Non vraiment je sais pas. Tes yeux qui lancent toujours des éclairs, qui pourraient tuer s’ils en étaient capables. Est-ce que toi, Emma, tu serais capable de l’tuer Christopher ? Non. Tu l’appréciais, au débout. Comme disent les ados, c’était ton crush. Et puis t’as eu le malheur d’aller lui parler, de lui proposer de sortir avec toi. Et c’est parti en couilles à ce moment là. D’abord sérieux, ensuite moqueur. C’était parti. La bouche fermée, tu gardes les bras croisés contre ta poitrine mais ce n’est pas au goût de Chris’ qui t’attrapes par la taille et te plaque contre ce mur invisible. Réponds-moi, pourquoi ? Tes petits poings qui s’abattent sur ton torse, t’essayes de le repousser. Parce que t’es un sale type Christopher ! T’es méchant avec moi, continuellement. Qu’est-ce que j’t’ai fait, hein ? Passe à autre choses, arrête de t’défouler sur moi. C’est vraiment usant. que tu souffles en glissant sous son bras pour échapper à son emprise et te rendre dans un autre coin de la pièce.

Elle te frappe de ses poings la garce, faut toujours qu'elle te malmène et toi, tu es un peu surpris par sa réaction. Pourquoi tant de haine ? Ton regard change l'espace d'un instant. De la colère, tu passes à la surprise et tu la relâches ou bien elle s'enfuit, tu ne sais pas vraiment. Tu constates simplement qu'elle t échappe et tu le regardes se réfugier dans un autre coin de la pièce. Tu te laisses glisser au sol. Tu abdiques là, grand gaillard que tu es. « Je comprends, c'est tellement plus facile de me détester. » Tu te laisses abattre voilà tout. Tu ne récoltes que sa haine, encore et encore. Alors à quoi bon. Elle a pas compris que tu fais que te défendre, elle a pas compris que tu n'es pas doué pour exposer ce que tu as là au fond. Elle n'a pas compris et elle ne comprendra jamais apparemment.

En vérité, tu lui en veux. Et à toi aussi, quelque part. Parce que Chris, il a jamais cessé d’être ton crush. Tu passais ton temps à le chercher, le trouver, rallonger tes parcours pour le croiser dans les couloirs. Tu voulais qu’il te remarque, il te voie. Mais tu ne récoltais que des insultes et des moqueries.. T’aurais pu tourner la page mais le détester était beaucoup plus simple que l’oublier. Il était beau Christopher, il était différent des autres gars et c’est pour ça qu’il t’avait autant plu… et qu’il te plaisait toujours autant. Je comprends, c'est tellement plus facile de me détester. Si tu savais, Chris.. j’demandais que l’inverse, au début. C’est toi qui fait tout pour, Chris.. que tu souffles, te laissant glisser contre ce mur invisible à ton tour. Agenouillée, le regard rivé sur ton compagnon de cette prison de verre. Et là, t’as l’cœur qui bat plus vite.

Tu l'observes alors qu'elle s'assied à son tour le long de cette paroi imaginaire. Elle ne te comprend pas et tu ne la comprends pas non plus. Pourtant y'a ce truc entre vous et tu sens ton corps répondre à son regard. Ton cœur qui bat plus vite. Tu la faisais chier parce qu'elle t'attirait, la technique classique du garçon trop crétin. Et maintenant c'est trop tard. « Je suis pas doué pour tout ça . » Que tu dis finalement. Tu la regardes un certain temps et rien ne vient vous délivrer. Et tu peux plus tenir ainsi prisonnier de sa personne. Tu balaies les rancœurs et les malentendus sur son passage, usé par toute cette haine, tu arrives à sa hauteur et tu te baisses pour voir la regarder en face, ton visage près du sien. Trop près. « Dis que tu me détestes. » Puisque je viens m'offrir à toi en victime consentante que je suis. Dis que tu me détestes, une bonne fois pour toutes et peut-être qu'alors cette tempête que je ressens au fond s'arrêtera, peut-être le froid s'emparera de moi définitivement.

