( There’s a silencing As the machine arrives here I feel it pulling me I feel the past that's died here I hear it calling me  @PHILIPPA FITZALAN-HOWARD )

Voilà trois semaines pratiquement que je suis à Boston et, petit à petit, je prends mes marques. Clairement, c’est autre chose que ma vie de nomade. Vie mensongère, vie basée sur des secrets, des mensonges. Encore aujourd’hui j’ai du mal à imaginer, à songer ce que ma vie aurait pu être sans que cette connerie soit arrivée. Comment avaient-ils pu me faire ça ? Me vendre pour de gros billets, comme si je n’étais qu’un animal posé dans une animalerie, attendant sagement qu’un propriétaire daigne m’adopter. Cette idée, elle a tendance à me serrer le cœur alors que je revois mes parents s’en aller, les menottes aux poignets, jugés coupables de trafics d’enfants. En soit, ils n’avaient fait que m’acheter, mais le crime reste le même. M’acheter…Non, je dois absolument arrêter de penser à ça, à tout ça. Cette famille qui me pense mort, cette famille qui au final n’est pas la mienne. J’ai été heureux…bien traité, aimé passionnément. Je ne pourrais jamais dire le contraire. J’aime mes parents, mais la rage a laissé place au désespoir, aux regrets. Je suis paumé. Paumé dans cette nouvelle identité. Comment évaluer lorsque mon passé est sans cesse remit en question ? Comment avancer quand j’ai l’impression de marcher sur des ruines prêtes à s’effondrer ? Telle est ma question existentielle du moment. Ça et…comment conduire en Amérique. Bon, ce n’est clairement pas très différent de l’Allemagne…Généralement, je ne conduisais que là-bas, laissant le volant aux autres quand nous vagabondions avec la troupe de pays en pays. De beaux souvenirs…parfois cruels lorsque je repense à cette fille tant aimée qui m’a été brutalement arrachée. Décidément, j’ai un coup de moue là, je devrais arrêter de penser à ça sinon je vais finir dépressif et alcoolique. J’aimerais mieux éviter. D’ailleurs, à force de penser à ces conneries, je ne vois pas la bagnole devant moi s’arrêter et…l’accident arrive. Enfin, un accident, c’est un grand mot vu que je roulais comme un foutu papi à dix à l’heure. Mais ça fait quand même boum. Je ne peux pas m’empêcher de faire des yeux ronds comme des rondelles d’oignons. « Merde ! » Pestais-je en poussant un soupire. Je commence bien moi. Sortant de ma voiture, je lève les bras en l’air. « Je suis désolé…vraiment…je connais pas encore les routes, j’suis nouveau…je contrôle pas la conduite américaine. Je sais c’est pas une excuse… » Ta gueule Orion.

   

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J'ai passé la nuit à bosser et je n'ai plus qu'une seule envie, rentrer chez moi retrouver mon lit. J'espère pouvoir dormir quelques heures avant de retourner sur le campus finir ce que j'ai commencé. J'adore mes études. Vraiment. Mais les horaires sont parfois tuants. Ça fait quatre jours que je me tape les nuits d'observations et je sais que je ne tiendrais pas si je dois en faire une de plus. Pour l'instant, je tiens bien. Mon addiction à la caféine m'aide à tenir le coup. Tout comme le fait que j'ai largement eu mon quota de sommeil avec tous les médocs que je me suis tapée depuis la fin janvier. Les anti-douleurs, qua assomment tellement que je suis sure que j'ai plus dormi en deux semaines qu'en un mois avec un régime normal. Mais malgré tout, je sens bien que je commence à arriver au bout de mes réserves de sommeil. Sûrement parce que je suis prête à insulter la première personne qui aura le malheur de me mettre de mauvaise humeur. Comme le vendeur du Starbucks qui a eut droit à m'a remarque sur son oubli d'un p dans mon prénom. Va falloir que je change mes heures de visites pour ne plus le croiser. Ou changer de café. C'est vrai que vu où j'étudiais maintenant, le café du campus d'Harvard n'était pas le plus proche. Je continue de rouler tranquille, braillant par dessus la musique qui passe à la radio. Crevée mais toujours prête à chanter. Ce n'est pas comme si j'avais spécialement besoin de me concentrer sur les rues pour savoir où aller. Je fais presque le même chemin tous les jours depuis bien trop d'années. J'ai passé mon permis ici, avant même d'être en âge de le passer en Angleterre. Je m'arrête à un feu. Il est rouge et le petit vieux qui fréquente la même épicerie que moi traverse. Je ne lui sourit pas. Désolée pour lui mais le serveur à réussir à venir à bout de ma patiente en oubliant ce fichu p. C'est un jour sans aujourd'hui. J'espère pour mon coloc qu'il est en cours, j'ai pas envie de passer ma mauvaise humeur sur lui. Je suis arrêtée au feu depuis même pas une seconde que je sens un choc à l'arrière de ma voiture. Ma précieuse voiture ! Mon bébé. Qui a osé lui rentrer dedans ? Je me dépêche de sortir, prête à sortir toutes les insultes que j'ai en stock à l'autre automobiliste. Je suis fatiguée et de mauvais poil, courage à lui. "T'as intérêt à être désolé. Ma voiture !" Je vais regarder les dégâts, une mini bosse qui aura très vite disparue dès que je serais passée au garage, pendant qu'il me sort la pire excuse du siècle. "Quand on connaît pas la route, on conduit pas. Puis la conduite, c'est pareil partout. Tu te mets sur la droite et t'évite de rentrer dans les autres." Je me retourne enfin vers lui, regard noir et bras croisés pour éviter de le frapper. Je parts parfois au quart de tour. Parfois.
   

