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I LOVE HARVARD
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    Lorenzo Grimm ► Ash Stymest
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    Lien du postSam 16 Mar - 1:03
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     Lorenzo Grimm

    • un certain trois juin mille neuf cent quatre-vingt quinze.
    • Dans un hôpital ? Non, soyons sérieux. Je suis né dans la capitale de l’Irlande : Dublin.
    • J'ai vingt-trois ans.
    • Je suis un pur Irlandais.
    • Je suis bisexuel. Après tout, pourquoi se priver du plaisir que ce soit avec les courbes féminines ou les torses musclés du moment que cela me comble ?
    • Accro aux coups d'un soir et fier d'être libre comme l'air. Je suis célibataire depuis des années. Je ne peux pas supporter la tendresse ou les histoires de couples depuis trop longtemps. Je préfère me consacrer aux histoires d'une nuit brutales qu'à autre chose.
    • Beaucoup trop riche. Que voulez-vous, c'est ça la célébrité. Et la vie a décidé de me faire fils du premier ministre Irlandais.
    • Je suis étudiant en cinquième année en Littérature. Me perdre dans les livres, me perdre dans d'autres mondes, c'est ma came.
    • Depuis que j'ai été diagnostiqué victime de dysmorphophobie et bipolaire, j'ai également décidé de suivre des études de philosophie.
    • Je passe beaucoup de temps à lire et à étudier puisque ce sont dans ces moments que je suis seul et cela me semble tellement agréable. Cependant, une autre partie de moi préfère faire la fête et cela signifie la cigarette, l'alcool, les bagarres et les coucheries. Je ne parviendrais guère à décider entre ces deux types d'occupation car elles font parties de moi. Concernant une occupation un peu plus financière, je travaille occasionnellement en tant que prostitué. C'est une façon pour moi de me faire de l'argent facilement tout en obtenant ce que je veux : coucher brutalement juste une nuit.
    • Papa m'a fait disparaître de sa vie alors l'unique chose qu'il fait pour moi c'est payer Harvard. Je n'ai donc pas eu besoin de bourse.

    ASH STYMEST
    MAISON OU NON ?
    Hors de question pour moi d'intégrer une confrérie. Je n'ai appartenu qu'à un groupe de toute ma vie et je refuse de rejoindre une confrérie. Après tout, pourquoi j’aimerais me retrouver coincé avec des gens à qui je devrais faire confiance ? Des gens qui me jugeraient sans aucun doute. Des gens qui connaîtraient peut-être mon histoire et qui pourraient toujours me faire du mal. Non, je ne pouvais pas. C’était trop pour moi. Okay, les confréries c’est super cool et cela aurait été mon rêve quand j’étais gosse ou quand j’avais commencé à me faire des amis au lycée. Avec John, on prévoyait déjà d’entrer dans une confrérie et de s’y éclater. Mais, les choses avaient mal tourné. Tout avait volé en éclat. Je m’étais retrouvé seul. Je m’étais retrouvé victime de dysmorphophobie et de bipolarité. Et, à présent, si je pouvais éviter ces attachements humains, je le faisais. Alors, les confréries très peu pour moi. Je préfère amplement faire profil bas et faire comme si je n'existais pas. Les gens semblent m'oublier comme ça. C'est mieux pour tout le monde.
    Il y aurait tellement de choses à dire sur moi. Je peux vous informer que je suis fils unique et que je suis tatoué, mais cela n'a pas réellement grande importance. Si ? Alors, voyons, la première chose la plus importe est sans doute de signaler que je souffre de dysmorphophobie avec un trouble bipolaire et que cela joue beaucoup dans ma vie de tout le jour. Je peux passer d'un état à un autre en un quart de seconde. C'est souvent très déroutant ou incompréhensible pour les personnes qui ne me connaissent pas et qui y assistent. Alors, pour définir mon caractère, cela devient réellement difficile. Je suis un grand gamin beaucoup trop émotif et timide surtout devant les inconnus et sans aucune substance dans mon être (ce qui m'arrive parfois). Lorsque je suis dans un mauvais état, je suis un solitaire très discret et renfermé. Et, bien que je sois très silencieux, je ne perds jamais une miette de ce qui se passe à mes côtés. Je donne souvent l'impression d'être naïf et innocent, mais l'âme du diable sommeille en moi. La naïveté me fuit et j'ai du sang sur les doigts. J'aime tantôt être invisible pour les autres, tantôt être le centre de l'attention. J'ai toujours peur de souffrir tant et si bien que je suis toujours méfiant, sceptique et que je n'accorde pas ma confiance aisément. Je suis un gosse aussi curieux que maladroit, aussi complexé que vulnérable. Je peux être pudique ou totalement à m'exhiber si j'ai consommé. Je suis adapte d'un comportement autodestructeur et je n'ai pas peur de souffrir. J'aime me perdre dans mon monde de rêveur. Je suis travailleur, déterminé et perfectionniste, mais tellement instable. Je ne suis qu'un gosse perdu. Cependant, dès que les substances coulent dans mon être, je devient trop bavard et fou. Je n'ai plus aucune limite. Je suis accro au sexe et au pouvoir. Dans ces moments, je suis un manipulateur qui se plait à faire perdre la tête aux autres. Vous ne saurez jamais quel Lorenzo se trouve face à vous avant de me faire face.
    Je devais partir de Dublin suite à tout ce qui s’y est passé. Mais, fuir dans une autre ville d’Irlande n’était pas envisageable au vu de la position politique de mon père. J’ai pu échanger avec lui à propos d’une université. Au-delà de vois en Harvard un endroit prestigieux pour étudier, j’y ai également vu un moyen de détruire en partie mon papa. Pour se débarrasser de moi, il a signé un accord de me payer mes études et vu le prix, c’était une parfaite façon de me venger de lui. Alors, Harvard me voici, me voilà. Mon dossier d’admission a été le plus compliqué à remplir car il m’a toujours été difficile de me concentrer sur une partie administrative. J’ai réussi à récupérer une lettre de recommandation de certains de mes professeurs. Mais, je pense que c’est surtout le statut politique de mon père qui a pu joué sur ce point et la lettre qu’il a écrite et que je n’ai jamais eu le droit de lire. Mes résultats aux SATs étaient plus que suffisants puisque j’ai obtenu un bon 1583. J’ignore si mon essay a joué dans mon admission. Je me suis perdu à écrire des pages et des pages sur ma dysmorphophobie, ma bipolarité. J’ai écris ça en une journée et je l’ai envoyé sans relire, sans chercher à améliorer la chose. C’était juste moi au naturel et cela a peut-être fait son effet. L’entretien a été compliqué pour moi qui suis fichtrement timide et nerveux. J’ai glissé une pilule sous ma langue quelques heures avant l’entretien et au final, tout s’est bien passé. En tout cas, c’est le souvenir que j’en ai. Et, puisque je suis à Harvard, je suppose que c’est la vérité. Ou peut-être qu’il voulait juste prouver leur ouverture en acceptant quelqu’un malade comme moi. Allez savoir.
    Jessy
    Bonjour tout le monde ! Sur internet on m'appelle jessy ou nagini et j'ai quelques années au compteur. Je suis française et j'ai connu le forum grâce à top-site. Je suis tombé sous le charme du design, du contexte et de l'activité alors j'ai décidé de m'inscrire. J'utilise Ash Stymest comme avatar, d'ailleurs les images ont été faites par tumblr. Je fais environ 1 500 mots par RP et mon personnage est un personnage inventé.

    Je ne souhaite pas [/font] être parrainé

    Je recense mon avatar
    si personnage inventé:  
    Code:
    [size=10][url=http://www.i-love-harvard.com/u9169l]☆[/url] ☆ <span class="pris">ASH STYMEST</span> ◊ “Lorenzo Grimm”[/size]
    ]




     
    01. Born this way
    1995 – Naissance et passé – Dublin

    « L’avocate britannique Natasa Grimm-Raos a accouché cette nuit au sein d’un hôpital privé à Dublin. Mariée avec le ministre de la justice et de l’égalité irlandaise Seán Grimm depuis trois ans, il s’agit là de leur premier enfant et sans doute du seul. En effet, selon une source proche, Natasa a vécu une grossesse à risque et ne pourra pas avoir d’autres enfants. Rassurez-vous chers lecteurs, d’après nos informations, la mère et l’enfant se portent bien. Cependant, nous ne sommes pas en mesure de vous informer du sexe ni même du prénom de l’enfant. Il semblerait que notre cher ministre préfère placer son premier – et unique – enfant dans un cercle inconnu des médias pour assurer sa protection – et peut-être une meilleure enfance ou une plus mauvaise ? Soyons patients et attendons de voir ce que ce que cet enfant pourra donner dans le futur avec des parents si exemplaires. »

    C’étaient des mots dans un journal, dans des magazines. Des fichus mots qui tournaient sur certaines chaînes de télévisions. Des mots qui avaient finalement annoncé ma naissance au monde entier alors que je n’en avais pas réellement conscience. J’étais juste un bébé qui venait au monde comme tant d’autres avaient dû naître le même jour dans le monde entier. Mais, juste à cause des mes parents, de qui ils étaient, les yeux du monde s’étaient posés sur moi, sur ma naissance et ils ne me lâcheraient sans doute jamais. Sur l’instant, je m’en fichais – bah ouais, j’étais qu’un gamin qui venait de naître. Je voulais juste boire du lait et pioncer. J’étais entouré de mes parents, de leur amour et c’était suffisant.

    Ne soyons pas égoïste et avant de vous parler de moi, je vais vous conter une jolie petite histoire : celle de mes parents. Cette histoire qui était déjà écrite depuis quelques années.

    Papa avait trente-cinq ans le jour de ma naissance alors que maman, elle, était beaucoup plus jeune puisqu’elle n’avait que vingt-cinq ans. Allez faites le compte… Rapidement… Dix ans d’écart ouais. Oh, je me doute déjà de vos réactions et de vos remarques. Que faisaient-ils ensemble ? Tous les deux ? Ma mère était-elle le genre de personne à avoir un gosse avec quelqu’un juste pour l’argent ou le succès ? À vrai dire, j’avais longtemps pensé que non, mais je crois que je me trompais simplement. Et, ouais, peut-être que maman n’était là que pour ça. Mais, je n’en saurais sans doute rien. Le monde ne le découvrirait jamais réellement. Après tout, je ne pensais pas qu’on puisse réellement expliquer tout cela. L’amour pouvait-il être expliqué ? Y avait-il réellement des théories scientifiques pour toutes ces conneries dégoulinantes de sentiments ? Ouais, peut-être. Je n’en savais rien. Je m’en fichais à vrai dire sans doute. Papa et Maman étaient ensembles et c’était tout ce qui comptait non ? Ils s’aimaient et j’étais leur premier enfant. Cela devait être suffisant pour une vie merveilleuse, pour un joli conte de fée moderne. Conte de fée illusoire, ouais.

