillon de ma colère. Je lui confiais que s’il s’inquiétait autant pour moi, tout pouvait prendre fin dès à présent. Je pouvais disparaître et ne jamais revenir. Il n’aurait qu’à faire comme si je n’avais jamais fait parti de sa vie et comme par magie les problèmes s’effaceraient. Mes prunelles se plantaient dans les siennes lorsque ces mots glissèrent entre mes lèvres. Comme si je le mettais au défi de me foutre à la porte là tout de suite. Mais, Efrain se mettait à parler du programme qui allait suivre. Me préparer à manger, me donner un verre d’eau et me trouver un tee-shirt. J’analysais lentement la chose avant de marmonner que je n’avais pas faim. C’était la seule chose qui me dérangeait réellement dans ce qu’il me proposait. Et, le manque d’appétit était la seule chose qui cognait dans mon crâne en analysant ce qu’il me proposait. Je n’avais rien envie d’avaler. Non. Pas maintenant. Malheureusement pour moi, ce n’était pas de l’avis d’Efrain qui souffla que l’appétit venait en mangeant. Je bougonnais tout seul dans mon coin comme un gamin pas content qui se mettait à marmonner dans son coin. Et, en quelques minutes, un bol et un paquet de céréales furent posés à côté de moi sur la table sur laquelle j’étais si confortablement installé. Mes prunelles se détournaient bien vite de cette proposition de nourriture qui me tordait le ventre au point de me donner envie de gerber. Et, mes yeux se reposaient sur Efrain qui était encore à moitié nu sous mon regard. Mon cœur cogna plus fort dans ma poitrine soudainement. Efrain… Il était si protecteur avec moi, si possessif et tellement attentionné. Puis, merde, il fallait avouer qu’il était clairement sexy. Oh zut, qu’est-ce qu’il se passait dans ma tête ? Il ne fallait pas que je m’emporte dans une autre relation que celle que nous avions. Et pourtant, malgré moi, mes doigts venaient glisser sur le torse nu d’Efrain. C’était comme pour le pousser à mesurer la situation et les ennuis que ça pourrait nous apporter. Mais, c’était également un moyen de toucher à sa peau pour une fois. Néanmoins, bien vite, je reposais sagement ma main sur la table de la cuisine pour éviter de me faire fâcher. Sourire amusé au coin des lèvres, je lui faisais une remarque sur sa tenue et ma capacité à lui sauter dessus s’il restait ainsi. Efrain se mordait la lèvre et j’avais envie de sauter de cette table pour aller capturer les lèvres du jeune homme. Avant que je ne puisse agir, il disait que je n’étais pas en état de lui sauter dessus et un rire passa entre mes lèvres aussitôt. Il ne savait décidément pas de quoi j’étais capable. Néanmoins, le jeune homme souffla que c’était plus prudent. Il reculait. Il s’éloignait vers le frigo avant de me tendre une bouteille d’eau fraîche me demande de la boire. Il revenait dans deux minutes. Efrain disparaissait dans l’appartement et j’ouvrais la bouteille la portant aussitôt à mes lèvres. Pour ça je ne disais pas non. Ça faisait tellement du bien. C’était frais. C’était désaltérant. C’était le pied. Mmh oui. Je finissais la bouteille lorsqu’Efrain réapparaissait habillé d’un marcel et d’un jogging. Je le regardais de haut en bas, le matant sans gêne alors qu’il me disait d’enfiler ce qu’il avait entre les mains. Un tee-shirt et un jogging. J’attrapais les vêtements murmurant des remerciements avant de sauter de la table de la cuisine. Alors que j’étais en train de retirer ma veste, je voyais le jeune homme se saisir d’une liasse de billets. Mes joues se coloraient de rouge parce qu’à chaque fois qu’il faisait ça j’étais mal à l’aise. À chaque fois qu’il me payait pour rien, j’en étais gêné. Je baissais les yeux m’attaquant à mon pantalon que je retirais sans la moindre gêne. Et, soudainement, je stoppais tous mes gestes car Efrain venait de me demander combien pour que je reste ici cette nuit et que je vienne directement après les cours demain. Je relevais mes prunelles sombres vers lui. Et, toujours en boxer, je soufflais doucement.

    Pour cette nuit, 100$ feront l’affaire. Mais, pour que je viennes demain, tu n’as clairement pas ce qu’il faut pour moi Efrain.

    Yeux dans les yeux, je laissais quelques secondes s’écouler avant de finir par baisser les miens comme si je n’avais rien de plus à ajouter après ces quelques mots, comme si le débat était clos. Je ne demandais que 100$ pour cette nuit car j’avais déjà eu de quoi me remplir les poches. Puis, de toute manière, la nuit était pratiquement finie et je refusais d’abuser avec des tarifs ahurissants. Il était plus de quatre heures du matin à présent et cela signifiait que je n’allais rester ici que trois ou quatre heures maximum. Je ne voulais donc pas exagérer en demandant de l’argent. Encore plus alors que l’homme qui m’avait baisé un peu plus tôt m’avait déjà payé suffisamment. Alors, ouais, pour cette nuit, je ne demandais pas plus. Je refusais d’avoir une liasse de billets pour simplement rester sagement dans cet appartement à dormir seul et à ne rien offrir. Si j’avais pu offrir quelque chose au jeune homme en échange, j’aurais pris plus. Mais, ce n’était pas le cas alors 100$ ça me convenait. Et, Efrain ne s’était pas arrêté là. Il voulait qu’après mes cours demain, je vienne directement chez lui. Il en était hors de question. C’était totalement impossible pour moi. Même avec tout l’argent du monde, je ne pouvais pas accepter une telle situation et je le faisais comprendre au jeune homme. Je soufflais que pour que je vienne demain, il n’avait pas ce qu’il fallait pour moi. Et, il s’agissait de la vérité. Quand bien même il avait de quoi payer, il n’avait pas ce dont j’avais besoin. Il n’avait pas de quoi faire la fête – quoique ça je pouvais m’en passer une soirée. Mais, il n’avait clairement rien à m’offrir sur le plan sexuel et ça je ne pouvais pas m’en passer. Non. Le débat était clos pour moi. Je restais là cette nuit, mais je ne revenais pas le lendemain. Il n’avait pas ce qu’il fallait pour. Comme pour faire comprendre qu’il n’y avait rien à ajouter à tout ça, je me mettais à m’habiller. J’enfilais lentement le jogging. Et, lentement, je m’habillais également du tee-shirt qu’il m’avait passé. Une fois entièrement vêtu, je me hissais de nouveau sur la table fouillant dans mon ancien pantalon. Paquet de clope en main, j’en sortais une la glissant entre mes lèvres avant de regarder Efrain pour avoir son accord. Pouvais-je allumer ma cigarette ici ?
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    Lien du postLun 8 Avr - 22:43
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    I think I need you

