Avec leur passif, Caleb ne pouvait pas s’inquiéter pour Ares sans se demander s’il en était quelque part fautif. Il avait eu le malheur de le fuir dans les moments les plus importants, et aujourd’hui, il ne voyait pas sa vie sans lui. C’était plus important que tout, au-delà du réel, et jamais il ne lâcherait la main d’Ares, qui méritait son attention quoiqu’il arrive. Evidemment, il serait prêt à lui filer son lit et que Caleb dorme à ses pieds, vu que Roxanne était à la maison pour un temps indéfini. Caleb contractait la mâchoire plusieurs fois. Il ne s’était jamais laissé aller, en présence de personne, pas une seule fois. La seule personne qui avait déjà vu ses pires faiblesses d’un homme parfois un peu trop macho, c’était Ares. « Roxanne est au plus bas. Et.. elle a besoin de moi. » Ce qui était tellement contradictoire. Elle réclamait Caleb pour une raison inconnue à son imagination. Putain, mais comment faisait-elle pour passer de l’homme à abattre à l’homme qui soutient ? Caleb sentait que tout ça, c’était un coup du destin qui soit venait pour lui annoncer sa mort prochaine, soit son ascension vers une vie meilleure. En attendant, son cœur était déchiré, il était épuisé, il sentait qu’il se passait trop de choses dans sa vie et qu’il n’arrivait plus rien à gérer. Alors peut-être que Caleb paraissait fragile aux yeux de certains, mais à ceux d’Ares, qui se trouvait dans un lit d’hôpital, il n’y avait pas de pitié, que de la compassion. Et la main de son frère sur sa joue qui venait pour l’apaiser, lui porter secours quand il perdait tout contrôle de son être. Caleb penche la tête sur le côté pour accepter cette caresse, les dents serrées. Il y avait de la tendresse et beaucoup d’amour dans ce moment entre eux. « Ca va, ça va… » Non, ça n’allait pas. Mais ce n’était pas Caleb sur un lit d’hôpital, c’était Ares. Il soupirait, le regard épuisé des évènements de la veille. Voilà comment la vie de Caleb était en train de s’effondrer pendant que d’autres devaient se battre avec leurs vies. De quoi se plaignait-il ? D’être perdu sentimentalement ? De ne pas savoir gérer le trop plein de son travail, sa vie de famille et des études ? Alors qu’il y avait des gens comme Roxanne qui crevait de douleur ou Ares qui s’trouvait alité. Il avait juste à fermer sa gueule. Mais le ton de sa voix et son regard vague le trahissait, évidemment. Puis Ares laisse tomber sa main dans une grimace, et il était vrai qu’il devait souffrir. Alors Caleb s’avança et posa son avant-bras sur les draps. « J’te filerais mon lit pour pioncer quand tu reviendras. » Pas le moment de lui dire qu’ils allaient faire une colocation à quatre.