Les peines de coeur me vont pas au teint, mais alors pas du tout. Les yeux pochés, les cernes, le teint verdâtre, la totale. Quelques jours sous les cocotiers, ouais, j'ai besoin de ça. Un bon coup de soleil au cerveau pour oublier la brune qui m'obsède mais que je m'interdis de désirer. Soirée hawaïenne, faut se changer les idées, peut-être que je trouverai une beauté, la femme de ma vie. Collier de fleurs autour du cou, j'y crois pas une seconde à mes bobards. Qu'un prénom en tête : Tam, Tam, Tam. Vous aimiez la Numa torchée qui vomit dans les chiottes ? Quittez pas, elle est à vous dans pas longtemps, la tristesse a tendance à me porter sur la bouteille. Bam j'arrive, me rue vers le bar, indique au barman de pas lésiner sur le rhum dans mon cocktail. Et puis je m'assieds là, le bout des pieds dans le sable, à redouter autant qu'espérer l'arrivée de la brune qui me fait mal au coeur.

Hawaï, les plages, le soleil, le rêve, en somme. C'était beau, et il y avait pas à dire, le paysage avait des allures de scène de cinéma. « On se croirait dans un film, tu trouves pas ? » Je souris à Ama, hoche la tête, "si tu veux mon avis, il me manque un verre d'alcool à la main pour que ce soit parfait." un cocktail orange, rouge, des couleurs du soleil, du sucre. Un petit parapluie en papier coloré, ce genre de chose. Je regarde autour, à la recherche d'un buffet ou juste d'un possible serveur à qui on pourrait voler un verre ou deux.

@AMALTHIA V. SPENCER

Je n’ai fait que courir aujourd’hui, peut-être parce que @Jonah Kim fourmille d’idées et qu’il m’a entrainé dans une combine qui, et j’aurais dû le savoir, a débouché sur d’autres plans plus ou moins foireux. Si je ne risque pas de m’en plaindre, surtout en ayant passé une aussi bonne journée, j’avoue ne pas avoir vu le temps passer. Rappelé à la réalité par un sms de @Morgan F. Jones, j’ai dû improviser dans l’urgence et enfiler la première chemise hawaïenne la plus affreuse que j’ai pu trouver pour le rejoindre à notre point de rendez-vous. Si je devais encore en douter, laissez-moi vous dire qu’il porte nettement mieux la chemise hawaïenne que moi. « Si on zappe le fait que les chemises à fleurs et autres trucs du genre sont ultra… Kitch… Beau gosse ! » Je pouffe de rire en le regardant de haut en bas, un vrai petit hawaïen. « Cocktails ? »

Erza sirotait tranquillement son verre sous les derniers rayons du soleil. Les pieds dans le sable, assis face à l'étendu océanique. Que du bonheur. Elle se sentait tellement libre à cette instant, elle était dans sa bulle. Le sable encore chaud réchauffait ses doigts de pieds et le paysage idyllique, lui, réchauffait son coeur. Alors qu'elle portait une nouvelle fois son verre déjà presque libre à ses lèvres, elle reconnut une voix et une présence à ses côté. Heidi. Elle sourit et la prit doucement dans ses bras l'espace de quelques secondes avant de la relâcher. Mais bien sur ma vieille que tu peux, ca me fait plaisir de te voir ! Elle lui sourit. La jeune femme en face d'elle avait aussi opté pour la même tenue. Mais la différence de couleur entre eux et les hawaïens les traitaient clairement de touriste. C'était le cas! On est pas bien là? Aah la la, je me vois nulle part autre qu'ici...

Le Spring Break, pour la plupart des gens, c'est synonyme de fêtes et d'alcool. J'vais pas mentir, je déroge pas à la règle. Du coup, quand on me propose une soirée sur la plage made in Harvard seulement une journée après notre arrivée ici, je dis oui oui oui. La plage est déjà bondée d'étudiants, je croise d'ailleurs quelques têtes connues, comme celle de @Heidi Fordham, à qui je fais un geste lui signifiant qu'on se verrait plus tard. Ma main n'a pas le droit de rester seule trop longtemps. Je me dirige donc vers le bar pour lui trouver un peu de compagnie. Un bar sur une plage, j'ai toujours adoré cette idée. Je commande une bière puis tourne mon regard sur la personne située à côté de moi, @Michelle Ford. Je constate rapidement son air triste, ses poches sous des yeux encore presque humides. Elle a beaucoup pleuré dernièrement, c'est une certitude. "Arrête-moi si je me trompe, mais t'as l'air de passer le meilleur Spring Break de toute ta vie." Je lui souris.

Oh merde. La tête brune redoutée parmi toutes, à quelques mètres de moi, à se marrer avec une rousse. C'est ton truc les rousses c'est ça ? Encore une à mettre dans ton pieu ? Ah merde non, j'me rappelle maintenant, c'est Ama, sa meilleure pote, la soeur de Cali. Je fais vraiment une espionne de pacotille. J'me replonge dans la contemplation de mes orteils, plongés sous le sable. "Arrête-moi si je me trompe, mais t'as l'air de passer le meilleur Spring Break de toute ta vie." Mes deux petits yeux marrons bouffis remontent vers un mec blagueur. J'ai l'air si dépressive que ça ? Ouais, sûrement. Et puis il me drague là non ? Je sais pas, je sais plus. A une époque je les reconnaissais bien les mecs et leurs pick-up lines toujours soigneusement travaillées, maintenant je sais plus. Qu'est-ce que je fais ? 1) un "haha" médisant, le truc qui plombe l'ambiance d'entrée, synonyme de "laisse moi seule avec mon malheur steuplait" ; 2) rire plus franchement, me laisser prendre au jeu de la discussion de bar et avec beaucoup, beaucoup d'espoir, attirer l'attention de la brunette et la rendre folle de jalousie. J'hésite deux dixièmes de seconde. "T'as l'oeil dis donc. Ouais, j'suis hyper emballée à l'idée de me trouver un beau surfeur figure toi." Un petit sourire qui se veut aussi franc que possible. Je me prends une gorgée de mon punch bien alcoolisé, lui adresse un regard brillant. "Toi par contre, t'as l'air rongé par le désespoir..." Petit coup de tête pour la bière qu'il tient dans la main. Ironie amère, j'aimerais bien afficher le même sourire insouciant.