    Mon père avait passé toute sa vie en Irlande. Toute sa vie à Dublin. Oh, il avait voyagé quelques fois quand il était enfant ou pour le boulot, mais ce n’était jamais réellement quelque chose à marquer d’une pierre blanche. Ouais, peut-être qu’en vérité il n’avait jamais eu l’occasion ou l’envie de découvrir au-delà des barrières de Dublin. Après tout, ses parents étaient ce genre de personne très strict qui privilégiait l’éducation face à tout le reste. Papa avait grandi dans cette idée où travailler, se faire punir et rester solitaire sont la normalité. Il avait vécu dans ce monde où il n’y avait pas réellement de choix si on voulait devenir quelqu’un et réussir sa vie. Travailler dans la musique ou dans n’importe quels arts, il en était hors de question. C’était presque une bonne raison pour déshériter son fils. La littérature demeurait acceptable, mais certainement pas pour faire carrière dedans. Non, le père de mon père voulait que papa fasse quelque chose de concret, quelque chose d’acceptable. Alors, quand il avait dit qu’il voulait que papa fasse du droit, papa avait fait du droit. Avait-il été forcé ?  Je n’en savais rien. Avait-il aimé ça ? Aujourd’hui, je vous dirais oui sans hésiter et il vous dirait sans doute la même chose parce qu’après tout sa position était plutôt envieuse. Il avait étudié comme un dingue ne se lançant pas une seule fois dans la vie débauchée d’étudiant. Il avait passé son temps comme un intello, sans doute un peu trop seul, un peu trop travailleur. Mais, quelle importance ? Il avait fait des petits boulots au plus près du gouvernement grâce à son père. Et, une fois son diplôme en poche à vingt-trois ans, il entrait au gouvernement. Il avait fait plusieurs jobs là-bas et, je ne saurais tout vous citer. Alors, contentons-nous de savoir qu’au moment de ma naissance, il était ministre de la justice et de l’égalité irlandaise et cela depuis quatre ans.

    Ma mère était née en Croatie et elle y avait passé une partie de sa vie. Elle avait vécu dans une famille nombreuse qui adorait les voyages et l’art sous n’importe quelle forme. Elle avait vécu dans une famille au sein de laquelle elle s’était sentie comme une paria parce qu’elle préférait étudier des choses concrètes au lieu de rêver stupidement. Ses frères, ses sœurs, ses parents… Eux, ils préféraient l’abstrait au scientifique, les actions aux réflexions. Sa famille se fichait plus ou moins de l’éducation. Ouais, bien sûr, il fallait avoir de bonnes notes, mais l’excellence n’était guère obligatoire du moment qu’on obtenait les diplômes. Et, plus important encore, tout allait bien du moment qu’on faisait ce qu’on désirait faire le plus au monde. Maman était ambitieuse, elle rêvait de plus que ce que la Croatie pouvait lui offrir. Elle rêvait d’une carrière que ses parents ne comprenaient pas. Elle rêvait de choses trop concrètes, trop réelles et beaucoup trop puissantes. Alors, finalement, la mère de ma mère avait donné une occasion à maman avant qu’elle n’entre au secondaire. Elle lui avait proposé de rejoindre une de ses tantes à Wicklow – à cinquante kilomètre au sud de Dublin – pour poursuivre ses études. Maman n’avait pas hésité et elle avait été là-bas pour commencer une nouvelle vie, pour continuer ses études. Je ne saurais vous dire grand-chose sur la famille de maman. Elle n’en parlait jamais, je ne les avais jamais vus. Pas même en photo. De toute façon, je ne partageais pas vraiment grand-chose avec maman. Arrivée à Wicklow, maman avait sauté des classes. Âgée de vingt-deux ans, elle commençait un stage dans un cabinet d’avocat. Un stage qui se terminait un an plus tard par un emploi au plus bas de l’échelle – mais quelle importance, il fallait commencer en bas pour atteindre le sommet – et qui conduisait maman à Dublin.

    Ma mère et mon père s’étaient rencontrés à ce moment-là et ce n’était pas une histoire aussi banale qu’on pourrait le penser – bien que je vous avoue que cela reste cliché. Non, leur rencontre n’était pas le coup d’un café renversé ou d’une bousculade comme dans tous ces teenages movies qui font ravages. Ils s’étaient rencontrés un peu à la Christian Grey et Anastasia Steele – Fifty Shades Of Grey pour ceux qui vivent dans une grotte et ne savent pas d’où ça sort. Je vous rassure tout de suite leur histoire ne fut pas du même genre érotico gnian-gnian. Non. Ma mère n’était pas une vierge prude et effarouchée. Mon père n’était pas un manique du contrôle sado-maso et dominateur. Papa était dans son bureau pour une affaire et maman avait simplement accompagnée une avocate qui se rendait à ce bureau pour s’entretenir avec lui. Durant tout l’échange, ils ne s’étaient pas lâchés du regard et étaient tombés sous le charme l’un de l’autre je suppose. Comme un coup de foudre ? Ouais, je vous avoue, ça fait romance pour Hollywood, mais bon…

    Quoiqu’il en soit, je vais vous la faire en accéléré maintenant. Ils étaient allés boire un café en sortant de ce rendez-vous se fichant d’avoir dix ans d’écart ou de tout le reste. Et, les cafés étaient devenus habituels. Puis, ils avaient été remplacés par des dîners et des soirées films. Les films avaient laissés leur place à l’histoire d’amour. Ils avaient emménagé ensemble et tout se passait pour le mieux. La famille de papa était morte alors accepter cette relation n’était pas une question à leur poser. La famille de maman n’avait rien à dire sur cette union puisqu’ils ne faisaient plus partis de sa vie depuis trop longtemps. Maman eut vingt-deux ans et un poste d’avocate. Papa eut trente-deux ans et devint ministre de l’égalité et de la justice en Irlande. La suite vint naturellement et mes parents s’étaient mariés. Pas vraiment en discrétion. Les journaux avaient parlé de ce mariage parce que c’était important, parce que ça alimentait les ragots. L’histoire de papa et maman était belle, parfaite. Pendant trois ans, ils avaient mêlé vie sentimentale et vie professionnelle sans soucis. Pendant trois ans, maman nageait dans son monde d’avocate et se plaisait à jouer à sa futile célébrité. Pendant trois ans, papa tombait toujours plus amoureux et tout roulait pour lui. Pour eux. Bien sûr, il y avait quelques disputes parfois et tout n’était pas rose. Mais, leur bateau du bonheur continuait de voguer malgré les vagues qui voulaient l’écraser.

    Puis, maman tomba enceinte et papa recevait des menaces de mort à cause d’une énième décision en tant que ministre. C’était habituel, mais cette fois, les menaces avaient plus d’ampleur. La maison avait été vandalisée, la voiture avait été taguée. Et ça sentait mauvais. Ce n’était pas un bon contexte pour donner vie à un enfant même s’il n’arrivait que neuf mois après. Ce n’était pas le bon moment pour afficher un bonheur alors que la mort était à nos trousses. Et, la mort l’était encore plus parce qu’on annonça rapidement à maman que sa grossesse était à risque. On lui disait bien vite que les choses pouvaient mal tourner et qu’elle ne pourrait plus avoir d’enfant après moi. On lui avouait que je pouvais mourir… Ou, pire aux yeux de maman, qu’elle pouvait mourir. Le conte de fée chuta à l’eau pour l’histoire d’amour en tout cas. Papa et maman ne cessaient jamais de se disputer à ce moment-là. Maman voulait avorter pendant qu’elle le pouvait encore. Elle prétendait qu’ils pouvaient vivre heureux et sans enfants. Je crois que, dans le fond, elle voulait juste ne pas s’attacher encore plus à papa et qu’elle voulait profiter du confort et de la célébrité sans risquer sa vie. Papa, lui, voulait garder cet enfant. Il voulait me garder. Il voulait un héritier, il voulait le fruit de leur amour, malgré les ennuis qu’il traversait au boulot actuellement – ou peut-être justement à cause de ces ennuis. Il désirait que cet enfant vive même s’il devait l’enfermer dans une tour d’ivoire en attendant que les choses se calment. Et, là où on aurait cru que papa céderait à maman, ce fut l’inverse. Un accord ? Un échange ? Un deal ? J’ignorais vraiment comment papa avait réussi à acheter maman. Mais, voilà, je pointais le bout de mon nez en ce trois juin mille neuf cent quatre-vingt quinze dans une clinique privée à Dublin. Je venais bouleverser leur quotidien. Je ne naissais sans doute pas au bon moment.

    Je poussais mes premiers cris à l’hôpital comme n’importe quel nouveau né entouré de ses parents et d’un amour sans doute trop bancal. Un amour déjà trop ébréché qui finirait par sombrer trop vite. Dans le fond, j’étais un bébé comme un autre… Ou peut-être pas tellement. Dans tout les cas, l’aventure commençait en ce jour pour moi. Ce n’était que le début. C’était là que ma vie commençait. Un conte de fée ? Non, sans doute pas. La mort était à mes trousses avant ma naissance. Le feu de l’enfer ne pouvait pas partir bien loin de moi.