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Je n’ai jamais été très bon en conduite, on ne va pas se mentir…Trop nerveux, pas spécialement à l’aise derrière un volant, vite distrait par mes propres pensées, par mes propres soucis. Mon permis, je l’ai eu sr le file, mes parents avaient faits en sortes de m’entraîner encore et encore, allant jusqu’à prier pour leur vie quand je conduisais. Enfin, mes parents. Pourquoi je les appelle encore ainsi ? Peut-être parce qu’ils ont toujours tenu ce rôle à la perfection. Je n’ai jamais manqué d’amour, jamais d’attention. Ils étaient faits pour avoir un enfant mais maman est stérile, ils n’ont pas les conditions requises pour adopter un gosse en étant toujours sur les routes…Alors, ils en sont venus à cette option, cette solution. Ils m’ont arraché à cette famille biologique, se disant probablement que les personnes referaient un autre enfant, qu’ils en avaient la possibilité. Drôle de mentalité. Mais aurais-je été plus heureux là-bas qu’avec eux ? Tellement de questions qui resteront probablement sans réponses. J’ai un nom de famille griffonné sur un bout de papier, jamais exploité. C’est drôle…l’envie de savoir qui sont mes véritables parents est là, mais la peur d’apparaître après vingt-trois ans est bien trop forte pour que je le fasse. Et voilà, les conséquences se trouvent devant moi alors que j’ai foncé dans le cul d’une autre bagnole. Je sais pourtant que je ne dois pas être distrait…ouai, je sais que je dois me focaliser sur la route et pas mes pensées. Plus facile à dire qu’à faire. Je sors de ma voiture, bien moins chouette que celle devant moi. Sûrement une personne bien riche. Si j’ai de quoi bien vivre, je n’ai pas de quoi jeter l’argent par les fenêtres. Je ne m’en plains pas, j’aime mon train de vie, mon boulot, les valeurs que j’ai reçues autrefois. Malheureusement pour moi, la demoiselle ne semble pas vraiment heureuse de cet accident et je ne peux pas lui en vouloir. Je suis en tort, littéralement. « Ecoutez, ça ne sert à rien de s’énerver, les assurances sont là pour ça. » Dis-je en soupirant, loin d’être le genre à monter sur mes grands chevaux pour un accident pareil. Je n’ai pas le courage de me battre contre une inconnue qui semble passer une mauvaise journée, elle n’est pas la seule…sauf que moi, les mauvaises journées s’enchaînent depuis deux foutues années. « On va faire un constat et nos assurances se mettront en contact, ce n’est pas plus compliqué que ça. » Roulais-je des yeux alors que je sors de mon véhicule un carnet, activant mes feux de signalements pour empêcher une autre bagnole de nous rentrer dans le cul. Bon, j’ai hâte d’en finir avec tout ça, à ne pas en douter, cette fille est loin d’être agréable. Mais je ferme ma gueule, parce que je me sais en tort, mais ce n’est pas une raison pour parler aux gens comme à de la merde et ça, elle le fera une fois, pas deux. Revenant vers elle, je me pose sur le capot de ma vieille bagnole pour commencer à remplir le constat. « Vos coordonnées et celle de votre assurance ? » Demandais-je sans la regarder, ne me doutant pas que ce moment crucial va radicalement changer toute mon existence, toute ma vie…mais également la sienne. Ironie du sort quand tu nous tiens, te voilà bien cruelle.

