5 février, Boston. Sept jours que t’as quitté l’hôpital, sept jours que tu passes tes journées chez vous, sans en sortir. Les médecins préconisent un repos conséquent et tu n’as pas remis les pieds à l’université depuis cet attentat. Les premiers jours, une infirmière est passé à la maison pour s’assurer que tout se passe bien ; mais à l’heure actuelle, c’est Basile qui s’occupe de tout. De tous les soins dont t’as besoin, et il est parfait. Pourtant, chaque nuit, tu le réveilles. Chaque nuit, tu fais d’horribles cauchemars qui te tirent hors de ton sommeil, te forcent à te débattre avec les draps, tantôt même à crier soudainement, sans raison. Et pourtant, il est patient. Le regard rivé sur la télévision, enfouie sous un énorme plaid aux côtés de ton petit-ami, celui-ci vient déposer un baiser sur ta tempe. Tu détournes dès lors la tête pour l’observer en acquiesçant. « Un peu mais c’est supportable, les médicaments font effet. » Ah, ces horribles migraines qui te frappent des suites de ton traumatisme crânien. Superbe. « Qu’ils se dépêchent… je risquerais de finir par te manger toi à force d’attendre, j’ai faim. » que tu réponds en souriant tendrement avant de t’approcher de lui un peu plus. Tu déposes un baiser sur sa joue avant de venir enrouler ton bras autour du sien, ton regard parcourant l’écran de son téléphone. « Tu fais quoi ? »

Avoir Basile à tes côtés t’apaise tout particulièrement. Sans lui, t’aurais probablement davantage de difficultés encore à faire face aux derniers évènements et peut-être même que tu serais toujours hospitalisée. T’en sais pas grand-chose en fait et tu préfères autant ne pas y penser. Ce qui t’importe, c’est de te remettre sur pieds, de pouvoir avoir son soutien pour avancer peu importe les épreuves. Tu t’amuses du fait que le repas ne soit pas encore là, faisant mine que tu le mangerais si le livreur tardait à venir. Et lui, évidemment, il renchérit. Tu lui souris, ajoutant un : « Avec plaisir. » T’en ris mais au final, t’es pas du tout à même à t’offrir à lui, tout autant que t’es pas à même à le manger tout cru. T’as encore du mal, t’es épuisée, shootée aux anti-douleurs et autres médicaments qui font que t’es un peu trop à la ramasse par rapport à tes habitudes. Qu’est-ce que ce serait si t’étais naturellement molle comme tout ? Ton regard glisse machinalement sur l’écran de ton téléphone tandis que tu t’intéresses à ce qu’il fait. Et, à sa réponse, tu reportes ton attention sur lui. « Ce serait chouette, oui. On pourrait y aller pour mon anniversaire si je suis en forme d’ici là ? C’est bientôt, ça me permettrait de penser à autre chose… juste à toi et moi. » 22 février. C’est proche, c’est un vendredi et vous pourriez passer le week-end là-bas. Et profiter du Spring Break ensuite si ta santé le veut bien. « Puis on pourra rejoindre tout le monde au Spring Break ensuite ? C’est dans les îles, j’aimerais bien y aller aussi… je suppose qu’il y aura tout le monde. » Marin, Colombe, Iris et les autres.

Partir, voir autre chose que tout ce qui te ramène aux attentats et à tout ce que t’as pu traverser par le passé, c’est probablement ce dont tu as le plus besoin actuellement. Alors, peut-être que Las Vegas n’est pas la meilleure destination, toi qui crains de sortir de cet appartement, toi qui peux à tout instant être frappée d’une crise d’angoisse. Et pourtant, t’acceptes. Parce que ça te permettra de te changer les idées, loin d’ici, d’autant plus si c’est pour ton anniversaire. « Promis, je te le dirai. On pourra toujours annuler si c’est le cas… » Peu importe, rien ne vous force à prendre l’avion pour vous diriger dans la ville de tous les pêchés. Basile accepte d’ailleurs ta seconde proposition, quant au fait de partir au Spring Break avec les autres. Tu souris et l’observes tendrement après qu’il t’ait volé un baiser et avant de filer en direction de l’entrée. Ton index glisse délicatement sur l’écran de son téléphone pour faire défiler les différents hôtels, beaucoup trop de choix. T’y as déjà été à plusieurs reprises et, pourtant, t’as toujours autant de mal à te décider. Lorsque ton petit-ami revient avec les plats, tu quittes son téléphone du regard et le dépose sur la table basse, humant avec envie les odeurs qui s’extirpent des différents plats. « C’est que tu as du goût dis-moi. » le taquines-tu avant de déposer un baiser sur son épaule. Du bout de tes doigts, tu défais les attaches de la première boîte et ne peux t’empêcher de voler l’un des nems que tu te hâtes à enfourner dans ta bouche, l’air enfantin.

Résister à la tentation de piquer dans tous les plats n’est pas ce que tu comptes faire, loin de là même. Alors, à peine a-t-il le temps d’apporter ces derniers que tu voles déjà l’un des nems pour l’enfourner dans ta bouche telle une enfant trop excitée. La remarque de ton petit-ami te fait sourire – et bien sûr que rien n’est trop beau pour toi. Tu te hâtes de vider ta bouche lorsqu’il te dit qu’il compte vous réserver une suite au Bellagio. « Ca me va, c’est parfait. Faudra qu’on reste raisonnables sur l’alcool par contre, ça risquerait de virer au ridicule autrement. » réponds-tu en souriant, quelque peu amusé. Tu comptes vraiment pas rentrer dans le cliché du couple qui y perd des centaines de milliers de dollars et, qui plus est, se marie face à une fausse célébrité. Rien qu’à y penser, tu ne peux camoufler un petit rire moqueur. Que vous seriez cons de faire ça.