    Lorenzo
    J’ai parfois un mal fou à le comprendre, à suivre le déroulement logique de ses actions, des décisions qu’il prend. Ce mec est une sacrée énigme, je ne dispose pas des éléments nécessaires pour commencer à la résoudre. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, la curiosité étant l’un de mes plus gros défauts, mais je me retrouve toujours confronter à ce même mur de pierre que je ne parviens pas à dépasser, à détruire, à contourner. Mes efforts sont vains et j’ai pris conscience que persister dans cette direction ne ferait que l’éloigner. Lorenzo, il se braque très facilement lorsque tu le pousse à emprunter un chemin qui l’angoisse, qui le place face à un reflet qu’il n’a pas spécialement envie d’affronter. Dans ce genre de situations, la plus efficace des défenses demeure l’attaque et il sait comment s’y prendre pour faire battre en retraite n’importe qui, moi inclus. Je ne suis pourtant pas du genre à renoncer, bien au contraire, plus têtu que moi tu meurs… Mais certaines fois, tes tripes savent te convaincre de ne pas gratter plus profondément au risque de te brûler les ailes. Ne croyez pas que j’ai définitivement renoncé pour autant, je garde les yeux ouverts, j’ai l’oreille tendue mais le temps sera un allié de taille, et je l’ai finalement compris. Lorenzo, il a une grande gueule et ses confessions dépassent parfois les frontières qu’il s’impose, il ne s’en rend même pas compte et c’est généralement dans ces moments-là que je parviens à récolter quelques petites pièces de cet immense puzzle que forme sa psyché. Peut-être que je parviendrais à le percer à jour tôt ou tard, ma plus belle récompense sera de finalement posséder toutes les clés nécessaires pour me mettre à sa place, pour pouvoir mieux le cerner et le comprendre. Je n’aspire qu’à cela, à ne plus écouter mes tripes lorsqu’ils me disent qu’il ne faut surtout pas que je le lâche, même s’il venait à se comporter en fumier de première vis-à-vis de moi. J’ignore d’ailleurs pourquoi mon instinct me prépare à de telles événements, Lorenzo n’a jamais été méchant avec moi, il ne s’est jamais mal comporté. Peut-être parce qu’il sait que je ne me laisserais pas faire et qu’il a surement bien plus besoin de moi que l’inverse. Est-ce véritablement le cas ? Mon esprit s’embrouille très régulièrement sur le sujet, je n’arrive pas à me décider, à opter pour une réponse positive ou négative. Tout ce que je sais, néanmoins, c’est qu’une partie de mon être est accrochée à lui comme une moule à son rocher et que je n’arrive pas à agir autrement, à prendre des décisions qui pourraient m’aider à m’éloigner, à me protéger de l’impact qu’il a sur mon quotidien. Je tremble pour lui, en permanence, à chaque seconde. Dès que la nuit tombe je commence à angoisser parce que je le sais là, dehors, dans les rues, à se défoncer la tête et à offrir son corps au premier connard qui lui filera quelques billets pour abuser de lui. J’en suis malade et je frôle la crise de nerfs lorsque les pires scénarios défilent dans ma tête, lorsque je m’imagine être averti d’une tragédie parce qu’il sera tombé sur un pervers qui l’aura suffisamment berné pour prendre l’ascendant au moment opportun. Combien de prostitués, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, finissent par être retrouvés dans une ruelle sombre ? Leur cadavre abandonné comme un vulgaire déchet, sans aucune considération. Combien d’entre eux sont honorés comme le seraient des victimes plus « traditionnelles » ? Si peu qu’on ne leur accorde même pas la politesse de figurer dans les journaux aux rubriques faits divers. Toutes ces pensées se bousculent dans mon esprit et me font vriller alors qu’il apparait plus fier que jamais d’avoir enchainé les excès et de se présenter dans un tel état. Il ne tarde pas à réagir non plus et à attaquer, comme je l’anticipais précédemment. J’aurais dû m’y attendre, mais je n’arrive pas à rester de marbre. J’ai tellement peur qu’il finisse par tomber sur une mauvaise personne… Tellement peur qu’il fasse une overdose à force de soumettre son corps à de tels cocktails instables… Tellement peur de le perdre que je me dégoute pour ressentir de telles choses à son égard. Je relève la tête lorsqu’il commence à faire le malin en menaçant de partir, de quitter cet appartement sans se retourner et ne plus jamais revenir. « Tu veux marquer le coup, tu veux te casser ? Vas-y, je t’en prie, je ne suis pas celui qui accoure dès que l’euphorie retombe, je n’ai pas besoin de réconfort à ce que je sache ! » Mes propos vont le heurter de plein fouet, je le sais, et je n’attends que cela. Lui arracher une réaction qui prouvera son attachement, même s’il se refuse à l’admettre. Lorsqu’il redescend de son magnifique petit nuage artificiel et nocif, c’est comme pour un orgasme coupable, tu te sens dégueulasse et tu fonces vers cette chose qui t’aide à te sentir aimé, considéré… Je suis cette chose dans notre cas et nous le savons tous les deux. Je recule, lève les mains en l’air et dépose le désinfectant ainsi que les deux bandes que je tiens, prêt à les lui enrouler autour des poignets. « Vas-y, barre toi, je ne voudrais surtout pas te retenir contre ton gré Lorenzo… Ni t’empêcher de te défoncer la gueule tellement fort que tu finiras par ne plus être capable de savoir qui tu es réellement… Ni de te faire défoncer par tellement de fils de pute que tu ne sauras même plus faire la différence entre de la baise et du sexe consenti ! » Parce que la prostitution et le consentement sont deux choses différentes. Tu ne peux pas parler de viol, puisque tu acceptes d’échanger du sexe contre de l’argent, mais tu n’es pas totalement investi dans cette relation non plus, t’es plus là à subir qu’autre chose tel que je le vois. J’imagine qu’il ne sera pas d’accord avec moi, il en sait surement plus que moi à ce sujet de toute manière, mais c’est ainsi que j’imagine ce travail. Je ne sais même pas s’il est encore capable de faire l’amour, non pas par automatisme, mais par véritable désir pour l’autre. Il doit être en pilote automatique, ne plus ressentir avec la même intensité et je me sens désolé pour lui, désolé qu’il ne puisse plus accéder à ces petites sensations qui font indéniablement la différence et qui le confortent surement dans la voie qu’il a choisi d’emprunter. « Sinon tais-toi et laisse moi faire ce pourquoi tu es venu en premier lieu ! » Et sans en dire plus je lui attrape les poignets pour appliquer une pommade dont moi seul ait le secret, un liquide blanc et froid, légèrement pâteux qui aidera à la cicatrisation et hydratera la peau. Je recouvre ses poignets de deux bandelettes qui protègeront la plaie cette nuit. Il pourra laisser respirer et cicatriser ses plaies à l’air libre dès demain matin.

    J’encaisse difficilement ses doigts contre ma peau, parce que je l’empêche toujours d’initier le moindre contact qui pourrait, une chose en entrainant une autre, nous mener sur une route que je ne veux surtout pas emprunter. Je frissonne, peine à dissimuler ce flot de sensations qui m’assaille et opte pour une fuite motivée par un objectif précis : nous trouver des vêtements à tous les deux. Je prends le temps nécessaire pour me refroidir les idées, pour ne rien laisser se mettre en travers de mon chemin, dégaine un marcel et un jogging que j’enfile très rapidement et le retrouve près de la cuisine pour lui proposer de se mettre confortable à son tour. Je lui ai trouvé des vêtements dans lesquels il nagera probablement – ma musculature nécessitant des vêtements plus amples que lui – mais qui auront le mérite d’être propres, surtout pour aller dormir. Il se sépare de son pantalon et mes yeux le suivent dans sa chute sans en louper une miette. Je lorgne beaucoup trop longuement sur son caleçon et relève la tête pour croiser son regard, un moment de flottement qui n’est pas passé inaperçu pour mon camarade et qui me pousse à tourner la tête, terriblement gêné de réagir de la sorte… D’être si humain, incapable de rester de marbre. Je dois mon sauvetage à ce portefeuille que j’attrape pour en arracher une liasse de billets que je lui tends, prêt à payer le montant requis pour m’assurer sa présence ici pour le reste de la nuit, pour la soirée de demain également. Cent dollars, vendu, je me baisse pour attraper son pantalon qu’il a abandonné à même le sol et fourrer les billets dans l’une de ses poches. « Try me ! » Je choisis de le défier, pas effrayé à l’idée de mettre la main au porte-monnaie. Pour lui, je serais capable de débourser beaucoup plus que de raison. Il ne comprend pas à quel point il a besoin de repos, de sérénité pour récupérer après ce soir… Pour offrir à son corps un break nécessaire. Il termine de s’habiller et me soulage grandement d’un poids qui m’empêchait de regarder en sa direction. Il récupère son pantalon d’où il sort un paquet de cigarettes. « Uniquement si tes cigarettes sont composées de tabac ! » Il connait les règles de la maison, pas de drogues ici. « Tu connais la maison, je te laisse ma chambre. Je vais squatter le canapé ! »

       
     
    (C) CANTARELLA.
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    Lien du postMar 9 Avr - 21:16
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    Suis d’solé…