   

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Je m'énerve directement. Parce que ma journée commence mal et que j'ai juste envie d'envoyer tout le monde chier. Mon lit m'appelle et je n'ai pas du tout envie de m'occuper d'un gars qui ne sait pas conduire et qui me rentre dedans alors que le feu est rouge. La bosse est toute petite mais je monte quand-même dans les tours. Une bosse reste une bosse et j'ai pas envie de passer chez le garagiste. Je ne sais pas s'il pourra faire arranger ça directement où si je vais être obligée de demander à mon frère de me balader partout le temps de récupérer mon carrosse. L'autre automobiliste parle d'assurance et j'ai envie de râler. Parce que jusqu'à présent, j'ai un dossier parfait. Je n'ai causer aucun accident, pas plus que je n'ai été impliqué dans un. Rien, zéro, nada. Que ce soit ici ou en Angleterre. Avec cet accrochage, ce ne sera plus aussi parfait. Et ça me donne envie de pester comme la grosse gamine que je peux être. Mais je vais quand-même chercher le papier que je garde avec toute les infos sur mon assurance pour que le monsieur puisse le noter dans son constat. "Si c'est compliqué. Parce que je ne suis pas américaine, que je n'ai qu'un visa étudiant et que tous les prétextes sont bon pour faire traîner les choses. En plus, je vais devoir appeler le garage, prendre un rendez-vous et espérer qu'ils puissent enlever la bosse en moins de dix minutes. C'est ultra compliqué si." Surtout que je suis toujours en plein dans les papiers d'assurances suite à mon hospitalisation après les attentats. Et ceux pour mon traitement. Ma motivation à remplir de la paperasse est proche du zéro absolue. Rajouter cet accident en plus, c'est un peu la goûte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne le regarde toujours pas, trop occupée à m'agiter dans tous les sens avec mon gobelet de café. Mais quand il me demande mes coordonnées, je fini par relever la tête vers lui. Petit moment de bug. Long moment de bug. Je suis sure de ne jamais l'avoir croisé et pourtant, sa tête me dit quelque chose. Est-ce que c'est ses yeux qui ressemblent étrangement à ceux de William ? Ou le coté bouclette comme tout le monde à la maison. Je sais pas, il a un peu la tête d'un cousin lointain. Celui qu'on ne croise jamais mais qu'on sait qu'il est de la famille parce qu'il ressemble à tous les autres. Je secoue la tête. Mon manque de sommeil me fait vraiment imaginer n'importe quoi. Je ne le connais pas, ça tête ne me dit rien, point final. "Charlotte Fitzalan-Howard. Fitzalan avec un z. Séparé du Howard avec un tiret. Et une majuscule pour le H de Howard. Un d à la fin aussi. C'est bon ? Ah, et pour le titre de civilité, c'est mademoiselle." Je prends bien mon temps pour lui expliquer comment écrire mon nom de famille. Parce que je sais qu'il risque de l'écrire n'importe comment. Je ne compte même plus le nombre de fois où mon nom a été écorché. Quand à Charlotte, je me doute qu'il doit savoir comment l'écrire. Même si clairement j'aurais préféré lui épeler Philippa. Qui est clairement un meilleur prénom que Charlotte. Beaucoup moins difficile à porter. Malheureusement, aux yeux de l'administration, je reste Charlotte. Alors à cet inconnu, je me présente sous mon premier prénom. Le petit veinard, il sait comment je m'appelle en vrai maintenant.
   