Je suis pas doué pour tout ça . Attends, quoi ? Chris, c’est le pro de ça. Alors en quoi il serait pas doué, hein ? Tu soupires, les bras qui enveloppent tes petites jambes serrées contre ta poitrine. Au contraire.. t’as la palme d’or. Mais t’étais loin d’avoir compris le sens premier de ses paroles, le sens que Cali, elle, avait capté. Chris, il se rapproche d’Emma. Il s’agenouille devant elle, son visage beaucoup trop près du sien. Tu sens son souffle sur ton nez, tu sens ses yeux qui te transpercent. Dis que tu me détestes. Tu secoues la tête doucement, tout doucement, mouvement presque imperceptible. J’peux pas, Chris. que tu lâches dans un souffle avant de relever des yeux piquants vers lui. Mais.. Mais quoi, Emma ? Allez, balance lui combien tu l’détestes pour t’faire sentir si ridicule, tu le détestes pour toutes ces fois où il s’moquait de toi, de ces fois où il te mettait des bâtons dans les roues, de toutes ces fois où t’aurais voulu l’étrangler de tes deux petites mains. Parce que j’le penserais pas. que tu souffles, le regard perdu dans le sien. Chris, cet homme qui t’as toujours craqué, malgré tout.

Tu es à fond dans ton rôle, tu ne le connais que trop bien Chris. Crétin, maladroit, sanguin. Vous avez des points communs en fait. Tu t'es rapproché d'Emma, parce que tu en peux plus de son silence. Tu veux l'entendre d'elle, qu'elle te déteste. Mais elle ne peut pas, elle te dit. Ton regard s'assombrit encore si c'est possible, elle peut y lire du doute, de la violence aussi peut-être et puis autre chose encore. « Dis-le. » Ta voix se fait plus ferme, plus autoritaire, mais elle te dit qu'elle le pense pas. Elle te déteste pas alors ? Tu as peut-être pas tout inventer dans ta tête. Et t'es impulsif, alors tu t'embrases en posant tes yeux sur elle. Tu te rapproches brutalement, tu lui laisses pas le choix, tu poses tes lèvres sur les siennes avec une violence sourde. Et puis de la douceur après, toute cette douceur, ça devient presque de la tendresse, mais tes mains, elles, elles se font curieuses, hâtives et décidées, elles passent sur sa taille et remontent doucement alors que tu approfondis ton baiser. Tu la veux et c'est violent. Elle devrait te frapper, mais elle le fait pas pourquoi ? Tu recules brusquement, une étrange lueur dans l'ébène de tes yeux, et tu sais pas quoi faire. Tu sais plus qui t'es en fait.

Dis-le. Il est insistant, sa voix est ferme. Il s’passera quoi si j’le dis pas, Chris ? Tu vas m’frapper ? Tu vas t’moquer ? Ca changera rien du type que t’es habituellement avec moi. Non ! Toi aussi tu peux être ferme, quand tu veux. Il t’fait plus peur, Chris, il t’impressionne plus. Peut-être juste un peu alors mais.. Le cours de tes pensées s’retrouve stoppé par les lèvres de Chris qui s’abattent sur les tiennes. Sa main qui t’empoigne la taille, ton corps qui répond presque brusquement. T’apprécies bien trop ces lèvres contre les tiennes pour te poser la question du jeu de rôle ou pas. Ta petite main qui se pose sur son tee-shirt, qui l’agrippe, tandis que ta langue glisse et danse avec la sienne. Et il se recule, Chris, Mav’, tu sais plus très bien. Même toi. Cali, Emma ? Tu sais pas plus non plus. Combien d’temps ça faisait qu’on t’avais pas embrassé, Cali ? Beaucoup trop longtemps, visiblement. Le cœur battant, tu passes ta langue sur tes lèvres et te relèves, fuyant le regard du Lowell avant de faire une bêtise stupide. J’crois qu’on peut dire que cette impro’ est fini.. que tu souffles en lui tournant le dos, ramassant les cordes qui t’avaient servies à créer ces murs imaginaires. Allez Cali, c’était juste Emma, remet toi. Pourtant, tu crèves d'envie qu'il recommence.