    Et pouf ! Tout venait de changer du tout au tout trop soudainement. Le climat s’inversait violemment en quelques secondes seulement. C’était comme avec mes phases parfois. N’en étais-je pas victime en cet instant d’ailleurs ? Non, sans doute pas. Ce n’était sans doute qu’un contre-effet de ma folle nuit parce que je ne ressentais pas le tremblement en moi comme à chaque fois. Ce changement n’était qu’à mettre sur le compte de tous mes abus. Rien de plus. Quoiqu’il en soit, j’adoptais un comportement totalement différent. C’était comme si, soudainement, j’étais devenu quelqu’un d’autre et qu’Efrain se trouvait face à un nouveau Lorenzo. Je n’étais plus là à crier ou à être satisfait. Je ne ressentais même plus cette satisfaction à l’intérieur de mon être. J’étais simplement là à me sentir foutrement mal à l’aise. J’étais là comme un enfant à deux doigts de pleurer et à présenter des excuses qui résonnaient en moi. Le marmonnement venait d’ailleurs si soudainement de glisser entre mes lèvres. Il emplissait l’appartement qui avait plongé dans un silence trop froid quelques secondes plus tôt. C’était comme si mes excuses m’avait échappée sans que je ne puisse les retenir. Les propos avaient besoin de quitter mes pensées et de devenir réels quand bien même Efrain m’avait demandé de ne rien dire. De me taire. Je n’en avais pas été capable sur le coup. Non, pas tout de suite. Je n’avais pu me résoudre à faire le vœu de silence dans l’immédiat. J’avais trop besoin de confier au jeune homme à quel point j’étais désolé avant d’oser fermer ma bouche comme il le voulait tant. Je désirais qu’il l’entende. C’était indispensable à mon être comme l’était l’action de respirer ou le violent besoin de me retrouver ici ce soir. Je savais parfaitement que je ne me sentirais pas bien jusqu’à ce qu’il ait entendu mes excuses. Elles étaient peut-être trop vagues, mais elles demeuraient réelles et j’avais conscience que cela suffirait sans doute à mon protecteur. Pour le moment en tout cas. Alors, je n’avais pas pu garder ces propos pour moi. Je les marmonnais à l’attention du jeune homme le fixant pendant quelques secondes dans les yeux. Je voulais qu’il sache à quel point j’étais sincère et il pourrait facilement lire ça dans mes yeux. Encore plus aisément d’ailleurs grâce au fait que j’étais défoncé. Cependant, dès que je fus certain que le message était capté, je m’empressais d’agir comme un gamin pris en faute. Je me comportais comme un gosse trop coupable qui venait de se faire gronder en baissant les yeux et en agitant les jambes comme pour m’occuper et éviter de me torturer en pensant à ce que j’étais. Je n’étais qu’un gamin qui avait des torts. Je n’étais qu’un gosse trop coupable qui était à blâmer. Je le savais. J’en avais pleinement conscience. Ça cognait violemment en moi pour le rappeler. Mais qu’avais-je fait ? Qu’avais-je osé faire ? La culpabilité me rongea lentement. Si j’avais été seul, si j’avais été un peu moins défoncé, nuls doutes que j’aurais pu me mettre à pleurer tellement la vague sembla s’abattre sur moi soudainement. Merde. Je venais de débarquer à quatre heures du matin chez Efrain. Déjà, ce n’était clairement pas une heure pour venir chez lui encore plus alors qu’il était très clair que je l’avais réveillé. C’était terriblement déplacé. Mais, bordel, en plus de tout cela, je débarquais dans un état plus que lamentable qui allait énerver Efrain. Cela allait le pousser à bout. Je le savais parfaitement. Et, pourtant, cela ne m’avait pas empêché de cogner à cette porte. J’avais totalement conscience des conséquences de mes actes et je m’y étais jeté. Mais, j’avais fait pire encore. Oh oui ça existait. J’avais osé me montrer comme si je n’étais qu’un enfant beaucoup trop satisfait de toute cette situation. Je m’étais mis à agir comme un gamin qui se complaisait totalement dans sa situation d’autodestruction. Je confiais mes excès au jeune homme et j’en semblais trop fier comme si tout le monde devait faire comme moi, comme si j’étais le meilleur du monde. J’avais fait un mélange destructeur de cocaïne, d’ecstasy et d’alcool et, putain, ça me plaisait trop. J’aimais tellement me sentir comme ça. J’adorais ressentir cette sensation dans mon être, cette vague de liberté et de je m’en foutisme qui s’emparait de moi. J’en étais fier. Et, bien évidemment, j’étais également fier des poignets en sang que je présentais parce qu’à mes yeux, ils signifiaient simplement que j’avais rempli mon devoir correctement. J’avais été le parfait petit prostitué qu’on voulait que je sois. Je m’étais docilement appliqué à suivre les consignes qu’on voulait m’imposer. Et, j’avais fait croire à l’homme qu’il m’avait fait plaisir. C’était tout ce dont il avait besoin. C’était tout ce dont j’avais besoin. Du sexe brutal et avec des consignes si claires. Tout était simple. Tout avait été parfait pour moi, pour le gosse en manque que j’étais. Alors ouais, j’étais clairement fier de cette blessure que j’arborais ou de toutes les autres blessures présentes sur mon corps qui témoignaient d’une situation qui m’avait plu au plus haut point. Alors, j’avais osé faire ça et cela n’avait guère plu à mon protecteur qui s’était empressé de me le faire savoir avec une remontrance qui me heurta violemment. Une remontrance qui ne passa pas dans mon état. Oh non. Je ne voulais pas me laisser faire. Et, c’était sans doute là que j’avais franchi une limite à ne pas dépasser. C’était à cet instant que je m’étais laissé emporter par la folie. Je n’avais guère su me contenir et il avait fallu que j’explose. Comme ça. Paf. D’un coup. Je m’étais mis à crier. Je m’étais mis à m’en prendre au seul qui me protégeait pourtant. Je m’étais mis à lui faire des reproches et même à lui proposer de disparaître. Efrain n’avait pas tardé à réagir à ma folie soudaine. Il n’avait guère tardé pour reprendre la parole et remettre les choses carrées. Les propos du jeune homme me heurtèrent de plein fouet. C’était ce qu’il recherchait de toute manière. C’était ce qu’il voulait. Il savait parfaitement ce qu’il soufflait et comment le souffler pour me toucher. Au fil des semaines, au fil des mois, Efrain avait compris les points sur lesquels il suffisait d’appuyer pour me heurter, pour m’attaquer. Et, bordel, maintenant, il les maniait à la perfection. Comme à cet instant où il me disait de me casser si je le voulais, si je désirais tant marquer le coup. Il n’était pas celui qui accourait dès que l’euphorie retombait. Il n’avait pas besoin de réconfort. Boum. Boum. Boum. Crac. Mon cœur s’était craquelé sous ces propos qui me faisaient tellement de mal tant ils étaient criants de vérité. C’était bien vrai. C’était bien moi qui avait besoin de réconfort. C’était toujours moi qui finissais par accourir vers Efrain. Le jeune homme s’était éloigné de moi levant les deux mains en l’air et ça m’avait refroidi presque aussitôt. J’avais eu envie de m’excuser, mais il s’était mis à parler avant moi. Il s’était mis à dire des mots que je n’entendais même plus. Des propos qui me heurtaient violemment seulement par le son qu’ils faisaient. Je n’avais pas besoin de comprendre. Je n’avais même pas envie de le comprendre. Non. Cela ferait trop mal et je n’étais pas prêt pour tout ça. Et, finalement, Efrain avait fini par se calmer lui aussi. Peut-être avait-il déjà vu mes épaules se baisser et mon corps abandonner le combat parce qu’il m’avait dit de me taire et de le laisser faire ce pourquoi j’étais venu. Mon protecteur s’était approché à nouveau et j’avais marmonné mes excuses captant son regard quelques secondes. Quelques secondes avant qu’il n’applique de la pommade sur mes poignets qu’il recouvrait ensuite de deux bandelettes. J’observais mes poignets ainsi recouverts. Je les regardais ainsi soigné. Et, sans même en avoir réellement conscience, je murmurais soudainement.

    Je… C’que j’fais c’est consenti… Mais ce… C’est que de la baise et ce n’est pas… C’pas uniquement du plaisir… Je… J’crois que j’applique plus cette différence… Tout doit être de la baise… Tout le temps… Pas de baisers. Pas de tendresse. Pas de tracas.

    Efrain avait soufflé qu’il ne m’empêcherait pas de me faire défoncer par tellement de fils de pute que je ne saurais même plus faire la différence entre de la baise et du sexe consenti. Et les paroles avaient tourné un long moment à l’intérieur de mon crâne avant que je ne fisse par ouvrir la bouche pour murmurer ces quelques mots qui s’étaient formés presque trop automatiquement à l’intérieur de ma tête. Ces propos s’étaient construits dans ma tête et j’avais besoin de les dire à haute voix. Alors, ils venaient de quitter la barrière de mes lèvres et je ne savais même pas s’ils étaient réellement destinés à Efrain ou si je me contentais de me parler à moi-même comme pour faire le point entre ce qu’il avait dit et ce qu’était la réalité. Peut-être qu’il s’agissait d’un savant mélange des deux à la fois. J’avais envie que le jeune homme entende ce que j’avais à dire à ce propos comme si j’avais envie qu’il puisse comprendre mon point de vue. Mais, je voulais surtout et avant tout mettre les choses à plat pour moi à cet instant précis. Je voulais donner un sens à toute cette histoire. Efrain disait que je ne ferais plus la différence entre la baise et le sexe consenti. Cependant, ce que je pratiquais avec mon métier était clairement consenti et je l’affirmais à haute voix. Bien vite, je parvenais néanmoins à faire remarquer la différence qui pouvait être noté entre ma pratique et celles des gens normaux. Pour moi ce n’était que de la baise. Ce n’était pas uniquement du plaisir. Bien sûr il y en avait parfois. Avec certains. Mais pas tout le temps. Alors que, pour les êtres normaux, coucher avec quelqu’un c’était avant tout pour le désir et le plaisir qui en ressortait. Les gens normaux adoraient coucher ensemble parce que ça leur faisait ressentir des choses. De mon côté, avec mon job, j’avais petit à petit effacé ce côté de plaisir. Je n’appliquais plus la différence entre la baise pure pour laquelle je pouvais simuler et la baise qui pouvait provoquer un réel plaisir. J’allais même plus loin dans tout cela en confiance à Efrain, à moi-même, que je voulais que tout soit de la baise tout le temps. C’était mon choix. C’était ma punition. Je n’embrassais pas. Je ne donnais pas droit à la tendresse. Et, ainsi j’évitais tous les tracas. C’était en tout cas de cette manière que je voyais les choses. Dès lors que je bossais, je me mettais en pilote automatique et mon corps s’y placardait lui aussi. Tout n’était fait que par automatisme : les gémissements, les freins, les réactions. Dès qu’on tentait de m’embrasser, je reculais obligatoirement, je m’échappais. Dès qu’on tentait de m’offrir de la tendresse, je provoquais quelque chose de plus violent pour ne pas avoir à continuer à la vivre. La réalité venait de claquer dans l’air et croyez-moi j’étais bien heureux que le sujet finisse par changer parce que je ne voulais pas m’attarder sur tout ça en vérité. Je ne voulais pas plonger dans ce genre de discussions. Ces propos venaient de m’échapper, mais je voulais qu’ils ne soient que pour moi alors j’étais prêt à agir comme s’ils n’avaient jamais existés. Heureusement pour moi, la situation changea lorsque le programme de la soirée fut lancé. Il fallait manger, boire et surtout s’habiller. Je bougonnais sur le fait de manger quelque chose, mais mon protecteur ne me laissa guère le choix et je me retrouvais bien vite avec un paquet de céréales et un bol à mes côtés. Cependant, j’étais obnubilé par bien autre chose que par la nourriture qui venait d’être posée à côté de moi. Mes prunelles ne parvenaient pas à quitter Efrain. Il se tenait là à moitié nu face à moi et ça poussait mon cœur à cogner plus fort dans ma poitrine. Lentement, comme un serpent s’enroulant autour de moi, je me laissais avoir. Je me laissais entraîner sur un chemin pourtant interdit. Je n’avais pas le droit de l’emprunter. Ce n’était pas correct. Ce n’était pas bien. Oh, putain, je le savais si bien. Mais, sur l’instant et avec toutes ces substances dans mon être, je ne pouvais pas m’en empêcher. Je me laissais happer par des sensations, par des sentiments tout en sachant parfaitement qu’ils allaient finir par s’effacer dès que je serais beaucoup moins à l’ouest sur mon nuage flottant. Mais, pour le moment, mon cœur cognait fort dans ma poitrine et mon bas-ventre se tordait sous un désir nouveau. Efrain. Sexy. Protecteur. Possessif. Attentionné. Il avait tout ce qui pouvait me faire craquer. Réellement. D’ailleurs, je ne mettais pas longtemps à franchir des limites interdites en laissant mes doigts glisser le long du torse dénudé de mon protecteur. Un instant. Quelques secondes seulement. Et, je sentais sa peau si délicieuse sous mes doigts. J’en avais envie de plus. J’en désirais encore. Mais, je finissais par reposer ma main sur la table comme un gosse qui ne voulait pas subir de remontrance et je me contentais de provoquer Efrain. S’il ne voulait pas que je lui saute dessus, il fallait qu’il s’habille également. Même si le jeune homme sembla prendre tout cela à la rigolade et sembla considérer que je n’en étais pas capable, il disparaissait dans sa chambre à la recherche de quoi se couvrir. Moi ? Moi je me laissais happer par la soif finissant trop rapidement la bouteille d’eau fraîche qu’il m’avait mise entre les mains avant de disparaître. Il ne mit pas longtemps à réapparaître trop vêtu à mes yeux à présent quoique je parvenais toujours à distinguer les muscles de ses bras. Je le matais sans même m’en cacher. Bah quoi ? Pourquoi ne pas assumer ce que j’étais en train de faire ? C’était foutrement naturel. Tout le monde le faisait. Tout le monde regardait toujours autour de soi et tout le monde matait toujours tout le monde. Non ? C’était ainsi dans mon monde en tout cas pour ce soir. Alors, je me fichais qu’il le voit. Il m’offrait des vêtements que j’attrapais tout en sautant de la table de la cuisine et en le remerciant pour ce qu’il faisait. Je retirais ma veste rougissant. Non, ce n’était pas le fait de me déshabiller qui provoquait la rougeur sur mes joues. C’était plutôt le fait de voir le jeune homme sortir son portefeuille et les billets. J’étais toujours gêné de le voir ainsi faire. Pourquoi faire ça pour moi ? Pourquoi payer autant pour moi ? Tout ça pour ne rien avoir en échange. Jamais. Efrain ne m’avait jamais quémandé quoi que ce soit et ça me poussait à me sentir de plus en plus mal au fil des soirées passées ici. Plus le temps passait, plus j’avais presque envie de le rembourser. Mais, j’ignorais comment faire sans impliquer mon papa dans toute cette histoire alors c’était compliqué pour le moment. Je retirais mon pantalon avant de me stopper. Là, en boxer devant Efrain, sans la moindre gêne. Il venait de me demander mon prix pour cette nuit et pour que je vienne demain après les cours. Presque au tac au tac, je répondais que 100$ suffisaient pour ce soir et qu’il n’avait pas ce qu’il fallait pour moi. En relevant les yeux vers lui pour le lui faire comprendre, je remarquais que le jeune homme me matait et je ne pus m’empêcher de sourire devant son comportement. Il fourrait les billets dans l’une de mes poches avant de tenter de me défier avec ce ‘try me’ qui m’arracha un rire soudain. Un rire que je mis de longues minutes à calmer. Et, je finissais par souffler à l’attention d’Efrain.