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Face aux paroles de la jeune femme, je ne peux pas m’empêcher de rouler des yeux dans leurs orbites. Franchement, se rend-t-elle compte que c’est des choses qui arrivent, que c’est le lot quotidien des personnes normales, banales ? Des choses bien plus graves arrivent et là, il ne s’agit que d’une petite bosse, de quelques papiers et de quelques conneries sans grandes importances. « Le lot quotidien de tous les jours. » Dis-je cette fois-ci un peu plus froidement, commençant clairement à perdre patiente. Non, je ne sortirais pas de mes nerfs pour une broutille pareille. J’ai beau être aimable, ce genre de comportement a tendance à me taper sur les nerfs. J’ai assez d’emmerdes comme ça dans ma vie, bien plus graves qu’une bosse que madame aimerait faire partir en dix minutes. Des gens meurent dans des accidents de voiture ou dans la vie quotidienne. Mais elle, elle semble ne pas s’en rendre compte, elle semble s’emballer pour un truc minimaliste. Serais-je tomber sur une petite princesse ? Ca ne m’étonnerais pas vu le comportement de la demoiselle, le genre de comportement que je n’ai jamais eu, que je n’aurais probablement jamais. Je n’ai pas la richesse, je n’ai pas été élevé dans cette optique-là. Du coup, je n’ai qu’une hâte, terminer les papiers pour que tout ça s’arrête et que je reparte me cacher dans ma chambre universitaire et me plonger dans mes bouquins. Probablement, peut-être, je dois aussi aller faire quelques courses. Bref. Fonçant dans mon véhicule pour prendre les papiers, je remarque que, enfin, l’inconnue daigne poser ses yeux sur moi. Je croise un bref instant ses yeux avant de poser mes iris sur les papiers à remplir…pourtant, son regard s’attarde sur moi et ça me fou mal à l’aise. Je n’aime pas être épié comme une bête de foire, pas comme ça. Mais bon, je passe outre et là, elle commence à me donner les renseignements que je réclame…sauf que…je n’écris rien. Je reste figé. Ça me dit quelque chose, en réalité, je sais exactement ce que ça me dit. Ma gorge se noue, mon cœur rate un battement et je me sens défaillir l’espace de quelques secondes. Je deviens blanc comme un linge et, doucement, je lève les yeux vers elle, agrippe ses iris avec les miennes. Ce nom de famille m’a été donné quand j’ai fait mes recherches sur ma famille biologique. Je n’ai pas cherché à en savoir davantage…et là, le destin semble se foutre royalement de ma gueule. « Je…pardon. » Je n’ai pas le courage d’en dire davantage alors que je me dépêche de gribouiller le nom de famille de la jeune femme sur le papier, trop rapidement et ça se voit. Je veux fuir, me barrer en courant. Un part de moi veut en savoir davantage. Qui est-elle vraiment ? Une sœur, une cousine…Est-elle vraiment de ma famille ? Où est-ce juste une coïncidence ? Tellement de questions que je ne poserais pas, que je ne peux pas poser. A quoi bon ? Je vais paraître complètement cinglé et, sérieusement, nous ne semblions rien avoir en commun. Puis, comment parler de ça après une rencontre comme celle-ci ? Oh en fait, je suis peut-être de ta famille sauf que j’ai été vendu à la naissance à une autre famille…C’est beau non ? Non…c’est impossible. J’évite de croiser de nouveau son regard, je tremble légèrement mais pas comme une feuille. Je tente de me contenir…d’une certaine façon. Une fois fait, je dis simplement. « Nos assurances prendront contacts, bonne journée. » Je fais glisser le papier vers elle, je range hâtivement mes papiers au point de tout faire tomber. « Fais chier. »

   