    À SUIVRE... (dans le second post)
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    Lien du postSam 16 Mar - 1:04
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    02. Fairytale
    1995-2006 – de ma naissance à mes 11 ans – Dublin

    J’avais passé quelques jours à l’hôpital comme n’importe quel bébé ou peut-être plus longtemps qu’un bébé en parfaite santé. Après tout, maman avait eu une grossesse à risque alors ils préféraient nous garder quelques jours de plus – et tant pis si maman râlait – juste pour être certains que tout allait parfaitement bien pour moi, pour elle, pour nous. Ouais, ils préféraient me faire passer d’autres examens et s’assurer de la santé de maman avant de nous laisser rejoindre la maison. C’était sans doute préférable, pour tout le monde. Maman et papa avaient longuement discuté après ma naissance – déjà pour se mettre d’accord sur mon prénom, mais surtout pour apaiser les tensions dans leur couple. Papa avait acheté une autre maison, un château un peu plus reculé à Dublin qui nous garantissait une sécurité, qui me garantissait une sécurité. Maman pourrait retravailler vite, dès qu’elle le voudrait puisque papa avait pris tous les arrangements pour cela comme elle le lui avait demandé. Les choses semblaient alors moins tendues. Tout semblait plus certain comme si un avenir pouvait réellement se tracer pour nous. Comme si nous pouvions réellement former une famille, une vraie famille unie. Comme si nous pouvions avoir notre Ohana comme dans Lilo et Stitch. Mais, l’amour entre maman et papa commençait déjà à faner. Lentement. Sûrement. Comme une fleur. Et, un jour, il faudrait bien s’en débarrasser… Un jour, il n’y aurait pas d’autres choix que de la jeter aux ordures…

    Une question doit bien vous tarauder depuis que j’ai osé vous dire que mes parents avaient dû se mettre d’accord sur mon prénom. Mon nom de famille n’était pas un nom à rallonge malgré le milieu dans lequel j’allais me retrouver. Je n’héritais que de ce Grimm qui me coinçait déjà comme étant le fils de quelqu’un de trop connu. Papa n’avait pas voulu que le second nom de famille de maman soit présent et elle l’avait accepté comme si cela lui permettait de couper plus de liens avec moi. Maman avait voulu choisir un de mes prénoms. Elle voulait que je porte plusieurs prénoms comme un héritage qu’elle désirait me transmettre. Dès qu’elle avait su qu’elle allait devoir me garder et avant même de connaître le sexe de son futur enfant, elle tenait à coincer le prénom Ange quelque part. Selon elle, c’était bien. Cela sonnait bien et ça restait porteur de bonnes nouvelles. Elle espérait qu’en m’offrant ce prénom, cela lui permettrait de vivre et continuer sa vie paisible. Mais, papa n’appréciait guère l’idée surtout lorsqu’il avait appris que ce futur enfant serait un garçon. Non, pour le futur qu’il m’envisageait, pour le fils que j’étais, il voulait quelque chose d’unique sans pour autant sonner ridiculement. Alors, après de longues négociations, mes parents s’étaient mis d’accord quelques minutes avant mon arrivée à la clinique sur Lorenzo. Et, ce fut mon seul prénom. Cependant, ma mère n’a jamais réellement cédé et elle m’a toujours appelé Ange tant et si bien qu’il m’arrive d’utiliser ce surnom comme mon identité.

    En parfaite santé, dans un semblant de famille, dans un univers, je commençais alors ma vie. Elle ressemblait presque trop à un conte de fée. Vous savez toutes ces jolies histoires que l’on conte avant de dormir. J’avais cette enfance trop protégée, trop choyée et sans doute, aussi, trop dénuée d’amour. J’avais cette enfance dorée derrière les portes de ma maison, de notre château. Je n’avais pas le droit de franchir les portes de la demeure, pas le droit d’aller jusqu’au portail de notre maison. J’étais caché et j’étais couvert de cadeaux comme si cela pouvait racheter l’absence de mes parents, l’absence du monde extérieur. Et, comme tout gosse de riche, j’étais éduqué comme il le fallait. Exit les jeux d’enfants que vous connaissez. Exit toutes ces petites merveilles. Je n’avais le droit qu’à quelques peluches et à des jeux toujours plus éducateurs. J’étais juste enfermé dans un château, dans une tour d’ivoire et le monde semblait tourner sans moi. C’était comme si je vivais dans un monde appart et que, derrière les murs de notre château, il y avait autre chose. Quelque chose auquel je n’avais pas le droit d’accéder. J’étais un peu comme Harry Potter… Ouais, bien sûr, j’avais appris et j’avais pris conscience que maman et papa étaient célèbres et que les journaux s’interrogeaient sur moi, sur mon visage, sur ma vie. Je le savais. J’avais conscience de ma célébrité et du fait qu’on me cachait derrière les portes dorées de ma maison. Mais, j’étais tout de même cloîtré dans un autre monde, dans une petite prison pas si belle qu’on pouvait le penser.

    De l’extérieur, cela doit vous sembler plutôt fabuleux peut-être, génial sans doute. De l’extérieur, vous devez vous dire que je n’étais pas à plaindre bien au contraire. Je ne manquais de rien. J’étais éduqué. Je vivais dans une grande maison avec toujours beaucoup de monde. Mais, ce n’était qu’une jolie illusion. Un conte de fée qui n’était pas si vrai. Je ne voyais pas souvent papa ou maman. Maman n’aimait pas vraiment passer du temps avec moi, je me demandais souvent si elle m’aimait. Elle était heureuse d’être en vie et elle voulait profiter de cela. Je crois qu’elle voulait juste s’éloigner de moi, de nous. Elle cherchait déjà une échappatoire à notre vie de château. Papa m’appréciait. Il venait toujours déposer un baiser sur mon front le soir. Il venait parfois me lire une histoire. Il passait parfois jouer avec moi ou me donner des leçons. C’était un amour partiel, un amour à mi-temps. Un amour qui s’était lentement effacé au fil du temps, au fil de mon évolution.

    Je grandissais. Lentement. Sûrement. Maman voulait que j’aille à l’école publique, elle prétendait que ça me ferait du bien et que c’était préférable si papa voulait que je fasse quelque chose de ma vie plus tard au lieu de rester enfermé dans ma tour d’ivoire. Je ne voyais pas vraiment le monde et les seules fois où j’avais l’occasion de sortir, il y avait tellement de gardes autour de moi que je ne voyais rien réellement. Alors, même si je ne m’entendais pas vraiment avec maman, j’approuvais plus ou moins son idée. J’avais peur, mais je voulais prendre mon envol. J’étais terrifié, mais j’en avais marre de me contenter de découvrir le monde à travers des écrans ou des gens qui venaient à la maison. Je priais pour que papa accepte. Pourtant, même si les menaces de mort n’existaient plus, même s’il ne semblait plus y avoir aucun danger, papa ne voulait pas prendre le risque de m’exposer. Il disait qu’il ne voulait pas prendre le risque que quelqu’un découvre vraiment mon visage. Je ne savais pas vraiment pourquoi. Au départ, je pensais que c’était pour ma protection. Puis, petit à petit, au fil des jours, au fil des regards qui se posaient sur moi, je me disais que c’était peut-être parce que je n’étais pas assez bien.

    J’avais à peine dix ans et je m’observais déjà trop souvent dans un miroir. À mon âge, papa était exposé fièrement dans les journaux. J’avais cherché. J’avais regardé. Alors, je ne comprenais pas pourquoi ce n’était pas le cas pour moi. Je ne comprenais pas pourquoi papa voulait me tenir à l’écart du monde, pourquoi il voulait me garder comme un secret honteux. Alors, petit à petit, je m’étais juste dit que c’était parce que c’était ce que j’étais : un secret honteux… Ou plutôt une personne honteuse. Après tout, même si la presse n’avait plus réellement parlé de moi après ma naissance, je savais que beaucoup voulait savoir mon identité. Je savais que dès lors que j’apparaitrais au grand jour, à visage découvert, la presse n’hésiterait pas à voler ces images. Le père de papa avait tout organisé pour que les choses se fassent sans le gêner, sans le perturber. Cependant, pour moi, papa ne faisait rien du tout. Il ne voulait pas me voir dans ces magazines. Je ne comprenais pas vraiment. Était-ce simplement pour me protéger ou avait-il honte de moi et de ce que j’étais ? Je n’en savais rien. Je n’étais qu’un gamin de dix ans qui ne pouvait découvrir le monde et qui doutait déjà trop de lui. Je n’étais qu’un gosse déjà foutu en l’air.

    Je n’avais pas été à l’école publique et j’avais continué à étudier à la maison comme je le faisais toujours. J’avais des professeurs particuliers qui se succédaient. J’apprenais beaucoup plus que ce qu’un gamin de mon âge aurait dû apprendre. Au-delà des matières habituelles de l’école, j’apprenais déjà d’autres langues et je me familiarisais avec le droit. Je suivais toujours des cours de bonnes manières ou de bons comportements en société… Ce genre de choses. Comme si c’était utile, comme si un jour papa envisageait de m’emmener avec lui à toutes ces soirées de la haute. Et, lorsque j’avais du temps libre, lorsqu’on ne me courait pas après pour telles ou telles choses, je m’abandonnais à ce que j’appréciais. Je jouais de la guitare en cachette dans le grenier parce que papa ne supportait pas d’entendre l’instrument résonner. Il disait que cela ne servait à rien. Il prétendait que ça ne m’apporterait rien. Alors, je le faisais en cachette tout comme je lisais en cachette. Oh oui, maman me ramenait souvent des livres (bien souvent choisi préalablement par papa) sur le droit, sur l’enseignement et toutes ces choses qui polluaient mon cerveau. Cependant, je m’aventurais secrètement dans la bibliothèque et je me servais. Et, le soir, caché sous mes couvertures, j’ouvrais ces livres et je m’évadais dans un autre monde sans même connaître le monde actuel. C’était ma façon à moi de chambouler un peu ma vie si parfaite et si contrôlée.

    Mais, les chamboulements étaient parfois extérieurs et trop réels. J’avais tout juste onze an quand le basculement le plus important se fit. J’étais juste un gamin d’onze ans un peu trop choyé, un peu trop protégé, un peu trop éduqué. J’étais simplement un gamin d’onze ans qui vivait dans un autre monde. Mais, lorsqu’un jour de cette année 2006, maman fit une grimace en découvrant la une du journal qu’elle déposait sur la table, je sus que quelque chose allait mal tourner. Alors, à l’envers, sans trop bouger pour ne pas attirer l’attention sur moi, je déchiffrais le titre : « Seán Grimm devient premier ministre ». Je ne comprenais pas. Qu’est-ce que cela pouvait faire ? Qu’est-ce que cela allait changer réellement ? Je n’en savais rien. Oh, ouais, bien sûr, grâce à mon éducation, je savais que papa aurait un rôle beaucoup plus important au sein du gouvernement Irlandais. Je savais qu’il aurait plus de travail et que nous serions un peu plus sur le devant de la scène – après tout, j’avais beau ne pas avoir droit d’accéder au monde extérieur, la technologie me permettait de voir que nous étions connus. Je voyais souvent maman sur les sites de certains magazines. Il y avait régulièrement le nom de papa. Et, bien sûr, j’étais parfois mentionné aussi. Mais, le fait que papa devienne premier ministre me semblait être une bonne chose. Connaissant ma mère, elle aurait dû aimer cela. Elle aurait dû aimer pouvoir avoir encore plus d’argent et encore plus d’attention. Alors, je ne comprenais rien.

    Pourtant, cette première page du journal avait bouleversé nos vies. Toutes nos vies. Lorsque papa était rentré à la maison, maman et lui avaient hurlé pendant des heures. Durant des heures entières, je m’étais caché dans ma penderie replié sur moi-même. Pendant trop longtemps, je me bouchais les oreilles en espérant faire taire tout ce qu’il disait. Tout ce que maman disait. Tout ce que papa rétorquait. Tout ce qu’ils disaient sur moi alors que je n’avais sans doute rien à faire dans leur dispute. Je n’avais jamais oublié ces foutus mots. Maman avait dit que j’étais une erreur, qu’elle ne m’avait jamais voulu et qu’elle aurait préféré qu’il la laisse avorter plutôt que de l’obliger à avoir cette vie. Papa disait que j’étais là et qu’on ne pouvait rien y changer, que même si je n’étais pas comme ils pensaient, c’était bien comme ça. Et, je me sentais mal. Et, je me détestais tout comme eux semblaient le faire.