    C’pas une question d’argent Darling. C’est une question de sexe… Et ça tu peux pas me l’offrir…

    Je terminais de m’habiller avant de relever soudainement les yeux vers lui comme pour faire clairement passer le message. J’avais parfaitement conscience que mon protecteur était prêt à débourser de folles sommes pour être sûr et certain que j’allais rester chez lui. Efrain n’avait pas de limites me concernant et il aurait même été capable de me donner des lingots d’or simplement pour être certain que j’allais venir dans son appartement. Il était capable de me donner toutes les sommes que je demandais sans même faire d’histoires, sans jamais me faire attendre si jamais j’acceptais de rester chez lui. Même si au début, la situation était plus ou moins acceptable parce qu’elle n’était qu’occasionnelle. Genre vraiment très occasionnelle. Plus le temps passait, plus elle se répétait constamment et plus j’avais du mal à m’y faire et à l’accepter sans rien dire. Merde. Efrain me payait – parfois même plus que mes clients – et il ne voulait jamais rien en échange. Il n’acceptait même pas de caresse ou de baisers. Rien de rien. Il ne demandait que ma présence chez lui et nous faisions toujours lit à part. Alors, j’avais de plus en plus de mal à l’accepter. D’autant plus parce que cela signifiait quelque chose que je ne voulais pas reconnaître, quelque chose que je ne voulais pas vivre. Efrain tenait à moi et c’était la raison pour laquelle il était prêt à tout ça. Et, ça ne pouvait pas être possible. Merde. Je n’étais qu’un déchet. Je n’étais qu’une horreur. Personne ne pouvait s’attacher à moi. Alors, le jeune homme me mettait au défi de lui donner n’importe quelle somme pour que je vienne chez lui directement après les cours le lendemain. Malheureusement pour lui, heureusement pour moi, ce n’était pas une histoire de fric qui me poussait à refuser. Je n’aurais pas fait autant d’histoire sans doute quand bien même j’aurais cherché à négocier. Mais, ce n’était pas ça. Non. Comme je le soufflais au jeune homme, ce n’était pas une question d’argent. Je lui donnais même un doux petit surnom comme pour adoucir mes propos, comme pour le pousser à mieux accepter ma raison. Je ne pouvais pas venir chez lui demain après les cours et c’était une question de sexe. Et, sur cette question, lui et moi tombions d’accord sur le fait qu’il ne pouvait pas me l’offrir. J’haussais les épaules avant de me détourner pour retourner vers la table de la cuisine. Je grimpais de nouveau sur cette table comme si j’étais persuadé d’avoir trouvé ma place pour une partie de la nuit – et c’était le cas sans doute parce que je m’y sentais bien – je sortais également mon paquet de cigarettes de la poche de mon pantalon et j’en glissais une entre mes lèvres avant de relever mes sombres prunelles vers Efrain. C’était comme si je lui demandais silencieusement l’autorisation pour allumer ma clope ici. Après tout, peut-être qu’il préférait que j’aille le faire à la fenêtre ce soir ou peut-être qu’il ne voulait pas que je fume pour éviter que j’abuse encore d’autres substances. Pour mon plus grand plaisir, Efrain finissait par me donner l’autorisation d’allumer mon bien uniquement si mes cigarettes étaient composées de tabac. Sauvé, c’était le cas pour celle que j’avais entre les lèvres. Alors, un sourire de gamin vainqueur sur le visage, j’acquiesçais avant d’attraper mon briquet et d’allumer ma clope. Efrain me souffla que je connaissait la maison, qu’il me laissait sa chambre et qu’il allait squatter le canapé. Je tirais sur ma cigarette avant de secouer négativement la tête. Non, je n’allais pas faire le facile ce soir. Non, je n’allais pas ne pas tenter de négocier. Pas alors que les substances dans mon corps me donnaient encore assez de culot pour oser. Alors, je passais ma langue sur mes lèvres sautant de nouveau de la table pour me rapprocher d’Efrain. Je m’arrêtais à quelques centimètres de lui évitant de le toucher pour ne pas créer des ennuis. Un sourire amusé en coin, je plantais mes prunelles dans les siennes. Et, je finissais par quémander de façon douce et charmeuse à la fois.

    Tu… T’veux pas dormir avec moi… S’il te plait ?
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    I think I need you