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J'ai l'impression que je l'énerve, qu'il a envie de me dire de la fermer et que mes problèmes sont sans importances. Pourtant, il ne me dit rien et j'ai encore plus envie de le pousser à bout. Juste pour voir s'il sera capable de me dire que je fais la garce. C'est peut-être exactement ce que j'ai envie d'entendre ce matin. Il ne se rend peut-être pas compte mais le meilleur moyen pour me calmer, c'est souvent de me secouer un bon coup. Mais je suis apparemment tombée sur le gars décidément trop sympa parce qu'il ne me fait aucune réflexion. Tss ces gens trop mou. Alors je continue mon comportement de princesse pourrie gâtée. Parce que c'est presque ce que je suis. Et peut-être ce que je deviendrais un jour. Penser à monsieur Théodore du Luxembourg ne m'aide pas à me calmer. Au contraire, je m'énerve encore plus et je me mets à tapoter du pied pour faire comprendre au gars qu'il doit s'activer un peu. Pourquoi il n'écrit rien lui ? Ce n'est pas comme si je ne venais pas de lui donner toutes les indications nécessaires pour écrire mon nom de famille. Il veut put-être que je prenne son stylo et que j'écrive à sa place. Ça ira plus vite. Et là au moins, je serais sure qu'il n'y a pas de faute. J'attends un moment, je le fixe en attendant qu'il se décide à noter. Mon pied tapote toujours, toc toc agaçant qui ne semble pas l'aider à se motiver.  Quand finalement il se décide à écrire, c'est dans la précipitation. Il a vu un fantôme ? C'est remplir un papier avec mes coordonnés qui le fait buguer comme ça ? Je sais pas, j'y pige que dalle. Il griffonne plus qu'il n'écrit, il me tend le papier à la vitesse de l'éclair avant de ranger les siens comme s'il était ultra pressé de partir. Ok, je ne savais pas que je pouvais produire se genre de réaction. Je ne sais pas si je dois être flattée ou avoir envie de lui foutre une baffe. Probablement un peu des deux. "C'est ça oui." Qu'est-ce que je peux lui dire d'autre ? Le forcer à rester et faire ma curieuse ? J'aimerai bien oui. D'ailleurs, quand il fait tomber ses papiers, je trouve une occasion rêvé pour lui poser des questions. Ma curiosité passe toujours avant ma mauvaise humeur. A vrai dire, ma curiosité passe avant tout. Manque de bol pour lui. Je ramasse un premier papier, puis un deuxième, avant de me mettre à parler. "Il y a un soucis avec mon nom ? Ou prénom ? Ou vous vous êtes juste rappelé que vous avez oublier d'éteindre le feu sous votre casserole ?" Est-ce que je me fou un peu de lui au passage ? Bien évidemment. Je continue de l'aider à ramasser ses papiers. Parce que j'ai beau être d'une humeur massacrante, je suis quand-même sympa. Enfin pour le moment. Je ramasse un papier froisser et qui à l'air d'avoir été plié dans tous les sens. Je l'attrape pour le mettre dans la pile, même si je ne sais pas si c'est à lui ou pas. Puis je vois mon nom, écrit en toutes lettres sur ce vieux papier. "C'est quoi ça ?" Rester zen pour le moment tout en se préparant à partir en courant si le gars face à moi est un psychopathe qui suit ma famille.
   

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Décidément, la vie a décidé de se foutre royalement de ma gueule ? Je fuis mon passé, je veux lui échapper, l’oublier mais échapper au destin est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. La preuve en est. Le nom de famille résonne, mes souvenirs me frappent de pleins fouets. L’homme me tendant le papier où un nom de famille, identique, y est griffonné. La même prononciation, les mêmes lettres dans le même ordre. Ça ne peut pas être une coïncidence, ça ne peut pas être innocent. Non, c’est forcément relié. Mais suis-je seulement prêt à accepter mon sort ? A accepter ce qui s’apprête à arriver ? Je n’en sais rien. J’ai passé deux ans à chercher des explications et quand je les ai eu, je n’ai plus continué à avancer, menant ma propre existence par peur de la vérité. Sûrement trop lâche, pas assez fort. Trop de soucis en si peu de temps…Alors oui, je bloque, je griffonne rapidement et fait glisser le papier vers elle. Je veux me barrer le plus rapidement possible, m’éloigner d’elle et des questionnements qu’elle fait résonner en moi. Je ne veux pas les réponses, pas maintenant, mais aie-je vraiment le choix ? Suis-je vraiment maître de ce destin-là ? Je n’en ai, encore une fois, pas la moindre idée. Malheureusement, la maladresse me prend, les papiers tombent et je grogne dans ma barbe. Décidément, la nervosité ne me va pas guère, encore moins dans de telles situations. Face à sa question je secoue péniblement la tête d’une façon négative. « Non, j’ai un rendez-vous médical. » L’excuse bidon, l’excuse qui pue le mensonge à dix kilomètres mais je ne sais pas quoi dire. Je ramasse à la hâte les papiers éparpillés, je cherche à tout rassembler sans me douter de la suite. Je me redresse alors que sa question frappe, cogne dans mon esprit et que mes idées font la liaison entre le bout qu’elle tient entre ses doigts et ce qu’il y est écrit. Comme quoi, la fuite n’a pas été assez rapide…Un soupire épuiser caresse mes lèvres et je glisse doucement mes iris dans les siennes. Elle doit se poser milles-et-unes questions, elle doit se dire que je suis un fou pervers qui colle au cul des siens alors que, au contraire, je cherche à m’éloigner de cette époque virulente et agonisante. « Apparemment, c’est mon nom de famille. » Dis-je sans détour. A quoi bon ? Elle me posera des questions si je tourne autour du pot, elle cherchera à connaître la vérité. « Il y a des années, quand je venais de naître, une aide-soignante m’a déclaré mort et vendu à un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfant. Je l’ai découvert il y a deux ans, lors d’un accident. J’ai fait des recherches, j’ai remonté des pistes et, apparemment, je serais…je ferais partie de ta famille à un degré qui m’échappe. » Bon, maintenant, soit elle me prend pour un taré, soit elle se barre en courant. Mais étrangement, c’est bizarre de parler de cette histoire à haute voix, moi qui ne le fais jamais. « Quand je l’ai su j’a décidé de ne contacter personne, vingt-trois ans se sont écoulés, je n’en voyais pas l’utilité. J’ai ma vie, aussi détruite soit-elle, j’avais besoin de m’éloigner de tout ça alors je suis venu à Boston… » Et pas de chance pour moi, je tombe sur elle pour me rappeler que le destin à d’autres projets pour ma petite personne. Magnifique non ? Non, pas vraiment. Poussant un autre soupire, je détourne légèrement les yeux. « Du coup, si ça se trouve, on est cousins ou je sais pas trop. » Je suis tellement loin de la terrible vérité.