Tu sens qu'elle répond à ton baiser, ses mains qui s'accrochent à ton tee-shirt et tu comprends plus trop ce qu'il se passe là pour être honnête. T'es Chris mais ton corps de Maverick est beaucoup trop empressé pour une Cali. Alors tu te recules brusquement, et elle semble aussi perturbée que toi. Elle se relève et tu la regardes ranger les cordes qui fabriquaient votre cloison imaginaire en te grattant l'arrière de la tête, toujours agenouillé au sol. T'as juste l'air un peu en con fait. « C'était intense dis donc. » Bravo Maverick. Bel esprit de déduction. Tu toussotes parce que t'es pas du genre gêné habituellement mais Cali c'est ta pote. Tu l'as jamais vu autrement. Tu te relèves finalement. Et tu ramasses à ton tour deux trois cordes pour les ranger également, tu te retrouves derrière elle et elle t'a pas vu si bien qu'elle te recule dessus. « Pardon ! » Que tu dis en posant tes bras sur ses épaules, puis tu te recules, mal à l'aise. Putain t'es con mais vraiment.

C'était intense dis donc. Un léger rire secoue tes épaules tandis que tu ranges les cordes dans la malle d’accessoires. Ouais, c’est tout le problème du théâtre parfois.. Réussir à faire la part des choses entre son personnage et soi-même. Et là, tu venais de flancher alors que c’était l’une des règles d’or de ta passion. Emma elle avait besoin de cette preuve là, Cali elle avait adoré ça. Et tu sais comme si ça ne t’avais pas ébranlé, comédienne jusqu’au bout. En reculant, tu heurtes le grand Maverick qui pose ses mains sur tes épaules avant de reculer. Pardon ! Un sourire sur l’coin des lèvres, il est tout aussi gêné que toi le pauvre à la différence qu’il a surement plus de mal à le dissimuler. Ca va Mav’. C’était qu’un jeu, ça changera rien, pas vrai ? Oh, purée ! que tu lâches en voyant l’heure. J’dois être sur la glace dans une heure, j’arbitre ce soir ! que tu couines en récupérant tes affaires, enfilant ton manteau à la va vie. On s’revoit à la LH Mav’ ? T’as été super ! Et tu lui fais une tapes sur l’épaule, filant à travers le théâtre, désolée de le laisser comme ça, en plan.. Une tape sur l’épaule, sérieusement Cali ?

T'as vraiment l'impression d'être un crétin. Tu l'es en fait c'est pas une impression et tu souris quand elle te demande si ça va.« Ouais, ouais j'ai pas l'habitude encore. » Bah ouais tu t'es donné à fond, entièrement, tu t'es cramé les ailes. Mais toi tu crames tout Maverick t'es comme ça. Alors tu la regardes quand elle te dit que c'est son heure d'arbitrage. Elle est sacrément badass Cali quand même. Et tu la retrouves un peu. Ta pote. Ça te rassure. Ça contraste avec ce baiser qui était disons enflammé. T'étais à deux doigts de l'érection sans déconner, et tu serais passé pour quoi espèce d'obsédé ? « Ouais ouais, on fait comme ça ! » Tu sais même pas si c'est vrai en fait, mais tu t'en fiches, t'es soulagé. Parce que voilà, la prochaine fois que tu la verras. Ce sera ta bonne vieille Cali, ta pote de la Lowell, celle avec qui t'aimes faire n'importe quoi mais pas des galipettes. On y croit.