    Lorenzo
    Certaines réflexions me font perdre l’esprit. Je suis pourtant un garçon hyper calme, pas du genre à trop se prendre la tête sur des détails sans importance, à prendre ce qui vient et à vivre au jour le jour autant que possible. Il n’y a que mes études qui m’éloignent de cet état d’esprit, en médecine tu n’as aucune place pour l’approximation, la moindre erreur peut être fatale et ils te le font très bien ressentir dès la période universitaire. Je suis avide de dépassement de soi, surperformer et conserver ce titre de major de promo c’est clairement ce qui me motive le plus, il est tout simplement hors de question que je sois juste bon, j’aspire à bien plus que cela, à l’excellence qui t’ouvre des tonnes de portes et te permet de choisir précieusement tes options sans avoir à te prendre le chou. Le mec plutôt bonne pâte, bon pote, avec qui tu peux délirer et qui est là en dépit des circonstances pour prendre soin des autres disparait en un claquement de doigts derrière un océan de colère lorsque Lorenzo emploi ces mots, lorsqu’il me provoque de la sorte pour obtenir une réaction qui n’est, je pense, pas du tout celle qu’il attendait. Aurait-il plus de difficultés qu’il ne veut bien se l’avouer à catégoriser les choses ? L’attachement – beaucoup trop important pour ma propre santé mentale – que je lui porte ne signifie en rien que je lui suis soumis. Je suis peut-être là, à garder un œil sur lui, à veiller au grain, à l’accompagner à ses séances de révisions, à accourir dès qu’il a besoin de moi mais je n’aurais pas le moindre remord à lui tourner le dos s’il pousse trop loin le bouchon. Je ne suis pas son chien, pas son esclave et je n’irais jamais dans son sens sous prétexte qu’il dicte le tempo. Des adaptations, j’accepte d’en faire des tonnes. Je suis là, à serrer le poing en tâchant de rester le plus impassible possible lorsque je le sais dehors, à faire toutes ces choses qui me répugnent et qui font se serrer mon cœur parce que j’aimerais qu’il puisse vivre autrement, qu’il parvienne à s’épanouir plus sainement, – espèce d’hypocrite, Efrain… T’aimerais simplement qu’il s’épanouisse à tes côtés… T’aimerais être suffisant. – putain de merde, cette simple pensée me fait monter en pression un peu plus encore. Le voir se vanter de la sorte de se mettre la tête à l’envers, de ressortir de je ne sais où avec les bras défoncés, des hématomes plein le corps et une satisfaction d’avoir su feindre l’orgasme… Qu’il me provoque ainsi en menaçant de me laisser là alors qu’il m’a arraché à un sommeil dont j’ai désespérément besoin pour m’en mettre plein la tête avec ses conneries… Je perds pieds et lâche les lions, peu importe la dureté de mon regard, peu importe que mes paroles soient aussi tranchantes qu’une lame de rasoir, peu importe que les regrets affluent dans mon esprit à la seconde même où mes mots sont prononcés à voix haute… Je ne baisse jamais les yeux, je l’affronte, noir, acerbe alors qu’il bat en retraite. Nous y sommes, il a compris la leçon. Il s’excuse et je ne dis rien, j’ai bien trop la haine pour le moment, alors je me contente de lui attraper le plus tendrement possible les poignets pour m’en occuper, pour soulager la douleur physique qui l’assaille, pour ne plus avoir à affronter les marques d’une soirée qui va me hanter… Une de plus, je ne compte plus les fois où il a débarqué de la sorte, en me retournant l’estomac avec toutes ses blessures, tous les traumatismes qu’il inflige à son corps sans se rendre compte des dangers de tels excès combinés à une telle activité. J’applique soigneusement la pommade du bout des doigts, pour essayer de ne pas trop lui faire mal en exerçant une trop forte pression et c’est ce moment qu’il décide d’utiliser pour se justifier, pour réagir à mes propos de tout à l’heure. Je relève la tête, une bandelette entre les doigts et le toise longuement du regard, il n’y a plus de colère, juste de la tristesse… Parce qu’il me met le cafard à chaque fois, parce que j’aimerais qu’il soit heureux, juste cela… « C’est le pire, Lorenzo… » Je baisse à nouveau la tête pour jeter un coup d’œil à cette bande, putain de mauvaises habitudes, ne pourrait-il pas juste venir ici comme n’importe qui, pour me voir… Pour que l’on passe de bons moments tous les deux… Ne pourrait-il pas aspirer à autre chose ? Pourquoi s’empoisonner de la sorte ? Comment lui faire découvrir d’autres alternatives à cette folie furieuse… Comment parvenir à lui montrer qu’il existe d’autres moyens de se sentir bien, des solutions qui n’impliquent pas de se mettre dans de tels états, de risquer sa vie à chaque instant. « Tu n’as pas idée d’ô combien ça me brise le cœur de me dire que tu ne sauras jamais ce que cela fait de… De faire l’amour véritablement à quelqu’un, de ressentir tout ce désir, d’étouffer sous la pression que cela provoque, d’en avoir l’estomac retourné, de vouloir faire les choses correctement et de prier pour que le temps s’arrête… De contempler l’autre et de partager un tel moment à deux… Sans faux semblants, sans limites, sans conditions… Sans artificialité ! »

    Je prends la fuite lorsque ses doigts effleurent de la sorte ma peau, lorsque ses yeux se mettent à me bouleverser de la sorte. Certaines choses se doivent d’être cloisonnées pour notre bien à tous les deux. Aucune pensée de ce genre ne doit être autorisée à me traverser le cerveau et pourtant… Entre la théorie et la pratique il y a bien des différences, des tonnes de nuances que j’ai beaucoup de mal à appréhender comme je le devrais. Plutôt que d’accumuler les maladresses et de me mettre en péril, j’opte donc pour la première excuse qui me vient à l’esprit et bat en retraite. Là, dans cette chambre où je prétends chercher des vêtements que j’ai déjà trouvé, je prends le temps d’inspirer longuement, d’expirer, de me recentrer… Aucune distraction, aucune déviance, rien qu’une présence protectrice, rien que Lorenzo et son bien-être. C’est la seule chose qui m’importe, qu’il ne soit pas blessé, qu’il soit en bonne santé – autant que possible avec son train de vie – et qu’il se sente en sécurité. Il se déshabille, crame ce répugnant réflexe que j’ai de laisser mes yeux s’attarder et désirer un corps qu’il m’est interdit de me remémorer jusque dans mes rêves les plus indécents… J’opte pour l’argent, le seul moyen de m’assurer qu’il ne m’abandonne pas… Probablement la seule manière de le motiver à rester, à me supporter. Triste Efrain, t’es vraiment tombé bien bas, à dépenser de l’argent sans compter pour quelqu’un qui s’en bat royalement les couilles de toi… Sauf qu’il ne s’en fiche pas, pas totalement du moins et on le sait très bien tous les deux. Il ne se serait pas excusé, il ne se serait pas senti aussi minable si tel avait été le cas. Cet argent que je glisse dans la poche de son pantalon, c’est ma seule assurance, la seule garantie que j’ai de le voir demain matin au réveil, de pouvoir lui préparer un petit-déjeuner et de m’assurer qu’il va bien avant de partir en cours. J’ai ce besoin maladif de veiller sur lui, je ne peux pas m’en empêcher. Savoir qu’il dormira dans mes draps cette nuit, ça me rassure… Rien ne lui arrivera pendant que j’aurais les yeux fermés. Je baisse la tête honteusement lorsqu’il chasse toute éventuelle somme d’argent que j’aurais pu lui proposer pour acheter sa soirée de demain, il ne recherche rien d’autre que du sexe et… Sur ce point, il a tout à fait raison, je ne peux pas le lui offrir. « Je vois… » Je ne pourrais pas le toucher de toute manière, que mon corps soit d’un autre avis ou non, que cette putain d’enveloppe charnelle s’emballe en même temps que mon palpitant lorsque mes yeux se posent sur lui… Que ses yeux dans les miens me fassent perdre toute capacité à penser clairement… Je suis persuadé qu’il y aurait un immense blocage qui m’empêcherait de m’abandonner à mes pulsions, cette petite voix dans ma tête qui me rappellerait que je ne serais rien de plus qu’un bout de viande pour lui, qu’il ne ressentirait rien… Que je ne serais dès lors rien de plus qu’un porc supplémentaire. Un bon moyen de tout faire redescendre, parce que je vaux mieux que cela… Parce qu’il mérite mieux que cela, Lorenzo. Sa requête me fait vaciller et je reste con, là, à l’observer pendant de longues minutes sans trop savoir que dire. « Non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée Lorenzo… » Nous n’avons jamais dormi ensemble, nous n’avons jamais été proches à ce point et… Et j’ai peur, peur de ne pas savoir me comporter, peur de toutes les choses qu’il pourrait choisir de tenter pour me mettre en danger… Tu es plus fort que tu ne le crois Efrain, tu tiens bien trop à lui pour vous mettre en danger, tu y arriveras ! « Bon… D’accord. » J’acquiesce en me grattant la tête. « Je… Je vais garder mon sweat et mon jogging ! » Je précise à haute voix, comme pour chercher à me rassurer. Je déteste dormir aussi vêtu, mais j’ai peur de tenter le diable en me trimballant en boxer sous ses yeux. Je l’accompagne jusque dans ma chambre, dans ce lit qui nous accueillera bientôt tous les deux. J’ai le cœur qui bat tellement vite, pourquoi bat-il si fort ? Pourquoi suis-je aussi nerveux soudainement ? « Tu as besoin de quelque chose ? » Je lui demande une dernière fois avant de me coucher, toujours aussi attentif à ses besoins.