   

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Je ne sais pas exactement à qui j'ai affaire mais sa précipitation pour partir après que je lui ai donné mon nom me met un peu sur mes gardes. Ce n'est pas un comportement normal. Son excuse du rendez-vous chez le médecin ne me convient pas. Parce qu'on ne réagit pas comme ça pour un simple rendez-vous. Il était calme, puis il a paniqué, faisant tomber tous ses papiers au sol. Je l'aide à ramasser malgré tout. C'est peut-être l'occasion d'en apprendre plus sur lui, de savoir un peu pourquoi il a tout d'un coup décidé de disjoncter. Puis je le trouve, ce petit papier tout froisser avec mon nom dessus. J'ai peur de ce que ça peut signifier. Un stalker, un obsédé, un fou, quelqu'un qui veut s'en prendre à ma famille ? Les pires scénarios sont déjà en train de prendre forme dans ma tête. Je regarde trop de films et clairement aujourd'hui, ça déteint. Tellement que je me dis que le gars face à moi est peut-être un tueur en série qui accoste pour la première fois ses victimes en les percutant avec sa voiture. Est-ce que je m'emballe ? Totalement. Je n'ai pas assez dormi ces derniers tant, mon imagination par beaucoup trop vite et beaucoup trop loin. Mais je pense que j'aurais largement préféré que l'un de mes scénarios catastrophes soit le bon. Ça aurait été largement moins pire que ce qu'il me dit. Son nom ... Ça ne peut pas être possible. Il ne peut pas être de ma famille. Parce que je connais tous mes cousins, je connais mes oncles, je connais mon père et je sais que personne n'aurait jamais eu d'enfant illégitime. Pas plus qu'un bébé caché ou n'importe quoi d'autre. "Tu dois te tromper. Je te connaîtrais si c'était le cas." Sauf que non, vu ce qu'il m'explique. C'est le coup de massue, le choc total. Le déni, le début des étapes du deuil mais pas pour un deuil, pour une résurrection. Parce que je comprends très bien qui il est. Ça fait tilt dans ma tête même si je ne l'ai jamais connu. Même si on n'en parle jamais à la maison. Il n'a pas encore dit son age que je suis déjà presque sure de moi, que j'ai déjà envie de partir en courant. Je ne veux pas savoir la suite, je ne veux pas entendre les mots qui finiront de me faire comprendre que c'est bien lui. Je ne peux pas. Il le balance comme ça, les vingt-trois ans qu'on aurait du passer ensemble s'il n'était pas mort. "C'est pas possible..." Je marmonne plus pour moi que pour lui. J'envisage de le laisser là, de tourner le dos à cette possibilité. Parce que ça pourrait toujours être un fou qui décide de ce faire passer pour mon frère décédé pour s'incruster dans la famille et nous prendre tout ce qu'on a. Mais je reste. Parce qu'il ressemble bien trop à William pour que je ne prenne pas en compte ce qu'il dit. Il ressemble à ma mère aussi. "Tu es censé être mort." Mort le treize juillet, troisième pièce qu'un puzzle qui ne serait jamais complet. Avec Emily, on s'est souvent demandé qu'est-ce ça aurait changé s'il avait été avec nous. Peut-être que même sans l'avoir connu, il nous manquait à toutes les deux. "T'es pas mon cousin. Je ... Il y a vingt-trois ans, ma mère à accouché de trois enfants. Emily, Arthur et moi. Mais Arthur n'a pas survécu, il est décédé à la naissance. Sauf que de ce que tu me dis, tu n'étais pas mort." J'ai envie de pleurer, seule réaction un tant soit peu logique, mais je me retiens. Je veux connaitre sa réaction, essayer d'avoir des preuves avant de m'effondrer dans mon appart, d'appeler mes parents et d'essayer de les soutenir comme je peux de là où je suis.
   