    Maman avait quitté papa le jour même. J’avais onze ans. J’étais un gosse. Ma mère avait disparue sans même me regarder, sans même me dire au revoir. Papa s’était enfermé dans son bureau pour la soirée et ce fut la première fois depuis ma naissance qu’il ne vint pas embrasser mon front. Alors, je sus, à ce moment là, que nos vies étaient bouleversées. Totalement.

    03. Being Rebellious
    2007-2010 – de mes 12 ans à mes 15 ans – Dublin

    Ce fut bien le cas. Le départ de ma mère avait totalement bouleversé notre vie, notre quotidien. Les choses avaient totalement changé à partir de ce moment-là. Mon père s’enfermait chaque jour un peu plus dans son travail déjà bien trop prenant. Je ne le voyais qu’en coup de vent, au déjeuner. Il ne venait plus me lire d’histoire ou discuter avec moi le soir. Il ne prenait plus la peine de m’interroger sur ce que j’avais appris la journée même. Il ne venait plus déposer de baiser sur mon front comme il l’avait souvent fait. Avant. Mon père avait changé et c’était comme si je n’existais plus, comme si je ne faisais plus réellement parti de sa vie. Comme si je n’étais qu’un meuble. Mes nuits étaient agitées, je ne trouvais pas le sommeil. Je ne me sentais jamais bien. Je jouais avec la nourriture mangeant trop ou pas assez. Je cherchais à attirer l’attention, mais c’était dur de le faire lorsque je me retrouvais coincé dans un château. Ce n’était pas si simple et ça ne servait à rien. Mon père s’en foutait. Ma mère était partie et elle ne désirait même plus me voir. Alors, j’avais continué ma vie. J’avais continué à subir.

    Puis, un jour, papa avait décidé de me mettre au collège public. Comme ça, d’un seul coup. Il était rentré un soir et il m’avait balancé qu’à partir du lendemain j’irais dans un collège public. Il m’avait dit que je devais éviter de trop me faire repérer, mais il savait déjà que mon visage serait étalé partout et que les gens sauraient qui j’étais simplement à cause de mon nom de famille. Quand j’avais osé lui demander pourquoi il me mettait au collège maintenant, pourquoi il ne l’avait pas fait quand ma mère l’avait suggéré, pourquoi il avait laissé tout partir en vrille pour au final prendre cette décision, il se contentait de me dire d’aller me faire voir… En bien plus poli bien sûr, mais c’était ce que ça voulait dire. Et il avait levé la main sur moi me giflant si fort que j’avais vite pris la fuite dans ma chambre. J’avais passé la soirée à tenter de comprendre, à tenter de trouver un indice sur le pourquoi de cette situation. Mais, rien ne me venait. Rien ne m’apparaissait. Je ne comprenais pas. Peut-être que ce n’était qu’un moyen de m’éloigner encore plus et de se débarrasser de moi… Ouais, peut-être que j’aurais dû le voir. Mais, tout ce que je voulais, c’était que mon père me voit à nouveau et j’étais prêt à tout pour ça.

    J’avais du mal à me faire des amis au collège. Au départ, les gens venaient me voir parce que j’étais le petit nouveau et parce qu’ils aimaient sans doute avoir une nouvelle tête dans leur collège. Je n’avais lancé que mon premier prénom comme si je savais déjà que mon nom de famille était mon secret, comme si je voulais qu’il reste mon secret. Dans la cour, les gens m’avaient accepté. Je parlais avec eux, ils me parlaient. Je découvrais le monde et je tentais d’éviter de me faire remarquer. Je prétendais connaître tout ce dont ils me parlaient alors que, pour la majorité, j’avais simplement vu des photos sur le net. Mais, le cauchemar n’était jamais loin de la réalité. Et, rapidement, ils avaient appris qui j’étais. Ils avaient rapidement compris que j’étais le fils du premier ministre et je les voyais jacasser entre eux. Je voyais tous les regards changer. Je voyais qu’ils ne voulaient faire parti de mon cercle uniquement par intérêt. Alors, au lieu de me diriger vers eux, au lieu d’accepter la société,  je m’étais juste renfermé sur moi et je n’avais plus adressé la parole à qui que ce soit. Je bossais en classe, je répondais correctement au professeur et j’évitais les autres autour de moi. Là où j’aurais pu profiter de ma place et devenir un de ces populaires, je me renfermais dans ma bulle et je longeais les casiers. Je devenais juste le reclus. Et, les gens commençaient à se moquer. Et, je ne m’appréciais plus autant. Je m’étais même mis à tenir un journal intime.

    Le collège était devenu mon enfer. Je passais des heures dans un endroit où les autres jouissaient de mon mal-être. Chaque jour lorsque la voiture descendait devant le collège, mon cœur battait trop fort et mon ventre se tordait. J’avais pris l’habitude d’avoir cette nausée et cette peur absolue. J’avais pris l’habitude d’aspirer un courage illusoire tout en sachant que je serais plus misérable à la fin de la journée. Chaque pas me coûtait trop cher. Chaque souffle était une douleur. Chaque regard sur moi me brûlait. J’étais celui dont on se moquait : trop dans les études, trop intello, trop fils à papa, trop bizarre, trop maigre, trop silencieux, trop différent, trop moche… J’entendais toujours leurs rires dans mon dos. J’entendais tout le temps leurs remarques. Ils n’étaient jamais discrets et ils n’en avaient rien à faire. Je me rendais compte que j’aurais aimé disparaître. Je me rendais compte que je préférais les cours à la maison, dans ma tour d’ivoire. Et, quand j’en avais parlé à mon père, il m’avait simplement dit non. Il m’avait juste changé de collège. Comme ça. Du jour au lendemain. Après quelques temps d’enfer dans un collège, je me retrouvais ailleurs.

    J’avais treize ans et le même manège recommençait dans un autre collège. La même situation. J’étais d’abord l’inconnu très joyeux qu’on appréciait pour ses blagues, pour sa maladresse. Mais, dès qu’on savait réellement qui j’étais, les gens ne me voulaient que par intérêt. Alors, je me renfermais et je subissais l’horreur. Je subissais en silence et en mode invisible au maximum. La presse n’avait rien à se mettre sous la dent. Je me sentais mourir. J’étais toujours plus effacé face à mon père.

    Puis, j’avais vu cette bande de mecs et de filles un peu plus âgés, plus à l’écart. Je ne saurais vous dire comment les choses s’étaient faites exactement. Mais, je m’étais lié d’amitié avec cette bande de rebelle. Le chef m’avait accepté sans faire d’histoire et j’étais rapidement devenu le petit chouchou de la bande. J’aimais beaucoup trop ça. Nous étions une dizaine et je les aimais bien toutes ces personnes. Ils ne cherchaient jamais à m’avoir dans leurs faveurs, ils se fichaient même de savoir que j’étais le fils du premier ministre. J’étais juste comme eux. J’étais simplement l’un d’entre eux. Je me sentais exister. Je me sentais être quelqu’un. Et, je me sentais changer. Je sortais de ma coquille acceptant même d’aller à quelques soirées pour mon père parfois. Il avait toujours besoin de personnes pour animer les soirées de charité qu’il se plaisait à organiser. Avec ma bouille d’angelot détruit et mes yeux bleus, les gens se laissaient trop vite berner. J’étais doué et mon père me voyait. Alors, je continuais de suivre cette bande. Je continuais de vivre cette vie de folie et j’étais bien. J’étais mieux.

    J’allais dans toutes les fêtes. Je me mettais à coucher avec des filles sans réellement apprécier tout cela, toute cette douceur et cette tendresse. Je me mettais à fumer des joints en plus des cigarettes. Ma consommation de drogue commença également à cette période et j’en devenais assez vite accro malgré les efforts de l’Irish Band pour tenter de m’éviter de sombrer. Je me mettais aussi à me battre. Je volais même si je n’en avais aucun besoin. Je m’amusais à provoquer les gens. Je me plaisais à exciter les personnes qui venaient voir mon père. Je faisais tout et n’importe quoi. Je faisais toutes sortes de choses illégales et pas net. Et, c’était le pied. On pouvait penser qu’à treize ans, je n’étais encore qu’un gamin. Mais, j’avais grandis trop vite auprès de cette bande. Je m’étais adapté pour me mettre à leur niveau et c’est à cette période que j’avais commencé les tatouages. Franchement, après des années de vie de château, je ne savais pas réellement où étaient les limites. Je m’en fichais même. Au début, j’étais plus ou moins discret avec toutes ces histoires. Je faisais toutes ces choses, je ne cherchais pas réellement à le cacher, mais je faisais attention. Puis, les choses avaient pris plus d’ampleur. Je voulais plus. Je voulais exister. Je voulais prouver à la terre entière que j’étais quelqu’un et que je n’étais pas qu’un secret honteux, qu’une personne honteuse. Tant pis pour les mauvaises images. Je voulais juste avoir un peu de reconnaissance… Et, si je pouvais le faire en faisant ce que j’aimais, c’était mieux. Alors la presse à scandale s’en était donnée à cœur joie.

    « Le fils du premier ministre trop bourré – photos scandales en page 10 », « Lorenzo Grimm, le fils du premier ministre divorcé de l’avocate Natasa, se fait percer les oreilles. Sexy ou vrai flop ? », « Lorenzo Grimm n’est qu’un égoïste qui couche avec les filles et les jette selon l’une de ses conquêtes », « Lorenzo Grimm en garde à vue après un vol et des bagarres à répétition », « Le fils du premier ministre continue sa descente et c’est la drogue le nouveau pactole », « Lorenzo Grimm, trop de sombres secrets, partisan d’un groupe de rebelle dans Dublin – toute l’histoire en page 3 », « Les tatouages de Lorenzo Grimm et sa folie suite à l’agression d’un photographe »…

    Mes frasques en tout genre s’étalaient à la une des journaux à scandales pendant deux longues années. Bien sûr, parfois, il arrivait qu’on parle de moi en bien pour balancer que j’avais animé correctement une soirée de charité ou pour dire que j’avais enchanté les gens avec mon humour, ma guitare et ma bonne humeur. Mais, c’était plus souvent cette image de mauvais garçon qui ressortait. C’était plus souvent mes frasques à la une des journaux que mes bonnes actions. Papa s’en foutait. Il s’efforçait de ne pas trop prêter d’attention à tout et, dès lors que les gens le questionnaient, il se contentait de leur dire que c’était des conneries. Ouais, il savait que ce n’était pas des conneries, que tout ça c’était bien vrai. Il savait que la moindre frasque était réelle et je me bouffais à chaque fois de jolis serments en privé. Les coups de ceinture s’abattaient sur moi marquant mon corps à jamais. Les poings rencontraient parfois mon visage ou mes côtes pour me rappeler que je devais cesser ces conneries. Les flammes brûlaient ma peau. Il m’était arrivé plus d’une fois de retourner vers la bande si mal en point qu’ils se devaient de veiller sur moi et me soigner. Mais, je m’en foutais. Je voulais continuer encore plus sachant qu’en public papa laissait couler et j’existais pour lui. Je savais pourquoi il laissait passer en public : cela faisait parler de moi, de lui. Et, la publicité était toujours bonne à prendre même quand elle était mauvaise.