     
    (C) CANTARELLA.
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    Lien du postVen 19 Avr - 20:25
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    Les doigts d’Efrain glissaient sur ma peau et c’était trop délicieux. Ils éveillaient tellement de choses en moi et je sentais ces putains de frissons m’électriser alors que je n’aurais pas dû y faire attention. Merde. C’était quelque chose que je préférais noyer et oublier au plus profond de mon être en règle générale. C’était ce que je faisais tout le temps. J’en venais d’ailleurs à mordiller ma lèvre afin de me contenir à cet instant précis. Il était absolument hors de question de gaffer en soufflant des propos ou en agissant comme il ne le fallait pas. Il était impensable que j’en vienne à tout foutre en l’air. Merde. Tout ce qui se déroulait en cet instant n’avait rien d’amoureux ou de sexuel et ça devait entrer dans ma tête. C’était simplement… C’était juste de l’attachement amical qui ne découlerait sur rien de plus. Jamais. Ouais. Je ne savais pas réellement comment nommer ma relation avec Efrain. J’ignorais même si j’aimais réellement donner ce nom d’attachement à la relation que j’entretenais avec le jeune homme. Néanmoins, si je voulais vous confier la vérité, il s’agissait obligatoirement de ce mot qui devait glisser entre mes lèvres. L’attachement. J’étais réellement attaché à Efrain et il aurait été plus qu’idiot de tenter de dire le contraire. Je le savais. Je le sentais. Et, même si je détestais ça, il n’y avait aucun moyen de l’empêcher. Dès lors que les choses tournaient mal, j’avais besoin de retrouver Efrain. Dès lors que l’enfer s’acharnait un peu trop sur mon être, je désirais me réfugier auprès du jeune homme comme s’il était en mesure de tout guérir et de tout apaiser. Ridicule hein ? J’agissais comme si le sexy garçon qui se trouvait face à moi en cet instant était devenu ma zone de bien être dans toute cette tornade qu’était ma vie. J’avais besoin de lui et bordel j’en avais beaucoup trop conscience. Je me bouffais soudainement cette vérité en plein visage. C’était comme une claque inattendue qui surgissait dans mes pensées et qui me prenait aux tripes. C’était simplement une vérité qui se dessinait devant mes yeux tant j’étais défoncé. Une vérité que j’avais envie d’enfouir au plus profond parce que je ne voulais pas qu’elle cogne en moi. Je ne voulais pas ressentir tout cela. Je ne voulais pas dépendre des autres. Je refusais de m’attacher parce que ce serait prendre le risque de souffrir et de tout foutre en l’air. Un soupir intérieur m’échappa sans que je ne puisse le contrôler tandis que mon cerveau se remettait à cogiter. Efrain était-il attaché à moi lui aussi ? Cela pouvait-il être vrai ? Je ne savais pas. Je l’ignorais. Une partie de moi criait pourtant qu’il l’était. Après tout, le jeune homme s’occupait régulièrement de moi. Même s’il me faisait trop souvent la morale et qu’il m’en voulait pour mes sorties nocturnes, il ne me laissait jamais sur le pas de sa porte. Efrain veillait toujours sur ma santé et sur mon bien-être. Il tentait même de faire tout son possible pour que je reste à ses côtés. Il acceptait de débourser des sommes folles simplement pour m’avoir à côté de lui. Alors, était-il attaché ? Zut. Y avait-il même plus que de l’attachement de son côté ? Et, soudainement, l’interrogation me frappa. Était-il seulement possible qu’Efrain ait développé de quelconques sentiments à mon égard ? Non. Franchement, c’était ridicule. C’était tellement idiot. Ce ne pouvait pas être possible. Je ne l’aurais pas mérité. Jamais. Je secouais soudainement la tête pour réfuter toutes ces pensées qui se baladaient à l’intérieur de moi en cet instant. J’étais fichtrement trop défoncé pour réfléchir correctement. Je me perdais dans milles et une ligne comme un pauvre petit idiot. Et, ce n’était pas bon. Non. Il fallait simplement que j’arrête de penser et de réfléchir ce soir. Il fallait juste que j’oublie ces sensations qui parcouraient mon corps tandis que le sexy jeune homme soignait mes poignets blessés de cette nuit que j’avais accepté de vivre ce soir. Cette nuit qui m’avait plu quand bien même peu de monde parvenait réellement à le comprendre. De toute évidence, peu de personnes étaient réellement en mesure de comprendre mon activité et le pourquoi je m’y abandonnais autant. D’ailleurs, j’étais persuadé que même Efrain ne parviendrait pas réellement à saisir toute la complexité de la situation. Mais, je n’étais qu’un petit idiot qui avait trop consommé et les propos passaient entre mes lèvres sans que je ne puisse rien y faire. Les yeux d’Efrain se plantaient dans les miens suite à ces mots qui m’avaient échappé concernant mon activité. Je n’avais eu aucune envie de dire quoi que ce soit à ce sujet, mais je l’avais fait. J’avais laissé passer cette confession concernant l’état de ma situation par rapport aux coucheries. Oui, j’étais un prostitué. Et, quand bien même je ne m’en vantais pas particulièrement, je n’étais guère du genre à masquer mon activité. Je n’en avais pas honte. Pas alors qu’elle me permettait de mettre de l’argent dans mes poches et de satisfaire tous ces besoins qui cognaient vivement à l’intérieur de mon être. Étais-je fier d’être un prostitué ? Ouais, sans doute un peu. À l’intérieur de mon être, quelque chose me soufflait que je l’étais et que je pouvais me permettre de l’être. Après tout, j’étais doué dans mon job et il me plaisait – la majorité du temps en tout cas. Il y avait toujours des soirs comme celui-ci où les clients allaient trop loin et me poussaient à me sentir sale. Il y avait toujours des coucheries qui me heurtaient au point de m’en rendre malade. Mais, ce n’était que des cas à part. Ce n’était pas la généralité. La généralité était toute autre et elle était loin de plaire à Efrain. Je venais de confier au jeune homme que je ne savais plus appliquer la différence entre baiser et faire l’amour. Je ne faisais plus l’amour. L’avais-je seulement déjà fait ? Au fil des années, tout n’était devenu qu’un automatisme pour moi dès lors que je me retrouvais au lit avec quelqu’un. J’agissais toujours de la même manière et je refusais plusieurs choses. Je rejetais les baisers pour éviter de créer de quelconques liens. Je refusais la tendresse pour ne pas en devenir dépendant. Je ne parvenais à les accepter et je préférais m’abandonner dans la baise brutale. Le regard qu’Efrain me lança suite à ma confession n’avait plus rien d’agressif. Il n’y avait plus cette colère qui m’avait poussé à rebrousser chemin et à abaisser les armes quelques minutes plus tôt. Il n’y avait plus cette rage qui m’avait conduite à des excuses trop réelle. Nous avions déjà tiré un trait sur cette semi-dispute. Cela se passait presque toujours comme ça entre Efrain et moi. C’était presque comme si notre instant de dispute n’avait pas existé. Cela avait été aussi violent que trop bref. Et, à cet instant, les yeux d’Efrain ne reflétaient plus que de la tristesse. Zut… Je préférais sans doute la colère. Je n’aimais pas rendre le jeune homme mal. Non, je n’aimais pas ça du tout. Nope. Efrain souffla que c’était le pire. Qu’est-ce qui était le pire ? Ma situation actuelle où je n’étais pas foutu de coucher uniquement pour un plaisir humain qui me comblerait ? Je mordillais nerveusement ma lèvre préférant rester silencieux. De toute façon, je n’avais rien à ajouter sur le sujet. Je ne voulais pas ajouter quoi que ce soit. Mais, ce ne fut pas le cas d’Efrain qui décida de reprendre la parole. Il souffla que je n’avais pas idée d’ô combien cela lui brisait le cœur de savoir que jamais je ne saurais ce que cela fait de véritablement faire l’amour à quelqu’un. Je ne saurais jamais ce que c’était de ressentir tout ce désir, d’étouffer sous la pression que cela provoquait. Je ne saurais jamais ce que ce que ce serait d’en avoir l’estomac retourné, de vouloir faire les choses correctement et de prier pour que le temps s’arrête. Je ne saurais jamais ce que ce serait de contempler l’autre et de partager un tel moment à deux. Sans faux semblants. Sans limites. Sans conditions. Sans artificialité. Les yeux baissés sur mes poignets, je restais silencieux quelques secondes. Quelques minutes. Et, soudainement, je relevais les yeux tandis que trois petits mots glissèrent entre mes lèvres.