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Je l’écoute, incapable de comprendre, de réaliser. Non, impossible. Pourtant, elle semble y croire. Je ne suis pas son cousin, je serais potentiellement son frère, un jumeau, un triplé. J’ai le cœur qui part en vrac, j’ai l’esprit qui se déchire face aux interrogations. Instinctivement, je recule d’un pas, comme pour échapper à l’évidence. J’aimerais qu’elle se taise, qu’elle cesse de parler alors qu’elle déballe les circonstances. Mort à la naissance…Pas vraiment. J’ai brusquement envie d’hurler, de me presser la tête dans un étaux. Je ferme les yeux, comme pour échapper à la vision qu’elle m’offre. Cette fille que je considère comme énervante, ne serait apparemment, pas une étrangère. Un lien du sang qui généralement se veut fort, qui généralement se dit tellement beaux. Tout ça envolé, arraché par des années d’absence. « C’est impossible. » Un murmure qui glace le sang, qui traverse mes lèvres alors que j’ouvre de nouveau les paupières pour lui faire face. Elle me regarde, attend probablement une réaction autre de ma part. Mais que puis-je dire ? Que puis-je faire ? Elle reste une étrangère, complètement, totalement. Je me savais arraché à une famille, certes, mais cette famille je la fuyais comme la peste, incapable de surmonter cette détresse qui m’a envahi dès que ce bout de papier fut déposé dans ma main. Détresse qui ne fait qu’augmenter devant cette annonce. « Je le saurais…je veux dire, merde, je l’aurais senti si j’avais eu des jumelles non ? Ce n’est pas un truc de jumeaux, enfin, de triplés dans ce cas ? » Je suis littéralement déboussolé et ça se voit, ça se ressent au son de ma voix qui tremble, à ma peau qui devient soudainement pâle. J’ai envie de lui hurler à la figure qu’elle me ment, qu’elle dit n’importe quoi. Alors, pourquoi au fond je sais que c’est vrai ? Pourquoi je sais qu’elle dit la vérité, pire encore, que j’espère que ce soit le cas ? Une famille, deux sœurs jumelles, un soutien quelconque dans cette vie qui m’engouffre sous les mensonges. Mais cette peur, elle ne me quitte pas, me ronge davantage alors que je sens ma gorge se nouer. « Tu dois sûrement te tromper. Si ça se trouve je suis juste un cousin éloigné…dont tu ne connaitrais pas l’existence. Fin, ça arrive non ? De ne pas connaître ses cousins ? » Mais moi-même je ne suis absolument pas convaincu, mais vraiment pas. Je ne crois pas en mes propres paroles, je ne crois pas aux sens des mots qui sortent de mes lèvres. Passant une main dans mes cheveux, je détourne brusquement les yeux, m’appuyant un peu sur mon propre véhicule. Destin bien trop cruel qui s’amuse de moi, de mes émotions, de mes propres sentiments. Arthur. Est-ce le prénom que j’aurais dû porter si je n’avais pas été chez les miens ? Arthur…c’est étrange, ça fait grande noblesse, ça fait historique alors que Orion fait mystérieux, astral. Un contraste évident entre les deux. « Non, ça serait…ça serait quand même gros ! » Dis-je brusquement, me redressant un peu, la panique ayant pris le dessus. « Genre, tu vas me dire que je suis ton frère, que justement, j’ai un accident de voiture avec toi ma sœur jumelle ? C’est quand même…c’est franchement limite ! » Toutes les excuses sont bonnes, toutes les excuses sont là pour s’en servir. Instinctivement, j’essaye de me protéger, de fuir l’évidence. Je ne suis pas courageux…pas assez pour vraiment supporter une telle évidence. La preuve en est, mon regard la supplie presque de me dire que c’est faux, qu’elle ment alors qu’au fond, c’est tout le contraire.