    J’avais quinze ans et j’étais un gosse à problème. J’avais quinze ans et je cherchais beaucoup trop les ennuis. J’avais quinze ans, les oreilles percées, le corps couvert de plus en plus de tatouage et les cheveux trop longs pour mon père. Oh oui, je refusais de les couper court à présent. J’en avais marre de ressembler à mon père. J’en avais marre de le voir quand je me regardais dans un miroir. Alors, mes cheveux étaient devenus plus longs et moins disciplinés. J’en étais tombé amoureux tant et si bien que j’avais adopté ce style. Ça allait bien avec mes yeux, ça allait bien avec mon visage d’ange et avec mes nouvelles dents bien droites. J’avais quinze ans et je me rendais compte que les hommes m’intéressaient beaucoup plus que les filles. Même si les courbes féminines ne me laissaient pas indifférent, je n’aimais pas tout ce calme et cette tendresse, cette douceur. J’avais plutôt envie de découvrir les torses plats et durs des hommes. Je voulais découvrir quelque chose de violent, quelque chose de réel. Alors, vu que j’étais trop souvent privé de sortie, je commençais à chercher les ennuis à la maison. Je commençais à draguer les hommes qui venaient chez nous. Un homme qui venait chez nous et qui était devenu mon « baby-sitter personnel ».

    04. Dangerous love
    2011 – J’ai 16 ans – Dublin

    Il s’appelait Charlie. Il me déposait et venait me récupérer au collège-lycée. Il me conduisait là où je devais aller. Il me gardait à la maison quand je devais y rester et que mon père n’était pas encore rentré. Je ne connaissais pas grand-chose de cet homme au départ. Mon père l’avait simplement fait entrer dans ma vie comme ça, un jour après une énième arrestation. J’étais rentré à la maison et je les avais trouvé tous les deux dans le salon. Mon père m’avait invité à les rejoindre et je n’avais pas hésité longuement parce que je savais qu’il valait mieux obéir que se rebeller. Je savais quand je devais me taire et quand je pouvais m’amuser. Là, c’était mieux que je me la ferme et que je m’assoie comme il me le demandait. Alors, je l’avais fait et j’avais attendu. Mon père m’avait parlé pendant des heures de Charlie, de qui il était, de ce qu’il allait faire… Mais, je n’avais rien écouté. Non, j’étais trop occupé à m’amuser avec cet homme. J’avais sorti une sucette de ma poche – miracle, papa n’avait rien dit – et je m’étais amusé à la lécher exagérément en fixant ce baby-sitter personnel. Et, je m’étais amusé parce que je voulais juste pousser cet homme à se barrer.

    Mais, il ne l’avait pas fait. Charlie était resté là. Une semaine puis deux puis trois… Un mois, deux mois… Au fil du temps, il me taquinait tout autant que je le taquinais. Ça ne restait qu’un jeu entre nous. Un jeu sans doute trop dangereux, mais quelle importance franchement ? Je n’étais pas insensible à son charme. Il n’était pas insensible au mien. Et, si mon père pensait que cela pourrait me calmer, il avait raison en un certain sens. Depuis l’arrivée de Charlie dans ma vie, j’avais cessé la majorité de mes conneries même si je continuais à traîner avec la bande aussi souvent que possible. Néanmoins, je ne jouais plus qu’avec lui. Avec cet homme de trente-neuf ans. Je me fichais complètement de son âge. Je me fichais de draguer un homme aussi vieux. Je me foutais des répercussions qu’il pourrait y avoir. Je me foutais de tout parce qu’il était toujours là. Il me répondait toujours. Il jouait toujours avec moi. Il s’occupait toujours de moi. J’avais l’impression d’exister sans avoir besoin de faire le mariole. J’avais l’impression d’être quelqu’un pour une autre personne. C’était comme si je pouvais vivre… Revivre. J’étais juste bien avec lui. Tout était bien…

    Enfin… Jusqu’à ce que je tombe irrémédiablement amoureux de lui. C’est hyper cliché maintenant.

    J’étais tombé amoureux de cet homme trop vieux sans doute. Mais, je n’y pouvais rien. Alors, lentement, j’avais recommencé de plus en plus mes conneries et je m’étais éloigné de lui. Je ne l’écoutais plus, j’essayais toujours d’échapper à sa surveillance. Mon père n’aimait pas ça. Il voyait bien que je redevenais hors de contrôle et il hésitait même à remplacer Charlie. Je crois que ce fut ça qui fit réagir mon baby-sitter. Ouais. Il était là un soir quand je sortais de cours et il m’avait obligé à le suivre. Je me souvenais de tout dans les moindres détails. La façon qu’il avait de me regarder comme pour essayer de lire en moi, la façon dont il prononçait mon surnom qu’il était le seul à avoir droit d’utiliser sans que je n’hurle au scandale. Je me souvenais de notre violente dispute qui s’était terminée à la maison. Je me souvenais quand je m’étais retrouvé bloqué contre le mur et que tout le corps de Charlie s’appuyait contre le mien. Je me souvenais des baisers passionnés. Je me souvenais des moindres caresses, des moindres mordillements. Tout était ancré en moi jusqu’à la moelle parce que, quand il m’avait fait l’amour, j’avais l’impression d’être réellement quelqu’un. Et, je m’étais accroché à lui le suppliant de ne pas partir, de ne pas m’abandonner. Et, il me l’avait promis. Il était resté.

    Les longs mois qui suivirent furent les plus beaux de toute ma vie sans doute. Charlie et moi étions un couple… Ou quelque chose qui s’en rapprochait en tout cas parce que je ne me retenais pas pour coucher avec d’autres. Mon père était souvent absent alors Charlie restait à la maison les soirs, les nuits. Les premiers mois avaient été plus compliqués puisque Charlie avait cherché à me sevrer de la drogue. Il avait profité des vacances d’été pour m’enfermer et me laisser à ce sevrage aussi compliqué que plaisant. Compliqué parce que les crises de manque ne me laissaient aucun répit. Plaisant parce que je me retrouvais trop souvent à coucher avec Charlie après chaque crise. Mais, après ce sevrage réussi, tout semblait parfait. Il me traitait toujours avec tant de respect comme si j’étais une figurine en porcelaine qu’on pouvait briser. Il prenait soin de moins. Il m’embrassait toujours avec tendresse. Il me murmurait chaque jour des mots d’amour. Il me faisait l’amour comme si j’étais le seul. Il s’occupait de moi comme si j’étais sa pierre précieuse et j’aimais ça. J’aimais la façon dont il m’appelait mon ange. J’aimais la façon dont il prenait soin de moi et cela même si ça me faisait sentir comme un gosse parfois. J’aimais sa possessivité lorsqu’il me faisait sien avec brutalité dès lors que j’osais draguer d’autres hommes ou m’approcher trop près de certains. J’aimais tout. Je me fichais de devoir me cacher, je me fichais de tout parce que j’étais bien. Mais, je n’étais qu’un adolescent et le cauchemar n’était jamais loin.

    Je n’avais pas pu me retenir de l’embrasser un soir à la sortie des cours. Nous étions dans la voiture et je ne pensais pas que quoique ce soit demeure visible. Je ne pensais pas qu’on pourrait nous voir. Je n’imaginais pas que les journalistes en avaient encore après moi. Charlie non plus sans doute parce qu’il me fit l’amour à l’arrière de sa voiture. Et, c’était le paradis avant le feu brûlant de l’enfer.

    « SCANDALE !!! Lorenzo Grimm, fils du premier ministre irlandais, entretient une aventure avec un homme plus âgé et c’est loin de rester platonique. Venez découvrir l’article et les photos sulfureuses en page 4. »

    La nouvelle était tombée le lendemain. Dans les journaux, dans les magazines, sur le net, à la télévision… Mon père était rentré plus tôt de son voyage d’affaire et il avait renvoyé Charlie sur le champ. Je n’avais même pas eu le temps de lui dire au revoir ou de savoir comment réagir. Mon père avait simplement pété un câble à ce moment-là et j’appris bien plus tard qu’il avait fait en sorte que Charlie ne puisse plus remettre les pieds à Dublin ou proche de moi. En rentrant, mon père nous avait trouvé au lit alors il n’avait même pas cherché à savoir si c’était la vérité ou si j’avais été forcé dans cette histoire. De toute façon, je n’aurais jamais cherché à faire croire que je l’avais été ou que ce n’était pas vrai. Et, l’horreur avait commencé. Je me souvenais de son discours dans les moindres détails. Les moindres mots qui me heurtaient au plus profond des entrailles. Je n’étais qu’une erreur, une honte, une mocheté… Je ne méritais pas cette vie… Il aurait mieux fait de laisser ma mère avorter comme elle le voulait… Je n’aurais jamais dû exister… Je n’avais pas ma place aux côtés de mon père, à un rang aussi haut.

    Et le verdict était tombé. Il m’envoyait aux États-Unis. Il m’envoyait à New-York. Chez ma mère qui me haïssait tant. Il me verserait toujours de l’argent chaque mois, mais il ne voulait plus avoir à faire à moi parce que, pour lui, j’étais juste mort à présent. D’ailleurs, il avait pris soin de me battre comme jamais ce soir-là comme s’il espérait me faire mourir.

    Mon cœur se déchira ce jour-là. Je perdais Charlie. Je perdais mon père. Je perdais la bande. Je perdais ma vie. Je me brisais déjà et la vie continuerait de m’achever après. Le conte de fée hein ? Bah ce n’en est plus un.

    05. Start again
    2012 – J’ai 17 ans – New-York

    L’adaptation avait été difficile. Dès le lendemain, j’avais dû faire ma valise et mon père avait fait venir un jet privé pour que je sois au plus vite loin de lui, loin de sa vie. Je m’étais trop vite retrouvé cloîtré dans un avion sans père et sans avenir concret. Je ne savais plus quoi faire. Mes mains ne faisaient que trembler alors que j’attendais le décollage. J’avais tenté de joindre Charlie et il avait décroché une fois pour me dire de l’oublier, que c’était fini et qu’il ne fallait pas gâcher encore plus les choses… Dans mes oreilles, ça avait sonné comme s’il me demandait d’arrêter de gâcher sa vie. Alors, j’avais tout effacé… Son numéro et nos photos. Ses messages et nos souvenirs écrits. Mais, tout ce qu’il y avait dans ma tête existait encore. Et, ça me détruisait toujours. J’avais passé le vol à pleurer avant de m’endormir d’épuisement.