    Apprend-moi alors…

    Mes prunelles sombres s’étaient soudainement plantées dans celles d’Efrain lorsque les mots m’avaient échappés. C’était comme si j’étais réellement en train de le mettre au défi d’accomplir ce que je lui demandais. C’était comme si je souhaitais réellement qu’il donne vie à cette demande qui avait passé la barrière de mes lèvres. Merde, elle avait glissé sans doute parce que j’étais fichtrement trop défoncé pour réellement tout contrôler. La preuve était que je n’avais aucunement l’intention de parler de ce sujet à nouveau. Pendant qu’Efrain babillait sur ce point, je m’étais mis d’accord avec moi-même. Je ne voulais pas rajouter quoi que ce soit concernant ma vie sexuelle et ma façon de vivre ces moments. Je ne voulais plus en parler. Et, pourtant, il avait fallu que le jeune homme se mette à décrire des milliers de choses que je ne vivrais sans doute jamais. Il avait fallu qu’il plonge dans des descriptions qui m’avaient retournés la tête. Et, boum, voilà ce que ça donnait. Je m’étais mis à souffler ces trois petits mots comme une proposition lancée sans réfléchir. Comme un défi que je lui lançais au visage et qu’il aurait dû être en mesure de relever. Merde. Mais, qu’est-ce que je foutais ? Sérieusement ? J’étais en train de tout foutre en l’air. Un sourire amusé finissait par se dessiner au coin de mes lèvres. Quelques secondes après. Quelques minutes après. Sans doute trop tard. Je laissais ce sourire prendre vie comme pour clamer haut et fort que je savais parfaitement que tout cela n’était qu’un jeu. Je laissais ce sourire amusé passer sur mon visage comme pour qu’Efrain comprenne que je n’étais pas sérieux sur un tel sujet. Malheureusement pour moi, pour lui, pour nous, mon sourire était venu trop tard. Il avait mis trop longtemps à prendre place sur mon visage et je ne savais pas comment Efrain allait prendre mon défi. J’ignorais ce que je venais de foutre et le bordel que je venais peut-être même de créer. Merde. Je n’aurais jamais dû me permettre de rigoler sur quelque chose qui avait le pouvoir de tout modifier entre le jeune homme et moi. Mais, zut, c’était de sa faute aussi. Pourquoi avait-il décrit toutes ces choses que je ne pourrais pas connaître ? Pourquoi avait-il cherché à me faire réagir sur ce sujet ? S’était-il attendu à une telle réaction ? Non, sans doute pas non puisque je ne m’attendais moi-même pas du tout à lancer un tel défi à Efrain. Un défi qui planait dans l’air et qui sembla s’accentuer lorsque mes doigts glissèrent sur le torse dénudé du jeune homme. Quelques secondes. Quelques instants. Comme une tentation à laquelle je cédais sans pouvoir m’en empêcher. Bordel, cela sonnait même presque comme une tentative de convaincre le jeune homme de céder à ma demande. Cela ressemblait clairement à un essai pour le corrompre afin qu’il accepte de relever le défi. Heureusement pour nous deux, je me sentais encore comme un gosse qui avait peur de se faire fâcher et je m’étais empressé de retirer ma main pour la déposer de nouveau sur la table. Quant à Efrain, le jeune homme n’avait pas tardait à s’enfuir. Comme s’il prenait ses jambes à son cou. Comme s’il fallait remettre de l’espace entre nous. C’était foutu pour qu’il accepte de relever le défi ? C’était fichu pour l’apprentissage n’est pas ? Oh et puis zut, pourquoi est-ce que j’y pensais autant ? Je secouais la tête me frappant même le crâne de la main comme si j’espérais me remettre sur le droit chemin. Efrain venait de disparaitre dans sa chambre m’abandonnant dans la cuisine avec de l’eau et des céréales à mes côtés. C’était comme si je me devais de manger et de boire. Comme si je n’étais qu’un enfant à qui l’on indiquait quoi faire. J’avouais que j’avais quand même descendu toute la bouteille d’eau en quelques secondes seulement tant j’avais l’impression d’avoir traversé le désert. J’avais la gorge si sèche que l’eau était bienvenue. En revanche, il était hors de question que je mange. Je ne me sentais guère en état d’avaler quoi que ce soit. Je ne voulais pas prendre le risque de vomir ici. Je ne voulais pas être malade devant Efrain parce qu’à cet instant, je savais que si ça commençait, je risquais d’être dans un état tellement minable. Et, je ne voulais pas lui imposer ça. Non. Heureusement pour moi, je n’eus pas à me torturer longtemps concernant la nourriture puisqu’Efrain débarquait de nouveau dans la cuisine. Il était vêtu cette fois. Pourtant, malgré ces vêtements, je ne pouvais pas m’empêcher de le mater et je ne m’en cachais même pas. Il n’y avait aucune honte à avoir. C’était naturel de mater les gens autour de nous de toute façon. Je sautais de la table pour me vêtir avec les vêtements qu’il venait de me lancer. Un jogging et un tee-shirt. Je retirais ma veste et mon pantalon jetant de tant à autre des regards vers Efrain. Le jeune homme s’activait avec son portefeuille et la rougeur atteignait mes joues. Il voulait me payer encore. Il allait me payer une nouvelle fois. Et, en échange, qu’aurait-il ? Que demanderait-il ? Rien. Cela me rendait tellement malade. Cela me poussait à me sentir tellement gêné. C’était désagréable. Pourtant, en boxer devant lui, je répondais du tac au tac à sa demande. Sa demande pour que je reste cette nuit. Sa demande pour que je vienne après les cours demain. 100$ pour cette nuit, c’était suffisant. Rien pour demain car je ne reviendrais pas. Efrain avait tenté de me défier comme pour me prouver qu’il n’avait aucune limite au niveau de l’argent à dépenser pour que je reste. Malheureusement pour lui, ce n’était pas une question d’argent. C’était du sexe et ça il ne pouvait pas me le donner. Je le savais. Il le savait d’ailleurs puisqu’il se contenta d’une constatation comme pour marquer qu’il avait parfaitement compris la situation. J’haussais les épaules en mordillant ma lèvre avant de me remettre à m’habiller. Je remontais sur la table de la cuisine comme si j’y avais trouvé ma place et je demandais l’autorisation de fumer ma cigarette. Cette autorisation ne tarda pas à venir tant et si bien que ma clope se trouva bien vite allumée. J’envisageais même de manger quelques céréales lorsqu’Efrain reprit la parole pour annoncer la suite de la soirée. Il allait prendre le canapé et me laisser la chambre. En règle générale, je le laissais faire et j’acceptais sans rien dire. Malheureusement, ce soir, j’allais me la jouer capricieux. Sautant de la table, je m’approchais du jeune homme en quémandant qu’il dorme avec moi. La réponse tomba rapidement. Il ne croyait pas qu’il s’agissait d’une bonne idée. Mais, moi, je m’en fichais que ce soit une bonne idée ou non. Je le voulais. J’haussais les épaules laissant mes prunelles observer Efrain. Encore et encore. Je sursautais presque en entendant soudainement l’accord du jeune homme. Mes prunelles le fixaient parce que je ne parvenais pas à croire qu’il venait de me dire oui. Et, pourtant, c’était bel et bien le cas. Efrain était d’accord. Un sourire aussi satisfait qu’heureux se dessina aussitôt sur mon visage. Je tirais sur ma cigarette avant d’éclater de rire suite aux derniers mots d’Efrain. Il allait garder son sweat et son jogging. Je mis quelques minutes à me calmer de mon fou rire qui venait de nulle part sans doute et je finissais par souffler quelques mots pour le jeune homme.

    Non, mais Ef’, t’es pas obligé de dormir avec autant de vêtements. Tu ne seras pas confortable. Puis, j’sais me tenir t’sais et je ne vais pas te violer non plus.

    Un grand sourire de gamin amusé se dessina sur mon visage tandis que je le fixais pendant quelques secondes pour qu’il comprenne bien à quel point j’étais sérieux et sincère dans mes propos. Je finissais même par tirer la langue à Efrain comme pour le provoquer encore plus. Zut, il était tout de même en train d’exagérer grandement en voulant garder tous les vêtements qu’il portait pour dormir. Cela me semblait tellement ridicule. À moins d’être trop malade ou réellement défoncé, aucune personne censée ne dormirait avec autant de vêtement sur elle. Si ? Rha, je ne savais pas, mais ça ne me semblait pas logique sans doute parce que je dormais quasiment nu et que c’était trop agréable pour envisager quelque chose d’autre. Puis, Efrain n’était pas du genre à dormir très couvert. Après tout, je l’avais tiré du lit en arrivant ici et il ne portait qu’un boxer. Pourquoi ne voulait-il pas se remettre dans sa tenue pour dormir ? Avait-il aussi peur de moi que ça ? Je ne savais pas, mais je m’étais empressé de mettre les choses au clair comme s’il fallait qu’il comprenne à quel point il exagéré quand même. Je lui soufflais qu’il n’était pas obligé de dormir avec autant de vêtements car il ne serait pas confortable. J’étais certain qu’Efrain serait d’accord avec moi sur ce point. Et, comme pour pousser mes mots encore plus loin, je soufflais au sexy jeune homme que j’étais capable de me tenir et que je n’allais pas le violer non plus. Bon, je risquais de le mater, c’était clair. Mais, bordel, je n’allais pas prendre le risque de foutre en l’air notre relation en agissant n’importe comment. Je n’allais pas essayer de franchir de lignes interdites. Ou tout du moins je l’espérais. Étant donné l’état défoncé dans lequel je me trouvais, je n’avais pas fait de promesse à l’attention d’Efrain parce que je ne pouvais pas me le permettre. Il était toujours possible que les choses m’échappent facilement. Mordillant ma lèvre, je préférais ne rien dire de plus espérant que mes propos seraient suffisamment rassurants pour Efrain. Je terminais ma cigarette avant de l’écraser et de suivre le jeune homme jusqu’à la chambre. Sa chambre qui allait, pour cette nuit, devenir notre chambre. Un sourire glissa sur mon visage à cette pensée. Stupide gamin un peu trop défoncé. Idiot gosse un peu trop perdu. Je jetais un regard à Efrain et je lui envoyais un sourire que je voulais rassurant. Merde, j’avais l’impression que le jeune homme allait me claquer entre les doigts. Pourquoi était-il aussi nerveux ? Qu’y avait-il de mal à dormir dans le même lit ? Cela ne voulait pas forcément dire quelque chose. Cela pouvait totalement être innocent. Non ? Si, sans doute. Je l’ignorais en vérité puisque j’évitais clairement de partager mon lit avec qui que ce soit pour autre chose qu’une partie de jambe en l’air. Et, dès que l’affaire était terminé, c’était adieu, dégage de mon lit. J’avançais dans la pièce comme si je m’appropriais déjà la place. Je me retournais soudainement vers Efrain lorsqu’il me demanda si j’avais besoin de quelque chose. Avais-je besoin de quelque chose ? Mes sourcils se fronçaient sous la réflexion qui faisait son chemin en moi. Il était si attentif à tous mes besoins encore une fois. Il faisait tellement attention à ce qu’il me fallait. Et, je finissais par souffler un « Juste toi… » que je regrettais presque aussitôt. Merde. Ne pouvais-je pas juste fermer ma gueule ? Je finissais par secouer négativement la tête comme pour dire que non je n’avais besoin de rien de plus. Je m’arrêtais au pied du lit pour retirer le tee-shirt qu’Efrain m’avait donné quelques minutes plus tôt. Torse nu, j’hésitais un instant avant de finalement opter pour garder mon jogging même si je détestais ça. Je ne voulais pas mettre le jeune homme trop mal à l’aise. Je me dirigeais vers le lit soulevant la couverture pour me glisser dessous. Et, mes prunelles se relevaient pour se poser sur Efrain. Je n’attendais que lui maintenant. Allait-il vraiment venir ou allait-il préférer s’échapper ?
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    I think I need you