   

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   w/ @Orion Kayser
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Je comprends, petit à petit. Ou je comprends ce que je veux comprendre. Peut-être que je suis persuadée qu'il est mon frère, le triplé manquant juste parce que j'ai très envie que ce soit lui. Qu'on soit réuni à trois. Enfin. Que la famille soit complète. Que la dernière pièce retrouve sa place. Mais peut-être que je m'emballe trop. Peut-être que ce n'est qu'un lointain cousin, quelqu'un qui serait rattaché à ma famille que par de petits liens. Mais je n'y crois pas. Je veux trop que ce soit lui. Même si je ne l'ai jamais connu, je veux que ce soit lui. "Je sais." Il a raison, c'est impossible. Il est censé être mort il y a vint-trois ans. Il n'est pas censé pouvoir se tenir devant moi, prêt à me renvoyer en pleine face que personne ne sait vraiment remis à la maison. Je revois les cartons dans le grenier à la maison, contenant les affaires qui aurait du lui revenir quand il était bébé. Je revois le regard triste de ma mère à nos anniversaires. Jour où elle est obligée de sourire alors qu'il correspond à la mort de son enfant. Peut-être que je me fais des films. Peut-être que je m'emballe mais je me dis que s'il y a la moindre chance que mon frère soit en vie, ça doit être lui. Coup du destin qui le met sur ma route maintenant. "Je sais pas. On a toujours su qu'il manquais un troisième morceau à notre duo avec Emily, mais c'est parce qu'on nous en a parlé. Peut-être que si on n'avait pas connu l'existance de ce triplé, il ne nous aurait jamais manqué. C'est peut-être ce qu'il s'est passé pour toi." Ou alors ce n'est qu'un inconnu qui a eut le malheur de me rentrer dedans, cousin lointain né pile la bonne année. Je ne sais pas. Je me mors l'intérieur de la joue. Je cherche quelque chose, un indice, pour lui montrer que j'ai raison. Ou que j'ai tord. C'est ce qu'on a besoin pour le moment. Savoir ce qu'il en est vraiment. Il aimerait qu'on soit juste cousin. Je voudrais tellement que ce soit mon frère. Pas de juste milieu dans cette histoire. "Hum ça se pourrait oui. Si t'es d'une branche éloignée de la famille." C'est vrai, je connais la généalogie proche mais les branches les plus éloignées me sont totalement inconnues. Je ne sais même pas s'ils portent notre nom ou pas. Il pourrait faire partie de cette famille éloignée. Mais je n'y crois pas. Je sais que c'est lui.  "C'est vrai que c'est gros. Après, je me dis que parfois la vie met des imprévus sur ton chemin pour une bonne raison. Le destin où appelle ça comme tu veux. Et tu ne choisis pas ce qu'il va se passer. Peut-être que quelque part, on devait se rencontrer." Moi qui me lance dans un blabla sur le destin alors que je suis censée être une scientifique pure et dure. Mais au fond, j'y crois. Plus qu'à l'existence d'un dieu quelconque. Mais je ne sais pas si lui va y croire. Ou s'il pense juste que c'est une blague bien trop grosse et pas très drôle. Je sors mon téléphone et je cherche la dernière photo de famille. Il y a mon frère, le parfait mélange entre mes parents. Puis ma sœur et moi, les deux blondinettes comme papa. Et il y a maman, avec ses longues boucles brunes. Elle lui ressemble, il ne pourra pas le nier. "C'est ma... euh notre famille."
   

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