    Quand j’étais arrivé à New-York, personne n’était là à m’attendre. Personne n’était là pour venir me chercher. Personne. J’étais tout seul réellement pour la première fois de ma vie. À Dublin, mon père faisait toujours tout pour je sois entouré, pour que je ne sois pas perdu – sauf au collège, là je m’étais débrouillé seul. Mais, là, je me retrouvais dans un pays inconnu et personne n’était là. Je me souvenais avoir été m’enfermer dans les toilettes de l’aéroport et y être resté trop longtemps… Si longtemps que ma mère avait fini par m’appeler pour m’engueuler parce que je n’étais toujours pas à l’adresse qu’elle m’avait envoyé. Cela faisait six ans qu’elle ne m’avait pas vu. Six ans qu’elle ne m’avait pas parlé et c’était tout ce qu’elle faisait. J’avais retiré mes boucles d’oreille, j’avais poussé ma capuche sur ma tête et j’avais quitté l’aéroport. Seul et blessé. Loup solitaire bien malgré moi.

    J’étais arrivé trempé et déprimé à l’adresse que m’avait indiqué Natasa. Ma mère m’avait accueillit avec une grimace de dégoût me disant rapidement que je ferais mieux de me dégoter un appartement au plus vite, dès que j’aurais fini le lycée. Elle me laissait séjourner chez elle provisoirement parce qu’elle pouvait bien faire ça pour le bébé qui avait gâché une partie de sa vie. Mais, c’était tout et elle me le faisait bien comprendre. Ma mère avait refait sa vie ici à Harvard. Elle avait quarante et un ans et un mari avec qui elle semblait beaucoup plus heureuse qu’avec mon père. Pour le peu que je voyais en tout cas. Ma mère m’avait inscrit dans un lycée pas loin de la maison parce que je devais me débrouiller à prendre le bus ou à y aller à pied. Elle n’avait pas que ça à faire. Les matins, je devais préparer mon petit déjeuner tout seul. Je devais me débrouiller pour manger le midi. Et, les soirs, ma mère me demandait de manger avant ou après elle et son mari parce qu’elle ne voulait pas que je sois dans leurs pattes. Je me sentais mal à l’aise chez elle. Elle me faisait toujours sentir comme quelqu’un d’indésirable.

    Et, même au lycée, je me sentais indésirable. Les gens me regardaient de travers et ils rigolaient souvent. Je me doutais qu’ils avaient dû entendre parler de mon histoire et qu’à présent qu’ils me voyaient ici, dénués de tout, c’était tellement plus drôle pour eux. Je ne ripostais jamais. Je m’enfermais dans ma bulle. Je m’enfermais dans mon silence. Je m’enfermais dans mon enfer. J’avais essayé de survivre et de devenir inaperçu. Mon nom restait connu ici, mais plus le temps passé et plus mon identité de fils du premier ministre irlandais semblait s’effacer.

    Alors, je m’étais finalement fait des amis au lycée. Je m’étais finalement intégré auprès d’eux malgré mon physique pas très avantageux, malgré ma peur. Je m’étais fait une bande de potes et je pensais que tout allait bien. Je m’étais entouré des mauvaises personnes sans même le savoir et la chute me le rappellerait violemment.

    06. Way to hell
    2013-2014 – 18 ans et 19 ans – New-York

    J'étais dans ma chambre, assis sur mon lit pendant que ma mère et son mari regardaient une émission débile à la télévision. J’entendais le son jusqu’ici, mais je ne disais rien. J’avais retrouvé un semblant de vie. Les gens commençaient à en avoir marre de rire sur moi et j’avais une bande d’amis. Je souriais à nouveau, je rigolais même et je redevenais Lorenzo. Mais, ce soir, les choses allaient à nouveau me descendre.

    Mon ordinateur trônait devant moi et ma conscience demeurait en plein débat intérieur. Je venais de rentrer du lycée après une autre journée entre les murs de ce temple du savoir. C'était simplement une énième journée un peu trop banale. J'étais allé en cours, j'avais écouté tout en discutant de temps à autre avec mes potes, nous avions bien rigolé à la pause déjeuner en abordant les dernières soirées des autres et la même chose avait perduré toute l'après-midi. Ma journée semblait ordinaire. Elle ressemblait à celle de n'importe quel lycéen jusqu'à ce que John débarque devant moi. Il était venu me demander de lui rendre un service et j'avais accepté sans même chercher à réfléchir. Après tout, ce n'était guère compliqué et ça ne me prendrait que cinq minutes, montre en main. Il m'avait filé son mot de passe pour sa boîte mail et je devais simplement envoyer un dossier à un professeur avant le moment fatidique. Ouais, bien sûr, John s'y prenait toujours à la dernière minute. Il avait oublié de le faire et ne pourrait pas le faire avant la date limite (qui sonnait dans quelques heures) puisqu'il partait en soirée. Alors, j'avais accepté et je me retrouvais maintenant devant mon ordinateur.

    John. Il était celui que je considérais comme mon meilleur ami à New-York. Il était le mec dont j'étais le plus proche. Je le connaissais depuis mon arrivée, ses parents connaissaient ma mère, nous étions voisins et il n'était pas rare de me retrouver chez lui. John était celui envers qui je n'avais pas le moindre secret et celui avec qui j’avais des projets jusqu'après la fac. Il avait été au courant de ma première fois avec une fille, du fait que j’avais porté une boucle d’oreille… Il avait été celui avec qui j’avais partagé toute mon histoire en Irlande, toute mon histoire avec Charlie… Il avait été mon meilleur ami, peut-être même un peu plus et j’osais penser que c’était réciproque. Mais, on ne restait pas gamin toute une vie. On ne restait pas un enfant dans une bulle protégée et toute rose. Le monde venait s'échouer contre notre bulle et la protection finissait par céder. Elle volait en éclat. Et,  John s'était éloigné. J'avais l'impression de le voir tracer sa route sans moi et je ne pouvais rien faire pour le retenir. Je n'osais même pas formuler mes pensées à haute voix devant lui, je ne voulais pas passer pour un abruti je pense. Alors, je subissais en silence et je me doutais qu'il renfermait des secrets. Et, j'étais loin d'avoir tort.

    J'avais sa messagerie sous les yeux. J'étais trop curieux. Les messages étaient tous en vrac et il y avait un truc. Un dossier sans nom qui semblait plein et qui semblait être le seul rangé. Ma conscience vacillait. Cliquer ou ne pas cliquer. Et, finalement, je craquais. Je voulais découvrir ce qu'il me cachait. Je voulais trouver comment l'avoir de nouveau dans ma vie. Plus de deux cent mails se tenaient sous mes yeux. Deux cent mails au sein desquels mon prénom se tenait souvent en tant qu'objet. Je descendais jusqu'au tout premier. Je ne réfléchissais même plus. J'ouvrais et je commençais ma lecture.

    Je n'étais pas descendu manger. J'étais resté dans ma chambre, fermé et captivé par les mots que je lisais. Les messages défilaient les uns après les autres. Les mots défilaient sous mes yeux et je ne me sentais même pas coupable de lire tout cela. Pas après tout ce que je découvrais. Pas après toutes ces choses. J'arrivais au dernier mail qui datait d'hier. Je le lisais, je quittais tout et je m'allongeais sur mon lit.

    Les mots tournaient en boucle dans ma tête. Je n'avais même pas conscience des larmes qui ravageaient mes joues. Les phrases tournaient en boucle dans ma tête. Ces critiques, ces moqueries, tous ces petits secrets qui n'avaient jamais été des secrets parce que toute notre bande les connaissait. Quoique, maintenant, je n'avais même plus envie de dire notre bande. Ce n'était plus la mienne... D'ailleurs, y avais-je seulement fait partie une seule fois ? Mon cœur se tordait. Ma tête me heurtait. Les mots jouaient encore dans ma tête. J'avais découvert la vérité et elle me heurtait. Rapidement, je finissais par m'échouer dans ma salle de bain et je vomissais mes tripes. Je vomissais l'horreur. Je vomissais ma peur. Je vomissais mon cauchemar. Mais, ça ne changeait rien. J'étais toujours aussi mal. J'étais toujours si différent.

    J'avais pris mes distances dès le lendemain matin. Je m'étais installé tout au fond de la salle alors que j'avais l'habitude d'attendre les autres devant et de les suivre quelque soit la place. Parfois c'était devant, d'autre fois c'était derrière. J'avais croisé les bras sur ma table et j'y avais enfoui ma tête. Je n'avais pas dormi de la nuit et j'étais mort de trouille à l'idée de ce qui allait se passer maintenant. Je ne savais pas comment John allait réagir. Comment les autres allaient réagir. Je ne savais même pas ce que moi je devais faire. Devais-je les saluer et agir comme si de rien n'était ? Devais-je tenter de régler le problème et leur faire savoir que j'étais au courant de tout ? Ou devais-je simplement les ignorer ?  C'était ça que j'avais choisi. C'était ça que j'avais décidé. C'était plus simple pour moi. Cela me semblait même beaucoup moins dangereux. Je ne risquais rien à rester seul dans mon coin. John me connaissait. Cela m'arrivait quelques fois. Quand je dormais mal surtout. Quand je n’étais pas au mieux de ma forme. C’était arrivé de trop nombreuses fois depuis mon arrivée comme s’il y avait des jours avec et des jours sans. Je passais une journée seul et tout allait mieux le lendemain. Ils le savaient et ce fut sans doute pourquoi ils me laissèrent tranquille. Mais, en sortant de cours, mes yeux s'étaient posés sur John et j'étais quasiment sûr qu'il pouvait toujours lire en moi comme dans un livre ouvert.

    Je ne m'étais pas trompé. Il avait compris. Le message était passé sans même que je ne l'ai réellement cherché. Dans le fond, je me disais que cela réglerait tout et que les choses allaient simplement redevenir comme avant. Je me disais qu'il reviendrait vers moi et que tout irait pour le mieux à présent. Je n'étais qu'un idiot gamin. Je n'aurais pas dû espérer. Je n'aurais pas dû prendre mes distances. Les choses avaient changé à partir de cet instant. Les gens parlaient à haute voix sur mon passage. Ils ne se gênaient plus à se cacher. Ils ne cherchaient plus à faire semblant de m'apprécier. Je traversais la cour et les mots fusaient. Les insultes sur ma sexualité, sur mon histoire avec Charlie, les insultes sur le fait que je me contentais de suivre John comme un chien. Les insultes sur mon apparence, sur qui j’étais. Les critiques fusaient et je subissais. C'était la pire journée de ma vie et elle s'était terminée de la pire des manières. John était venu me trouver à la fin des cours. Il m'avait dit que je n'avais aucun droit de fouiller sa vie privée, que j'étais un psychopathe ou quelque chose du même genre. Je ne me souvenais plus. J'étais en pleurs, j'étais à l'ouest. La seule chose que je me rappelais clairement était son poing qui s'abattait sur moi. Moi qui tombais au sol alors qu'il prononçait quelques mots.