    Lorenzo
    Il y a certaines choses que tu ne peux tout simplement pas contrôler. Tu aimerais parfois prendre des décisions et t’y tenir, te comporter en adulte raisonnable et ne penser qu’à ton propre bien mais lorsque le moment arrive, c’est tout le contraire qui se produit. Soyons réalistes, de prime à bord Lorenzo n’est pas quelqu’un qui m’apportera du bonheur, il ne me rendra surement pas heureux et il pourrait même figurer parmi les proches qui seraient le plus à même de me blesser si l’occasion devait se présenter pour X ou Y raison. Je suis sévère avec lui, je le sais, extrêmement dur dans la manière de me préparer au pire, mais il n’y a qu’ainsi que je pourrais éviter la douleur et les plaies trop profondes. Le goût de la déception me fait tellement vriller que je préfère tout mettre en œuvre pour en atténuer les caractéristiques qui pourraient potentiellement me faire perdre la raison et sombrer dans un état proche de la tristesse. On ne me connait pas déprimé, l’Efrain que tous les gens du campus côtoient à toujours le sourire, dans le pire des scénarios, il est énervé contre quelqu’un et se montre quelque peu bourrin mais jamais tu ne le vois les yeux qui pétillent parce qu’embourbés dans des larmes qu’il a du mal à contenir… La peine, je préfère la soigner chez les autres plutôt que d’avoir à l’affronter chez moi. Pourtant, je ne suis qu’un homme, un être humain qui ressent les émotions avec la même intensité que n’importe quel quidam et qui, tôt ou tard, est obligé de laisser ce cocktail instable achever de tout embraser pour que toute la structure s’effondre en une grosse explosion. La reconstruction démarre si rapidement que tout le monde n’y voit que du feu. J’excelle dans cet art du camouflage, à trouver le moment idéal pour m’isoler, un instant qui parait tellement naturel aux yeux de mes proches que personne ne se demande pourquoi je suis soudainement injoignable pendant vingt-quatre, quarante-huit heures. S’ils savaient. Ce n’est pas plus mal qu’ils se bercent d’illusions, ça évite bien des problèmes à tout le monde, moi le premier. N’importe quel être humain doté d’un minimum de jugeotte saurait vous dire que notre relation n’est pas saine, qui pourrait prétendre le contraire à partir du moment où je suis obligé de le payer des sommes monumentales pour m’assurer sa présence près de moi. Vous avez tout à fait raison, personne. Cet argent, il n’y a aucun doute à avoir quant au fait que je pourrais l’investir plus intelligemment, comme je le faisais auparavant, dans des associations qui viennent en aide aux gens victimes de sujets qui me tiennent particulièrement à cœur : la discrimination et l’homophobie. Ces structures auxquelles je donne un petit peu moins ces dernières semaines parce que je ne peux pas être sur tous les fronts avec la même générosité… Parce que le combat, je le mène ici, sur place, avec un garçon formidable qui, je le sais, est bien plus complexe qu’il ne veut bien se l’admettre. Lorsque je l’écoute parler, se vanter d’avoir une vie qui lui plait, m’exposer sa pleine satisfaction face à une consommation intensive de substances qui le tuent à petit feu et à de la prostitution au sens littéral du terme… Lorsque j’entends tout cela, je ne peux m’empêcher de me dire que tous ces mots qu’il prononce, ils ne sont pas là pour me convaincre moi, mais pour le convaincre lui. Il y a surement une part de vérité là-dedans, je peux même l’affirmer avec certitude, mais au fond de lui, et même s’il ne se l’admettra peut-être jamais, je peine à croire qu’il ne soit pas tenté par autre chose, par une facilité qui lui permettrait de se soustraire à certains questionnements, à certaines impressions, à certaines sensations qui poussent systématiquement le charmant garçon à se réfugier près de moi. Moi, le seul qui n’a jamais cherché à abuser de lui, qui ne lui a jamais rien demandé si ce n’est d’être prudent et qui sera toujours là pour aligner les billets… Parce qu’un Lorenzo suffisamment payé, c’est un Lorenzo qui ne se met pas en danger pour quelques dollars supplémentaires. La peine est réelle, je suis profondément attristé à l’idée qu’il ne puisse plus jamais connaitre l’épanouissement qui vient avec l’amour, qui découlé d’activités sexuelles qui sont romantiques – parfois – mais qui n’ont rien de planplan pour autant. Lui, il a surement une image hyper classique en tête, du genre à t’endormir n’importe quel individu en plein milieu de l’acte alors qu’au plus bas, je me suis toujours montré très imaginatif avec mes partenaires. Surement parce que le désir était là, avec le désir tu arrives toujours à puiser dans tes réserves et à tout donner. Ses yeux se redressent sur moi, ils viennent me percuter de plein fouet en même temps que ces trois mots qu’il prononce. Trois putain de mots qui me font frémir, tressaillir, faillir, étouffer et font rater un battement à ce cœur beaucoup trop fragile pour survivre à ce genre d’émotions. Je reste con, c’est le moins qu’on puisse dire, là, comme un imbécile, à avoir tout le mal du monde à soutenir son regard, à comprendre la véritable signification derrière ces mots. Je ne devrais pas m’écouter, je ne devrais pas le prendre au sérieux, parce qu’il ne l’est pas… Il ne le sera jamais, pas avec moi. « Ne dis pas ça ! » Je l’arrête en glissant ma main contre ses lèvres, comme pour l’empêcher de surenchérir, de me mettre encore plus dans la difficulté. Je ne parviendrais pas à m’en sortir s’il continue, je ne parviendrais pas à agir avec raison, comme je le devrais… Comme je me suis toujours promis de le faire avec lui, pour son bien, pour qu’il continue de trouver un refuge en cette maison. « On sait tous les deux que tu n’en as pas envie… Que ce n’est pas ce que tu veux avec moi… Ce que tu veux tout court ! » Je me mordille la lèvre, trouvant en ses poignets un point d’encrage qui me permet d’éviter d’avoir à affronter son regard à nouveau. Les soins, voilà une chose que je connais par cœur, une activité qui n’ébranlera aucunement mes certitudes alors que mon cœur continue de taper comme un maboul dans ma poitrine. Lorsque ses doigts s’aventurent aussi imprudemment sur mon torse nu, ma première crainte lorgne du côté d’une trahison : celle de mon palpitant qui pourrait me griller en vibrant contre ses phalanges, si près de mes pecs, si près de cette partie la plus intime de mon être, bien plus intime et secrète que ce qui se trouve là, quelques dizaines de centimètres plus bas, beaucoup trop à l’étroit dans ce caleçon trop serré.

    L’air est irrespirable, la tension est palpable et je ne tiens plus. Alors j’opte pour la situation de facilité en battant en retraite. Je choisis l’éloignement pour notre bien à tous les deux. Un jogging, un t-shirt, de l’argent jeté par les fenêtres pour m’assurer qu’il soit encore là lorsque je me réveillerais dans quelques heures… Pour qu’il accepte que je nous conduise tous les deux sur le campus… Pour que je sois sûr qu’il ne dévie pas en cours de route. Je sais qu’il tient à ses études, qu’il cravache aussi dur que moi, mais j’ai tellement peur qu’il finisse par lâcher prise sur cette seule perspective optimiste que m’inspire son avenir. Gourmand, je le suis beaucoup trop lorsque je propose de le payer plus grassement encore pour qu’il revienne demain soir alors que lui, tout ce qui le branche, c’est de baiser… Baiser, un bien grand mot pour qualifier un automatisme qui ne lui procure plus aucune émotion… Ce n’est que cela, un mécanisme, une habitude… Je ne l’envie pas et pourtant… Pourtant lorsqu’il demande à ce que je dorme à ses côtés, c’est tout mon corps qui se met à étouffer, à surchauffer, à ne plus savoir comment réagir et interpréter les signes. Sacré bordel qui me motive à refuser assez froidement au départ, parce qu’une telle option n’aurait rien de sérieux… Parce que tu te connais, t’es là, le colosse avec un mental d’acier, mais tes points faibles sont nombreux et tu ne sais qu’écouter ton cœur même lorsque tu devrais opter pour la raison ! La raison… Celle qui me pousse à refuser alors que mon cœur vient tout foutre en l’air au moment où la résignation se fait entendre dans ma voix. Nous partagerons le même lit, option vêtements intégrée.

    Il a ce sourire moqueur, celui qui me fait vriller encore plus parce qu’il a tout à fait raison. Je déteste dormir avec des vêtements, je ne suis pas à l’aise et je crève de chaud – la faute à ma peau naturellement brûlante en permanence et qui me donne cet aspect bouillotte que mes proches adorent – alors ouais… Je préfèrerais largement abandonner ce t-shirt, remiser au placard mon jogging pour apprécier une courte nuit de sommeil en calbut mais ce serait jouer avec le feu, non ? Il est vrai qu’il ne me violera pas, il sait se tenir et il a déjà eu sa dose quotidienne alors… Alors pourquoi mon impulsivité me fait ouvrir la bouche pour remarquer, avec une naïveté qui me donnerait des envies d’auto violence. « On sait tous les deux que le problème est justement là, ce ne serait pas un… » Un quoi, Efrain ? Dis-le ! Prononce ces mots qui te brûlent la gorge, putain de déni, putain de principes, putain de tout ! « Laisse tomber, t’es sûr de ne rien vouloir manger ? » Je demande alors que j’attrape deux bouteilles d’eau pour les embarquer avec nous dans ma chambre. Il risque d’avoir très soif au réveil, effet secondaire d’une bonne grosse gueule de bois des familles. Juste toi… Ses mots me heurtent, ils font se serrer mon cœur à nouveau… J’aimerais tellement qu’ils aient le même sens dans sa bouche que dans la mienne, mais nos définitions sont radicalement opposées… Alors je le laisse abandonner les vêtements que je viens de lui donner, et je l’observe, je le regarde se mouvoir jusque sous les draps, sous cette couette moelleuse sous laquelle il se réfugie sans me quitter des yeux. Et puis merde ! Mes doigts attrapent la ceinture de mon jogging pour le faire glisser le long de mes genoux et l’abandonner au sol. Un bref mouvement me permet de me débarrasser de mon t-shirt et de retrouver le confort de mon simple caleçon au moment de m’allonger à ses côtés. « Tu peux enlever le jogging, si tu veux… Ça m’est égal ! » Je le préviens, mon regard partant à la recherche du sien pour le rassurer. Tout ira bien Efrain, respire ! Mon parfum, il est là, partout sur ma peau, lui qui ne me quitte jamais et qui embaume mes oreillers… Je ne m’en rends même plus compte à force, habitué à cette odeur qui me suit depuis des années, depuis que j’ai succombé pour cette fragrance si particulière. « Si t’as besoin de quoique ce soit, hésites surtout pas à me réveiller, okay ? » Comme s’il allait être aisé de s’endormir avec lui juste là, tout près.

     
    (C) CANTARELLA.
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