    - Tu me dégoûtes minable trésor... Je suis répugné rien que de penser au fait que tu ais cru que j’étais ami avec quelqu’un comme toi… Tu avais tout pour toi sur un plateau d’argent bébé et tu as tout foutu en l’air parce que tu es pitoyable… Tu es une erreur de la nature chéri. Tu sais, hormis ton Charlie, personne ne te voudra. Je suis même certain qu’il a été payé pour coucher avec toi. Personne ne voudra d'une horreur comme toi. Personne ne pourra jamais te désirer.

    Il s'était barré. Les mots m'avaient marqués. J'étais rentré en pleurs. J'étais rentré avec une blessure et je n’avais même pas eu à me justifier sur mon état. Ma mère m’avait regardé un rictus aux lèvres comme si elle se doutait que tout finirais ainsi.

    Les mois avaient défilé. J'étais devenu le paria. Toujours jugé et regardé de travers. Toujours insulté et repoussé. Les bousculades étaient devenues mon quotidien autant que les mots qui détruisaient mon être et qui s'infiltraient dans ma tête, dans mes veines. Ces mots qui, petit à petit, devaient la seule vérité à laquelle je croyais. Des mots qui se comparaient à un poison me détruisant. Lentement. Sûrement. Je comptais les heures qui me restaient à passer en cours, au fond de la salle avec les yeux rivés sur ma feuille tout en oubliant les objets qu'on me lançait et les interpellations qu'on me jetait au visage. J'étais devenu leur marionnette et je commençais déjà à me faire du mal. Je commençais à cacher les miroirs, à éviter toute surface sur laquelle je pouvais croiser mon reflet. J'étais devenu ce qu'ils voulaient. J'étais déjà détruit et ils avaient gagné.

    07. Change everything
    2015 – J’ai 20 ans – Cambridge

    Pendant des mois, je m’étais contenté de me laisser crouler sous la douleur et la peine en silence. Tout me rongeait. Les gens au lycée ne me faisaient pas réellement du mal physiquement. Il y avait quelques bousculades et j'avais quelques bleus sur la peau, mais ce n'était pas grave. Ce n'était ni visible, ni choquant. En revanche, leurs mots étaient des lames acérés qui me lacéraient la peau quotidiennement. Leurs mots se plantaient dans ma chair et ils l'arrachaient sans réfléchir. Le sang coulait et ils s'en foutaient. Ils rigolaient. Ils continuaient. Je crevais. Je les croyais. Les miroirs étaient devenus ma hantise, je les fuyais. J'évitais de me regarder. Je ne faisais même plus attention aux vêtements que j'enfilais le matin du moment qu'ils couvraient mes jambes et mes bras mutilés, tout allait bien.

    Le lycée s’était terminé. L’horreur avait prit le dessus dans ma vie. J’avais choisi de quitter la maison de ma mère et New-York. Il m’était impossible de retourner en Irlande. Alors, après plusieurs recherches sur ce que je voulais faire, je savais que je voudrais étudier à Harvard. Alors, j’avais déménagé à Cambridge. Et, un jour, complètement pris de folie, j’avais téléphoné à mon père. Je n’avais pas lâché l’affaire jusqu’à ce qu’il s’occupe de mes lettres de recommandation pour l’université et du prix surtout. Nous étions parvenus à un accord. Je ne revenais pas en Irlande et il me payait toutes mes études. Cela me convenait. Je m’étais alors installé à Cambridge dans un petit appartement pas trop cher parce que je préférais ne pas étaler ma richesse. Je ne voulais plus être perçu comme le fils du premier ministre très riche. Je voulais juste être Lorenzo sans nom de famille pompeux derrière.

    Ce fut ce jour-là que je compris que quelque chose n’allait pas avec moi. Cela faisait des années que je le soupçonnais au vu de mes changements d’humeur comme une girouette. Cependant, je n’avais jamais osé creuser ce chemin de peur de mettre des mots sur une réalité. Mais, poussé par ma réussite avec papa, j’avais choisi de me rendre chez un psychologue. Le plus discret de la ville et le plus cher sans doute aussi. J’avais suffisamment d’argent pour le payer de toute manière. Alors, je l’avais fait. Je m’étais retrouvé sur ce divan face au psychologue. Les minutes s’étaient rapidement transformées en heures. On m’avait diagnostiqué ce qui n’allait pas… Ce qui n’allait plus… Ce qui, peut-être, n’avait jamais été bien .Et, ce ne fut qu’à la nuit tombé que je sortais de chez lui avec ce diagnostic entre mes mains tremblantes.

    Je souffrais de dysmorphophobie, un trouble de l’image de soi. Je pense que c’est important de le signaler là tout de suite. Maintenant. À cause des mots des autres, j’avais fini par me regarder plus souvent dans le miroir et la maladie avait commencé à apparaître. Mon image me troublait, me dégoûtait. Je cherchais tout le temps à cacher mon corps avec  des vêtements trop grands. Je masquais mon visage avec des lunettes noires et des casquettes. Je paniquais à l’idée de croiser mon reflet si bien que les miroirs étaient tous masqués chez moi par des draps. Tout le temps. J’évitais également toutes les surfaces dans lesquels mon reflet pouvait apparaître. Ma dysmorphophobie m’entrainait sans doute à toujours plus me renfermer et à fuir les liens avec les autres. Je cherchais toujours les coins les plus sombres, les plus à l’écart comme si je cherchais à me fondre dans le mur. Et, ça ne s’arrêtait pas là. Il m’était arrivé parfois de penser au suicide et d’aller me poser sur des toits, sur des ponts. Il m’était trop souvent arrivé de vouloir sauter. La dysmorphophobie n’était pas la seule à s’attaquer à moi. J’étais bipolaire et cela expliquait tous mes changements d’humeur aussi violents qu’inexplicables. Au-delà d’avoir une liste de médicaments à prendre, je me retrouvais avec tellement d’interdictions que je me sentais à nouveau fermé dans une tour d’ivoire. Ce soir-là, j’avais envoyé au diable les interdictions, j’avais choisi de faire la fête comme jamais et j’étais tombé de nouveau dans la drogue. Je retombais au sein de ma vie d’avant pleine de fêtes, de conneries, de drogue et de choses illégales. Et, je couchais trop aussi.

    08. And now ?
    2019 - J'ai 23 ans - Cambridge

    Depuis mon histoire avec Charlie, depuis mon arrivée à Cambridge, j’avais eu quelques aventures avec des hommes parfois sérieuses. Mais, je cherchais toujours une certaine violence, une certaine froideur. Je ne pouvais supporter la tendresse ou les attentions tant et si bien que mes histoires ne duraient jamais longtemps. J’avais toujours une préférence pour les hommes et en particulier s’ils étaient plus âgés que moi. Peut-être que, d’un côté, c’était encore un effet de ma dysmorphophobie. Je me sentais souvent comme un gamin, comme un enfant dont on devait prendre soin. Et, je savais que les hommes âgés s’occupaient mieux que moi. Je savais que je me sentais en sécurité comme ça. Peut-être était-ce uniquement parce que j’avais connu une seule véritable relation sérieuse avec un homme beaucoup plus âgé que moi. Ouais, peut-être que c’était la raison de ma préférence : mon ignorance. En vérité, je crois que je suis surtout un grand enfant et que j’ai, dans certains de mes stades, besoin que quelqu’un prenne le contrôle pour moi comme si j’avais besoin de me sentir soumis à quelqu’un. Dans ma tête, le lien s’était fait naturellement avec des hommes plus âgés et ouais je pensais que c’était à cause de mon ignorance réelle. Tant que nous sommes dans ce sujet, autant vous confier tout de suite que cela faisait un an et demi que je n’avais pas couchés amoureusement avec quelqu’un. Un an et demi que personne n’avait le droit de me toucher tendrement ou de m’embrasser. Un an et demi que personne n’avait le droit de partager mon lit, je couchais toujours ailleurs que dans un lit. Je ne voulais pas qu’on me touche tendrement ou qu’on m’embrasse. Pas moi le dégoûtant Lorenzo.

    Malgré ma bipolarité et ma dysmorphophobie, dès que les substances coulent dans mon être (quasiment tout le temps en vérité), je n’hésite pas à jouer de mon être si je suis dans un bon jour. Je joue avec mon physique quand bien même j’ai conscient d’être trop moche, trop maigre, trop tatoué, trop différent. Un visage de chaton innocent et une capacité à convaincre les autres me suffisent à obtenir mes nuits de folie. Mais, je n’étais certainement pas un mannequin. Hormis les tatouages encrant ma peau, mon physique n’avait rien de particulier. Oh si… J’étais trop grand peut-être avec un mètre quatre-vingt sept. Je crois que j’avais un poids à peu près bon pour ma taille. Je n’en savais foutrement rien en fait vu que je m’amusais à jongler avec la nourriture. Je n’avais pas de supers abdos ou je n’étais peut-être pas si bien foutu que cela. Je ne savais pas. Je pensais uniquement. J’évitais de regarder mon reflet alors je ne pourrais pas vous dire si je valais quelque chose. Mes cheveux sont aussi noirs que mon âme et je les laisse souvent faire ce qu’ils veulent. Le seul avantage de mon physique demeure peut-être mes yeux bleus. C’était sans doute la seule partie de moi que j’aimais bien. Et, pourtant, je les cachais trop souvent derrière mes lunettes noires.

    Aujourd’hui, j’ai vingt-trois ans. Je suis étudiant à Harvard et je suis différent de celui que j’étais.

    J’avais appris à vivre avec ma dysmorphophobie et ma bipolarité. Elles ne disparaitraient pas. D’ailleurs, je prenais mes médicaments de façon trop irrégulière et je ne suivais guère les règles qu’on m’avait données. J’apprenais à vivre avec ce diagnostic. Parfois, j’étais juste le Lorenzo du passé et j’adorais ça. D’autres fois, à cause de ma maladie, je préférais m’orienter dans le rôle du parfait intello. Je m’enfermais dans une histoire plutôt que de tenter d’affronter ma vie merdique. Je préférais lire le destin de ces personnages illusoires au lieu de subir le mien. Et, c’était pourquoi j’avais choisi d’étudier la littérature. Me cacher derrière des livres demeurait mon repère. Me fondre dans ces décors restait mon paradis. C’était comme si c’était écrit. Comme si je ne pouvais pas faire autre chose. De toute façon, je n’en avais même pas envie. Il était vrai que la psychologie m’intéressait grandement avant. Cependant, avec ma maladie, même si j’étudiais ce domaine, j’étais tout simplement incapable d’aider les autres.

    Au jour d’aujourd’hui, j’ai souvent cette sensation d’être invisible pour les autres. Et, je crois que, dans le fond, cela me plait de me dire qu’ils ne font pas attention à moi. C’est préférable pour ma dysmorphophobie même si ce n’est pas toujours plaisant pour ma bipolarité. Je me plais souvent à n’être qu’une ombre qui est là sans que les autres ne s’en préoccupent. Ouais, ça m’arrange de pouvoir rester dans les coins les plus sombres. Ça m’arrange de me noyer derrière mes vêtements trop grand et de m’enfermer dans mon univers. Ça me plait de cacher constamment et de simplement m’éloigner de tous les risques de souffrance. De toute façon, je ne suis même pas foutu d’accorder ma confiance à quelqu’un. Là où il ne faut que quelques mots ou quelques semaines aux gens normaux, moi il va me falloir des mois ou des années avant d’être absolument certains de pouvoir tout dire ou de pouvoir tout faire avec quelqu’un d’autre. J’ai toujours peur que la situation se renverse et que ce soit moi qui finisse par en souffrir. J’ai toujours peur de n’être qu’un jouet pour les autres alors je les évite. C’est moins de soucis. Puis, c’est moins douloureux. Mais, malgré ma méfiance, je ressemble souvent à un chiot innocent peut-être. Oh n’allez pas croire que ma  toile est vierge et que je ne connais rien de la vie parce que vous serez bien loin de la vérité. Cependant, j’ai fait marche arrière et j’ai coupé court à ces histoires. Quand je suis dans certaines phases bien sûr.

    Je n’ai même pas réellement conscience de ce que je dégage ou de ce que je peux provoquer chez les autres. En vérité, mon charme m’est inconnu et je suis beaucoup trop complexé pour penser attirer l’œil de quelqu’un. Ce n’est pas possible. Plus maintenant en tout cas. À l’université, vous ne me verrez sans doute jamais sans un gros pull ou une grosse veste. Vous me verrez rarement sans un bonnet ou une casquette sur la tête. Lorsqu’il se met à faire trop chaud en cours, je préfère supporte cette chaleur que prendre le risque de faire un seul mouvement pour retirer mon pull. Je cherche à porter des vêtements bien trop larges. Je me cache constamment, je préfère baisser la tête que donner l’occasion aux autres de pouvoir réellement m’observer. Dès lors que quelqu’un me regarde trop, j’ai tendance à m’enfuir. Dès lors que l’on me parle de choses trop personnelles, je fuis. Cela me bloque encore plus dans mes relations avec les autres.  Je préfère me cacher derrière mes livres que d’affronter la vie. Je suis loin de mener une vie saine : trop boire, mal manger, jongler avec mes médicaments, me faire vomir, coucher brutalement, consommer de la drogue. .  J’ai l’impression que c’est bien comme cela, comme si je le méritais en un certain sens. Les mots ont su m’atteindre et me détruire partiellement. Alors, je m’écrase bien souvent. Je ne réponds pas toujours lorsqu’on s’adresse à moi ou je sursaute si fort que les autres se moquent et me poussent à me refermer toujours plus alors que mes joues se colorent de rouges.  Les autres ont trop de pouvoirs sur moi alors que je suis un gamin passif, trop émotif. Je crois que c’est aussi à cause de cela que je refuse de m’attacher réellement à quelqu’un ou d’offrir ma confiance.

    Lorsque je me retrouve dans une phase dépression, j’ai besoin qu’on s’intéresse à moi, qu’on s’occupe de moi ou qu’on me dise quoi faire. J’ai trop souvent l’air d’un gamin perdu qui a besoin d’être guidé et rassuré. Et, je ne veux pas enfermer quelqu’un dans une telle prison avec moi. Je ne veux pas me mettre à me sentir dépendant de la vie de quelqu’un d’autre. Cela m’effraie beaucoup trop. Puis, face aux adultes actuels, j’aurais juste l’air d’un enfant trop curieux et pourtant trop hésitant et timide pour oser agir ou prendre la parole alors que je l’aurais fait sans hésitation avant. Et, pour rajouter à mon enfer, je suis trop maladroit sans le faire exprès. Un stylo qui tombe au sol et roule jusqu’au bureau du professeur ne peut être que le mien. Un gamin qui s’étale de tout son long juste à l’entrée de la fac ne peut être que moi. L’étudiant qui bafouille et qui se retrouve incapable de répondre à une question à laquelle il connait la réponse, toujours moi. Un mec qui renverse son plateau ou son verre, c’est encore moi. Et, même si je fais attention, il arrive trop souvent que ma maladresse reprenne le dessus. Parfois pour des conneries, d’autres fois pour poser des questions que je n’aurais pas dû aborder.

    Toutes inhibitions me quittent dès que je rentre dans mes autres phases ou que des substances coulent dans mon être. Je redeviens dès lors le Lorenzo du passé sans la moindre limite.  Je peux faire perdre la tête des gens et j’ai du pouvoir à ce moment-là. Je ne suis plus pudique du tout et je deviens même trop cru souvent. D’autant plus que je reste assez intuitif et cela me permet de savoir ce que ces hommes ou femmes veulent de moi. J’aime ces moments. J’aime ces phases qui ne font que me détruire un peu plus vu tout ce que je consomme et vu le mode de vie que cela engendre.

    Quant à mes études, je suis souvent insatisfait de mon travail et cela me pousse à tout faire pour le rendre parfait. Je suis capable de recommencer des centaines de fois un essai simplement pour être certain que chaque mot est parfait. En recherchant cette perfection dans mon travail uniquement, je passe des heures la tête dans les livres. Je tiens cela de mon père : toujours vouloir être irréprochable dans le travail. Cela paye sans doute grâce à mes notes. Mais, cela me pousse aussi à apparaître comme un petit intello alors que je suis simplement trop déterminé à réussir et travailleur. Un petit intello pourtant beaucoup trop rêveur. Je suis souvent perdu dans mes livres, dans ces histoires d’auteurs. Je m’enferme souvent avec les personnages fictifs et il m’arrive de me sentir beaucoup plus proches d’eux que des humains que je côtoie chaque jour. Il m’arrive de me construire une vie dans cette fiction, une vie sentimentale romantique et tendre. Je passe la majorité de mes pauses à lire et à me plonger dans ces récits au lieu de simplement créer des liens avec les autres. Je reste enfermé dans ma tour d’ivoire avec mes histoires et mes rêves trop illusoires.

    Je pourrais continuer pour vous citer un tas de petites particularités que je possédais : ma manie à toujours avoir mes écouteurs autour de mon cou, la façon que j’avais de me mordre constamment la lèvre, mon tic pour vérifier plusieurs fois mes portes et mes fenêtres avant de dormir, ma capacité à parler plusieurs langues, mon don pour la guitare, mon habitude de toujours mettre la moitié d’un sucre dans mon café… Ouais, il y avait plein de petites choses à savoir sur moi, plein de petites habitudes qui s’étaient infiltrées dans ma vie. Mais, je ne pense pas que cela soit d’un grand intérêt… Puis, à vous de me découvrir non ?

    Peut-être que vous connaîtrez le Lorenzo des folies et sans limites…
    Peut-être que vous connaîtrez le Lorenzo d’Harvard si étrange et fermé…
    Peut-être que vous connaîtrez le Lorenzo Grimm, fils du premier ministre Irlandais…
    Peut-être que vous connaissez mon histoire et que vous croyez me connaître…
    Mais, jamais, vous ne connaîtrez réellement Lorenzo Grimm… Le gamin trop paumé et si différent que la vie a torturé. Jamais vous ne connaîtrez réellement cette bombe à retardement… Ou peut-être que vous aurez cette chance… Ce malheur ? Je n’en sais rien. Je m’en balance.
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    Lien du postSam 16 Mar - 1:04
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    bienvenue :heaart:
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    Lien du postSam 16 Mar - 1:09
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    bienvenue et bon courage pour ta fiche Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 3850463188
    Ottis HeimannMembre de la Pforzheimer House
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    Ottis , il a le syndrome de peter pan. il veut pas grandir, il est bien dans son confort enfantin, gamin dans l'âme, tête à claques à l'humour de con. c'est simple, soit on le supporte, soit on le supporte pas. et même si t'arrives à le supporter, y'a forcément des moments ou tu veux l'étrangler. mais c'est un bon vivant, l'italien, une pile électrique, électron libre que tu peux pas attraper à mains nues. ambitieux, il a confiance en lui et s'il pense aller loin dans la vie, il va tout donner pour y arriver. n'a jamais connu l'amour, s'est toujours contenté de lui-même et c'est peut-être mieux comme ça. fêtard, un peu trop accro à la coco, mais c'est qu'un détail. sociable, toujours opé pour faire de nouvelles rencontres et il a tendance à mettre les gens à l'aise dès les premiers instants... ou pas.
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    populaire ⬖ amical ⬖ blagueur ⬖ studieux ⬖ fêtard ⬖ loyal ⬖ capricieux ⬖ zen ⬖ sensible

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    Description deux :

    KATTIS

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    ⬖ ⬖ ⬖

    Lorenzo Grimm ► Ash Stymest SL6w7W2Q_o

    Description trois : Katalia Borgia : petite amie (29.06.20) ⬖ Magdalena Heimann : soeur ⬖ Capucine Nesbitt : meilleure amie ⬖ Aidan Nesbitt : meilleur ami ⬖ Elvira Kaine : amie ⬖ Jackson Brennan-Jobs : ami ⬖ Theodora Pasquier : amie ⬖ Jayson King : ami ⬖ Perséphone Lenoir : connaissance
    RPS en cours : (katalia)(magdalena)(ji-hun)

    3 rps/4 (free)
    Warning : maladie/cancer, sexe
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    Lien du postSam 16 Mar - 1:30
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    Bienvenue Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 2109348208


    ✧. ❛ love on top. i know nothing's perfect but it's worth it after fighting through my tears and finally you put me first. it's you.
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    Lien du postSam 16 Mar - 1:41
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    Je plussoie totalement le choix d'avatar et j'attends impatiemment que tu remplisses toute cette fiche vide Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 550846730
    Du coup, bienvenue ici et bonne chance pour ta fiche ! Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 3997999705
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    Lien du postSam 16 Mar - 3:54
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    Lien du postSam 16 Mar - 11:34
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    bienvenue parmi nous Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 2109348208
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    Lien du postSam 16 Mar - 12:01
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    Un irlandais Vic
    Bienvenuuuue Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 73120010 Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 152426858
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    Lien du postSam 16 Mar - 13:07
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    bienvenue à la maison ! amuse-toi bien Lorenzo Grimm ► Ash Stymest 2109348208
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